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Revue | Politique étrangère |
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Numéro | vol. 66, no 3, 2001 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Actualités
- Les leçons des élections italiennes - Federico Rampini p. 509-514 L'avènement de Servio Berlusconi à la tête du gouvernement italien, le 13 mai dernier, n 'a pas manqué de susciter de nombreux commentaires. Au-delà de l'idéologie ambiguë et des déboires judiciaires du magnat des affaires, c'est surtout la concentration sans précédent du pouvoir médiatique et du pouvoir politique entre les mains d'un seul et même homme qui nourrit le feu des critiques. Certes, le succès de Berlusconi reflète sans doute son temps : celui d'une dégradation générale des mœurs politiques, d'un abaissement du seuil de sensibilité au conflit d'intérêts, et d'une augmentation des pratiques de trafic d'influence, et cela dans la plupart des démocraties occidentales. Mais, avec Berlusconi, peut-être l'Italie est-elle en train de devenir un laboratoire où sont poussés toujours plus loin le mélange des fonctions, la manipulation des masses et l'anesthésie des consciences démocratiques.Servio Berlusconi's arrivai at the head of the Italian Government on 13 May did not fail to provoke numerous reactions. Setting to one side the business magnate's ambiguous ideology and his legal difficulties, it is the unprecedented concentration of political and media power in the same hands which is fuelling the criticism. Certainly, Berlusconi's success is a reflection of the times: a decline in political standards, a lowering of the threshold of sensitivity to a conflict of interests, and a more widespread channelling of influence — this in most western democracies. But, with Berlusconi, Italy is on the way to becoming the laboratory where the confusion of functions, the manipulation of the populace and the anaesthetising of the democratie conscience are pushed furthest.
- Les leçons des élections italiennes - Federico Rampini p. 509-514
La Russie après Poutine
- Vladimir Poutine et l'Occident : l'heure est au pragmatisme - Anne de Tinguy p. 515-533 Le 31 décembre 1999, Vladimir Poutine arrive au pouvoir dans une Russie affaiblie qui a perdu beaucoup de son influence dans un monde en mutation. Face à la détérioration des échanges avec les Etats-Unis, le nouveau président s'engage dans l'urgence sur la double voie de l'alliance avec les pays européens — dépassant le stade d'accords avec les seuls « moteurs » allemand, anglais et français et se tournant désormais vers d'autres nations européennes — et du renouveau de l'influence russe dans l'espace anciennement soviétique et en Asie. Retrouver une place qui, sans être dominante, soit au moins reconnue sur la scène internationale est donc le pari aléatoire de Vladimir Poutine pour son pays. Mais cette stratégie pragmatique de rapprochement de la Russie avec ses voisins européens et asiatiques comporte à ce jour une faiblesse : les alliances se construisent d'abord de façon négative, notamment à travers la lutte en commun contre l'hégémonie américaine — la résistance au projet de bouclier antimissile de l'Administration Bush en constitue un parfait exemple — et se traduisent plus rarement par la recherche de partenariats positifs.Vladimir Putin and the West: Towards Pragmatism, by Anne de Tinguy The weakening of Russia, the United States' disaffection for it, the European Union's expansion to the East — which could just as easily be a factor of isolation as a historie opportunity — and Nato's similar encroach have led President Putin to review his country's foreign affairs priorities. The Washington partnership, a symbol of power, was traditionally at the centre of Soviet then Russian policy. Currently, Russia would seem to have no alternative: at the risk of not finding its place in a rapidly changing world, she must somehow integrate herself in Europe. This does not mean renouncing its status of Eurasian state and the "most important country in the CIS". Pragmatism and dynamism, which are meant to compensate for the paucity of means at Russia's disposal, dominate the "Putin method".
