Contenu du sommaire : Guerres et après-guerres : « 14-18 » et Indochine
Revue | Guerres mondiales et conflits contemporains |
---|---|
Numéro | no 216, 2004/4 |
Titre du numéro | Guerres et après-guerres : « 14-18 » et Indochine |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction - Jean-Claude Allain p. 3
- Traumatisme de guerre et commémorations. : Comment champenois et sarthois sont-ils sortis de la guerre ? (1870-1940) - Stéphane Tison p. 5-29 Traumatisme de guerre et commémorations. La commémoration joue un rôle essentiel dans la perception de la rupture causée par la confrontation à la violence, et dans la maîtrise du traumatisme qui s'ensuit. Le travail de la mémoire, à l'œuvre, travers les formes diverses de commémoration, accompagne le travail de deuil. Ces rites s'inscrivent dans le cadre d'une culture guerrière en 1914 pour légitimer la défense du pays, sans d'ailleurs être belliciste, puis dans les années 1930 dans le cadre d'une culture plus pacifiste issue d'une expérience de la violence et de la mort massive. Au cours des années 1930, les deux cultures entrent en contradiction.Traumatisme de guerre et commémorations. Commemoration plays a major role in understanding the rupture caused by violent confrontation and in mastering the trauma which usually follows. Remembering, thanks to various acts of commemoration, goes along with mourning. The rites date back on the one hand to 1914, when a culture was developed to justify the defence of the country (without being bellicose) ; on the other hand they date back to in thirties, when a more peaceful culture stemmed from the experience of violence and mass killing, in order to keep violence at bay. In the thirties, the two cultures were in opposition.
- Une neutralité bienveillante : les Pays-Bas au chevet des enfants du nord de la France : (1916-1919) - Frank Tison p. 31-39 Une neutralité bienveillante : les Pays-Bas au chevet des enfants du nord de la France D'aucuns en France, dès avant la fin de la Première Guerre mondiale, condamnaient la neutralité néerlandaise qui n'aurait été qu'un paravent destiné à masquer des appétits mercantiles et un penchant germanophile. Si cet argumentaire mérite d'être examiné, il est toutefois extrêmement réducteur dans la mesure où il occulte des aspects importants de la politique batave de l'époque, tel son volet social. Furent ainsi accueillies plusieurs centaines d'enfants originaires du nord de la France qui purent ainsi, l'espace de quelques mois, échapper aux tourments de la guerre. Les héberger, les nourrir, à un moment où le pays connaissait la pénurie et le rationnement ne fut pas une sinécure. On y parvint néanmoins et plus encore, on put les rescolariser grâce à la collaboration des autorités locales avec le personnel diplomatique français ainsi qu'à l'action d'un homme de haute culture, de surcroît héros de la guerre, Gustave Cohen. Un réseau d'une trentaine d'écoles françaises fonctionna, avec succès, jusqu'au début 1919. La réussite de l'expérience ne pouvait qu'inciter la IIIe République à encourager le développement d'un enseignement français à l'étranger.Une neutralité bienveillante : les Pays-Bas au chevet des enfants du nord de la France Some in France, as early as the end of the First World War, condemned the Dutch neutrality as a screen to conceal mercantile appetites and pro-German leanings. This argument remains all too simplistic as it obliterates some significant aspects of Dutch policy at the time, such as its social chapter : hundreds of children from Northern France were welcomed ; thus managing to escape the turmoil of war. Accommodating and feeding them in times when shortages and rationing ravaged the country, was in no way a sinecure. Such objectives were nonetheless met and even more : the children were provided with further schooling thanks to the joint work of the local authorities, the French diplomatic staff and the support of a versatile man, a war hero at that, namely Gustave Cohen. An efficient network of about thirty French schools was successfully set up, remaining in service until the beginning of 1919. The positive outcome of the experiment could not but induce the Third Republic to foster the developing of French teaching abroad.
- La colonie tchécoslovaque en France pendant la première guerre mondiale - Jean-Philippe Namont p. 41-57 La colonie tchécoslovaque en France pendant la première guerre mondiale. La colonie tchécoslovaque naît en France en juillet 1914 à l'initiative des associations tchèques parisiennes pour envoyer des volontaires dans la Légion étrangère et lutter contre l'Autriche-Hongrie. Principalement composée d'artisans et d'ouvriers animés par un fort sentiment national et vivant dans le quartier du Palais-Royal, elle se structure au cours de l'année 1915. Reconnue par les autorités françaises, elle perd toutefois son rôle politique en 1915-1916 au profit du Conseil national tchécoslovaque de Masaryk, mais conserve des attributions consulaires, agit comme société de secours mutuel et développe une propagande active. Pendant l'entre-deux-guerres, la célébration de cette action lui confère un grand prestige, tant auprès du public français que des immigrés tchécoslovaques.La colonie tchécoslovaque en France pendant la première guerre mondiale
The Czechoslovak colony was created in France in July 1914, thanks to Czech-Parisian associations, in order to raise volunteers for French Foreign Legion and to fight against Austria-Hungary. Principally formed by artisans and workers, who had a strong national identity, living in the Parisian district of Palais-Royal, the colony organized itself in the course of 1915. Accepted by French authorities as a representative Czech association, the colony nevertheless lost however its political role in 1915-1916 in favour of Masaryk's Czechoslovak National Council, but kept its consular prerogative, acting as a friendly society and developing a strong propaganda. Between the two world wars, the commemoration of this action brought the colony a high prestige among the French public and the Czechoslovaks living in France. - Le pasteur. : Un rouage essentiel du transport des troupes dans la guerre d'Indochine, 1945-1956 - Michel Bodin p. 59-69 Le pasteur. Durant toute la guerre d'Indochine et après (1946-1956), le Pasteur fut l'élément essentiel du transport des troupes vers l'Extrême-Orient. D'une capacité d'environ 4 500 hommes, sans compter l'équipage, l'ancien paquebot de luxe transformé, convoya presque 500 000 hommes. C'était une caserne flottante où se côtoyèrent toutes les unités et toutes les composantes de l'Armée française. Les hommes y connurent des conditions d'embarquement difficiles qui ne furent supportées que grâce à la jeunesse des combattants. Le Pasteur fait maintenant partie de leur mémoire collective.Le pasteur. Throughout the Indochina war and after (1946-1956), the Pasteur played a vital role in the transportation of soldiers to the Far East. With accomodation for some 4 500 not including the crew, the former luxury liner was converted to carry almost 500 000 men. It was a « barracks on water », where all units and ranks of the French army rubbed shoulders. The men experienced harsh conditions on board which they overcame thanks to their youth. The Pasteur remains in their memory.
