Contenu du sommaire : Écologie industrielle et territoriale

L'écologie industrielle et territoriale (Eit) fait l'objet de nombreux travaux scientifiques s'inscrivant dans diverses disciplines allant des sciences de l'ingénieur aux sciences humaines et sociales. La focalisation sur le territoire, ses enjeux et ses acteurs, comme objet d'étude ou encore comme dimensions à considérer dans la mise en œuvre de démarches d'Eit, caractérise les travaux menés en France dans ce domaine. Afin de faciliter la constitution de la communauté scientifique multidisciplinaire naissante autour de l'Eit, et le développement de travaux interdisciplinaires, deux colloques ont été organisés par l'Université de technologie de Troyes et l'Imt Mines d'Alès à Troyes en 2012 et 2014. Cet article vise à introduire le numéro spécial résultant de la seconde édition du colloque (Coleit 2014), portant sur la problématique de la contribution de l'Eit à la transition écologique et sociale de l'économie.

Cet article se propose de réfléchir à la possibilité de réunir transition numérique et transition écologique, tout en prenant acte du fait que l'impact environnemental des Tic est désastreux. Une opposition conceptuelle sera proposée (écologie de l'environnement/écologie du milieu) dans le but d'éclairer l'ambivalence du rapport entre Tic et écologie. Le but de cet article est de donner à lire l'engouement actuel pour les « communs » comme la possibilité de relier ces deux transitions. À travers un certain nombre d'exemples, nous montrerons que la dynamique qui s'opère autour de ce concept est susceptible de devenir le milieu d'une expérimentation territoriale inédite.

L'écologie territoriale permet de caractériser les régimes socio-écologiques locaux, dont l'expression est le métabolisme territorial, ensemble des flux d'énergie et de matières mis en jeu par le fonctionnement des sociétés humaines ; elle contribue par là aux discussions sur la transition socio-écologique. Posant la dématérialisation comme l'un des objectifs majeurs de cette transition, et après avoir décrit les spécificités du métabolisme urbain, cet article aborde les enjeux qui en découlent dans le cas particulier des villes, en traitant successivement des matières minérales, des éléments biogènes et des relations inter-territoriales. Il insiste sur les limites du recyclage tout en mettant l'accent sur l'importance des mines urbaines pour certains matériaux ; sur la nécessaire réinscription des villes dans les grands cycles biogéochimiques ; enfin sur les externalités matérielles urbaines que les politiques locales ne devraient pas ignorer.

Des travaux dans le champ de l'analyse des réseaux montrent des relations entre la topologie et les propriétés systémiques émergentes. Or, depuis la loi sur la transition énergétique, les politiques publiques encouragent les démarches d'écologie industrielle et territoriale (Eit). Par nature, l'Eit induit une restructuration des relations entre entreprises. Ces constats nous incitent à interroger la mise en œuvre de l'Eit sur les capacités qui émergent de la topologie des systèmes productifs. Le contexte post-tempête que connaît le territoire forestier landais est l'occasion pour nous d'investiguer ce champ. Cet article propose un cadre d'analyse nommé Réseau de création de valeurs élargi. Ce dernier s'appuie sur une approche méthodologique qui implique le périmètre d'une collectivité territoriale. Au moyen d'une analyse bibliographique, nous proposons la communauté de communes comme unité adéquate. Elle combine les critères de base et les facteurs de succès des démarches d'écologie industrielle. Ce travail théorique est préparatoire à l'étude d'un cas pratique.

Si les échanges de flux et de matière dominent les relations industrialo-portuaires, la transition écologique des villes est plus centrée sur l'habitat et des logiques sociales et politiques. Jusqu'à quel point ces deux approches sont-elles alors compatibles ? L'exemple de Strasbourg propose plusieurs résultats : d'abord l'utilité de mobiliser la notion d'écologie industrielle et territoriale dans une approche plus large que celle de la seule symbiose industrielle (Partie 1). Elle permet de définir une cartographie des acteurs strasbourgeois (Partie 2). Si la combinaison des acteurs peut déboucher sur des montages contractuels (Partie 3) et opérationnels (Partie 4), l'incertitude technologique qui pèse encore sur la réalisation des projets rend délicate une conciliation entre ville et port, entre intérêts économiques et écologiques (Partie 5). Ainsi, malgré un intérêt pour le rapprochement des deux types d'acteurs, la déconnexion ville-port persiste donc, du fait même du caractère innovant des réalisations envisagées.

