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Revue 20 & 21. Revue d'histoire Mir@bel
Titre à cette date : Vingtième siècle, revue d'histoire
Numéro no 67, juillet-septembre 2000
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • LES ÉTATS-UNIS ET LE KOSOVO. LES RISQUES D'UN LEADERSHIP À BON MARCHÉ - Pierre Mélandri p. 3-20 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Face à la crise du Kosovo, la diplomatie américaine est longtemps apparue hésitante et embarrassée. Une opinion hostile depuis le Vietnam à tout engagement dans une guerre où les intérêts vitaux des États-Unis ne paraissaient pas en danger ; un président bientôt prisonnier de l'affaire Lewinski et obnubilé par son combat avec les républicains ; les réticences des nations européennes à comprendre l'impasse à laquelle menait la voie diplomatique ; l'hostilité de la Russie à toute intervention contre l'allié serbe : chacun de ses facteurs a longtemps contribué à maintenir l'isolement de Madeleine Albright, très tôt convaincue de la nécessité d'une intervention militaire. Sur le terrain, cet attentisme a permis la montée en puissance de l'UCK et, surtout, la mise en œuvre des massacres d'Albanais ethniques par les Serbes. Devenue inévitable, la guerre aérienne a mis en évidence les incertitudes de la stratégie alliée. En dépit du succès final, le bilan que l'on peut tirer de la guerre du Kosovo est donc mêlé. Certes, cette guerre a confirmé le leadership des États-Unis sur le monde, mais elle a montré les risques que faisaient courir à la puissance américaine sa difficulté à mettre en œuvre une diplomatie adaptée à la conjoncture de l'après-guerre froide.
    The United States and Kosovo. The Risks of Cheap Leadership. For a long time, American diplomacy seemed to be hesitant and ill-at-ease concerning the Kosovo crisis. Since Vietnam, public opinion opposed to any commitment in a war in which the United States' vital interests were not at stake; a president trapped by the Lewinski affair and obsessed by his fight with the Republicans ; the reluctance ot the European countries to understand the impasse diplomacy led to ; the hostility of Russia to any intervention against their Serbian ally : each of these factors contributed to isolating Madeleine Albright for a long time. She had been convinced very early on of the necessity of a military intervention. On the field, this waiting attitude enabled the UCK to gain power, and above ail to put intopractice the massacres ofthe ethnie Albanese by the Serbs. The air war had become inevitable and pointed up the uncertainties ofthe allied strategy. In spite of the final success, the record that can be drawn from the Kosovo war is mixed. This war did confirm the United States' leadership over the world, but it also showed the risks the American power ran of putting into practice a diplomacy suitable to the post-cold war period.
  • LE MÉMORIAL DE L'HOLOCAUSTE DE BERLIN - Irène Kruse p. 21-32 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Au centre de Berlin, nouvelle capitale de l'Allemagne réunifiée, se dressera peut-être un jour un Mémorial de l'Holocauste projeté par l'architecte américain Peter Eisenmann. Ainsi du moins en a décidé le Bundestag lors de sa session d'été 1999. Pour en arriver là, il fallut dix ans de discussions dont les enjeux étaient politiques et esthétiques : comment commémorer les victimes du génocide au niveau national ? Et comment tirer parti de la nouvelle culture du monument commémoratif qui vit le jour dans le dernier quart du siècle, pour éviter de représenter l'irreprésentable tout en trouvant une solution formelle capable de susciter chez le visiteur une méditation personnelle ?
    The Berlin Holocaust Memorial. One day, in the very center of Berlin, reunited Germany's new capital, there will perhaps be a Holocaust Memorial built along the plans of American architect Peter Eisenmann, owing to a decision voted by the Bundestag at its summer session 1999. The decision grew out of more than ten years of a harrowing debate which this essay sets out to analyse. Two issues, political and esthetical, are central to this debate : how to commemorate the victims of the genocide on a national level ? And how to benefit front the new memorial culture which developed during the last quarter of the 20th century and find a formal solution which allows the visitor to develop his own meditation without intending to represent something which resists representation ?
