Contenu du sommaire : Le droit à la ville en Amérique latine
Revue | Problèmes d'Amérique Latine |
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Numéro | no 110, automne 2018 |
Titre du numéro | Le droit à la ville en Amérique latine |
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Dossier. Le droit à la ville en Amérique latine
- Introduction : Le droit à la ville et la question urbaine en Amérique latine - Aurélie Quentin, Aurélia Michel p. 5-15
- La production de la « ville latino-américaine » - Adrián Gorelik, Marie-France Prévôt-Schapira p. 17-37 Ce travail propose une analyse historique de la catégorie « ville latino-américaine » en tant que construction culturelle. Il établit qu'entre l'après-guerre et les années 1970, l'idée d'une « ville latino-américaine » a fonctionné comme une catégorie de la pensée sociale, une figure de l'imaginaire intellectuel et politique dans de vastes régions du continent. Ainsi, il recherche à reconstruire les principaux itinéraires conceptuels et idéologiques de cette catégorie, ses fonctions politiques et institutionnelles dans la conjoncture spécifique de la région. Le texte suggère enfin que cette manière de concevoir la catégorie « ville latino-américaine » peut ouvrir une piste productive pour les études culturelles latino-américaines.The production of the “Latin American city”This paper proposes a historical analysis of the category “Latin American City” as a cultural construct. The central subject is that, during the period between the postwar and the 1970's, the idea of a “Latin American City” became a category of social thought, as part of the intellectual and political imagination in several regions of the continent. The text tries to rebuild the main conceptual and ideological turns, their political and institutional functions within the specific regional circumstances. The article suggests that this approach to the “Latin American City” category in its precise historical configuration may be a productive path for a Latin-American cultural studies.
- Le Droit à la ville comme itinéraire - Raquel Rolnik, Sylvain Souchaud p. 39-59 Raquel Rolnik, urbaniste brésilienne, est une figure intellectuelle majeure des mouvements sociaux pour l'habitat. Formée à l'USP (Université de São Paulo) dans les années 1970 au moment où se développe le mouvement social urbain, elle devient ensuite partie prenante du Mouvement National pour la Réforme urbaine (MNRU) et une des rédactrices du projet de réforme urbaine qui intègre notamment la fonction sociale de la propriété dans la Constitution brésilienne (1988). Infatigable militante, enseignante, chercheuse, son expérience personnelle raconte l'histoire même de la version brésilienne du Droit à la ville et la manière dont elle a pesé sur l'agenda politique et social, des années 1970 à nos jours. En revenant ici sur sa trajectoire personnelle, politique, académique, elle nous livre sa vision d'une notion, pour elle toujours d'actualité, qui fut dans son parcours à la fois militance, objet de recherche et instrument de gouvernement.Right to the city as a path
Raquel Rolnik, Brazilian urban planner, is a main figure of the social struggles for housing. Student of the USP (University of Sao Paulo) in the seventies when the social urban mobilization arises, she becomes then an important actor of the National Movement for Urban Reform (MNRU) in Brazil and one of the authors of the urban reform project, which in particular introduce the social function of the urban land in the Brazilian Constitution (1988). Tireless militant, teacher, researcher, her trajectory tells us about the history itself of Brazilian version of the Right to the city, and also how this notion weighed on social and political agenda from the seventies to now. In this interview, Raquel Rolnik shares her personal vision of the Right to the city, a notion which remains relevant for her, and which has been in the same time militancy, research object and implement for governing. - Droit à la ville, multiculturalisme et minorités ethniques dans les villes latino-américaines. Le cas de Mexico - Anna Perraudin p. 61-79 L'essor du Droit à la Ville en Amérique Latine fait suite à une décennie marquée par le multiculturalisme et intervient au moment où ce paradigme de reconnaissance de la diversité culturelle – surtout pensée à partir du cas des populations indiennes – semble s'essouffler. Au croisement entre ces deux dynamiques de formulation de droits, les villes latino-américaines sont donc un point d'observation privilégié pour s'interroger sur le potentiel de la notion de Droit à la Ville à intégrer une réflexion sur les minorités ethniques. À partir du cas de Mexico, qui a signé en 2010 la Charte de Mexico pour le Droit à la Ville, l'article analyse les traductions locales du multiculturalisme et du Droit à la Ville, et leurs points de dialogue. Il montre comment le Droit à la Ville à Mexico est réinterprété à la faveur des minorités ethniques, du fait de l'émergence dans les années 2000 d'un important réseau d'acteurs et d'institutions engagées sur la question indienne et les discriminations, issues du multiculturalisme. Il constate également les obstacles similaires auxquels sont confrontés ces deux paradigmes politiques, en particulier pour passer des déclarations de principe à la réduction effective des inégalités sociales.Right to the City, Multiculturalism and Ethnic Minorities in Latin American Cities. The case of Mexico CityAfter a decade marked by multiculturalism, the rise of the Right to the City in Latin America occurs at a time when this acknowledgment of cultural diversity – especially that of the Indigenous populations – seems to be losing momentum. At the crossroads of these two dynamics in the formulation of rights, Latin-American cities thus constitute a unique vantage point in examining the potential of how the notion of Right to the City may integrate considerations about ethnical minorities. Based on the signing of the Mexico City Charter for the Right to the City in 2010, the article analyses the local instances where multiculturalism and the Right to the City were able to establish a dialogue. It shows how the Right to the City in Mexico has been reinterpreted in favor of ethnical minorities since the 2000s which saw the emergence of an important network of actors and institutions committed to Indigenous issues and the fight against discrimination stemming from multiculturalism. It also states how these two political paradigms are confronted with similar obstacles, especially when proceeding from a statement of principles to the effective reductions of social inequalities.
