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Revue | Politiques de communication |
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Numéro | no 9, automne 2017 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Présentation du dossier : Le patient en observation - Julie Bouchard p. 5-15
- Le patient, objet de mobilisation : Entretien avec Pierre Lascoumes - Pierre Lascoumes, Julie Bouchard p. 17-35
- L'engagement des associations de patients atteints de maladies chroniques : Du « savoir patient » aux stratégies de communication - Mary Charoud p. 37-62 L'action des associations de patients montre que les patients dits « actifs » ont un rôle à jouer dans leur expérience de la maladie. Le « savoir patient » s'inscrit dans cette volonté des patients de développer leur propre savoir sur la maladie et son vécu. Ce savoir spécifique vient compléter le savoir médical et scientifique autour de maladies encore incurables. Il s'agit pour les patients de vivre au mieux avec la maladie et de développer des stratégies de communication qui impliquent des compétences spécifiques et la production d'informations spécialisées sur la maladie.The patients' organizations' work show that the said “active” patients have a part to play in the way they experience the disease. “Patient knowledge” is part of patients' desire to develop their own knowledge of the disease and its experience. This specific knowledge complements medical and scientific knowledge around diseases that are still incurable. It is for patients to live better with the disease and to develop communication strategies that involve specific skills and the production of specialized information on the disease.
- Le temps consacré à la communication médecin-patient : Analyses socio-anthropologiques du consentement éclairé - Chiara Quagliariello p. 63-88 Cet article examine les facteurs, nombreux et variés, dont dépend la quantité de temps dédié par le personnel médical à la communication avec les patients avant tout examen visant à établir un diagnostic ou toute thérapie hospitalière. Les analyses proposées se basent sur un travail de recherche ethnographique mené dans quatre hôpitaux de Turin, dans le Nord de l'Italie. La première partie de l'article traitera du temps hospitalier, qui s'écoule très vite et qui apparaît souvent insuffisant pour dialoguer avec les patients. La deuxième partie s'intéressera à d'autres facteurs montrant que toutes les catégories de personnel hospitalier ne souffrent pas du même manque de temps pour informer et qu'elles n'accordent autant de temps à toutes les catégories de patients. La troisième partie sera focalisée sur la centralité de l'échange médecinpatient dans l'information des patients et sur les stratégies mises en œuvre individuellement par ces derniers pour rassembler d'autres informations sur leur maladie et les parcours de soins.This article analyses the multiple factors that determine the amount of time consecrated by doctors to inform the patients on the diagnostic and therapeutic procedures that should be performed on their body. The analyses I proposed are based on an ethnographic research carried out in four hospitals of Turin, in the North of Italy. The first part of the essay examines the division of time within the hospital, which appears often inadequate to establish a dialogue with patients. In the second part of the essay I highlight a wide range of factors, not always connected with the material restrictions imposed by the medical patterns of work, contributes in the managing of time dedicated to the information process. The power relations within the medical staff, as the social characteristics of the patients, influence the information process and, more generally, the quality of patientdoctor interactions. In the third part of the article, I focus on the centrality of doctorpatient encounters in patient information and how patients are increasingly deploying strategies to gather information about their illnesses and therapies on their own.
- Négocier jusqu'au dernier souffle : L'autonomie décisionnelle des professionnels au prisme des échanges patient-médecin en soins palliatifs - Ekaterina Pereprosova p. 89-116 Les nouveaux dispositifs juridiques, tels que le droit à désigner la personne de confiance, à rédiger ses directives anticipées, le droit à la sédation, dotent les patients en stades avancés de la maladie d'une autonomie plus grande qui s'exprime par la possibilité de contester la décision médicale. Que cela signifie-t‑il pour l'autonomie décisionnelle des médecins ? Comment de telles mutations juridiques modifient-elles les rapports entre les malades et les professionnels ? La recherche qui fait l'objet de cet article a pour ambition de traiter les conséquences de la juridicisation de la pratique médicale et d'analyser par la suite la transformation des relations médecin-malade, en se focalisant sur la prise de décision de fin de vie ou de l'arrêt des traitements dans l'unité d'oncologie avec des lits identifiés soins palliatifs d'un hôpital parisien.The recent laws grant patients with a bigger autonomy which is expressed in a right for a dignified end of life and a possibility to choose a person of confidence, to be able to express the wishes concerning the end of life care and to contest the medical staff's decision. What does this mean for doctors' decisional autonomy? How do these changes on juridical level affect power relations between patients and professionals? The research, being the object of this article, treats the consequences of such juridification of medical practice and analyses the transformation of doctor-patient relationship, focusing on decision making processes as concerned the end of life decisions or limitation of therapeutical treatment in the case of an oncology unit with palliative care beds of a hospital in Paris.
