Contenu du sommaire

Les Palestiniens et les Arabes dans leur ensemble ont fini par céder aux conditions traditionnellement posées par les Israéliens comme préalable à l'ouverture de négociations de paix. Le cadre de ces négociations ainsi défini reste cependant bien en deçà des exigences arabes minimales indispensables à une « paix juste et équitable ». La première phase de ce processus a consisté jusque-là en d'incessants efforts de la part des Arabes visant à convaincre les Israéliens de revenir sur certaines de ces conditions préalables. Or la révision de la base même du processus ne peut être obtenue par le biais des négociations. Ceci est particulièrement vrai pour les Palestiniens qui, à l'inverse de la Syrie, n'ont pas de paix à offrir à Israël. Par conséquent, les Palestiniens doivent chercher à renforcer leur position en dehors du cadre des négociations. Cela implique bien sûr une redéfinition de leur stratégie dans les territoires occupés et sur la scène internationale. Cet article s'attache à analyser le lien entre la période dite « transitoire » et la solution définitive, pour démontrer qu'un accord sur les modalités pratiques de la période transitoire ne pourra être réalisé que si l'une des deux parties révise sa position relative au statut définitif des territones occupés.

Le nouveau gouvernement travailliste issu des élections de juin 1992 est confronté à un double défi : celui de parvenir à des accords de paix avec ses voisins arabes dans le cadre du processus de paix lancé à Madrid en octobre 1991 ; celui d'assainir et de restructurer l'économie afin d'intégrer les nombreux immigrants dans la société israélienne. Le gouvernement doit faire face à deux obstacles : les concessions maximales qu'il est prêt à accorder aux Arabes et aux Palestiniens ne correspondent pas actuellement à ce que demandent les premiers d'une part et, d'autre part, les fortes résistances à la privatisation. Finalement, le nouveau gouvernement — une coalition faible dirigée par un premier ministre fort — a certes réussi à transformer l'image internationale d'Israël mais non pas à réaliser les réformes radicales promises durant la campagne électorale.

L'élection de Itzhak Rabin au poste de premier ministre a certes contribué à relancer les négociations de paix israélo-syriennes mais le fossé séparant les positions des différentes parties demeure entier. Chacune d'entre elles a une vision tout à fait différente de la paix. Pour la Syrie, il s'agit de ramener Israël à ses frontières d'avant la guerre des Six-Jours, de placer le Liban, la Jordanie et les Palestiniens dans son orbite, et ensuite de garantir la paix par l'instauration d'un équilibre stratégique entre Israël et les Arabes. A l'inverse, la stratégie israélienne vise neutraliser la Syrie au moyen une paix séparée, éliminer l'influence que Damas, l'OLP et le Hezbollah exercent au Liban, et enfin, à placer la Jordanie et les Palestiniens dans son orbite dans le cadre une confédération tripartite. L'effondrement de l'Union soviétique, la défaite de l'Irak dans la guerre du Golfe et l'élection de Bill Clinton à a présidence des Etats-Unis semblent donner avantage à Israël dans les négociations, mais la Syrie elle-même est loin avoir épuisé tous ses atouts. La Syrie et Israël sont, et resteront, des puissances régionales rivales quelle que soit l'issue des négociations.

A la différence des autres présidents des Etats-Unis de l'histoire contemporaine, le président Clinton hérite d'un processus de négociations israélo-arabe en bonne voie depuis plus d'un an. Même si les discussions avancent, elles rencontrent une forte opposition au Moyen-Orient ; on se demande anxieusement si le 42e président accordera l'énergie et l'attention nécessaires à la relance du processus de paix. L'article énonce cinq raisons pour lesquelles ce processus devrait aboutir ; quatre conseils y sont donnés sur la meilleure attitude à adopter par Washington en tant que médiateur dans ce processus. Il reste à résoudre des problèmes importants, d'ordre matériel et psychologique. Mais avec le soutien de la Communauté européenne, du Japon et des Etats-Unis, les chances d'avancer sérieusement n'ont jamais été aussi favorables dans l'histoire de ce conflit.

Au fur et à mesure que le processus de paix entre Israël, la Jordanie et les Palestiniens progresse, les problèmes de sécurité revêtent une importance accrue et doivent intégrer les perceptions des menaces des trois parties au conflit. Les menaces militaires stratégiques pesant sur la sécurité d'Israël peuvent être enrayées en procédant à la démilitarisation de la Cisjordanie et en instaurant un système de sécurité tripartite incluant bien sûr la Jordanie. Ce système, en effet, conférerait une « profondeur stratégique » à Israël si la Jordanie s'engageait, au moyen d'un traité, à ne pas autoriser le stationnement de forces étrangères sur son territoire. La sécurité des Palestiniens serait garantie par la Jordanie, Israël et la communauté internationale. Dans ces conditions, Israël pourrait se retirer des territoires occupés, tout en renforçant sensiblement sa sécurité militaire sur son flanc Est.

