Contenu du sommaire : Militaires et diplomatie : quelques exemples en France et aux Etats-Unis
Revue | Guerres mondiales et conflits contemporains |
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Numéro | no 221, 2006/1 |
Titre du numéro | Militaires et diplomatie : quelques exemples en France et aux Etats-Unis |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Présentation - Michel Catala p. 3-4
- Généraux et diplomates en France - Jean-Claude Allain, Michel Catala p. 5-16 Généraux et diplomates en FranceDepuis la Révolution française, des officiers généraux deviennent parfois chef d'État, rarement chef de gouvernement, exceptionnellement ministre des Affaires étrangères ; depuis 1851, cette dernière fonction est toujours (sauf en 1941-1942) confiée à un civil. Dans le corps diplomatique, les ambassadeurs, anciens officiers, sont peu nombreux et constituent une exception dans la pratique républicaine ; en revanche, les résidents généraux des protectorats et les hauts commissaires des territoires sous mandat sont très souvent des officiers généraux. Cet article montre l'évolution de cette participation militaire à la gestion de la politique extérieure française.Généraux et diplomates en France
Since the French Revolution, army generals are sometimes Heads of State, rarely chiefs of government, and only exceptionally foreign ministers ; since 1851, the office of Foreign minister has always (except in 1941-1942) been entrusted to a civilian. In the diplomatic corps, few are the ambassadors who were former officers ; they indeed form an exception in republican practice. On the other hand, the Residents General in the protectorates and the High Commissioners in the mandated territories are very frequently army generals. This article shows the evolution of this military participation in the administration of French foreign policy. - La mission du Lieutenant-colonel Brémond au Hedjaz, 1916-1917 - Pascal Le Pautremat p. 17-31 La mission du Lieutenant-colonel Brémond au Hedjaz, 1916-1917En pleine guerre mondiale, la mission du lieutenant-colonel Brémond revêt une importance capitale. En terre d'Islam, il s'agit pour la mission française de valoriser les efforts diplomatiques de Paris et de démontrer que la France se veut l'« amie de l'Islam ». Mais les desseins français ne peuvent que se heurter à la politique britannique, faute de complicité entre les acteurs principaux sur le terrain moyen-oriental et compte tenu des antagonismes d'appréciation sur la valeur géostratégique de cette zone carrefour.La mission du Lieutenant-colonel Brémond au Hedjaz, 1916-1917During the First World War, the mission of Colonel Brémond was of capital importance. In the Islamic area, Brémond represented the interests of the French Government, expressed its diplomatic objectives, and showed that France was the friend of Islam. But the government's policies could not but collide with those of Britain, due to the lack of cooperation between the principal personalities in the Middle East and to differences in their appraisal of the importance of this geopolitical crossroads.
- Le deuxième bureau et la diplomatie secrète : les négociations Armand-Revertera de 1917 - Michaël Bourlet p. 33-49 Le deuxième bureau et la diplomatie secrète : les négociations Armand-Revertera de 1917En 1917, après de multiples réformes, le 2e bureau de l'EMA, organe de renseignement du ministre de la Guerre, qui recherche et exploite le renseignement militaire, a acquis, depuis le début des hostilités, une nouvelle dimension politique, stratégique, économique et militaire. Son chef, le lieutenant-colonel Antoine Goubet, croit progressivement dans la stratégie qui consiste à amener l'Autriche-Hongrie à conclure la paix aux dépens de l'Allemagne. L'occasion d'entrer en contact avec les autorités autrichiennes lui est fournie par un de ses subordonnés, le commandant Abel Armand. Quel rôle tient Goubet dans ces négociations secrètes ? Celles-ci illustrent le retour actif des officiers du 2e bureau de l'EMA dans les affaires de l'État. Néanmoins leur échec et l'arrivée de Clemenceau au pouvoir sonnent le glas des initiatives des militaires.Le deuxième bureau et la diplomatie secrète : les négociations Armand-Revertera de 1917In 1917, after many reforms adopted since the beginning of the war, the Deuxième Bureau of the military intelligence branch of the French ministry of War, which by definition seeks out and makes use of pieces of intelligence, broadens its competence to include the political, economic and strategic fields. The Bureau's head, Lieutenant-Colonel Antoine Goubet, comes to believe in the possibility of getting Austria-Hungary to conclude a unilateral peace. One of his subordinates, Major Abel Armand, provides him with the means of making contact with the Austrian authorities. Exactly what role did Goubet play ? Those secret negotiations illustrate the return of the officers of the Deuxième Bureau to affairs of State. Nevertheless, the failure of that undertaking and the arrival of Clemenceau as head of government sound the knell of such initiatives.