- Poutine saura-t-il infléchir la trajectoire russe ? - Georges Sokoloff p. 535-548 Depuis 1997, l'économie russe va de crise en redressement et de marasme en convalescence, déjouant souvent les pronostics des observateurs les plus patentés. Mais si Von considère l'activité de la Russie sur une longue période, c'est-à-dire depuis les années I960, il apparaît quelle se serait immobilisée au niveau atteint sous Brejnev, ce qui n'est évidemment pas le cas des pays concurrents à l'échelle mondiale. Il apparaît aussi que la Russie se cantonne à un niveau médiocre de développement économique, et cela depuis plus d'un siècle. Dans ce contexte, l'action du président Poutine ne peut espérer, au mieux, que faire remonter la Russie dans la position haute de la fourchette très moyenne dans laquelle se situe son économie par rapport aux économies occidentales. Encore faudrait-il, pour cela, que le Kremlin soit capable de réformer une administration réellement inefficace, tant sur le plan national que local. A cet égard, il n'est pas certain que la dérive autoritaire du pouvoir qui se poursuit depuis deux ans constitue le meilleur moyen de mener à bien la modernisation indispensable des structures du pays.Does Putin Know how to Deflect the Russian Trajectory?, by George Sokoloff Since 1997 the Russian economy has gone from crisis to recovery, from slump to recuperation, often frustrating the forecasts of the most highly regarded observers. If, on the other hand, Russia's performance is assessed over long period, that is, since the 1960s, then it would appear that it has got stuck at the level attained under Brezhnev, which is obviously not the case for its competitors on the world stage. It would also seem that Russia has been confined to a mediocre level of economic development, and that, for over a century. In this context, the best that Putin's actions can hope for is to advance Russia to the high position of the "very average" range, in which its economy is positioned in comparison to western economies. But for that, it would be necessary to reform the seriously inefficient civil service, as much on the national as the local scale. It is not certain that the authoritarian drift in power, which has been taking place for two years, is the best way to achieve the essential modernisation of the country's structures.
- Vladimir Poutine et l'Occident : l'heure est au pragmatisme - Anne de Tinguy p. 515-533
Autour de la mondialisation
- Gouvernance globale : origines d'une idée - Gilles Andréani p. 549-568 Un nouveau concept est apparu dans le domaine des relations internationales : celui de gouvernance globale. Né dans le sillage de la mondialisation de la fin du XXe siècle, il vise à combler le décalage existant entre un marché mondial de plus en plus unifié et un système d'Etats pluraliste. Mais l'idée de la gouvernance globale, sinon le nom, est aussi ancienne que la première mondialisation de la fin du XIXe siècle, quand cette question du décalage entre marché et politique s'est posée pour la première fois, non seulement dans l'ordre interne, mais aussi dans l'ordre international. À quatre reprises au cours du siècle dernier, cinq auteurs se sont interrogés sur la portée et les conséquences de ce décalage : Norman Angell dans les années 1910, Hans Kelsen à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Joseph Nye et Robert Keohane dans les années 1970, enfin David Held en 1995. C'est à travers ces précurseurs de l'idée de gouvernance globale qu'est examinée ici la genèse d'un concept qui fait aujourd'hui l'objet de deux lectures antagonistes, aussi schématiques l'une que l'autre, celle des ultra-libéraux et celle des souverainistes.Global Governance: the Origins of an Idea, by Gilles Andréani A new concept has appeared in the field of international relations: that of global governance. Emerging in the wake of globalisation in the late 20th century, it is intended to bridge the gap between an increasingly unified global marketplace and a System of competing states. But the idea of global governance, if not the term, dates back to the first globalisation of the late 19th century, when this question of divide between marketplace and politics was posed for the first time, not only on the internal scale, but also the international scale. On four occasions during the last century, five authors attempted to close the gap: Norman Angel in the second decade, Hans Kelsen at the end of the Second World War, Joseph Nye and Robert Keohane in the 1970s and David Held in 1995. It is through the work of the precursors of the idea of global governance that are examined the origins of a concept which is the subject of two antagonistic interpretations, each as simplistic as the other: that of the extreme liberals and that of the defenders of sovereignty.
