Contenu du sommaire : Dynamic Vernacular
Revue | ABE Journal : European architecture beyond Europe |
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Numéro | no 9-10, 2016 |
Titre du numéro | Dynamic Vernacular |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier : Dynamic Vernacular
- Dynamic Vernacular – An Introduction - Mark Crinson
- The Kacchā-Pakkā Divide: Material, Space and Architecture in the Military Cantonments of British India (1765-1889) - Christopher Cowell Cet article retrace le parcours historique de deux termes clés dans le vocabulaire de la construction en Inde : kacchā (inférieur, précaire, impermanent) et pakkā (supérieur, solide, durable). Il interroge le processus par lequel ces deux concepts devinrent essentiels et conjoints dans le contexte des environnements construits militaires puis civils de l'Inde coloniale pendant la période de gouvernance par la Honourable East India Company (1757-1858). L'évolution des deux termes est mise en évidence dans la construction par l'armée de la Company de ses cantonnements, ou garnisons permanentes. Ces campements, qui représentent une contribution réellement originale – bien que négligée – au militarisme colonial sur le sous-continent indien au XVIIIe siècle, revêtaient initialement des formes exclusivement pakkā avant d'intégrer des configurations qui reflétaient fortement les travaux kacchā. Cet article examine comment cette transformation s'est opérée et pour quelles raisons.Avec l'expansion et la clarification de l'organisation spatiale de l'armée au fil du temps, les travaux kacchā et pakkā se mélangèrent, ce qui permettait une plus grande souplesse face à des conditions diverses. Par ces pratiques adaptives, les trois armées des présidences du Bengale, de Madras et de Bombay apprirent à observer, à construire et à donner forme à l'Inde moderne. Néanmoins, lorsque ces systèmes furent déployés au-delà des opérations militaires, une dichotomie plus rigide se fit jour. Avec la croissance des populations civiles à proximité des cantonnements et la prolifération de règlements municipaux dictant les termes de cette intégration, il s'en fallait de peu pour passer de la qualification des infrastructures de l'armée sur les cartes militaires comme « kacchā » ou « pakkā » à une semblable division de la société indienne.This article will trace the historical passage of two fundamental Indian terms used in building: kacchā (inferior, flimsy, impermanent) and pakkā (superior, solid, durable), and how they became pivotal, conjoined concepts in the construction of the military- then civil-built environments of colonial India during the period under the governance of the Honourable East India Company (1757-1858). This journey is best illustrated in the construction of the Company's army “cantonments” or permanent garrison camps. Truly original yet overlooked inventions of eighteenth-century colonial militarism in the subcontinent—with many growing into significant urban centers by the 19th century—these stations architecturally evolved from exclusively pakkā forms to arrangements significantly shaped by kacchā work. The article will look at how and why this came about.Permitted through an expansion yet clarity in the spatial organization of the army, kacchā and pakkā work began to be blended and graded, allowing a flexibility of responses to conditions. Such responsive practices helped the three presidency armies of Bengal, Madras and Bombay to observe, build and shape modern India. Nevertheless, once applied outside of their own operations, a more rigid dichotomy emerged. As civilian populations grew against cantonments, and municipal regulations began to dictate the terms of this integration, it was one short step from identifying army-built infrastructure as either kacchā or pakkā on military maps to dividing Indian society along similar lines.
