Contenu du sommaire : Les BRICS, un espace ignoré
Revue | Hermès (Cognition, Communication, Politique) |
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Numéro | no 79, 2017/3 |
Titre du numéro | Les BRICS, un espace ignoré |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Avant-propos - Dominique Wolton p. 9-12
- Introduction - Michaël Oustinoff p. 13-18
- Données générales sur les BRICS - Raquel Paiva, Fernando Paulino, Muniz Sodré p. 19-20
- Les groupements régionaux auxquels appartiennent les BRICS - Michaël Oustinoff p. 21-23
- Sélection bibliographique - p. 24-25
Partie 1 : Des tensions pour une reconnaissance controversée
- Les BRICS et la coopération régionale entre États voisins - Mario Telo p. 29-30
- L'association stratégique Brésil/Chine vue par le gouvernement et la diplomatie brésilienne - José Augusto Guilhon Albuquerque p. 31-39 Cet article présente des résultats de recherche sur les représentations de l'association stratégique Brésil-Chine, dans le discours des gouvernants brésiliens appartenant au Parti des Travailleurs (PT), entre 2003 et 2015. L'analyse des discours présidentiels de Lula da Silva et Dilma Rousseff révèle une continuité dans la représentation des relations entre les deux pays. Dans cet article, leurs discours sont confrontés à ceux de diplomates ayant servi à Pékin durant leurs mandats. Tandis que les gouvernants fondent cette association bilatérale sur l'identité socio-économique entre les deux pays, les diplomates l'attribuent à une vision politico-économique des Chinois.This article presents the results of studies on representations of the strategic relationship between Brazil and China as analysed from the discourse of Brazilian government members belonging to the Workers Party from 2003 to 2015. Analysis of the presidential speeches of Lula da Silva and Dilma Rousseff shows continuity in their representations of relationships between the two countries. In this article, we compare their speeches with those of diplomats who served in Beijing during their terms of office. While to government members, this bilateral relationship is founded on socio-economic identification between the two countries, diplomats ascribe it to China's politico-economic vision.
- Repenser la communication des BRICS au-delà de la géopolitique - André Covic p. 40-47 À l'heure où la domination de l'économie mondiale par les pays riches est remise en cause par la montée en puissance des pays émergents et les BRICS, comment ces pays garantissent-ils leur positionnement sur la scène internationale ? Les cinq pays souhaitent en effet définir des positions communes. Or, pour cela, la communication interculturelle et la concertation paraissent être la clé de l'harmonisation et du respect des intérêts et des modes de fonctionnement des parties prenantes. La Chine, partenaire de poids et adversaire hautement redouté par les autres membres, a su mettre en place des stratégies de communication productives qui ont visé à protéger et développer ses propres intérêts économiques mais aussi et surtout a joué un rôle prépondérant dans la résolution de crises potentielles avec les autres membres des BRICS. À terme, afin d'assurer leur pérennité à l'échelle mondiale, les BRICS se doivent de bâtir une gouvernance de communication.At a time when domination of the world economy by the rich countries is being called into question by the emergence of the BRICS, how can these countries maintain their position on the international stage ? The five BRICS countries are seeking to define common positions, and this is why intercultural communication and negotiation are crucial to coordination and to ensure that their interests and the way they operate are respected. China, which is at once a key partner and a formidable opponent of the BRICS members, has succeeded in implementing effective communication strategies to protect and expand its own spheres of economic interest, but also, and especially, it has taken up a dominant role in resolving potential crises with other BRICS members. Consequently, in order to maintain their global position, the BRICS need to develop effective governance of their communication strategy.