- Perceptions de la mondialisation en France et aux Etats-Unis - Eddy Fougier p. 569-585 Tandis que le processus de mondialisation semble gagner à la fois en force et en ampleur dans l'ensemble des pays industrialisés et la quasi-totalité des pays en développement, le débat démocratique en a fait l'un de ses enjeux principaux, sans que les opinions publiques soient toujours écoutées ou même entendues en la matière. C'est ainsi qu'en France comme aux Etats-Unis, de récents sondages d'opinion montrent qu'un même clivage existe entre une certaine élite dirigeante, globalement favorable à la mondialisation, et l'ensemble des citoyens, dont la perception est, sinon toujours négative, du moins beaucoup plus nuancée. Par ailleurs, un autre clivage se dessine au sein de ce groupe entre les catégories relativement favorisées et les catégories relativement défavorisées. Et la mondialisation, si elle n'est pas la cause de tous les maux dont souffrent celles-ci, cristallise une large part de leurs frustrations, nourrissant la crise de la démocratie représentative qui s'affirme de façon larvée dans les pays industrialisés.Perceptions of Globalisation in France and the United States, by Eddy Fougier Whereas the globalisation process seems to be gaining in momentum and magnitude in every industrialised country and almost every developing country, it has become one of the main stakes in the democratie debate without public opinion always heard or listened to on the issue. It is thus that in France as in the United States, recent opinion polls indicate a chasm between a certain ruling elite, winch is broadly favourable to globalisation, and a public whose perception, if not always negative, is at least far more qualified. In addition, another chasm has opened up within public opinion between those categories that are relatively well-off and those categories that are relatively less well-off. And globalisation, if it is not the cause of ail the troubles of these latter categories, manages at least to represent a majority of their frustrations, thereby fuelling a crisis in representative democracy wnich is latently taking hold in industrialised countries.
- La croisade pour l'éthique d'entreprise - Ethan B. Kapstein, Christophe Jaquet p. 587-602 Depuis quelques années, un mouvement a pris pied sur la scène économique mondiale : celui de l'éthique d'entreprise. Entraîné par des organisations non gouvernementales, soutenu par des groupes d'actionnaires militants et relayé par des organisations internationales, ONU en tête, il se traduit par la prolifération de codes de conduite pour les entreprises, en particulier dans les domaines des droits de l'homme, des conditions de travail et de l'environnement. De nombreuses multinationales ont dû, sous la pression médiatique, changer certaines de leurs pratiques (interdiction du travail des moins de 18 ans dans les filiales de Nike à l'étranger, vente des thérapies antisida à prix coûtant par de grands groupes pharmaceutiques, etc.). Même si les principes défendus par les « croisés » de l'éthique sont peu critiquables en soi, ils constituent une contrainte nouvelle que les entreprises doivent intégrer en dépit des coûts supplémentaires qu'ils engendrent. Ils pourraient aussi se retourner contre ceux qu'ils sont censés protéger : les petites et moyennes entreprises, les pays en développement et les travailleurs non qualifiés du monde entier. Il serait donc temps que ces nouveaux standards soient établis après une analyse objective de leurs coûts et de leurs bénéfices, réalisée par une autorité impartiale.The Corporate Ethics Crusade, by Ethan B. Kapstein In recent years a coalition of non-governmental organizations and activist shareholders have launched an ethical crusade against multinational enterprises. The objective has been to get these corporations to adopt higher standards in such areas as human rights, labor and the environment. That movement has enjoyed some notable successes, but what have been the costs? This article urges us to treat the corporate ethics crusade with skepticism.
