Contenu du sommaire : Territoire, société et communication

Les sciences de l'information et de la communication et la géographie peuvent d'autant plus aisément engager un dialogue fécond qu'elles sont l'une comme l'autre des carrefours de disciplines. Elles doivent cependant se méfier des pièges de l'instrumentalisation. La question de la territorialisation constitue l'un des axes majeurs de la réflexion engagée aujourd'hui par les chercheurs en communication. La démarche du groupe de prospective «Communiquer demain » a bien mis en évidence la complexité des relations que la communication noue avec les territoires. Seule une approche «stratégique » permet d'échapper aux mythes technicistes de la prochaine abolition des différences spatiales ainsi qu'aux conceptions structurantes développées par certains responsables de l'aménagement du territoire ou par les promoteurs des autoroutes de l'information. Mots clés : sciences de la communication, pluridisciplinarité, mythes technologiques, aménagement du territoire.

L'auteur montre que l'approche spatiale des phénomènes de communication permet de comprendre comment les flux d'informations se sont peu à peu dégagés des marchandises qu'ils ont contribué à faire circuler. Cette approche s'est développée autour de trois points de vue : celui des relations entre les faits de communication et le fonctionnement des sociétés dans l'espace, celui des moyens de transmission des savoirs et des informations dans le corps social et enfin le registre de la territorialité dans ses rapports entre le local et l'universel. L'auteur plaide pour un développement des recherches articulant les logiques spatiales de la communication avec les

Communication, territoire et identité : un ancien regard sur de nouvelles technologies ? Au Canada, la recherche autour des nouvelles technologies d'information et de communication se caractérise par une prédominance des approches fonctionnelles et instrumentales au détriment des approches socio-critiques. Parmi celles-ci, les problématiques socio-spatiales ont été passablement négligées. Une recherche interdisciplinaire féconde est cependant possible autour des concepts clés d'identité, de communication et de territoire. Elle devrait faire apparaître la prégnance excessive des imaginaires universalistes construits autour de ces nouvelles technologies, au bénéfice des grands acteurs économiques mais aussi au détriment des individus et des groupes désireux d'affirmer les spécificités de leurs identités socio-spatiales.

Cet article apporte quelques éléments de réflexion sur le champ épistémologique ouvert aux géographes par le développement des technologies d'information et de communication (ne) dans les sociétés industrialisées et sur la façon d'approcher les modalités multiples et complexes de leur redéploiement spatial. Il aborde successivement trois thèmes : le contexte scientifique et pratique dans lequel se construit le discours géographique sur les ne, la teneur des mythes technologiques concernant l'espace ; enfin, il approfondit le statut que l'on peut donner aujourd'hui aux trames d'Espace, de Territoire et de Réseau dans l'approche de ces technologies.

La géographie, de même que les sciences de la communication, sont confrontées à la complexité de la territorialité contemporaine. Trois éléments fondamentaux méritent examen et réflexion pluridisciplinaire : le télescopage incessant des espaces sociaux perçus et vécus nous incite à repenser l'articulation des échelles spatiales ; les nouvelles techniques d'information et de communication -singulièrement dans leurs applications à la simulation virtuelle -affectent notre représentation de l'espace et l'ensemble des processus cognitifs ; enfin la notion d'identité appliquée aux pouvoirs locaux et régionaux permet de conjuguer deux aspects qui semblent parfois antagonistes dans l'action politique : la performance économique et la cohésion sociale.

Le développement de la radiodiffusion entre les deux guerres contredit les thèses traditionnelles sur le colbertisme français. La radio s'est en effet mise en place selon une logique locale autour de groupes d'acteurs politiques et culturels. Les stations régionales ont d'abord alimenté leurs programmes par le recours aux ressources artistiques et intellectuelles des villes. Dans un deuxième temps, le poids des logiques centralisatrices entraînera la création d'une opposition Paris/Province qui se substituera peu à peu à la relation ville/campagne.

Au moment où la thématique de l'aménagement du territoire se décline aux différentes échelles spatiales, en désignant simplement la volonté de situer le développement économique, social et technologique en réaction aux effets de concentration/polarisation urbaine, le champ des télécommunications prend une importance particulière dans la conduite par l'État des politiques d'aménagement : d'un côté, l'imaginaire encore très prégnant de la continuité territoriale et du service public donne à l'échelon central une légitimité d'action particulière ; de l'autre, la situation de compétition entre collectivités territoriales et l'ouverture à la concurrence du secteur des télécommunications en Europe entraîne une grande complexification et une certaine segmentation des marchés territoriaux de la communication électronique.

L'auteur de ce texte se propose d'esquisser les principes d'une pragmatique des usages individuels des instruments de communication, en en appréhendant, tout particulièrement, les dimensions socio-spatiales ; il s'agit donc d'évaluer les effets producteurs de spatialité des utilisations des NTIC, c'est-à-dire à la fois la capacité de celles-ci à contribuer à la mise en place d'agencements nouveaux des êtres et des choses à des échelles variées et leur impact dans la construction de la compétence socio-spatiale des individus. Dans la première partie consacrée à une réflexion générale autour de concepts clés, est posée l'idée de considéra* l'usage comme notion engageant l'analyse du champ de la vie quotidienne des individus ordinaires. La seconde partie est dévolue à la présentation de quelques dimensions spatiales majeures des usages des outils de communication actuels, présentation qui insiste sur le danger qu'il y aurait à vouloir trouver de toute force une subversion radicale des principes de la relation des individus à la société et à l'espace dans les agirs télécommunicationnels les plus contemporains.

Prenant argument de la fonction d'entraînement que les systèmes mobiles exercent sur les télécommunications en général, leurs promoteurs placent le communicateur personnel universel à la pointe d'une évolution technologique appelée, avec l'idéal du réseau-monde, à déboucher sur un processus de déterritorialisation/reterritorialisation. Associée à la mobilité, l'universalité de ce communicateur est cependant problématique. Du terminal à l'usager en passant par le réseau, le service et la norme, elle désigne en effet plus une exigence industrielle qu'un fait observable, davantage une injonction organisationnelle que la marque d'une transformation des logiques sociales. L'on propose donc de voir dans cet exemple de polysémie l'origine de certains obstacles que rencontre la pratique interdisciplinaire.