- La recherche sur les valeurs dans les BRICS. Convergences, tensions et pistes de travail - André Covic p. 48-53
- Les atouts et faiblesses des BRICS vus par la presse - Olivier Arifon, Asha Puri p. 54-64 Fondé sur une analyse d'un corpus d'articles tirés de Factiva, ce travail avance l'idée que les BRICS développent une vision collective guidée par une logique de reconnaissance et de transformation. Avec une production de discours à son maximum lors les sommets des dirigeants des BRICS, cet article cherche à les qualifier et à en comprendre les intentions. Les BRICS sont devenus une référence, car la presse développe des comparaisons entre ces pays. La notion de reconnaissance, présente chez les élites politiques, apparait également dans la presse. Les dirigeants recherchent aussi la transformation : la New Development Bank est la première institution multilatérale créée par les BRICS. D'autres initiatives apparaissent et indiquent que ces pays cherchent à consolider leurs positions.Based on a review of the literature, we argue that the BRICS are building up a common vision guided by the logic of recognition and transformation. As the production of discourse reaches a peak during BRICS summits, this article describes it and attempts to understand the intentions behind it. The BRICS countries have become a reference, with the press increasingly making comparisons between them. The idea of recognition appears not only among the political elites, but also in the press. Leaders are also seeking transformation : the New Development Bank is the first multilateral institution founded by the BRICS countries, and other initiatives are emerging as these countries seek to consolidate their position.
- Internet des BRICS et désoccidentalisation des sciences de la communication - Daya Thussu, Françoise Wirth p. 65-70 Nous sommes à l'ère des médias, dynamique et numérisée, en activité constante, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Dans ce contexte, les flux de communication multilingues se multiplient et les pays des BRICS jouent un rôle majeur dans cette évolution. La présence des BRICS sur la scène médiatique mondiale a toutes les chances de prendre de l'ampleur au vu du développement convergent des contenus et des technologies mobiles via un Internet de plus en plus multilingue. La Chine est déjà le pays qui compte le plus grand nombre d'utilisateurs d'Internet, devant l'Inde, avec une utilisation qui passe majoritairement par des plateformes mobiles. La Russie, le Brésil et l'Afrique du Sud ont également enregistré une importante expansion des communications en ligne. Au cours des dix dernières années, l'Internet en langue russe (« RuNet ») a connu une croissance exceptionnelle tandis qu'en Chine, le gouvernement ainsi que des cyber-sociétés (à l'instar d'Alibaba) se font les champions de la promotion de l'Internet pour défendre la place de deuxième économie mondiale du pays. L'Inde, qui dispose d'un ambitieux programme de développement du numérique (« Digital India ») et de la plus grande industrie cinématographique du monde, est aussi un centre névralgique de l'industrie informatique mondiale et son potentiel d'exportation des produits culturels est en forte croissance. Internet connaît une progression rapide au Brésil, où les pouvoirs publics ont entrepris des expériences innovantes en matière d'administration du web. L'Internet mobile devrait également gagner du terrain en Afrique du Sud, au fur et à mesure que la technologie 4G y devient plus abordable. Quelles conséquences cette connectivité numérique va-t-elle avoir sur les flux d'actualités, l'organisation de l'information et de la communication, et la pluralité des médias à l'échelle mondiale ? Quelles en seront les implications pour les sciences de l'information, de la communication et des médias, discipline qui a vu le jour en Occident ? L'article montre que les BRICS sont bien placés pour restructurer la recherche mondiale en communication, contribuer à la démocratisation des médias internationaux dans un monde polycentrique et favoriser la poursuite de la désoccidentalisation des médias et de la recherche qui leur est consacrée.In our dynamic, digitised, 24/7 media age, multilingual communication is increasing, with the BRICS countries playing a key role. The global presence of BRICS media is likely to expand with the growing convergence of mobile communications technologies and content via the increasingly multi-lingual Internet. China already has the world's largest population of Internet users, ahead of India, mainly using mobile phone platforms. Russia, Brazil and South Africa are also seeing rapid growth in on-line communication. In the last ten years, Runet, the Russian-language Internet, has expanded greatly, while the Chinese government and cyber-companies such as Alibaba have taken the lead in promoting the country's Internet to support its position as the world's second largest economy. India, with its ambitious ‘Digital India' programme and the world's largest film industry, as well as its position as a hub for the global IT industry, has growing potential for cultural exports. In Brazil, the Internet is also expanding rapidly and the government has launched innovative experiments in Internet governance, while mobile internet expansion in South Africa is set to accelerate as 4G connections become more affordable. What impacts will this digital connectivity have on global news flows, the organisation of information and communication and media plurality around the world ? What will be the implications for information, communication and media studies, a field that developed in the West ? Our paper suggests that the BRICS nations have the potential to reframe global research on communication, contribute to the democratisation of global media in a polycentric world and thus to further the de-westernisation of the media and media studies.