- Mondialisation et démocratie - Zaki Laïdi p. 603-618 Les relations entre mondialisation et démocratie sont pour le moins ambiguës, d'autant quelles donnent souvent lieu à des analyses réduisant la seconde à la seule « démocratie de marché ». La démocratie a en effet deux dimensions : elle est à la fois procédure et culture. La mondialisation favorise sans doute le développement d'une démocratie mondiale en tant que procédure : élections libres et alternance politique sont devenues le modèle politique de référence. Mais ce mode de gouvernement n'est qu'une dimension de la démocratie, une condition nécessaire mais pas suffisante, car une véritable culture démocratique se construit sur le « temps long » et ne peut se limiter aux procédures électorales. À cet égard, le « temps mondial » pense la démocratie comme un phénomène anhistorique, un « espace de services à la carte » mis à disposition de chaque individu. La mondialisation tend ainsi à réduire la démocratie à une revendication exigible immédiatement, qui délégitime l'idée de la démocratie comme construction collective d'une nation, lente, singulière et complexe.Globalisation and Democracy, by Zaki Laïdi Relations between globalisation and democracy are at the very least ambiguous, especially wnen they give rise to analyses that reduce the latter to a single "market democracy". In fact democracy has two dimensions: it is at once procedure and culture. Globalisation no doubt favours the development of world democracy as procedure: free elections and alternating governments have become the political point of reference. But this form of government is merely an outwards indication of democracy, a necessary, but not sufficient, condition, whereas a genuine democratie culture is built on a "long timeframe" and cannot be limited to electoral terms. In this respect, the "world timeframe" considers democracy to be a permanent phenomenon, a "table of offerings à la carte" to be set before eacn individual. Globalisation tends to reduce democracy to a demand to be fulfilled immediately, which delegitimises the notion of democracy as the slow, particular, complex and collective achievement of a nation.
- Gouvernance globale : origines d'une idée - Gilles Andréani p. 549-568
Repères
- Défenses antimissiles : l'analyse stratégique et l'intérêt européens - François Heisbourg p. 619-630 Les analyses américaines et européennes en matière de défense antimissile tendent a diverger fortement. Les Européens sont sceptiques quant à la réalité de la menace que feraient peser les rogue states sur le modèle actuel de dissuasion. Ils ne sont pas certains que les armes antimissiles constituent un complément nécessaire à la dissuasion, du fait quelles doteraient leurs détenteurs d'une mobilité stratégique accrue. Ils ne sont pas certains, non plus, que la défense antimissile américaine soit un facteur de découplage, ce qui n'en ferait même plus un élément central de leurs relations avec les Etats-Unis. Les Européens se posent également des questions sur les coûts d'opportunité de ce mode de défense, en particulier quant aux relations avec la Russie, à l'impact sur la stratégie chinoise et aux choix militaires et budgétaires qu'il implique. Des zones de convergence entre intérêts européens et américains existent pourtant en matière de défenses terminales et de satellites d'alerte. Il est à espérer que, sur tous ces sujets, l'Europe ait la volonté de faire valoir ses intérêts dans les discussions en cours avec son allié d'outre-Atlantique.Missile Defence Systems: Strategie Analysis and Interests in Europe, by François Heisbourg American and European analyses on the issue of missile defence tend to diverge considerably. Europeans are sceptical as to the credibility of the threat that the "rogue" states would impose on the present deterrence model. They are not convinced that antimissile weapons would add anything to deterrence, since they would bestow on their holders an increased strategie mobility. They are not convinced that American missile defence should be a 'decoupling' factor, which would then no longer be a central element of their relations with the United States. Europeans are asking questions as to the opportunity cost of this type of defence, particularly with regard to relations with Russia, the impact on Chinese strategy, and the military decisions and budgets concerned. Areas of common interest do exist in the areas of terminal phase Systems and early warning satellites. It is to be hoped that, in each of thèse subjects, Europe should have the will to make its interests known in the discussions underway with its transatlantic ally.
