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La guerre au Kosovo a mis en évidence les failles de l'OTAN (inadaptation à la gestion des crises d'un point de vue politique et militaire) et celles de l'Europe (mauvaises relations avec l'Amérique, préséance du politique sur le militaire, flou concernant la défense européenne). En annexe: déclaration du Conseil européen de Cologne concernant le renforcement de la politique européenne commune en matière de sécurité et de défense Go Back et rapport de la présidence sur le renforcement de la politique européenne commune en matière de sécurité et de défense.

Pour François Heisbourg, malgré ses succès, l'avenir de l'OTAN est incertain, notamment en raison du caractère flou de sa raison d'être actuelle et de la remise en cause croissante de sa cohérence. Dans ce contexte, les Européens doivent développer leurs capacités de défense, susceptibles de soutenir une véritable politique extérieure et de sécurité commune et d'apporter une contribution positive à l'Alliance. Selon lui, les pays de l'Union devraient privilégier tout particulièrement les capacités de projection de forces adaptées aux crises de l'après-guerre froide, dont les insuffisances sont notables dans le conflit du Kosovo, et favoriser une convergence sur le long terme des politiques de défense et d'équipement militaire.

Louis Gautier analyse, dans cet article, l'évolution de la question de la défense européenne depuis la fin de la guerre froide, en particulier du point de vue français. Pour lui, la déclaration franco-britannique sur la défense européenne de Saint-Malo de décembre 1998 (voir texte de la déclaration en annexe) ainsi que la crise au Kosovo ont relancé cette problématique. Repoussant toute approche purement institutionnelle, il souhaite que soit privilégiée une démarche pragmatique sur la base de la convergence de vues en matière de défense qui se dessine entre les partenaires européens depuis Saint-Malo.

Karl-Heinz Kamp analyse ici en quoi le sommet de Washington célébrant le 50e anniversaire de l'Alliance atlantique et le conflit au Kosovo ont une incidence sur la définition des missions futures de l'OTAN, et notamment la gestion des crises hors zone et la question de l'identité européenne de sécurité et de défense. Il ne pense pas que l'OTAN devienne un « ange de paix » ou bien le « gendarme du monde » au nom des intérêts occidentaux. Au contraire, il note que ce qui caractérise l'Alliance, c'est bien plutôt la retenue militaire et la faible capacité des pays-membres à engager leurs forces armées dans des opérations à risque, l'intervention en Serbie, de ce point de vue, ne constituant pas un modèle pour son avenir. Refusant de définir une stratégie de manière trop précise et d'exclure ainsi certaines options, le maître mot de l'Alliance future sera donc la «flexibilité ».

Thérèse Delpech établit ici un lien entre trois régimes — Irak, Serbie et Corée du Nord — qui font peser de lourdes menaces sur la sécurité internationale. Deux d'entre eux ont déjà été à l'origine de conflits qui, pour être régionaux, ne peuvent pas néanmoins être qualifiés de mineurs. Le troisième trouble la sécurité de l'Extrême-Orient depuis de nombreuses années et constitue également un des grands sujets de préoccupation des Etats-Unis. Tous trois ont en outre affecté les relations de la Russie, de la Chine et des Etats-Unis, qui ne s'accordent pas sur ces crises régionales. Enfin, dans les trois cas, des programmes clandestins d'armes de destruction massive aggravent la menace que ces pays font peser sur la sécurité régionale et internationale. Bien que des stratégies différentes aient été adoptées à leur égard, les résultats sont également décevants.

Rodric Braithwaite analyse dans cet article les relations qu'entretient la Russie avec le monde extérieur (ex-Union soviétique, Europe centrale, Balkans, Europe occidentale), ainsi que l'attitude que les Occidentaux doivent adopter à son égard. Pour lui, la Russie vit actuellement le « douloureux processus d'ajustement » des puissances impérialistes qui perdent leur empire et les Russes doivent accepter la réalité, c'est-à-dire renoncer à leurs illusions de puissance et à vivre au-dessus de leurs moyens. De leur côté, les Occidentaux doivent éviter toute suspicion à l'encontre de la Russie, notamment face à une éventuelle restauration de l'empire, et ne pas considérer comme une menace ce qui est en fait seulement une défense des intérêts nationaux russes. Tout cela exigera beaucoup de temps, mais l'optimisme quant à l'avenir de la Russie reste la seule option raisonnable.

Existe-t-il un risque de coup d'État militaire en Russie en raison des graves difficultés matérielles et morales que traverse Varmée russe ? Certes, l'armée et les militaires manifestent une grande défiance à l'égard du pouvoir politique, mais la tradition de non-intervention dans le jeu politique, les dissensions internes, en particulier entre la haute hiérarchie militaire et le reste des forces, ne constituent pas des facteurs susceptibles de favoriser une telle éventualité. En tout cas, la crise de l'armée est le reflet d'une crise plus généralisée de l'Etat russe.