- Les études médiatiques dans les BRICS contre les bases de données occidentales : critique de la domination académique anglophone - Ilya Kiriya p. 71-77 L'idée de cet article est de mettre en question l'approche bibliométrique dans les recherches en matière des médias dans les pays BRICS. Cette approche est de plus en plus utilisée dans l'évaluation académique et d'une manière paradoxale de plus en plus dans les pays de « la nouvelle croissance économique », dont les BRICS représentent un cas important. Dans ces pays, les gouvernements sont même plus impliqués dans la construction des « universités d'excellence », un nouveau modèle qui remplace l'université comme institution de la reproduction de la culture. Dans ce processus, les bases des données des publications académiques deviennent un instrument important de l'évaluation managériale de l'efficacité de l'Université qui constitue à son tour le système des classements dans lequel les établissements russes, chinois, brésiliens deviennent de plus en plus présents. L'étude empirique sur les outils bibliométriques numériques montre clairement qu'ils privilégient davantage les publications anglophones, ce qui contribue largement à leur domination dans le raisonnement scientifique, les idées véhiculées par des revues scientifiques de la culture empirique anglophone issue des sciences sociales, ce que dévalorise la tradition de sciences humaines plus chère à l'école française.La deuxième conclusion que l'auteur tire de cette étude est qu'il est fort difficile de parler d'un groupe particulier des publications des études médias dans les BRICS tout simplement parce que d'une manière théorique ce groupe est très hétérogène. Parmi toutes les publications indexées dans le domaine des communications et cultural studies dans les BRICS, les deux tiers sont chinoises, ce qui rend ce pays incomparable avec d'autres.L'autre conclusion est qu'à part l'Afrique du Sud où les revues anglophones sont très présentes, les autres pays sont très détachés de l'agenda mondial des publications : les études brésiliennes et russes sont très peu citées par le monde anglophone et vice-versa. Cela est compréhensible du point de vue des classements universitaires dont le système a commencé à affecter ces pays assez récemment.This paper is a critical analysis of the bibliometric approach in media research in the BRICS countries. This approach is increasingly used in academic assessments and, paradoxically, among the “new economic dragons” of which the BRICS are a prime example. Even the governments of these countries are becoming more involved in building up “universities of excellence”, the new model which is replacing universities as the institutions where culture is reproduced. In this process, databases of academic publications are becoming an important means of managerial assessment of university efficiency, which itself is becoming a classification system in which Russian, Chinese and Brazilian institutions are increasingly represented. This empirical study of bibliometric tools clearly shows that digital bibliometrics produce a bias in favour of publications in English, which contributes greatly to the predominance, in scientific reasoning, of ideas conveyed by scientific journals based on the empirical traditions stemming from the social sciences of the English-speaking world, thus devaluing the human sciences traditions preferred by French schools of thought.The second conclusion drawn by the author of the study is the difficulty of discerning any particular BRICS group of media studies publications, simply because of their theoretical heterogeneity. Of all the publications on communication and cultural studies indexed for the BRICS countries, two-thirds are Chinese, making it impossible to compare Chinese output with that of other countries.The other conclusion is that apart from South Africa, where English-language publications are very much in evidence, the other countries are rather isolated from the worldwide publications agenda : Brazilian and Russian studies are rarely cited in the English-speaking world and vice-versa. This is understandable from the point of view of the academic ranking system which has only recently begun to affect these countries.
- Médias et politiques de communication dans le réseau BRICS - Juremir Machado Da Silva p. 78-83 Cet article examine la question des médias et d'une politique de communication dans le contexte de ce que l'on nomme maintenant les BRICS. L'analyse des relations entre les pays membres de cette conformation passe par de nombreuses interrogations : s'agit-il d'un réseau ? D'un réseau communicationnel, médiatique, interactif, collaboratif, connecté, horizontal ? Comment les spécialistes de ce thème abordent-ils ce sujet : un nouveau mode de communiquer dans une perspective d'extension des échanges symboliques ou l'actualisation des formes de communication traditionnelles, verticales et restrictives ?This paper examines the question of the media and communication policy in the countries now known as the BRICS. Any analysis of relationships between the countries that make up this group raises many questions. Are they a network ? If so, is it a communicational network, a media network, is it interactive, collaborative, connective, horizontal ? How do scholars tackle the subject in their research – are we seeing a new way of communicating with a view to expanding symbolic exchanges, or a modernisation of traditional, vertical and restrictive forms of communication ?