- Albert Clavier : « j'ai choisi le Viêt-Minh » : (entretien avec Claude Collin) - Claude Collin p. 71-87 Albert Clavier : « j'ai choisi le Viêt-Minh »Dans l'euphorie de la Libération, Albert Clavier s'engage dans l'artillerie coloniale et se retrouve, malgré lui, en Indochine en 1947. Témoin de diverses exactions commises par l'armée française, il refuse la guerre qu'on lui fait mener. Entré par hasard en contact avec un responsable Viêt-minh avec lequel il sympathise, Albert Clavier déserte en 1949. Affecté au service de la propagande, il est utilisé comme speaker par la radio du Viêt-minh. En 1953, il est nommé responsable d'un camp de « ralliés », ces membres du Corps expéditionnaire passés à l'ennemi pour les raisons les plus diverses, très rarement politiques d'ailleurs. En 1964, Albert Clavier quitte le Nord-Vietnam pour la Hongrie. Il ne sera amnistié et ne pourra rentrer en France qu'en 1967.Albert Clavier : « j'ai choisi le Viêt-Minh »In the euphoria of the Liberation, Albert Clavier joined the colonial artillery and found himself against his will in Indo-China in 1947. Being a witness of several exactions committed by the French army, he disapproved the kind of war he was forced to be involved in. He met by chance a Viêt-minh leader with whom he became friendly and deserted in 1949. He was appointed to the war propaganda service and was employed as a speaker for the Viêt-minh radio. In 1953, he was in charge of « the rallied ones », those members of the Expeditionary Corps who had joined the enemy for various but rarely political reasons. In 1964, Albert Clavier left North-Vietnam to go to Hungary. He was to be granted amnesty but was not allowed to return to France until 1967.
- Un otage américain au Maroc : Perdicaris (1904) - El-Mostafa Azzou p. 89-93 Un otage américain au Maroc : Perdicaris (1904)Le traité de 1785 met fin aux incidents entre les États-Unis et le Maroc jusqu'en 1904. Un citoyen américain est pris en otage par un chef rebelle marocain. Plusieurs croiseurs américains mouillent devant Tanger. Cette démonstration perturbe le jeu diplomatique des puissances européennes au Maroc, et particulièrement la politique française.Un otage américain au Maroc : Perdicaris (1904)The treaty of 1785 put an end to incidents between the United States and Morocco until 1904. An American citizen was taken hostage by a rebellious Moroccan chief. Several Americans cruisers anchored in front of Tangier. This demonstration disturbed the diplomatic play of the European Powers in Morocco, and especially the French policy.
- Le projet d'Eurafrique en France (1946-1960) : quête de puissance ou atavisme colonial ? - Papa Dramé, Samir Saul p. 95-114 Le projet d'Eurafrique en France (1946-1960) : quête de puissance ou atavisme colonial ?Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le projet de fusion euro-africaine, appelé Eurafrique, connaît une actualité nouvelle. Face aux deux superpuissances et aux deux blocs qu'elles dirigent, l'Eurafrique est conçue comme la condition sine qua non de la restauration du rang de la France dans le monde. Partant des postulats de la « complémentarité » et de l'« interdépendance » des intérêts européens et africains, les partisans de l'Eurafrique favorisent la mise en valeur des ressources et la défense de l'Afrique, nécessaires à la survie de la France. Dans le contexte des décolonisations et des indépendances des années 1950 et 1960, le projet eurafricain apparaît comme une caution du statu quo colonial.Le projet d'Eurafrique en France (1946-1960) : quête de puissance ou atavisme colonial ?
After the Second World War, the idea of uniting Europe and Africa, known as Eurafrica, came to the fore. In a world divided between the two superpowers and the blocs they led, Eurafrica was viewed as indispensable for the restoration of France's status in the world. Assuming the « complementarity » and « interdependence » of European and African interests, advocates of Eurafrica urged the tapping of the resources of Africa and its defence. Both were considered as vital to the survival of France. As the movement toward decolonization and independence gathered force in the 1950s and 1960s, the Eurafrica project resembled an endorsement of the colonial status quo. - Comptes rendus - p. 115-121