Contenu du sommaire : La présidence Trump : Quels défis pour les Etats-Unis et l'Europe ?
Revue | L'Europe en formation |
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Numéro | no 382, printemps 2017 |
Titre du numéro | La présidence Trump : Quels défis pour les Etats-Unis et l'Europe ? |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier : The Trump Presidency : What challenges for the United States and Europe ?
- Introduction - Anna Dimitrova p. 3-8
- La surprise Trump : les raisons d'une improbable victoire - Eddy Fougier p. 9-31 La victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle américaine le 8 novembre 2016 a été l'une des plus grandes surprises de l'histoire électorale des États-Unis. Même s'il a été dépassé de près de 3 millions de voix par Hillary Clinton, Donald Trump n'en a pas moins été largement élu avec 304 grands électeurs. Il doit sa victoire au fait d'avoir remporté la plupart des ‘swing states', même si la marge a pu être très étroite dans quelques Etats-clefs (Michigan, Pennsylvanie, Wisconsin), et notamment les principaux États en difficulté économique de la ‘Rust Belt' (Indiana, Michigan, Ohio, Pennsylvanie). Il a su tout d'abord mobiliser l'électorat républicain traditionnel : un électorat masculin, âgé, aisé, protestant et rural. Par son discours protectionniste et anti-immigration, il a également réussi à attirer à lui les suffrages des « cols bleus », les fameux ‘non-college whites'. Or, dans le même temps, Hillary Clinton n'est pas parvenue à mobiliser de façon massive l'électorat démocrate traditionnel. Deux raisons principales ont été avancées pour expliquer la victoire surprise de Donald Trump. La première met l'accent sur le sentiment d'insécurité économique de la ‘working class', tandis que la seconde, elle, insiste sur son sentiment d'insécurité culturelle. Dans la réalité, les deux formes d'insécurité sont liées l'une à l'autre.Donald Trump's victory in the United States presidential election on 8 November 2016, was one of the most surprising events in the history of US presidential elections. Even if Hillary Clinton won the electoral vote with a margin of almost 3 million votes, Donald Trump won the Electoral College vote. His success is due to his victory in almost all « swing states », eventhough that the race was very tight in several key states (Michigan, Pennsylvania, Wisconsin), and especially in the main deindustrialized states of the Rust Belt (Indiana, Michigan, Ohio, Pennsylvania). He succeeded in mobilizing traditional Republican voters : male, aged over 45, with high income, protestant and rural voters. He also succeeded in attracting the working class voters, the famous non-college whites. At the same time, Hillary Clinton failed to mobilize massively traditional Democrat voters. Two main reasons have been put forward to explain Donald Trump's surprising victory at the 2016 presidential election - the blue collars' feeling of socio-economic insecurity and their feeling of cultural insecurity. In fact, these two diffrent ways of feeling insecure are closely linked.