- Les ambitions des BRICS - Ding Yifan p. 84-89
- Une volonté partagée de façonner un nouvel ordre mondial - Cedric de Coning, Asha Puri p. 90-96 Dans le monde occidental, la montée du populisme nationaliste a atteint un point critique en 2016 avec le vote en faveur du Brexit au Royaume-Uni et l'élection du président Trump aux États-Unis. En revanche, sur la même période, les BRICS se sont investis dans la consolidation de leur coopération et ont renforcé leur engagement aux Nations unies, à la gouvernance mondiale et la mondialisation économique. Ils ont surtout porté leur attention sur la finance, le commerce et la coopération économique. Toutefois, leur capacité d'élaborer une analyse conjointe des dimensions politiques et sécuritaires de l'ordre mondial semble avoir marqué un tournant en 2017 lorsqu'ils ont décidé de focaliser leur sommet annuel sur la mise au point des stratégies pour défendre la gouvernance mondiale, la mondialisation économique, le libre-échange, et une action collective en faveur du climat. Comment sommes-nous arrivés à ce point qu'il semble que c'est aux pays BRICS qu'il incomberait de sauver la mondialisation ?In the West, the rise of nationalist populism reached a tipping point in 2016 when it generated both the UK vote for Brexit and the election of President Trump in the US. In contrast, over the same period, the BRICS have invested in strengthening inter-BRICS cooperation and the group's commitment to the United Nations, global governance and economic globalisation. Their primary focus has been on financial, trade and economic cooperation. However, their ability to develop a shared analysis of the political and security dimensions of the global order seems to have come to a turning point in 2017, when they opted to focus their annual Summit on developing strategies to defend global governance, economic globalisation, free trade, and joint action on climate. How did we get to the point where it seems to be up to the BRICS to rescue globalisation ?
Partie 2 : Des transformations dans un processus éclaté
- Huit ans de travail sur les BRICS - Tom Dwyer p. 99-106 Au long des huit dernières années, l'auteur a suivi les BRICS qui lui ont servi de fertile objet d'analyse et de perspective sur l'avenir, et plus récemment sont devenus un champ d'action. En 2010, un projet sur la sociologie des BRIC a été développé par un groupe de chercheurs, ce qui a mené à un scénario pour le développement de la sociologie si ce qui a été nommé au commencement « l'hypothèse BRIC » se confirmait. Pour commencer à promouvoir la compréhension mutuelle et la connaissance des pays BRICS, une méthode de travail a été développée et deux livres de référence ont été publiés. Ces livres dévoilent une gamme de problèmes en commun entre les pays, problèmes souvent ignorés dans la bibliographie dominante, et révèlent beaucoup sur ces sociétés dont les histoires de développement économique, social et politique ne correspondent pas à la théorie de la modernisation. Cela ouvre le champ pour des nouvelles recherches et dialogues. En 2016, les gouvernements ont lancé le réseau universitaire des BRICS, et un projet sur la sociologie des BRICS a été approuvé, qui a adapté le projet de 2010. Quelques détails ethnographiques des réunions de cette université sont fournis, et certains défis de coordination, continuité et dialogue sont mentionnés ; ils ne doivent pas faire ombre au défi cognitif majeur, qui est de travailler ensemble malgré les complexités du projet de l'université. Divers échecs sont mentionnés, et fournissent du matériel empirique destiné à être analysé de manière à améliorer la compréhension mutuelle et aussi la compréhension des limites du dialogue et de l'institutionnalisation des BRICS.Over the last eight years, the author has followed the BRICS, first as a fertile object of analysis and forward-looking study, then as a field of action. In 2010 a project for BRICS sociology was developed by a group of researchers, who produced a scenario for sociological development if what was initially called the ‘BRICS hypothesis' was confirmed. To start promoting mutual understanding and knowledge of the BRICS countries, a working method was developed and two reference works were subsequently published. These books reveal a range of common problems in the BRICS countries that are often ignored in mainstream literature. They also reveal much about the development of societies whose history of economic, political and social development is not accounted for by modernisation theory, thus opening up a field for further investigation and discussion. In 2016, the BRICS national governments launched the BRICS Network University and approved a BRICS sociology project, adapted from the 2010 project. Some ethnographic details are provided of the meetings to set up the university and while various challenges regarding coordination, continuity and dialogue are mentioned, these should not overshadow the major cognitive challenges that arise in trying to work together despite the complexities surrounding the university project. Failures of various kinds are also addressed, and these provide valuable empirical material to be analysed in order to improve mutual understanding and help to grasp the limitations of inter-BRICS dialogue and institutionalisation.