L'écologie industrielle (Ei) a d'abord été étudiée sous le prisme économique et technique, en considérant que les freins aux démarches d'Ei se situaient à ce niveau. Cet article, dans la continuité de travaux francophones et anglo-saxons sur l'encastrement social et territorial de l'Ei, cherche à souligner non seulement l'influence forte des facteurs humains dans ces partenariats particuliers, mais aussi celle des caractéristiques territoriales. Ainsi, l'approche par les capitaux territoriaux permet de mieux appréhender les différentes dimensions du territoire sollicitées ou laissées de côté dans la structuration des démarches d'Écologie industrielle et territoriale (Eit). Cet article se fonde sur les résultats de la recherche Eitans (Écologie Industrielle et Territoriale : Analyse des facteurs Socio-économiques et anthropologiques), basée sur trois cas d'études dont l'un est particulièrement exploré ici (celui de l'Aube).

Ce travail s'intéresse à la construction d'un nouveau concept, la valeur territoriale, et sa relation à la question du développement territorial. Il propose dans un premier temps, une approche généalogique du concept de valeur à partir d'une discussion sur l'entreprise et les business models (modèles d'affaires) soutenables. Les nouvelles formes de valeur (valeur client élargie, valeur partenariale, valeur partagée, etc.) privilégient une définition de la valeur tournée vers l'entreprise (valeur pour l'entreprise), le territoire étant alors exogène. Dans un second temps, nous montrons qu'une nouvelle forme de valeur (valeur territoriale) peut émerger par la combinaison d'un projet territorial (une action collective provenant d'acteurs hétérogènes reposant sur la captation, la réalisation et la redistribution d'externalités sociales positives) et de business models soutenables. La valeur émergente est une valeur pour le territoire. De nouveaux modèles de développement exploratoires, fondés sur ces nouveaux modèles économiques, sont proposés à partir d'études de cas.

Une étude de terrain réalisée au Nicaragua montre que le Mouvement coopératif paysan expérimente des stratégies d'éco-développement, à la fois alternatives et soucieuses de l'environnement. Ces stratégies intègrent notamment les principes de l'agroécologie et initient ainsi des bouclages rudimentaires de flux s'appuyant sur la diversification et les complémentarités au sein des agro-écosystèmes. La production conjointe d'aliment et d'énergie en constitue l'une des manifestations probantes. Ces observations inspirent ici une réflexion sur la mutation écologique des Sociétés Industrielles Modernes (Sim). Au cœur du processus de développement, et en prise direct sur l'environnement, l'organisation des systèmes agroalimentaires constitue dans cette perspective un enjeu privilégié. Considérant que cette mutation est également l'objectif de l'Écologie Industrielle Territoriale (Eit), réfléchir à la fécondation réciproque entre cette dernière et une approche agroécologique des systèmes agroalimentaires apparaît dès lors comme une proposition fondatrice.

Nous reconstituons l'évolution du système agro-alimentaire de la commune d'Aussois, en considérant les flux d'azote et de monnaie au cours du XXe siècle. Deux périodes sont distinguées : de 1925 à 1965, cette période est caractérisée par des systèmes agro-pastoraux vivriers et autonomes, tandis que la seconde période de 1965 à nos jours, se définit par des systèmes agro-pastoraux spécialisés et plus intensifs avec une autonomie de 67 %. L'efficacité d'utilisation de l'azote n'évolue pas : seul 10 % de l'azote des intrants est fixé dans les produits sur la première période et 11 % pour la deuxième période. La productivité, soit la quantité d'azote produit par hectare, est multipliée par 2,5 pour atteindre aujourd'hui 7,2 kg N par hectare et par an. Enfin, on montre une ouverture du cycle d'azote et le passage d'une situation de flux monétaires faibles, intimement liés aux flux d'azote, à des flux monétaires importants et indépendants des flux d'azote.