- Trump's “America First” Foreign Policy: The Resurgence of the Jacksonian Tradition? - Anna Dimitrova p. 33-46 Trois questions principales semblent être au cœur des débats académiques actuels concernant la stratégie de politique étrangère du Président américain Donald Trump : 1) Y a-t-il une « doctrine Trump » ou une « grande stratégie » en matière de politique étrangère ? ; 2) La politique étrangère de Trump s'inscrit-elle dans une tradition historique de la politique étrangère américaine ? ; 3) Quels sont les risques liés à la politique extérieure de Trump ? En nous appuyant sur le modèle conceptuel de « grande stratégie » de Posen et Ross, nous émettons, en premier lieu, l'hypothèse que Trump a, en effet, défini une « grande stratégie » qui est basée sur une vision clairement nationaliste du rôle des États-Unis dans les affaires globales, étroitement centrée sur les intérêts américains et les gains matériaux, et qui prône l'application d'une approche pragmatique, appelée « America First », destinée à faire face aux principales menaces pour les intérêts nationaux américains, que sont l'Islam radical et le terrorisme, les accords commerciaux et les alliances internationales jugés « injustes » pour l'Amérique, et l'immigration illégale. En second lieu, dans la lignée de la théorie de Mead, nous cherchons à démontrer que la grande stratégie de Trump trouve ses origines dans l'histoire de la politique étrangère américaine et reflète, d'une certaine manière, le retour de la tradition de la politique étrangère du XIXe siècle décrite par Mead comme le Jacksonianisme en lien avec la présidence d'Andrew Jackson. En conclusion, nous examinons brièvement les risques liés au retour d'une Amérique Jacksonienne.Three main questions seem to underpin the current academic debates about US President Donald Trump's foreign policy strategy: 1) Is there a Trump doctrine or Trump's “grand strategy” in terms of foreign policy?; 2) Does Trump's foreign policy stem from any historical tradition in US foreign policy?; 3) What are the risks of Trump's foreign policy decision-making? Drawing upon Posen and Ross' conceptual framework of “grand strategy”, we first argue that Trump actually has a “grand strategy” based on a clear nationalist vision of the US role in world affairs, which is narrowly focused on US interests and material gains, and advocates an “America First” pragmatic deal-making approach in foreign policy aimed to face the main threats for US national interests, namely radical Islam and terrorism, “unfair trade deals” and entangling alliances, and illegal immigration. Second, in line with Mead's theory, we seek to demonstrate that Trump's “America First” grand strategy is deeply rooted in the US foreign policy history and reflects the resurgence of the 19th-century foreign policy tradition described by Mead as Jacksonianism, and associated with Andrew Jackson's Presidency. Finally, we conclude with a short discussion about the risks related to the rise of Jacksonian America.
- Enjeux et défis du Partenariat Transatlantique de Commerce et d'Investissement - Jean-Claude Vérez p. 47-61 Le PTCI (ou TAFTA en anglais) est un enjeu commercial sans précédent entre l'Union européenne (UE) et les États-Unis. Ce n'est pas un simple accord de libre-échange et c'est pour cette raison qu'il existe des blocages et des risques. Vu des États-Unis, le partenariat est l'occasion de libéraliser le marché européen et de s'affranchir un peu plus d'un certain nombre de normes contraignantes. Vu de l'UE, le marché américain offre des opportunités commerciales substantielles, notamment pour les sociétés transnationales aptes à confronter la concurrence des géants américains.The Trans-Atlantic Free Trade Agreement (TAFTA) is an unprecedented commercial issue involving the European Union (EU) and the United States. It is not a simple free-trade agreement, which explains why there are some obstacles and risks. From the perspective of the United States, this partnership represents an opportunity to liberalize the EU market and overcome a few more restrictive norms. From the EU point of view, the American market offers substantial commercial opportunities, in particular for multinational companies able to face the concurrence of US leading multinationals.
- Beware the Folly of Pride: Europe, Trump and the Enduring Need for the Transatlantic Alliance - Kristian L. Nielsen p. 63-81 Cet article étudie les premiers mois de la présidence Trump vus d'Europe en mettant tout particulièrement l'accent sur l'attitude du nouveau Président à l'égard de l'OTAN et de l'intégration européenne. Cependant, au lieu de s'en tenir exclusivement à l'analyse de la personnalité du Président Trump comme se contentent de le faire beaucoup d'analystes, l'article soulève aussi des questions liées à la responsabilité européenne dans la dégradation actuelle des relations transatlantiques et aux initiatives que les Européens doivent prendre avant qu'il ne soit trop tard en vue d'améliorer la situation de l'alliance transatlantique. L'ironie réside dans le fait que cela signifierait se conformer, dans une certaine mesure, aux exigences des Américains qui souhaitent que les Européens augmentent leurs dépenses militaires, mais aussi rendre, en même temps, l'Europe moins vulnérable aux caprices du Président américain.This article examines the early months of the Trump presidency as seen from Europe, focusing particularly on the new president's attitudes to NATO and the European integration. However, instead of delving exclusively on President Trump's difficult personality, as many European commentators are wont to do, the article also poses questions as to Europe's own responsibility for taking the transatlantic relationship to its current low, and what actions Europeans must take if the current problems are not to doom the longer-term health of the transatlantic alliance. Ironically, this will, to some extent, mean complying with some of the demands for greater military spending made by the Americans – but complying will also, in turn, help make Europe less vulnerable to the whims of the American president.