- Des BRICS aux pays émergents, l'innovation frugale : Entretien - Perrine Legoullon, Luciana Radut-Gaghi p. 107-110
- Échanges interculturels et Ligue des universités des BRICS. Le point de vue de la diplomatie publique chinoise - Wang Lei, Caroline Sordia p. 111-113
- Le dialogue économique chez les BRICS : potentiel et défis - Bruno de Conti, Célio Hiratuka p. 114-123 L'acronyme BRIC a été inventé en 2001 par Goldman Sachs et a été utilisé par les analystes des marchés financiers. Cependant, ce groupe, né comme un objet – envisagé comme source d'actifs à haut rendement pour les investisseurs mondiaux – a été structuré comme un sujet, en tant qu'un acteur important dans des dialogues internationaux et avec un message très clair : nous n'accepterons pas le rôle qui nous est donné et nous voulons être protagonistes dans les enjeux économiques internationaux. Le groupe s'est donc organisé autour d'un programme de refus du statu quo. De cela, bien sûr, il y a la nécessité de construire un agenda économique positif et avec des propositions en ce qui concerne l'ordre international et aussi la relation entre les cinq pays. Cet article vise ainsi à explorer les possibilités et les défis pour la constitution de ce réseau de relations économiques entre les BRICS, notamment sur deux dimensions principales : i) production (le commerce international et les investissements directs étrangers) ; ii) monétaire et financière.The BRICS acronym was invented in 2001 by Goldman Sachs and has since been used by financial market analysts. However, the BRICS group, which was initially an object – as a source of high-yield assets for global investors – organised itself into a subject : a major player in international discussions giving out a very clear message : « we will not accept the role we are being given, we intend to be protagonists in the international economic arena ». The group organised itself around a programme of rejection of the status quo. Now, of course, there is a need to build up a positive economic agenda, with proposals concerning the international order and the relationship between the five countries. This article aims to explore possibilities and challenges for the establishment of this network of economic relations between BRICS countries, in two main areas in particular : (i) production (international trade and foreign direct investment) ; ii) financial and monetary.
- La collaboration des BRICS dans les domaines de la science, de la technologie et de l'innovation - Michael Kahn, Asha Puri p. 124-131 En 2015, les BRICS ont atteint deux objectifs principaux : la création de la Banque de développement des BRICS et l'adoption de la Déclaration du Cap sur la science, la technologie et l'innovation. Le premier fait l'objet d'autres contributions à cette édition spéciale. Le second se fixe comme objectif d'encourager la collaboration entre les pays BRICS dans le domaine de la science, de la technologie et de l'innovation en identifiant cinq champs thématiques, un champ étant placé sous la direction de chacun des cinq pays BRICS. Déterminer la portée réelle de cette coopération est problématique, car les données publiques tendent à se concentrer sur la production des revues et brevets : le premier est sujet aux préférences de sélection, de langue et de discipline, le second reflète une forte dépendance au sentier. La présente communication étudie une autre source d'erreur, à savoir la façon dont la participation aux projets de méga-science déforme le sens du terme copaternité, et du coup les indicateurs de collaboration aussi. Il est démontré que la collaboration scientifique entre les pays BRICS se fait principalement dans le domaine de la physique des hautes énergies et de l'astrophysique plutôt que dans les champs thématiques désignés dans la Déclaration du Cap. Ce constat pose des questions sur la base future de la collaboration entre les pays BRICS dans le domaine de la science et de la technologie (S&T).In 2015, the BRICS achieved two major goals : creation of the BRICS Development Bank and adoption of the Cape Town Declaration on Science, Technology and Innovation. The first is addressed by other contributions to this special edition. The purpose of the second, the Cape Town Declaration, is to encourage collaboration between BRICS countries in science, technology and innovation by identifying five thematic areas, each being placed under the responsibility of one of the five BRICS countries. Determining the actual extent of their cooperation is not easy, because public information tends to focus on the production of journals and patents : the former are subject to preferences in terms of selection, language and disciplines, while the latter reflect a high degree of path-dependency. This paper investigates another source of bias, which is the way participation in mega-science projects distorts the meaning of co-authorship and therefore also distorts indicators of collaboration. We show that scientific collaboration between BRICS countries occurs mainly in the highenergy and astrophysics fields rather than in the thematic areas set out in the Cape Town Declaration. This finding raises questions as to the future basis for collaboration among BRICS countries in science and technology.