Cet article traite des menaces qui pèsent sur la sécurité palestinienne ; à cette fin, il redéfinit le concept de sécurité d'un futur Etat palestinien, analysant la pertinence des concepts de dissuasion et de défense. L'auteur soutient, d'une part, que la sécurité des Palestiniens tout comme celle d'Israël, devra s'inscrire dans le cadre une problématique essentielle et composée de trois éléments — politique, territorial et relatif la sécurité — et que, d'autre part, tous deux devront échanger des concessions. La liberté d'exprimer leur identité nationale et d'exercer leur souveraineté collective — l'autodétermination — est nécessaire, et repose sur la « possession » un territoire et le contrôle de ses ressources. La sécurité palestinienne sera garantie, non point par l'usage de la force militaire, mais grâce au pouvoir de dissuasion politique que confère l'appartenance des organisations régionales ou des instances collectives de sécurité. En conclusion, l'auteur propose la mise en place de différentes formules de sécurité: une « zone » ouverte tripartite israélo-jordano-palestinienne ou une structure commune de sécurité israélo-arabe.

L'objet de cet article est d'analyser la répartition des ressources hydrauliques dans le bassin du Jourdain qui, en raison de leurs quantités limitées, constituent un enjeu de rivalité. Les problèmes sont complexes et multiples, liés à l'approvisionnement en eau ainsi qu'à la gestion efficace de l'eau en Israël, dans les territoires occupés, en Jordanie, en Syrie et au Liban, sans oublier la dépendance en eau d'Israël qui va au delà de ses frontières d'avant 1967. L'auteur dresse le bilan des négociations multilatérales en cours visant à définir un cadre juridique à une redistribution équitable de l'eau du bassin du Jourdain et des nappes phréatiques en Cisjordanie, et s'interroge sur les causes de l'échec des précédentes négociations. Les concessions territoriales d'Israël sont étroitement liées à l'allocation des ressources hydrauliques. En conclusion, l'auteur évalue les différentes options politiques et, en particulier, les perspectives d'une coopération interétatique fondée sur des mesures d'économie d'eau et une plus grande transparence des données hydrologiques.

Même si les accords de Camp David ne constituent pas le texte de référence officiel sur lequel s'appuient les négociations israélo-arabes issues de la conférence de Madrid, ils forment cependant le fil conducteur des négociations israélo-palestiniennes. L'idée centrale est que l'accord devrait se faire en deux temps : la première phase visant à instaurer un gouvernement palestinien « intérimaire », suivie d'une deuxième étape qui déterminerait le « statut final » de la Cisjordanie et de Gaza. Les ambiguïtés persistent, mais les négociations actuelles ont bien pour point de départ les accords de Camp David.

French Dilemmas and Strategies in the New Europe (1989-1991), by Stanley Hoffmann The sudden end of the cold war in Europe, the collapse of the Soviet Empire and the fall of the Berlin wall put the French government in an awkward and paradoxical situation. It was awkward, because France had been concentrating its attention on Western Europe, on the progesss of the European Community ; the momentous events in the East risked changing the priorities and delaying the « deepening » of the Community. h was paradoxical, because, for almost 45 years, France had denounced the division of Europe, the « order of Yalta » ; and yet, now that the partitions had fallen, French authorities, elites and publics seemed dazed. The evolution in the definition of French interests and objectives has been proceeding step by step and the changes in France's outlook are likely to continue. Over time, the French search for distinctiveness and autonomy may transfer its focus from France to a Europe in which France will continue to play an important role. Thus, France would become an « ordinary » European nation, encased in a highly original Community.

L'Acte unique et le traité de Maastricht sur l'union européenne ont été négociés par les représentants des élites et soumis à ratification par les Parlements et les peuples des Etats-membres. Le but ultime était de prolonger et renforcer la communauté des Etats et des peuples de l'Europe occidentale, qui s'est épanouie entre 1945 et 1990, afin qu'un « noyau dur » européen puisse devenir le pivot d'une Europe nouvelle issue de la fin de la guerre froide. « Maastricht » est un projet pour une nouvelle Europe profondément enracinée dans les cultures politiques et les opinions des Etats de l'Europe. Les vieilles méthodes qui consistent à marchander les moindres détails, en raison de désaccords sur les objectifs, ont incité les Etats-membres à défendre avant tout leurs propres intérêts dans les négocia- tions, et à différer à 1996 les deux problèmes-clefs pour l'Europe, la monnaie et la défense. Pendant ce temps, les identités nationales ont à résoudre les problèmes urgents, les craintes mutuelles et le retour à l'instabilité sur la scène mondiale. « Maastricht » est le point où la diplomatie européenne rencontre l'adhésion ou le rejet démocratique. La bataille pour l'avenir de l'Europe vient seulement de commencer.

Groupe ethnique le plus dynamique des Etats-Unis, la communauté hispanique est toujours en quête du statut politique et économique auquel elle peut prétendre au regard de son nombre. Or cette communauté est de moins en moins une « minorité » dans les faits, notamment en Californie, Etat préfigurant l'Amérique multiculturelle de demain. Parmi les premiers à subir les effets de la politique républicaine et de la crise, les Latinos pâtissent de divers handicaps (jeunesse, manque d'éducation, etc.) et, surtout, d'un déficit identitaire avec de profondes différences entre les diverses composantes de la communauté dont le résultat est une absence de solidarité répercutée à l'échelon du leadership politique. Les émeutes de Los Angeles ont de ce point de vue fait l'effet d'un révélateur et d'un électrochoc. Après la décennie perdue des années 80, au lendemain d'élections qui ont été pour elle un succès relatif, cette communauté parviendra-t-elle à transcender ses clivages ? En question aussi la démocratie américaine confrontée à la fin du melting-pot, sa capacité à faire face au double défi que posent la violence et le renversement du rapport majorité/minorités, l'émergence d'une hypothétique zone de part et d'autre de la frontière mexicano-américaine.