- Migrants internationaux et droit à la ville, l'impossible équation ? Citadinités centraméricaines à Mexico - Laurent Faret p. 81-97 En mobilisant la perspective du droit à la ville et en l'élargissant, l'article propose une analyse des modalités de l'expérience citadine des migrants centraméricains à Mexico et les possibilités pour ces populations d'accéder à des formes d'appropriation de la ville et de subjectivation malgré des situations de fortes contraintes. Les dispositifs mis en place par la ville de Mexico sur la dernière décennie, témoins d'une approche volontariste d'inclusion et d'affirmation de droits, sont mis en regard avec les formes de l'insertion urbaine qui se jouent selon d'autres registres et très souvent à distance des autorités. Le contexte de la transformation des dynamiques migratoires au Mexique, où l'émigration n'est aujourd'hui qu'une composante aux côtés de l'immigration, le transit et les retours, interroge les capacités des acteurs urbains à faire véritablement exister une ville hospitalière et inclusive. L'article questionne la portée de citoyennetés urbaines en construction, à travers les enjeux de l'affirmation de l'urbain comme possible échelon d'une citoyenneté en décalage, voire en opposition avec celle de niveau national. En parallèle, les conditions de l'expérience urbaine des Centraméricains à Mexico renvoient aux effets des situations de violence et de vulnérabilité des populations migrantes et au difficile accès à des droits dans et à la ville.International migrants and Right to the city, an impossible equation? Central American citadinities
By mobilizing the perspective of the right to the city and expanding it, the article proposes an analysis of the modalities of the urban experience of Central American migrants in Mexico City and the possibilities for these populations to go through appropriation of the city and subjectivation despite situations of strong constraints. The measures implemented by the city of Mexico over the last decade, results of a proactive approach based on inclusion and assertion of rights, are compared with the forms of urban insertion that usually occur along others registers and far from the authorities. The context of the transformation of migratory dynamics in Mexico, where emigration is now only one component alongside immigration, transit and returns, questions the ability of urban actors to make a hospital and inclusive city truly exists. The article questions the scope of an urban citizenship under construction, taking in account the affirmation of the urban as a possible scale of an alternative citizenship, possibly in opposition to that of national level. In parallel, the conditions of the urban experience of Central Americans in Mexico refer to the effects of situations of violence and vulnerability of migrant populations and the difficult access to rights in and to the city. - Micropolitiques pour le droit à la ville au Brésil : tissages d'un mouvement social mineur - Paula Brum Schäppi p. 99-112 L'article propose une réflexion sur l'activisme contemporain et ses tissages micropolitiques pour le droit à la ville au Brésil. Il analyse les manières dont le mouvement anti-asilaire (antimanicomial) de Rio de Janeiro aborde et problématise cette question. À travers des résistances, des affirmations et des expérimentations, ce mouvement social mineur investit la ville comme lieu de care en santé mentale et de soin avec le commun. L'article explore des pratiques et discours militants qui pensent et occupent l'espace urbain en tant qu'espace politique, de circulation et de prise en compte de la différence, en particulier de la folie. En mettant l'accent sur les micropolitiques engendrées par des mouvements sociaux mineurs, il est possible d'envisager des processus à contre-courant du triste scénario de rupture démocratique sous couvert de légalité que la macropolitique brésilienne traverse à présent.Micropolitics for the right to the city in Brazil: weaves of a minor social movement
The article proposes a reflection on contemporary activism and its micropolitical weaves for the right to the city in Brazil. It analyses the ways in which Rio de Janeiro's anti-asylum (antimanicomial) movement addresses and problematizes this issue. Through resistance, affirmations and experiments, this minor social movement invests the city as a place of mental health care and care with the common. The article explores militant practices and discourses that think and occupy urban space as a political space, a space of circulation and of taking into account difference, in particular madness. By focusing on the micro-policies generated by minor social movements, it is possible to envisage processes that run counter to the sad scenario of democratic rupture under the guise of legality that Brazilian macro-politics are currently going through.
Varia
- Les unions « interraciales » au Brésil : évolutions démographiques et interprétations sociologiques - Christophe Brochier p. 113-135 Cet article propose un état des lieux des analyses concernant les unions « interraciales » au Brésil. Il s'agit de comparer les différentes approches : d'abord ethnographiques des années 1930 aux années 1980 puis démographiques par la suite et de critiquer certaines de leurs limites. Une recherche empirique personnelle est utilisée ainsi pour montrer l'intérêt de raisonner en termes d'écarts phénotypiques et non plus en termes de barrières entre groupes. La conclusion rappelle l'intérêt qu'il y aurait à rapprocher les perspectives ethnographiques et démographiques.“Interracial” unions in Brazil. Demographic evolutions and sociological interpretations
This article proposes a complete description of the many sociological analyses concerning “interracial” unions in Brazil. The goal is to compare the various approaches: at first ethnographical from the 1930s to the 1980s, then demographic afterward and to criticize some of their limits. A personal empirical research is also used to show the interest to think in terms of phenotypic distance rather than in terms of barriers between groups. The conclusion reminds the interest of using together ethnographical and demographic perspectives for this field.
- Les unions « interraciales » au Brésil : évolutions démographiques et interprétations sociologiques - Christophe Brochier p. 113-135