- Réseaux ou projets d'excellence : de quoi les BRICS ont-ils vraiment besoin ? - Maxim Khomyakov, Françoise Wirth p. 132-139 Le présent article porte sur la situation actuelle de la collaboration entre les BRICS au niveau de l'enseignement supérieur. Il commence par une analyse du changement radical que connaît l'université à l'échelle mondiale sous l'effet de trois grandes tendances conjointes : massification, mondialisation et internationalisation. L'auteur explique que les BRICS pourront relever ces défis en adoptant deux grandes approches : les projets d'excellence (tels que le programme russe 5/100) et la mise en place de réseaux universitaires à structure horizontale (tels que le projet de Réseau universitaire des BRICS). La première approche vise à créer des établissements d'élite et à favoriser une meilleure intégration dans la sphère académique mondiale, tandis que la seconde répond aux questions urgentes qui se posent aux sociétés des BRICS. L'auteur conclut en affirmant que si les projets d'excellence contribuent à la mise en place d'un enseignement de niveau international, les réseaux apportent une réponse plus adaptée aux besoins actuels des BRICS.This article looks into the current status of collaboration between the BRICS countries in higher education. We begin with an analysis of the radical changes currently affecting universities across the world as a result of three concurrent trends : massification, globalisation and internationalisation. The author explains the two main approaches that the BRICS countries could adopt to address these challenges : projects of excellence (such as the Russian 5/100 programme) and the creation of trans-university networks (such as the BRICS university network project). The first approach aims to create elite establishments and promote better integration into the worldwide academic sphere, while the second addresses urgent questions for society in the BRICS countries. The author concludes that while projects of excellence are helping to establish world-class university teaching, the network approach is bringing responses that are better suited to current needs in the BRICS countries.
- Les satellites, exemple de coopération entre le Brésil et la Chine : Entretien - Marco Antonio Raupp p. 140-144
- Un câble pour les BRICS : un défi stratégique insurmontable - Anna Zyw Melo p. 145-149
- Huit ans de travail sur les BRICS - Tom Dwyer p. 99-106
Partie 3 : Construction d'espaces, conflits de valeurs et d'identité
- Continuité du pouvoir et recherche de rente des médias en Chine et Russie - Chen Weixing, Huang Dianlin, Zhu Zhenming p. 153-156
- Une transformation sociale inévitable vers une identité commune et un partage de valeurs improbables - Zhu Yuanfa p. 157-164 Depuis la formation des BRICS, ses pays membres ont connu un essor économique. Cette émergence économique a entraîné des mutations sociales profondes : exode rural vers les villes, industrialisation, urbanisation et modes de vie, etc. Le niveau global de la population a été sensiblement amélioré ; cependant, la croissance de la richesse nationale a creusé les inégalités entre territoires d'un pays, entre classes sociales et pour l'accès aux soins et à l'éducation. L'absence de similitude sensible résultant de la civilisation, de l'identité, de l'histoire, de la culture, de la langue et du mode de vie ne présage nullement à une identité commune et un partage de valeurs. Il n'y a pas de faits générateurs qui plaident en faveur d'un rapprochement spontané des peuples des pays BRICS dans un proche avenir.Since the emergence of the BRICS as a geopolitical bloc, rapid economic growth has been observed in all of its member countries. This has brought profound social and lifestyle changes, with the rural exodus into cities, industrialisation and urbanisation. Although the overall standard of living of the population has improved significantly, the growth of national wealth has increased inequality between regions and social classes in each country as well as unequal access to health care and education. The lack of significant similarities resulting from a shared civilisation, history, culture, linguistic heritage and way of life does not foreshadow any common identity or sharing of common values. There are no foundational circumstances likely to trigger a sense of spontaneous fellow-feeling among the peoples of the BRICS countries in the near future.