- Le ravissement du New Look : la politique de sécurité nationale et les luttes d'influence entre le joint chiefs of staff et le département d'Etat : 1953-1955 - Nicolas Vaicbourdt p. 51-70 Le ravissement du New Look : la politique de sécurité nationale et les luttes d'influence entre le joint chiefs of staff et le département d'Etat L'adoption du New Look par l'administration Eisenhower généra une lutte d'influence entre l'amiral Radford, le président du Joint Chiefs of Staff, et John Foster Dulles, le secrétaire d'État. Si les divergences entre les deux hommes quant aux fondements de la politique de sécurité nationale et au sens de la guerre froide furent initialement tranchées en faveur du diplomate, la gestion de la crise des îles de Quemoy et Matsu, premier test du New Look, semblera temporairement donner raison à Radford.Le ravissement du New Look : la politique de sécurité nationale et les luttes d'influence entre le joint chiefs of staff et le département d'Etat The adoption of the New Look by the Eisenhower Administration gave rise to a struggle for leadership on national security issues between Admiral Radford, chairman of the Joint Chiefs of Staff, and John Foster Dulles, the Secretary of State. If their disagreements on the core issues of national security policy and the meaning of the Cold War first turned in favour of the diplomat, the Quemoy and Matsu crisis, first test of the New Look, turned the balance for a short while in favour of Radford.
- Le Feld-maréchal Erich Von Manstein : étude critique du stratège de Hitler - Benoît Lemay p. 71-82 Le Feld-maréchal Erich Von Manstein : étude critique du stratège de HitlerCette étude sur le feld-maréchal Erich von Manstein ne se limite pas seulement au plus grand génie opérationnel, voire au plus grand stratège de la Seconde Guerre mondiale. Elle fait aussi ressortir que cet officier est l'un des meilleurs représentants de la caste militaire germano-prussienne et nous aide à comprendre les rouages de l'alliance étroite entre la Wehrmacht et le régime national-socialiste, collaboration qui a permis à Hitler de dominer l'Allemagne, puis l'Europe. Après la guerre, on voudra présenter Manstein, qui avait refusé de comploter contre son Führer, comme une caution morale pour ces millions d'Allemands qui n'avaient « fait que leur devoir ». Sans doute d'origine juive comme 150 000 soldats de la Wehrmacht, ce stratège de Hitler, partisan de la guerre d'agression afin d'assurer à l'Allemagne sa domination sur l'ensemble du continent européen, représente dans toutes ses contradictions un repère privilégié pour comprendre en profondeur le pilier militaire du IIIe Reich.Le Feld-maréchal Erich Von Manstein : étude critique du stratège de Hitler
This study of Field Marshal Erich von Manstein does not limit itself to the man as operational genius, indeed the greatest strategist of the Second World War. It also reveals that this officer is one of the finest representatives of the Prussian-German military caste and helps us to understand the workings of the close alliance between the Wehrmacht and the National Socialist régime, a collaboration that allowed Hitler to dominate first Germany and then Europe. After the war, von Manstein, who had refused to plot against his Führer, became a moral guarantee for the millions of Germans who had only « carried out their duty ». Probably of Jewish origin, like 150 000 other soldiers of the Wehrmacht, this strategist of Hitler's who advocated war of aggression in order to ensure the domination of Germany over the whole continent, represents in all his contradictions a point of reference for understanding in depth the military pillar of the Third Reich. - Politique culturelle et dénazification dans la zone d'occupation française en Autriche (Tyrol et Vorarlberg) et à Vienne de 1945 à 1955 - Éric Dussault p. 83-92 Politique culturelle et dénazification dans la zone d'occupation française en Autriche (Tyrol et Vorarlberg) et à Vienne de 1945 à 1955Extirper toute trace de ferveur et de soutien à l'idéologie nationale-socialiste, tel était le grand objectif de la France dans sa zone d'occupation en Autriche entre 1945 et 1955. Étant donné que les Français considéraient les Autrichiens comme des victimes du nazisme, et non les promoteurs de cette idéologie, leur politique culturelle et leur tentative de dénazification n'ont obtenu qu'un succès limité. En condamnant trop vivement ceux qui avaient collaboré avec les nazis, les Français risquaient de provoquer une grave crise sociale en Autriche, qui risquait de déstabiliser toute l'Europe centrale. Quant à la politique culturelle française, elle n'a pas permis de rattraper le terrain perdu par la langue française après sept ans d'occupation nazie.Politique culturelle et dénazification dans la zone d'occupation française en Autriche (Tyrol et Vorarlberg) et à Vienne de 1945 à 1955Eradicate all signs of the popularity of Nazi ideas in Austria, such was the main objective of France in its occupation zone between 1945 and 1955. Because the French considered Austrians as the victims of the Nazis, instead of the promoters of their ideology, their cultural policy and their actions of denazification obtained a limited success. If they had shown too much severity toward those who had collaborated with the Nazis, the French would have risked creating a social crisis in Austria, which in turn could have had a negative impact on Central Europe. Turning back the clock – and the return to a not-too-distant glorious past during which the Austrian elite spoke French – proved to be extremely difficult, since Austrians had been completely isolated from French culture during the seven years of Nazi occupation.