- La politique américaine de défense antimissile : la troisième fois sera-t-elle la bonne ? - James M. Lindsay, Christophe Jaquet p. 631-645 Pour la troisième fois depuis les années 1960, les Etats-Unis se font les avocats d'une défense antimissile destinée à mieux garantir leur sécurité. Si les projets Johnson et Reagan échouèrent faute d'une technologie suffisamment avancée, celui de George W. Bush pourrait bien, quant à lui, connaître des développements concrets. Encore faut-il que l'Administration précise la nature et la portée exacte de ce nouveau bouclier en répondant à deux questions-clefs : qui vise-t-il et qui protège-t-il ? Encore faut-il, en outre, que Washington soit capable de convaincre à la fois le Sénat (devenu démocrate) et les alliés européens et asiatiques du bien-fondé du projet. Car celui-ci ne pourra aboutir que si les États-Unis respectent quatre principes essentiels : joindre au projet de défense antimissile une stratégie élargie de non-prolifération ; étendre le bouclier aux alliés et aux amis de Washington contre les attaques des nouveaux détenteurs de l'arme nucléaire (et non contre Pékin ou Moscou) ; tester ces défenses avec le plus grand sérieux et ne les déployer que si leur efficacité est prouvée ; enfin, coopérer dès que possible avec la Russie.Is the Third Time the Charm? The American Politics of Missile Défense, by James Lindsay President George W. Bush's push to develop defenses against long-range missiles has met a cool reception abroad. But whether he succeeds in his pursuit of an anti-missile shield will d'pend ultimately on whether he can maintain support for his missile defense plans at home. Congressional Democrats can hope to exploit public concerns that defenses are too costly, work poorly, and needlessly aggravate international tensions.
- Prévention des conflits, gestion des crises : une contribution européenne - Chris Patten p. 647-657 Face aux « zones d'ombre » de la mondialisation, la prévention des conflits et la gestion des crises sont au cœur des relations internationales. Dans ce domaine, l'Union européenne doit jouer un rôle privilégié. D'abord, parce que la construction européenne est un modèle de pacification et de stabilisation : en s'élargissant à l'Est et en promouvant les efforts d'intégration dans d'autres régions (Mercosur), elle montre que la paix passe par des solidarités de fait, notamment économiques. L'Union a aussi développé de nombreux instruments au service de la prévention des conflits : politique de développement, actions de sortie de crise (construction d'écoles, de chemins de fer, d'infrastructures sanitaires). Récemment, l'Union a décidé de privilégier une approche intégrée de la prévention des conflits, afin de favoriser la stabilité dans tous ses aspects : démocratique, économique, sociale, etc. ; l'action en Colombie illustre cette volonté. Enfin, l'Union souhaite intervenir plus activement dans la gestion civile des crises : un mécanisme de réaction rapide a été créé en février dernier, et une cellule de crise mise en place cet été. Le succès de cette politique dépendra largement de la solidarité au sein de l'Union et d'une « division du travail » pertinente avec les autres organisations internationales.Conflict Prevention, Crisis Management: a European Contribution, by Chris Patten In comparison to the "shadows zones" of globalisation, conflict prevention and crisis management are at the heart of international relations. The European Union must play a part in this important area. Firstly, because the European construction is a model of pacification and stabilisation: by expanding to the East and by promoting integration efforts in other regions (Mercosur), it shows that peace can result from de facto, especially economie, solidarities. The Union has also developed a number of tools for use in conflict prevention : development policy, initiatives in the aftermath of conflicts (construction of schools, railways, sanitary infrastructure). Recently, the Union decided to give priority to an integrated approach to conflict prevention so as to favour stability in all its aspects: democratie, economie, social etc.: the initiative in Colombia is an illustration of this desire. Finally, the Union wishes to intervene more actively in the civil management of crises: a rapid reaction process was created last February and a crisis committee was put in place this summer. The success of this policy dépends to a large extent on solidarity within the Union and a relevant "sharing of tasks" with other international organisations.