- Les BRICS dans la gouvernance mondiale : état des lieux des recherches chinoises - Li Hongfeng p. 165-172 Les BRICS suscitent une attention particulière chez les chercheurs chinois depuis 2010. Leur prise de parole dans la gouvernance mondiale paraît un sujet intensivement abordé pour de multiples raisons, dont l'ambition du renouveau national de la Chine ainsi que la considération sur son poids dans les relations internationales. Les chercheurs chinois réfléchissent sur les objectifs et l'impact des actions collectives des BRICS à l'échelon mondial, s'interrogent sur le rôle de la Chine et se préoccupent de la gestion des relations internes de cette plate-forme de coopération. Ils manifestent un optimisme largement partagé à l'égard du devenir des BRICS tout en gardant un œil vigilant sur les risques potentiels et sur les limites des moyens de chacun des membres.The BRICS countries have attracted the attention of Chinese researchers since 2010. The role of the BRICS in global governance seems to be a topic of intensive study for many reasons, including China's ambitions and its influence on international relations. Chinese researchers are engaged in discussions on the objectives and impacts of collective BRICS actions at the global level, on China's role and on managing internal relations within this cooperative platform. They express widely shared optimism about the future of the BRICS while keeping a watchful eye on the potential risks and limitations of each member's means of action.
- Environnement et climat dans les BRICS : un moment cosmopolitique - Nicole d'Almeida p. 173-179 Les BRICS, historiquement tantôt en marge, tantôt victimes de la croissance occidentale, sont aujourd'hui devenus de gros consommateurs d'énergie et de grands pollueurs. Leur poids dans l'économie mondiale les conduit à intervenir fortement dans la construction d'une gouvernance environnementale et d'un cadre de vie mondial. D'une part en étant des forces de réorientation et de proposition pesant dans le dialogue Nord-Sud, contrebalançant la vision unique d'un modèle de croissance. D'autre part en devenant force alternative commune, capable d'entente malgré des situations nationales très contrastées. Dans ces échanges qui se jouent à deux niveaux et qui se cristallisent lors des sommets mondiaux, apparaissent des revendications et valeurs spécifiques qui vont entrer en discussion, voire en adoption, sur la scène internationale.Historically, from the environmental point of view, the BRICS have sometimes been marginalised and sometimes the victims of Western growth, but have now become major energy consumers as well as major polluters. Their growing importance within the global economy is increasing their influence on the construction of environmental governance. They have become driving forces behind new orientations and proposals, exerting their influence on North-South relations and acting as a counterweight to the prevailing model of growth. And they are developing a common alternative, speaking with one voice, despite very different national circumstances. During these exchanges on two levels that crystallise at world summits, specific demands and values emerge that are debated and even sometimes adopted in the international sphere.
- Sebastião Salgado, L'odyssée d'un homme-monde : Portrait et entretien - Nicole d'Almeida p. 180-182
- Le paradoxe pragmatique : les BRICS comme vecteur de la diplomatie d'influence : A pragmatic paradox: the BRICS countries as vehicles for soft power diplomacy - Giulio M. Gallarotti, Éric Sautedé p. 183-191 Il est assez communément admis que les BRICS, en tant que groupe, pâtissent de leur diversité. L'organisation en elle-même est en effet assez unique puisqu'elle rassemble des nations très éloignées les unes des autres géographiquement et ô combien dissemblables en termes sociaux, politiques et culturels. Des volatiles d'espèces différentes peuvent-ils voler ensemble et véritablement constituer une nuée ? Cet article veut démontrer que tel est le cas, et que le sens commun fait fausse route. Plus encore, cet article montre que loin d'empêcher les BRICS de fonctionner effectivement comme un tout, l'extrême diversité de ses parties ne fait en réalité que renforcer, pour les nations qui la compose, l'efficience des BRICS en tant que vecteur de diplomatie d'influence dans le système international. Plus généralement, cela permet d'expliquer les modalités à travers lesquelles des organisations internationales peuvent gagner en influence grâce à une plus grande diversité de leurs membres.It is the general view that the BRICS countries, as a group, are disadvantaged by their diversity. The BRICS organisation itself is somewhat unique since it covers countries that are not only very distant geographically but also very different socially, politically and culturally. Can birds of a different feather really flock together ? This article tries to show that they can, and that received wisdom is wrong. Going further still, we show that rather than preventing the BRICS from functioning efficiently as a group, the very diversity of its component parts in fact strengthens, in the BRICS countries themselves, the group's effectiveness as a vehicle for soft power diplomacy within the international system. More generally, this can also explain how the influence of international organisations can grow with greater diversity among their members.