- Plantation: Modern-Vernacular Housing and Settlement in Ottoman Palestine, 1858-1918 - Yael Allweil L'architecture vernaculaire palestinienne présente un cas essentiel pour l'évaluation des dynamiques complexes qui lient l'architecture moderne et l'architecture vernaculaire, suggérant la nécessité de reconceptualiser les implications sociales et politiques du « vernaculaire » ainsi que l'emploi historiographique de ce terme. Cet article examine la relation entre les environnements habités vernaculaires et modernes en analysant certains exemples notables présents en Palestine dans la période suivant les réformes foncières promulguées par l'Empire ottoman en 1858. La modernisation du droit de propriété, de la culture et du cadastrage a produit un nouvel environnement construit, que je qualifie ici de « plantation », reposant sur l'extraction des richesses et la dépossession des paysans. Me focalisant sur la topographie des plantations à Acre et à Jaffa, j'examine les manoirs ruraux, mais aussi les habitations « à l'arrière de la maison » et les structures agricoles qui font partie intégrante de ce paysage extractif. L'article jette une lumière sur l'histoire architecturale des plantations de Mazra'a et de Hammed, identifiant deux formes d'habitation qui représentent des variantes sur l'architecture palestinienne vernaculaire-traditionnelle : la hutte de paysan et le manoir du propriétaire. En effet, les habitations construites à partir des années 1860 employaient de nouvelles méthodes de construction et de nouveaux matériaux trouvés sur place ou importés en échange de richesses accumulées en exploitant le terrain. Ces structures indépendantes constituaient un ensemble au sein duquel les huttes de terre et les manoirs à plusieurs pièces distinguaient les paysans des propriétaires. La décomposition de la typologie de la maison à cour en plusieurs éléments a abouti à un environnement construit moderne-vernaculaire qui remet en question la distinction manichéenne entre « moderne » et « vernaculaire » comme deux schémas distincts et opposés. Considérant la plantation comme une typologie vernaculaire moderne – plutôt qu'aborigène –, cet article identifie la plantation comme la matérialisation de la fragmentation de la société palestinienne par la modernité. Cette dynamique a produit deux archétypes nationaux opposés : un sentiment nationaliste propre à l'élite terrienne qui cherchait à remplacer l'Empire ottoman ; et un mouvement prônant des réformes foncières en faveur des paysans locaux dépossédés de leurs terres.The Palestinian vernacular is a key site for evaluating the messy dynamics between modern and vernacular architecture, suggesting a need for the re-conceptualization of the social and political implications of “vernacular” and its uses in historiography. This article explores the relationship between vernacular and modern dwelling environments by conducting close architectural analysis of certain key examples in Palestine following the Ottoman land modernization of 1858. The modernization of land ownership, cultivation, and registration produced a new built environment of wealth extraction and peasant dispossession that I identify here as “plantation.” Focusing inquiry on Acre and Jaffa's plantation landscape, I examine rural mansions together with “back of the big house” worker dwellings and agricultural structures, which were all part and parcel of this landscape of extraction. I examine the architectural history of the Mazra'a and Hammed plantations and identify two housing forms as alterations of Palestine's traditional-vernacular architecture: serf hut and landlord mansion. I show that plantation dwellings, created from the 1860s onwards, involved a change to construction methods and building materials found on-site or imported, and resulted in single-standing structures in campus settlement layout, where mud huts and multi-room mansions distinguished serfs from landlords. The plantation decomposition of the courtyard house typology produced a modern-vernacular built environment, calling into question the Manichean divide between “modern” and “vernacular” as two distinct and opposing frameworks. Pointing to the plantation as a modern vernacular—rather than aboriginal—typology, this article identifies the plantation as the materialization of the fragmentation of Palestinian society by modernity, a dynamic producing two opposing Palestinian national archetypes: a landed elite nationalism aiming to replace the Ottoman Empire, and a movement for land reform for dispossessed local peasants.
- Basic Design and the Semiotics of Citizenship: Julian Beinart's Educational Experiments and Research on Wall Decoration in Early 1960s Nigeria and South Africa - Ayala Levin De 1961 à 1965, Julian Beinart, enseignant d'architecture à l'Université du Witswatersrand à Johannesburg, mena en Mozambique, au Nigéria, en Afrique du Sud, en Rhodésie et au Kenya une série d'ateliers sur les fondements du design. Inspiré par ses professeurs à MIT, Kevin Lynch et György Kepes, Beinart se pencha sur le développement d'un nouveau vocabulaire visuel populaire pouvant servir d'appui dans la transition des sociétés africaines vers la modernité postcoloniale. Simultanément, Beinart entreprenait l'inventaire et l'analyse des décors muraux réalisés par les habitants de Western Native Township à Johannesburg, une zone entièrement constituée de maisons construites par l'État. Les habitants du Township, des Africains noirs qui subissaient des politiques de ségrégation et de déplacement des populations dès avant le régime de l'apartheid, se trouvèrent face à une nouvelle éviction dans les années 1960. Beinart, se servant de la photographie, du dessin analytique et des plans schématiques, créa des archives qui allaient contre l'État, dans lesquelles il interprétait l'embellissement et l'amélioration des maisons par les habitants comme autant d'actes de résistance ; une expression de fierté civique alors que la citoyenneté était pratiquée dans des conditions de contrainte socio-économique extrêmes. Analysant les décors comme un système de communication qui transcendait les traditions ethniques, Beinart les considérait comme un « index de dé-tribalisation » qui pouvait servir de fondement à la création d'une modernité urbaine africaine.From 1961 to 1965, Julian Beinart, an architecture lecturer at the University of the Witwatersrand, Johannesburg, embarked on a series of basic design workshops in Mozambique, Nigeria, South Africa, Rhodesia, and Kenya. Inspired by his MIT instructors Kevin Lynch and György Kepes, Beinart was interested in the development of a new popular visual language, one that would mediate African societies' transition to postcolonial modernity. Concurrently, Beinart documented and analyzed wall decorations made by the residents of the government-built houses of Western Native Township in Johannesburg. Home to black Africans who were subject to racial segregation and displacement policies that predated the apartheid regime, the Township's residents faced another eviction in the early 1960s. By using photography, analytical drawings, and diagrammatic maps, Beinart created a counter-archive against the state, in which he interpreted the residents' beautification and improvement of their houses as acts of resistance; an expression of civic pride where the urban poor performed citizenship under extreme social-economic duress. Analyzing the decorations as a system of communication that transcended ethnic traditions, Beinart used them as an “index of de-tribalization” that could set the ground for the creation of an African urban modernity.