- Entre reconnaissance des savoirs expérientiels des malades et coopérations réflexives collectives : un point d'étape bibliométrique - Olivier Las Vergnas, Emmanuelle Jouet, Sophie Renet p. 117-161 Les discours sur la participation des patients et sur le développement des coopérations entre usagers de la santé et professionnels se multiplient à l'heure actuelle. Ils suggèrent que nos systèmes de santé sont en transition entre deux époques : la première a été celle de la reconnaissance des savoirs expérientiels des malades ; la seconde, annoncée comme imminente, serait celle d'une systématisation descoopérations réflexives de tous types entre malades, groupes de malades et professionnels. Par des analyses bibliométriques des termes concernant la « participation des patients » dans les publications biomédicales, cet article vise à objectiver cette situation intermédiaire. Trois investigations sont déployées dans ce but : le repérage des publications indexées par les mots-clés « participation », « involvement » et « engagement » dans la base de données bibliographique biomédicale PubMed ; leur métaanalyse montrant les relations entre ces termes et d'autres également proches de l'idée des coopérations réflexives ; une analyse lexicale de ces publications à partir d'un corpus progressivement élargi à un dossier de l'École des hautes études en santé publique (ÉHÉSP) et à des contenus du Journal of Participatory Medicine.The discourse on patient participation and cooperation development between health professionals and users are increasing at present. They suggest that our health systems are in transition between two eras: the first was that of the recognition of the experiential knowledge of patients; the second, announced as imminent, would be that of a systematization of reflexive cooperation of all types between patients, groups of patients and professionals. Through bibliographic and bibliometric analyzes in biomedical publications, this article aims to objectify this intermediate situation. Three investigations are deployed for this purpose : (1) identification of publications indexed by the keywords “participation”, “involvement” and “engagement” in PubMed biomedical bibliographic database; (2) their meta-analysis showing the relationships between these terms and others also close to the idea of reflexive cooperation; (3) a lexical analysis of these publications using a corpus gradually expanded to a file of the French School of Advanced Studies in Public Health (EHESP) and contents of the Journal of Participatory Medicine, to compensate for the virtual absence of publications on collective cooperation.
- Imposer sa marque : Le travail de communication de l'Université Paris-Saclay - Jérôme Lamy p. 165-189 La communication institutionnelle de l'Université Paris-Saclay (UPS) s'est élaborée à partir d'une mise en image et d'une mise en texte d'un projet de positionnement sur un marché mondial des établissements scientifiques. Le dispositif communicationnel construit emprunte toutes les ressources du développement d'une marque. Mais il oblige les participants des groupes de travail de l'UPS a révélé leur propre conception du nouvel établissement. En se focalisant sur la conception du logotype de l'UPS, l'article met au jour les tensions, les représentations et, finalement, la difficulté d'incarnation par les seuls outils de communication d'une structure naissante.AThe institutional communication of the Université Paris-Saclay (UPS) has been developped on the basis of textualizationthatarticulates plans of differentof a positioningproject on a global market for scientific establishments. The communication deviceborrows all the ressources of the development of a brand. But it forces the participants of the UPS working groups revealedtheirown conception of the new establishment. By focusing on the conception of the UPS logotype, the article analyses the tensions, the representations and, finally, the difficulty of incarnation by the only communication tools of a native structure.
- « Grâce à la RTF, vous ne serez plus seul sur la route » : L'information comme instrument d'une politique publique de la route (1952-1969) - Ivan Chupin, Nicolas Hubé p. 191-230 Ce texte se propose d'étudier comment la radio publique a pu jouer un rôle d'acteur central dans la mise en œuvre d'une politique de sécurité routière dans les années 1960, avant même qu'elle ne soit consacrée comme grande cause nationale. Ce média concourt activement à la constitution d'un instrument d'État – l'information routière. Si la radio publique a pu exercer un tel rôle, cela tient principalement à son ancrage dans une conjoncture historique spécifique dans laquelle on assiste à une très grande porosité entre certains médias et le pouvoir politique en place. Ce projet est porté par des entrepreneurs de cause gaullistes et/ou marqués par une socialisation dans les mouvements d'encadrements de la jeunesse, avec au premier chef Roland Dhordain. À tel point que les médias finissent par devenir de véritables adjuvants du pouvoir en place. Par ailleurs, si ce projet réussi, c'est aussi parce que la radio publique est un facilitateur administratif entre les trois ministères impliqués : la Défense, l'Intérieur et l'Équipement. L'ORTF assure une fonction de désenclavement entre les services centraux et permet de fluidifier à leurs relations. Enfin, si les programmes consacrés à la route réussissent à partir de 1952, c'est aussi parce qu'ils rencontrent les intérêts commerciaux de la chaîne ainsi que ceux du secteur automobile. L'intérêt de ce cas-limite est que, par-delà sa singularité historique, il peut nous aider à repenser aujourd'hui les articulations entre politique publique et médias.This paper explores the central role that French public radio (ORTF) had played in the implementation of the road safety policy in the 1960s, before it was consecrated as a “Great national cause.” ORTF actively contributed to the construction of a new policy tool: traffic information. First of all, it was able to play such a role because it was deeply rooted in a specific historical context, in which certain media and political power were closely interlinked. This project was implemented by Gaullist entrepreneurs (such as Roland Dhordain) and by participants of the youth movements. Another reason for this project's success was the fact that French public radio acted as an administrative facilitator between the three ministries involved in developing this public policy: the ministries of Defense, Interior and Transportation. The ORTF facilitated the cooperation and interaction among these ministries which had previously worked in isolation. Finally, the early 50's radio programs on traffic met the commercial interests of both the radio station itself and the car market, which largely contributed to their success. The importance of this case study is that it can help us have a better understanding of the complex relations between public policy and media today.