- Les risques liés à l'élargissement des BRICS - Evandro Menezes de Carvalho p. 192-203 Les BRICS sont une plateforme de dialogue contribuant à la promotion d'un système international multipolaire. Au-delà des objectifs de promotion du développement économique de ses membres, les BRICS apparaissent également comme une réponse à la paralysie des puissances occidentales à promouvoir des réformes substantielles au sein des organisations internationales, notamment l'ONU et le FMI. La création de la Nouvelle Banque de développement (NBD) en 2015 est une réponse à cette situation. Néanmoins, la proposition récente de la Chine d'élargir les BRICS – connue sous le nom de « BRICS Plus » – a été l'objet de réticences de la part de l'Inde. Cet article entend examiner si le projet BRICS Plus va dans le sens du renforcement du programme réformiste des pays des BRICS ou s'il se diluera dans sa narration originelle.The BRICS countries make up a platform for discussions that is helping to spread the idea of a multi-polar international system. Looking beyond the aim of promoting economic development among its members, the BRICS group can also be seen as a response to the inability of the Western powers to promote substantial reforms within international organisations, especially the UN and the IMF. The New Development Bank (NDB) was created in 2015 in response to this situation. Nevertheless, the recent proposal from China to enlarge the BRICS – to form a “BRICS Plus” group – has met with some resistance from India. This article looks into whether the “BRICS Plus” project is tending to strengthen the reformist trend in the BRICS countries or whether it will be diluted into the original BRICS narrative.
- Sept défis pour une globalisation à visage humain : l'exemple des BRICS - Cristovam Buarque, Michaël Oustinoff p. 204-207
- « Nous parlons la même langue » : les BRICS à l'épreuve de leur diversité linguistique - Michaël Oustinoff p. 208-214 Le Premier ministre de l'Inde, Narendra Modi, a pu dire en Russie que les BRICS parlaient la « même langue », successivement en anglais et en russe. Les BRICS ne pourront effectivement constituer un projet viable que s'ils parviennent à s'entendre entre eux en dépit de leurs différences linguistiques et culturelles, ce qui est impossible en communiquant uniquement à travers une seule langue, l'anglais.Narendra Modi, India's Prime Minister said in Russia that the BRICS spoke “the same language” in English and in Russian. The BRICS will only be able to build a viable project if they manage to understand one another in spite of their linguistic and cultural differences, which is impossible unless they stop communicating in only one language, English.
Diagonales
- Les affinités électives du terrorisme - Daniel Stoecklin p. 215-223 La concentration des médias, sélectionnant les actions visibles et montrables, balaie le journalisme d'investigation et renforce ainsi paradoxalement le terrorisme et le populisme au lieu de les décrypter. Terrorisme, populisme et médias ont des affinités électives à travers un mode d'action entrepreneurial, favorisant l'identification à un « maître ». Cette sorte de nostalgie utilitariste, issue du passage de la « communauté » à la « société », appelle autre chose qu'une réponse sécuritaire.Increasing media concentration, with its selectiveness of actions that can be both seen and shown, is sweeping investigative journalism away and paradoxically strengthening terrorism and populism instead of decoding their mechanisms. The elective affinities of terrorism, populism and the media appear through entrepreneurial methods that encourage identification with a “master”. Responses to this kind of utilitarian nostalgia, which develops with the shift from “community” to “society”, cannot rely on security policies alone.
- Les affinités électives du terrorisme - Daniel Stoecklin p. 215-223
Hommage
- Jean Bernabé (1942-2017) : In Memoriam - Anne-Marie Laulan p. 225-227
Lectures
- Lectures - Brigitte Chapelain p. 229-240