  • LA RÉSISTANCE POLONAISE EN DÉBAT - Jerzy W. Borejsza p. 33-42 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La notion de résistance en Europe varie selon les pays. Ainsi, dans de nombreux cas, maquis et résistance ne furent pas synonymes. C'est en Yougoslavie et en Pologne que la résistance fut la plus forte. L'histoire de la lutte des nations yougoslaves contre l'occupant et de la guerre civile yougoslave est relativement bien connue en Europe ; en revanche, la connaissance de l'État clandestin polonais est très limitée en dehors de la Pologne. On confond fréquemment l'insurrection du ghetto de Varsovie (avril 1943) avec celle de toute la ville qui dura du 1er août 1944 jusqu'au début octobre 1944. Les historiens polonais de la dernière décennie éprouvent souvent quelque réserve pour le terme de « résistance », utilisé abusivement à l'époque de la Pologne populaire. Ils lui préfèrent celui d'« État polonais clandestin », notion plus large que la résistance au sens strict et qui englobe la résistance, le maquis, l'administration civile clandestine soumise au gouvernement légal en exil à Londres, le système éducatif clandestin (secondaire et supérieur) qui concernaient des centaines de milliers de personnes même si deux importantes organisations résistantes - l'extrême droite et la gauche communiste - demeurèrent à l'écart. En 1944, un second État clandestin commença à s'édifier en opposition au gouvernement lié aux autorités anglaises. Ce second État, tout d'abord beaucoup plus faible, finit par prendre le pouvoir en 1945, en s'appuyant sur les baïonnettes de l'Armée rouge.
    Polish Resistance. The notion of resistance in Europe varies according to the country. In many cases, maquis and resistance were not synonymous. Yugoslavia and Poland had the strongest resistance movements. The history of the fight to the Yugoslav nations against the occupier and the Yugoslav civil war are relatively well known in Europe ; however, there is little knowledge about the clandestine Polish state outside Poland. The uprising of the Warsaw ghetto (April 1943) and that of the whole city that lasted from August 1, 1944 until the beginning of October 1944 are frequently confused. Polish historians of the last decade hesitate to use the term "resistance", overused during the period of Popular Poland. They prefer the phrase clandestine Polish state, a larger notion than the resistance in the strict sense and which includes the resistance, the maquis, the clandestine civil administration subjected to the legal government in exile in London, the clandestine educational System (secondary and higher) that concerned hundreds of thousands of people even if two major resistance organizations - the far right and the communist left - remained on the side-lines. In 1944, a second clandestine government began to rise up in opposition to the government linked to the English authorities. This second state, very weak in the beginning, managed to take power in 1945, by leaning on the Red Army's bayonets.
  • MAGISTRATURE ET « CRISE DE LA RÉPRESSION » À LA VEILLE DE LA GRANDE GUERRE (1911-1912) - Dominique Kalifa p. 43-60 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Procureur général près la cour d'appel de Lyon, Guillaume Loubat lança en 1911 une offensive à la fois doctrinale et administrative contre ce qu'il considérait être l'insupportable laxisme des tribunaux et des magistrats. Connu sous le nom de « crise de la répression », cet épisode permet de cerner au plus près, en ce début de 20e siècle, le programme des tenants du « tout répressif ». Mais il introduit aussi au cœur d'une crise institutionnelle moderne et livre, à travers une vaste enquête nationale, les conceptions de la haute magistrature en matière de répression, de pénalité et de « sécurité publique ».
    Magistrature and the "Crisis of Repression" at the Eve of the Great War (1911-1912). Public prosecutor of the Lyon Appeals Court, Guillaume Loubat launched a doctrinal and administrative offensive against what he considered to be the unbearable laxness of the courts and the judges. Known by the phrase "crisis of repression ", this episode makes it possible to zoom in on the program of the hard-core advocates of repression at the beginning of the 20th century. But at the heart of a modern institutional crisis, it also introduces the conceptions of the high reaches of the magistrature in repression, criminal law and public security.
