Contenu du sommaire
Revue | Politique étrangère |
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Numéro | vol. 67, no 1, 2002 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- A chacun sa vérité - Dominique Moïsi p. 5-7
Actualité
- 11 septembre : une vision russe - Vladimir Baranovsky, Svetlana Lomidze p. 9-20 Les attentats du 11 septembre à New York et Washington vont se traduire, vus de Moscou, par une évolution significative de la politique étrangère des Etats-Unis, par une redéfinition des relations internationales et par le renouveau de la position de la Russie. Les Etats-Unis pourraient ainsi réagir de deux façons : en durcissant des tendances unilatéralistes déjà à l'œuvre ou, au contraire, en s'ouvrant davantage à de nouvelles formes de coopération internationale dans le cadre, et même au-delà, de la lutte antiterroriste. La même incertitude existe en matière de relations internationales : les événements du 11 septembre pourraient soit renforcer la coopération existant dans de nombreux domaines, y compris économiques, soit favoriser les forces productrices de chaos. La Russie, enfin, en s'associant à la coalition antiterroriste, a changé sa position sur la scène internationale : tout en se rapprochant de l'Occident, elle a rappelé quelle entendait jouer un rôle de premier plan vis-à-vis du monde musulman, notamment en Asie centrale.September 11: A Russian Vision, by Vladimir Baranovsky The September 11 attacks on New York and Washington will lead, from Moscow's point of view, to a significant change in the foreign policy of the US, to a redefinition of international relations, and to the positive reassessment of Russia's place in the world. The US could react in two ways: by hardening its existing hard-line unilateralist tendencies, or, on the contrary, by being more open to different forms of international cooperation in the context, and beyond, of the antiterrorist campaign. The same uncertainty exists in international relations: the September 11 attacks could either reinforce existing cooperation in a variety of areas, including economie ones, or assist the forces of chaos. Russia, by joining the antiterrorist coalition, has transformed its position on the international scene: at the same time that it moved closer to the West, it emphasised that it intended to play a major rôle in relation to the Muslim world, particularly in Central Asia.
- Les usages du savoir et de la violence : quelques réflexions autour du 11 septembre - Malika Zeghal p. 21-38 Les attentats du 11 septembre sont liés à la fois à la fin de la guerre froide et à la déconnection des mouvements islamistes radicaux de leurs bases nationales. L'islamisme radical a construit une image de l'ennemi fixée sur l'Occident, et en particulier sur les Etats-Unis. En 1996, le procès du cheick Omar Abd-al-Rahman témoigne à la perfection de cette hostilité, ainsi que du changement de la politique américaine vis-a-vis de l'islam sunnite radical à partir du début des années 1990. Certes, le discours radical qui légitime l'usage de la violence ne représente qu'un courant minoritaire parmi le large éventail des mouvements islamistes. Il repose néanmoins sur une interprétation de l'islam qui trouve son origine dans une lecture littérale des textes sacrés, produite par de nombreux oulémas salafistes et donnant forme à une vision commune et répandue de l'islam qui refuse toujours de procéder à une lecture critique des textes religieux.Uses of Knowledge and Violence: Some Reflections on September 11, by Malika Zeghal The attacks of September 11 are related to the end of the Cold War and to the disconnection of radical extremist Islamist movements from their national bases. This brand of Islamism has built the image of its enemy as being the West, and more particularly the US. Cheikh Omar Abd al-Rehman's trial in the US in 1996 epitomises this hostility, as well as the shift in the US' policy towards radical Sunni Islam after the end of the Cold War. Radical Islamist discourse that legitimises the use of violence represents only a minor part of the large gamut of Islamist movements. Nonetheless, it relies on an interpretation of Islam that cornes from a literal reading of the sacred texts. Even if it excludes the use of violence most of the time, it is found in many Salafi Ulémas' interpretations of the revelation and it gives shape to a commonly used vision of religion that refuses a critical reading of the religious texts.
- 11 septembre : une vision russe - Vladimir Baranovsky, Svetlana Lomidze p. 9-20
Japon : la réforme est-elle possible ?
- " - Masato Kitera p. 39-49 Investi par le parlement au poste de Premier ministre en avril 2001, Junichiro Koizumi à quelque peu changé la donne politique au Japon. Candidat atypique la fois en raison de son parcours et de son style, Koizumi est un chef de gouvernement d'un genre nouveau dans l'archipel. Tirant parti de la profonde volonté de changement de la population, il hésite pas à court-circuiter les relais traditionnels d'opinion pour communiquer de façon directe avec ses concitoyens. Animé par une volonté de réformes structurelles qui doivent permettre au Japon de sortir de la crise, il a fait preuve jusqu'à présent d'audace et de détermination tant sur le plan intérieur que dans le domaine de la politique étrangère. Mais au-delà de l'état de grâce dont il a bénéficié plus de dix mois après son investiture, il demeure que le nouveau Premier ministre sera finalement jugé sur les résultats, encore incertains, des réformes engagées.Japan: Yes, Reform is Possible!, by Masato Kitera As an introduction to a series of articles on various facets of Japan, this article describes who governs the country, the modalities of work, administrative reforms under consideration, and the expectations of the Japanese people. Backed by popular support, the Koizumi government pursues its own agenda. After its astute diplomatie handling in the period following the September 11 attacks, the Koizumi government may attempt to pass a law entitled "the fundamental law on the security of Japan". A State programme, "Koizumi's vision", will be elaborated, with the participation of the population, through internet. The new Prime Minister is bringing profound change to Japanese political life, but he will have to deal with people who react in real time.