- La France et l'intégration internationale de la principauté de Monaco (1918-1939) - Jean-Rémy Bézias p. 93-103 La France et l'intégration internationale de la principauté de Monaco (1918-1939)Monaco a dès l'entre-deux-guerres revendiqué une place au sein de la communauté internationale, en tentant d'entrer au sein de la SDN. Mais à cette époque, l'emprise française s'était resserrée autour de la principauté comme jamais auparavant. Les raisons de cette politique étaient liées à des considérations européennes : empêcher l'accès d'un prince allemand à la couronne monégasque, et juguler toute tentative italienne de pénétration. Il en sortit une politique française froidement réaliste et non dépourvue de cynisme : mise sous tutelle diplomatique de la principauté, mais acceptation, en contrepartie, du particularisme monégasque et de son opacité politique et financière.La France et l'intégration internationale de la principauté de Monaco (1918-1939)In between the two world wars, Monaco claimed a position in the international community by attempting to secure a seat in the League of Nations. During that period, however, France's control over the Principality became tighter than ever before. The reason for such a policy was closely linked to European priorities. It was indeed of the utmost importance to prevent a German-born prince from having access to the crown of Monaco, and it was highly important too that Italy should be prevented from making any inroads. This situation gave vent to a policy of great realism on the part of France, a policy which was not devoid of cynicism. The Principality's foreign policy was under close scrutiny, but, in return, this meant accepting the specificities of the Principality and turning a blind eye to its political and financial opacity.
- Les relations entre le Maroc et les Etats-Unis : regards sur la période 1943-1970 - El-Mostafa Azzou p. 105-116 Les relations entre le Maroc et les Etats-Unis : regards sur la période 1943-1970Si les relations commerciales entre les États-Unis et le Maroc sont très anciennes, une relation politique durable ne commence que pendant la Seconde Guerre mondiale (1943) et se définit ensuite par rapport à la politique française, surtout après l'indépendance du Maroc. La situation stratégique du Maroc autant que ses ressources économiques sollicitent une action des États-Unis en sa faveur : des bases militaires à l'aide économique et aux premiers investissements. Le roi Mohammed V a des rapports parfois tendus avec eux, en raison de son ouverture politique à l'est et de ses positions sur les conflits d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Le roi Hassan II, après 1961, apaise ces tensions et le Maroc reçoit une aide multiple des États-Unis. Les archives diplomatiques françaises montrent que la France suit attentivement cette évolution.Les relations entre le Maroc et les Etats-Unis : regards sur la période 1943-1970If the commercial relations between Morocco and the United States are very old, a sustainable political relationship begins to form only during the Second World War (1943) and defines itself afterwards in relationship to French policy, above all after Morocco's independence. The strategic position of Morocco, together with its economic resources, brings the United States to its support : military bases in exchange for economic aid and the first investments. King Mohammed V is sometimes on strained terms with the United States, on account of his political opening to the East and his positions concerning the conflicts in North Africa and the Middle East. King Hassan II, after 1961, reduces these tensions, and Morocco receives multiple aid from the United States. The French diplomatic archives show that France followed this evolution with great attention.
- Comptes rendus - p. 117-126