- La relation sino-américaine d'Obama à Trump - Barthélemy Courmont p. 83-95 La stratégie du pivot vers l'Asie mise en place sous l'administration Barack Obama et la politique chinoise (plus qu'asiatique) de Washington qui en découle s'est articulée autour d'un compromis entre des éléments de hard power (militaire, économie) et de soft power (influence, dialogue, persuasion). Elle a ainsi été définie comme une « diplomatie intelligente » (smart policy). En parallèle, les méfiances manifestées à l'égard de la Chine n'ont fait que croître au cours des dernières années. La Chine est devenue un élément structurant de la politique étrangère américaine, que ce soit dans son volet coopératif ou plus stratégique, comme l'illustrent les initiatives de Washington en direction de pays de la région inquiets de la puissance chinoise, ou même ouvertement hostiles à son expansion. Cette tendance se retrouve depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui s'est évertué à enterrer le pivot de son prédécesseur, et fait face dans le même temps à un rapport de force changeant, et au désavantage des États-Unis. Désireux de repenser la politique chinoise de Washington, le président américain est ainsi confronté à un contexte difficile et qui n'est pas à son avantage.The strategy of “US pivot to Asia” introduced and implemented by the Obama administration and the resulting Washington's foreign policy to China (rather than Asia) were based on a compromise reached between the components of hard power (military, economy) and soft power (influence, dialogue, persuasion). Hence, this strategy was defined as “smart diplomacy”. At the same time, mistrust and suspicions with regards to China had increased throughout the last few years. China has thus become an essential part of US foreign policy in terms of both cooperation and strategy, as revealed by Washington's endeavors to strengthen its presence in some countries in the region, which have shown signs of worry, and even hostility, towards the expansion of China's power. This trend is even more evident since the entry into office of Donald Trump who strived to abandon his predecessor's strategy of “pivot” and turned the balance of powers to America's disadvantage. Willing to redefine Washington's policy towards China, the current US President has to face a difficult situation, which is not to his advantage.
- The Evolution of Sino-American Relations under Trump - George N. Tzogopoulos p. 97-109 La Chine et les États-Unis sont en train de trouver un modus vivendi dans la conduite de leurs relations bilatérales. L'élection de Donald Trump en novembre 2016 est néanmoins susceptible d'introduire des éléments nouveaux dans ces relations. Cet article vise à proposer une première analyse sur les stratégies de rapprochement opérées entre Pékin et Washington durant l'Administration de Barack Obama. Il met l'accent sur l'imbroglio nord-coréen, le risque de guerre commerciale et le retrait des États-Unis du Partenariat Trans-Pacifique. L'article aborde également le débat sur la question de savoir si la Chine est susceptible de prendre une position de leader dans le processus de globalisation à partir du moment où Donald Trump continue de prôner une approche protectionniste en mettant en place son programme s'appuyant sur le slogan « L'Amérique d'abord ».China and the United States are in the process of finding a modus vivendi to drive their bilateral relationship. The election of Donald Trump in November 2016 is introducing new elements to this relationship. This article is a first assessment of the initial attempts of Beijing and Washington to approach each other respectively following the end of the administration of President Barack Obama. It focuses on issues such as the North Korea imbroglio, the possibility of a trade war and the US withdrawal from TPP. It also joins the debate on whether China could possibly undertake a leading position in the international process of globalization as long as Donald Trump is advocating for protectionism while realizing his ‘America First' plan.
Tribunes
- Les États-Unis et l'Accord de Paris sur le climat - Laurent Baechler p. 111-118
- Transatlantic Relations under Trump: Chances and Challenges - Thomas Hoerber p. 119-122
In memoriam
- In memoriam : Mario Andrione : C'était Mario - Claude Nigoul p. 123-127