- Dynamiques régionales au Proche et au Moyen Orient et limites des influences extérieures - Volker Perthes, Marie-Claude de Saint-Hilaire p. 659-672 Au-delà de l'actualité tumultueuse des relations israélo-palestiniennes depuis l'échec du processus de paix et la reprise de l'intifada en octobre 2000, les changements politiques intervenus récemment au Proche et au Moyen-Orient sont d'une importance majeure pour l'avenir de cette région. Qu'il s'agisse de la création de l'Autorité palestinienne, du renouvellement des élites politiques arabes, de la guerre du Golfe ou des accords d'Oslo, les années 1990 ont vu l'émergence d'un véritable « système régional d'Etats », liés davantage par les questions de sécurité et la perception des risques que par la seule proximité géographique. Dans ce cadre, l'influence des puissances extérieures, en particulier les États-Unis et l'Europe, trouve rapidement ses limites, dès lors qu'elle ne tient pas compte des intérêts jugés vitaux par les acteurs régionaux.Regional Dynamics in the Near and Middle-East and the Limits of Foreign Influence, by Volker Perthes Aside from the troubled state at présent of Israeli-Palestinian relations since the setbacks in the peace process and the resumption of the intifada in October 2000, récent political developments in the Near and Middle East are of major importance for the region's future. Whether it be the creation of the Palestinian Authority, the succession of new Arab political elites, the Gulf War or the Oslo Agreement, the 1990s have seen the emergence of a veritable "regional System of states", bound together as much by security questions and perceptions of risk as by geographical proximity alone. In this context, the influence of foreign powers, in particular, the United States and Europe, reaches its limits very quickly when it does not take into account the interests that are considered vital by the regional players.
- La politique danoise de sécurité : activisme international et ambiguïté européenne - Sten Rynning, Christophe Jaquet p. 673-686 Depuis la fin de la guerre froide, le Danemark joue un rôle de plus en plus actif en matière de défense et de sécurité, en participant à la gestion internationale des conflits, en promouvant les intérêts des pays baltes et en soutenant l'OTAN et l'ONU. Une large majorité politique a apporté son soutien à cette nouvelle orientation qui trouve son fondement dans les valeurs de l'Etat providence danois. Pourtant, Copenhague reste en marge de la politique européenne d'intégration en matière de défense, restant favorable à une coopération traditionnelle entre Etats souverains. Mais les dérogations dont elle bénéficie vont peut-être la contraindre à renoncer à une partie de son leadership dans ce domaine. À terme, une réforme politique semble inévitable afin de reconsidérer le sens de son engagement dans l'Union européenne : car celui-ci pourrait bien être, demain, le meilleur moyen à la fois de répondre à des menaces concrètes, de soutenir le rôle des Nations unies sur la scène internationale et de capitaliser les investissements conséquents faits par le Danemark dans les années 1990 en matière de sécurité.Danish Security Policy : International Activism and European Ambiguity, by Sten Rynning Danish security policy has become activist and militarized in the post-Cold War era. Denmark has singled out the UN and Nato as pillars of a new order which is compatible with its 'liberal peasant values'. However, tensions have arisen from divergences between these values and European integration and as a consequence Denmark has opted out of the rapidly developing defense dimension of the EU. The ambiguities of Danish security policy give rise to distinct problems for European countries wishing to coordinate their policies on US missile defense and Baltic stability. A new Danish debate on security and defense policy is unfolding and may represent an opportunity for Denmark and its European partners to shape new responses to common problems.