- The Other Side of Tropical Paradise: Traces of Modernism within the Vernacular Landscapes of Early Twentieth-Century Bali - Amanda Achmadi L'île de Bali est sans doute l'un des lieux les plus énigmatiques pour observer l'héritage persistant du colonialisme dans l'historiographie de l'architecture vernaculaire en Asie. Malgré la thèse centrale d'Edward Said sur l'orientalisme et la production scientifique postcoloniale qui s'ensuivit, les discours sur l'architecture et le voyage à Bali ont continué à favoriser une notion hégémonique de l'altérité bien au-delà de l'époque coloniale. La notion orientaliste d'une Bali traditionnelle et authentique est une conception puissante qui a elle-même engendré ses propres réalités et qui a dominé la production de marqueurs culturels et architecturaux sur l'île pendant tout le xxe siècle. Cependant, au-delà du parcours touristique bien balayé de la côte sud et de l'arrière-pays vallonné, il existe ailleurs un paysage urbain complexe et cosmopolite. Cet autre aspect de Bali défie les catégories architecturales bien établies – le « balinais traditionnel », par exemple – qui ont depuis longtemps déterminé la façon dont le monde extérieur perçoit et interagit avec l'environnement construit de l'île. Il n'est pas étonnant que la plupart des récits de voyage et ceux ayant trait à l'architecture aient considéré ces paysages dynamiques comme inauthentiques, culturellement dégradés ou insignifiants. Ces espaces sont toutefois conçus, construits et habités par des populations locales diverses, contrairement aux simulacres de Bali qui dominent les destinations touristiques principales de l'île – tels Ubud, Legian et Sanur –, destinés dès leur construction à accueillir des touristes. Cet article examine les facettes oubliées du paysage architectural de Bali. Il met en lumière des vestiges architecturaux hybrides et modernes laissés lorsque différentes localités sur l'île se sont repositionnées en fonction de changements intervenus à la fin du XIXe et au début du XXe siècle et de l'arrivée du regard touristique. Focalisant sur les anciennes capitales de trois royaumes balinais du XIXe siècle – Badung, Klungklung et Karangasem – il étudie les interactions entre l'architecture vernaculaire, le cosmopolitisme et le modernisme. Allant de l'intégration de formes architecturales modernes dans un cadre vernaculaire à la configuration hybride de multiples références culturelles, les cas d'études présentés ici montrent l'existence d'une topographie vernaculaire mouvante qui reflète des relations de pouvoir dynamiques. Ces exemples déstabilisent la notion d'une Bali authentique, autonome, réelle, mise en avant non seulement dans les discours coloniaux et les récits de voyage, mais aussi par la majorité de la population de l'île aujourd'hui.The island of Bali is arguably one of the most enigmatic locations to observe the lasting legacy of colonialism within the historiography of vernacular architecture in Asia. Despite Edward Said's seminal thesis on orientalism and the subsequent production of postcolonial scholarship, architectural and traveling discourses on Bali carry through the hegemonic notion of otherness, with little resistance, far beyond the colonial era. The Orientalist notion of a traditional and authentic Bali is a powerful conception that has produced its own realities and governed the production of cultural and architectural markers on the island throughout the twentieth century. Outside the established tourist path of the island's southern coastline and its hilly hinterland, however, we are confronted with a multifaceted and cosmopolitan urban landscape. This other side of Bali challenges the established architectural categories, such as “traditional Balinese,” that have long governed the world's interaction with and perception of the island's built landscape. Unsurprisingly, most architectural and travel accounts have labeled these dynamic landscapes as inauthentic, culturally polluted, or insignificant. They are nonetheless conceived, built, and inhabited by the island's diverse local population, unlike the architectural simulacra of Bali that dominate the island's key tourist destinations, such as Ubud, Legian and Sanur, and were built for tourists. This article is an exploration of the forgotten facets of Bali's architectural landscape. It showcases hybrid and modern architectural traces left behind as diverse localities on the island repositioned themselves within the changing time of the late nineteenth and early twentieth centuries and the arrival of the tourist gaze. Focusing on the former capitals of three royal kingdoms of nineteenth century Bali—Badung, Klungkung, and Karangasem—it will examine how the vernacular, cosmopolitanism, and modernism interacted. Ranging from an insertion of modern architectural forms within the vernacular setting to a hybrid configuration of multiple cultural references, the case studies featured here illustrate a shifting vernacular landscape molded by the island's dynamic power relations. They destabilize the notion of an authentic, autonomous, and real Bali that is championed not only by colonial and traveling discourses, but also by the majority of the island's population today.