  • CÉLÉBRATIONS DE NOVEMBRE 1918 DANS LE ROYAUME DE BELGIQUE - Laurence van Ypersele, Axel Tixhon p. 61-78 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La paix acquise le 11 novembre 1918 a suscité en Belgique comme en France des sentiments ambivalents. En revanche, le travail de la mémoire dans ces deux pays a été fort différent. En Belgique, la figure du soldat, si elle tient la première place, n'occupe pas tout l'espace mémoriel. À ses côtés, se trouve la figure du martyr et du déporté. Il n'y a pas de déni de mémoire concernant les populations occupées.
    Peace on November 11, 1918 raised ambivalent feelings both in Belgium and in France. But the work of memory in the two countries has been very different. In Belgium, the figure of the soldier is in the principal place but not the whole space. Alongside is the figure of the martyr and the deported. There is no denial of memory concerning the occupied populations.
  • TOURY : UNE GRÈVE À LA CAMPAGNE SOUS LE FRONT POPULAIRE - Édouard Lynch p. 79-94 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le Front populaire, moment clé de l'histoire politique contemporaine française a été jusqu'à présent l'objet de lecture principalement urbaine et ouvrière, négligeant l'impact en amont de la crise agricole et les tentatives de solutions élaborées par le nouveau gouvernement. Or cette période voit également culminer les tensions villes-campagnes, sous l'effet d'une mobilisation sans précédent de la paysannerie en partie canalisée par de nouvelles organisations entraînant de nouvelles pratiques politiques dans les campagnes. Les affrontements provoqués par la grève dans une sucrerie d'Eure-et-Loir, à Toury, le 15 novembre 1936, au-delà du seul récit des faits, sont l'occasion de saisir les multiples enjeux que soulèvent les questions paysannes dans ces décisives années 1930.
    A Strike in the Country under the Popular Front. In the history of 20th century in France, the popular Front is an all-important event. But this era was mainly analysed by the way of workers and urban history. But, at this time, France remains mainly rural and during the previous year, peasants were strongly trikened by agricultural crisis. Besides, rural-urban tensions are strengthened by the new political peasants' organisations and new pratices of mobilization. The strike in the sugar bett manufactury in Toury, Eure-et-Loir, the 15 november 1936 does certify the new deal of the peasant question in the thirties.
  • GASTON BRUNETON ET L'ENCADREMENT DES TRAVAILEURS FRANÇAIS EN ALLEMAGNE (1942-1945) - Patrice Arnaud p. 95-118 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Patrice Arnaud dit l'importance, plus symptomatique qu'efficace, d'une organisation encore à peu près inconnue : la Délégation officielle française auprès de la Deutsche Arbeitsfront qui, sous prétexte d'assistance sociale, d'animation culturelle et surtout d'encadrement des Français travaillant en Allemagne, devint non seulement un maillon de la politique collaborationniste entre Vichy et Hitler mais aussi un rouage de l'administration nazie. Il décrit également le parcours d'un comparse, son chef si pieux, si bienfaisant et si « européen », Gaston Bruneton, qui ne vit jusqu'au bout dans l'hitlérisme qu'une utopie sociale et unitaire.
    Gaston Bruneton and the Supervision of the French Workers in Germany (1942-1945). Patrice Arnaud speaks of the importance, more symptomatic than efficient, of a still virtually unknown organization : the Official French Delegation of the Deutsche Arbeitsfront that, under the pretext of social assistance, cultural activities and especially supervision of the French working in Germany, became not only a link in the chain of the collaborationist policy between Vichy and Hitler but also a cog in the Nazi administration. He also describes the itinerary of a stooge, his so pious, well-meaning, and "European" boss, Gaston Bruneton, who never saw in Hitlerism but a social and unitarian utopia.