Igor Ivanov, ministre russe des Affaires étrangères, présente dans cet article la position de Moscou concernant la zone Asie-Pacifique. Il considère qu 'en dépit de ses difficultés financières et économiques actuelles et des risques d'instabilité politique, la Russie ne doit pas se tenir à l'écart de la région. Elle doit, au contraire, développer ses relations avec les principaux acteurs régionaux — la Chine, l'ASEAN et le Japon, en particulier en réglant la question des Kouriles du Sud —, participer aux activités du Forum, régional de l'ASEAN afin d'instaurer un « système coopératif de sécurité en Asie-Pacifique » et adhérer à IAPEC.

Tous les quatre ans, le Chicago Council on Foreign Relations publie une enquête sur l'opinion américaine en matière de politique étrangère. John E. Rielly présente ici les principales conclusions de l'étude de 1999, réalisée la fin de année 1998. Celle-ci révèle que les Américains se sentent puissants, confiants et satisfaits de leur puissance, ne craignant ni la mondialisation, ni la concurrence européenne ou japonaise. Cependant, ils manifestent une angoisse face la violence et son développement ils estiment probable lors du siècle prochain. C'est la raison pour laquelle, même s'ils défendent volontiers les actions multilatérales, au détriment de celles unilatérales, ils se montrent peu favorables à un engagement des troupes américaines à l'étranger, à la poursuite de l'aide aux pays étrangers ou la promotion du « modèle américain » dans le monde.

Lloyd Axworthy, ministre canadien des Affaires étrangères, présente dans cet article la notion de sécurité humaine qui a été définie pour la première fois par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en 1994 comme « la protection contre les menaces chroniques, telles que la famine, la maladie et la répression et [...] la protection contre tout événement brutal susceptible de perturber la vie quotidienne ou de porter préjudice à son organisation dans les foyers, sur le lieu de travail ou au sein de la communauté ». Pour l'auteur, la sécurité de la majorité des États s'est améliorée avec la fin de la guerre froide, mais celle des individus a eu tendance à se détériorer, notamment en raison du nombre grandissant de conflits internes. La sécurité doit donc désormais prendre en compte l'individu et ses préoccupations. Pour cela, il convient de faire respecter les normes existantes, y compris en ayant recours à des mesures coercitives comme cela a été le cas au Kosovo, et de renforcer la capacité des organisations internationales à remplir leur mandat.

José Garçon analyse, dans cet article, les conséquences des élections présidentielles anticipées du 15 avril 1999 en Algérie. Pour elle, Varrivée au pouvoir d'Abdelaziz Bouteflika dans des conditions particulières quelle qualifie de « parodie » ou de « simulacre » ne semble pas à même de résoudre les difficultés d'un pays empêtré dans de graves difficultés économiques et sociales, et où la violence reste endémique. La perspective de restauration autoritaire sous l'emprise d'une armée toujours aussi puissante au mépris de l'aspiration au changement et à la paix civile qui s'est manifestée au sein de la population durant la campagne pourrait même déboucher sur une nouvelle aggravation de la crise. En tout cas, l'Algérie entre « dans une période de grande incertitude ».

Jan Herman Brinks étudie ici la situation de la minorité allemande en Pologne. Pour lui, la chute du régime communiste et le traité d'amitié signé en 1991 entre Bonn et Varsovie n'a pas mis un terme à des frictions qui s'expliquent bien entendu par l'histoire, mais aussi par les intérêts économiques. Au contraire, la démocratie et les perspectives d'intégration de la Pologne à l'Union européenne favorisent un accroissement de ces tensions, notamment en raison des revendications, actuelles et futures, de la minorité allemande. Ce qui semble assez inquiétant dans cette situation, c'est que VUE apparaît davantage comme un amplificateur que comme la solution à la question des minorités qui constitue, la situation des Balkans le montre quotidiennement, la principale cause d'instabilité sur le continent européen.

Cet article est issu d'une conférence prononcée à l'Ifri le 15 février 1999 par le vice-président de la Commission européenne en charge de la politique commerciale extérieure de l'Union européenne. Sir Leon Brittan fait le point sur les relations entre l'UE et les deux autres grands pôles de l'économie mondiale : le Japon et les Etats-Unis. Il considère que Bruxelles, Washington et Tokyo doivent s'efforcer de promouvoir le système multilatéral et la formation d'un consensus en sa faveur, en particulier en associant le maximum de pays aux prochaines négociations commerciales multilatérales (le Millenium Round) qui devraient s'ouvrir à l'occasion de la conférence ministérielle de l'OMC à Seattle (30 novembre- décembre 1999). En vue de faciliter cet objectif, il présente, à cette occasion, une Initiative adhésions à l'OMC, notamment destinée aux pays les moins avancés.