Varia
- Aspirations and Contradictions in Shaping a Cosmopolitan Africa: Arturo Mezzedimi in Imperial Ethiopia - Jacopo Galli La vie et la carrière d'Arturo Mezzedimi offrent un récit rare, celui d'un immigré ayant occupé le devant de la scène de son pays adoptif. Cet article retrace la trajectoire d'un jeune géomètre qui devint l'architecte semi-officiel du dernier empereur d'Éthiopie, Hailé Sélassié. De son apprentissage au sein de la société bourgeoise italienne d'Asmara à la construction des « cadeaux de Sélassié » à l'Érythrée, Mezzedimi a connu un succès vertigineux, construisant le Africa Hall et le siège des Nations Unies en Afrique et donnant à Addis Abeba un aspect digne de son statut de capitale morale du continent africain. Cet article réévalue la contribution de Mezzedimi, un expert cosmopolite d'envergure mondiale capable de donner forme aux ambitions d'Hailé Sélassié visant à combiner la modernité européenne avec les traditions éthiopiennes ancestrales. Ce processus fécond d'échanges poussa l'architecte italien à interpréter l'histoire millénaire de l'Éthiopie et les ambitions futures du pays. Bien qu'autodidacte, son travail est celui d'un professionnel confirmé et d'une productivité impressionnante, puisqu'il est l'auteur de plus de de 250 réalisations.The life and career of Arturo Mezzedimi are the rare tale of an immigrant who conquered the main stage of his adoptive motherland. This paper reconstructs the trajectory of a young technical surveyor who became the semi-official architect of Ethiopia's last emperor, Haile Selassie. From his apprenticeship in Asmara's Italian bourgeois society to the construction of “Selassie's gifts” to Eritrea, Mezzedimi reached the highest levels of achievement, building the Africa Hall and the United Nations headquarters in Africa, and shaping the modern face of Addis Ababa as the moral capital of a continent. The paper reassesses Mezzedimi as a cosmopolitan global expert with a gift for interpreting Haile Selassie's ambitions to mix European modernity and resilient Ethiopian traditions. This process of cross-pollination led the Italian architect to interpret Ethiopian millennial history and future aspirations while acquiring a self-taught professionalism that allowed him to design and build more than 250 constructions at an impressive pace of hyper-production.
- Aspirations and Contradictions in Shaping a Cosmopolitan Africa: Arturo Mezzedimi in Imperial Ethiopia - Jacopo Galli
Débat
- Beyond Alternative Modernities - Vandana Baweja
Document/Sources
- Julien Belloir, Inauguration du canal de Suez – Trône du Vice-Roi d'Égypte - Alice Thomine-Berrada
Positions de thèses
- Ângela Ferreira's Maison Tropicale: Architecture, Colonialism and the Politics of Translation - Fiona Allen
- Tunisia, 1940–1970: The Spatial Politics of Reconstruction, Decolonization, and Development - Nancy Demerdash
- Architecture of Counterrevolution: The French Army in Algeria, 1954–1962 - Samia Henni
Recensions
- Robert Nield, China's Foreign Places: The Foreign Presence in China in the Treaty Port Era, 1840–1943 - Cole Roskam
- E. Franch i Gilabert, A. Miljački, A. Schafer, A. R. Lawrence, OfficeUS Agenda. Zürich: Lars Müller Publishers, 2014 & E. Franch i Gilabert, A. Miljački, A. Schafer, M. Kubo, OfficeUS Atlas. Zürich: Lars Müller Publishers, 2015. - Robby Fivez
- Felicity D. Scott, Disorientation: Bernard Rudofsky in the Empire of Signs - Rika Devos
- Alyson Wharton. The Architects of Ottoman Constantinople: the Balyan Family and the History of Ottoman Architecture - Sibel Zandi-Sayek
- Laura Victoir and Victor Zatsepine (eds), Harbin to Hanoi: The Colonial Built Environment in Asia, 1840 to 1940 - Pauline K. M. van Roosmalen
- Kathleen James-Chakraborty, Architecture Since 1400 - Murray Fraser