  • DES SYNDICALISTES DANS LA RÉSISTANCE - Alya Aglan p. 119-128 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les syndicalistes, confédérés et chrétiens, ont largement participé à l'organisation et à l'action de la résistance des mouvements et des réseaux, en liaison avec Londres, pendant l'Occupation. Leur résistance doit faire face à un double paradoxe. L'engagement se révèle en effet singulier et constamment teinté d'ambivalence, tiraillé entre le souci de préserver l'outil syndical et d'assurer une politique de présence au sein des structures corporatistes mises en place par Vichy et la volonté de résister. Cette singularité se trouve également dans les tentatives de s'unir, dans la Résistance, tout en préservant l'autonomie de leurs actions.
    Trade Unionists in the Resistance. Trade unionists, the Christians and the confederates, participated actively in the organization and action in the resistance movements and networks, in liaison with London, during the Occupation. Their resistance had to overcome a double paradox. Their commitment was singular and constantly tinted by ambivalence, torn between the concern to preserve the trade union instrument and to maintain a pre sence within the union structures put in place by Vichy and the desire to resist. This singularity was also found in the attempts to unite in the resistance while main-taining the autonomy of their actions.
  • POINT DE VUE

    • L'HISTOIRE DU DROIT. GHETTO OU NOUVELLE FRONTIÈRE ? - Hervé Guettard p. 129-134 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'histoire des phénomènes juridiques ne doit pas se limiter à l'histoire du droit et des institutions, telle que traditionnellement enseignée dans les facultés de droit. Présent dans les mœurs, les idées politiques, les mentalités, l'économie, les relations internationales et riche d'intrigues historiques, le droit mérite de susciter de nouveaux travaux et doit piquer la curiosité du plus grand nombre d'historiens.
      The History of Law : Ghetto or New Frontier ? The history of juridical phenomena should not just be limited to the history of law and institutions as it is traditionally taught in the law faculties. Present in the moral standards, political ideas, mentalities, economy, international relations and rich in historical intrigues, law deserues the development of new work and should arouse the curiosity of many historians.
  • ENJEUX

    • LES ARMÉNIENS AU 20e SIÈCLE - Anahide Ter Minassian p. 135-150 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'histoire des Arméniens au 20e siècle se décline selon quatre rubriques : le géno cide de 1915 et la manière dont le combat pour sa reconnaissance internationale a été le moteur du réveil national en Arménie soviétique comme en diaspora ; la question de l'État arménien, depuis l'éphémère République d'Arménie créée en 1918 sous la pression ottomane jusqu'à l'indépendance proclamée en 1991 après sept décennies d'intégration à l'Union Soviétique ; le rôle de l'Église apostolique arménienne, gardienne de l'identité nationale persécutée sous Staline et désormais préoccupée de redéfinir ses rapports avec l'État ; la diaspora enfin, partagée entre l'espérance du nerkaght (retour) et l'assimilation au pays d'accueil, et que l'indépendance de 1991 confronte à l'enjeu du dialogue entre « les deux segments d'une seule nation arménienne ».
      The Armenians in the 20th century. The history of the Armenians in the 20th century can be read under four headings : the 1915 genocide and how the fight for its international recognition bas been the engine of the national awakening in Soviet Armenia as well as in the Diaspora ; the question of the Armenian state since the fleeting Republic of Armenia created in 1918 under Ottoman pressure until independence proclaimed in 1991 after seven decades of integration with the Soviet Union ; the role of the Armenian apostolic church, guardian of the national identity persecuted under Stalin and now concerned with redefining its relations with the State ; lastly, the diaspora, divided between the hope for nerkaght (return) and the assimilation into the welcoming country and the 1991 independence faced with the stakes of the dialogue between the "two segments of one Armenian nation".
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  • IMAGES ET SONS

  • VINGTIÈME SIÈCLE signale - p. 167-175 accès libre
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