- Défenses antimissiles : l'analyse stratégique et l'intérêt européens - François Heisbourg p. 619-630
Libre propos
- Un projet mort-né : la Confédération européenne - Roland Dumas p. 687-703 Quand François Mitterrand lance son projet de Confédération européenne, le 31 décembre 1989, au lendemain de la chute du mur de Berlin, le Vieux continent voit se déliter les structures édifiées par cinquante années de guerre froide : l'Allemagne est à la veille de la réunification, ce qui ne peut manquer de faire pencher l'Europe vers l'Est ; l'Union soviétique assiste impuissante aux progrès de la révolution de velours dans ses futurs ex-satellites ; et les États-Unis de George Bush prennent déjà des dispositions pour affirmer le leadership américain sur l'évolution de l'Europe. Dans ce contexte, le projet du président français a pour ambition, bien avant que soit envisagé l'élargissement de la Communauté européenne — pas encore baptisée Union — à l'Est, d'offrir aux pays de l'Europe orientale, sans en exclure l'URSS, un cadre de coopération politique proprement européen, c'est-à-dire sans les Etats-Unis. C'est, bien évidemment, sur ce choix de Moscou contre Washington que la Confédération européenne échouera avant même de naître, le 13 juin 1991, aux Assises de Prague — victime, peut-être, de sa trop grande précocité.A Still-Born Project: the European Confederation, by Roland Dumas When François Mitterand launched his European Confederation project on 31 December 1989 immediately following the fall of the Berlin Wall, the Old Continent was witnessing the crumbling of structures which had been built up by fifty years of Cold War: Germany was on the eve of reunification, which could not help but turn Europe towards the East; the Soviet Union stood by helpless as a velvet revolution progressed through its soon to be exsatellites; and the United States under George Bush was already taking measures to affirm American leadership in Europe's évolution. In this context, the French President's project aimed, well before the perspective of an east-ward expansion of the European Community - not yet dubbed 'Union' - to offer to the countries of eastern Europe, without excluding the USSR, a specifically European framework of political cooperation - that is to say, without the United States. It was of course the choice of Moscow over Washington that would cause the miscarriage of the European Confederation project, on 13 June 1991 at the Prague Conference, before it had even a chance to be delivered — a victim, perhaps, of its prematurity.
- Un projet mort-né : la Confédération européenne - Roland Dumas p. 687-703
Passé-présent
- selon Ivan Bloch - Thérèse Delpech p. 705-712
Lectures
- Robert H. Bates. Prosperity and Violence. The Political Economy of Development - Guy Hermet p. 713-715
- Theodore Caplow et Pascal Vennesson. Sociologie militaire. Armée, guerre et paix - François Gresle p. 716-717
- Charles-Philippe David. La guerre et la paix. Approches contemporaines de la sécurité et de la stratégie - Jean-Jacques Roche p. 717-719
- Michael Ignatieff. L'honneur du guerrier. Guerre ethnique et conscience moderne - Benjamin Bloch p. 719-720
- Jack Snyder. From Voting to Violence. Democratization and Nationalist Conflict - Yves Gounin p. 720-721
- Herbert P. Bix. Hirohito and the Making of Modern Japan - Alain Vernay p. 721-723
- Jiang Zemin et Zhu Rongji. Chine : la réforme autoritaire - Isabelle Cordonnier p. 724
- Mohammad Reza Djalili et Thierry Kellner. Géopolitique de la nouvelle Asie centrale - Gilbert Etienne p. 724-725
- Philippe Delalande. Le Vietnam face à l'avenir - Gilles Guiheux p. 725
- Sylvain Tesson et Priscilla Morcrette-Telmon. La Chevauchée des steppes. 3000 km à cheval à travers l'Asie centrale - Viviane du Castel p. 726
- Jackie Assayag. L'Inde : désir de nation - Isabelle Cordonnier p. 726-727
- Frédéric Grare and Amitabh Mattoo (éd.). India and Asean. The Politics of India's Look East Policy - Gilbert Etienne p. 727
- Philippe Moreau Defarges. Les institutions européennes - Virginie Geeraert p. 728
- Alain Deschamps. Somalie 1993. Première offensive humanitaire - Yves Gounin p. 729-730
- Guy Hermet. Les populismes dans le monde. Une histoire sociologique. XIXe-XXe siècle - Louis Arénilla p. 730-731
- Dominique Trimbur. De la Shoah à la réconciliation ? La question des relations RFA-Israël (1949-1956) - Walter Schütze p. 731-732
- Thomas Lindemann. Les doctrines darwiniennes et la guerre de 1914 - Walter Schütze p. 732-733
- Les auteurs - p. 735-737
- Abstracts - p. 739-743