- Après le bouleversement politique : ruptures et continuités de la vie politique japonaise - Shuichi Wada, Benjamin Bloch p. 51-65 L'élection de Junichiro Koizumi à la présidence du Parti libéral-démocrate (PLD), en avril 2001, puis sa nomination au poste de Premier ministre témoignent d'un changement profond de la vie politique japonaise. C'est la première fois, en effet, qu'un candidat ne représentant officiellement aucune faction accède aux plus hautes responsabilités du pays. Koizumi doit en réalité son élection à l'appui sans précédent de la base du PLD, qui correspond au vaste soutien dont il bénéficie dans l'électorat et dans les médias. Au-delà du changement de style imprimé à la vie politique de l'archipel, les réformes envisagées par le nouveau gouvernement pourraient d'ailleurs entraîner d'autres transformations, en sapant les fondements mêmes de la structure traditionnelle du PLD, dont la plupart des leaders traditionnels entendent bien résister. Mais si la popularité de Koizumi venait à décliner, et si les réformes attendues par le pays ne se concrétisaient pas ou ne tenaient pas leurs promesses, la politique des factions pourrait reprendre de la vigueur.After the Political Upheaval: Stops, Starts and Continuity in Japanese Political Life, by Shuichi Wada Junihiro Koizumi's election as leader of the Liberal-Democratic Party in April 2001 and then his appointment as Prime Minister amount to a significant change in the Japanese political scene. It is the first time, in effect, that a candidate who does not officially represent a political faction has been promoted to the most important job in the country. Koizumi owes his appointment to the unprecedented support of the Liberal-Democrats, which corresponds in turn to the great support he enjoys from the electorate and the media. Beyond the change in political style that will be bequeathed to the archipelago, the planned reforms of the new government could lead to other reforms, by undermining the very foundations of the traditional structure of the Liberal-Democratic party - which the old hands intend to oppose, natu-rally. But if Koizumi's popularity were to decline, and the reforms awaited by the country did not eventuate or have the desired effect, then the politics of factions could once again take hold.
- Japon : la décennie perdue - Sahoko Kaji, Christophe Jaquet p. 67-90 En dix ans, à partir du début des années 1990, le Japon passe du rang de modèle économique universellement admiré à celui de plus mauvais élève du G7. Les signes de la crise sont nombreux : croissance négative du PIB, chômage en hausse, faillite des institutions financières, surendettement. Jusqu'en 2001, les gouvernements successifs se sont contentés de gérer la crise à court terme, sans s'attaquer aux problèmes de fond. Mais le Premier ministre Junichiro Koizumi multiplie depuis son élection les réformes structurelles : refonte du système d'intermédiation financière, politique de privatisation et de déréglementation, modernisation de la fiscalité, apurement des créances douteuses, renforcement du système d'assurances sociales, promotion de l'effort individuel. L'objectif est de faire du Japon un pays plus ouvert sur l'extérieur et mieux inséré dans la concurrence mondiale. Mais le Japon ne pourra entreprendre cette mue, comparable à celle de l'ère Meiji, que si l'opinion continue de soutenir les réformateurs, acceptant des évolutions douloureuses en vue d'un avenir meilleur.Japan: the Lost Decade, by Sahoko Kaji In just 10 years, from the beginning of the 1990s, Japan moved from being a universally admired economie model to emerge as the problem child of the G7. There are many indicators of crisis: negative growth in GDP, rising unemployment, bankruptcy of financial institutions and excessive public borrowing. Up to 2001 successive governments preferred to manage the crisis with short term measures without addressing the core issues. But the new Prime Minister, Junichiro Koizumi, has, since his élection, piled on the structural reforms: recasting the financial intermediation System, privatisation and dereglementation, modernising the taxation system, resolution of the doubtful debts issue, reinforcing the social security system, and emphasising the role of the individual. The objective is to turn Japan into a country more open to the rest of the world, and more competitive with other countries. But Japan can only undertake this metamorphosis, which would be comparable with the Meiji era, if public opinion stays on Koizumi and the reformers' side accepting painful decisions in exchange for a better future.
- Les nouvelles orientations stratégiques du Japon : changement de style ou changement d'époque ? - Marianne Péron-Doise p. 91-101 Les attentats du 11 septembre marquent incontestablement un tournant dans la politique de défense et de sécurité du Japon. Avec le vote de la loi antiterroriste en octobre 2001, l'archipel s'est donné les moyens de participer, avec ses Forces d'autodéfense, à des opérations militaires aux côtés des Américains. Et la modernisation de la législation sur les opérations de maintien de la paix, qui devrait intervenir au printemps, doit renforcer le droit de légitime défense de ces mêmes forces. Le volontarisme du Premier ministre Junichiro Koizumi dans le domaine diplomatico-militaire s'inscrit dans une trajectoire stratégique cohérente avec les évolutions de la posture de défense et de l'outil militaire nippons des dix dernières années. A terme, c'est bien l'ensemble des relations du Japon avec ses différents partenaires qui pourrait être redéfini, de alliance de sécurité avec les Etats-Unis au voisinage avec la Chine et les deux Corée.The New Strategie Orientations in Japan: Change of Style or New Era?, by Marianne Péron-Doise The September 11 attacks obviously mark a turning point in the défense and security Japanese policy. By adopting in October 2001 the «antiterrorist law,» Japan «Auto-Defense forces» can now participate to military operations along with the US. An the soon-expected modernised legislation about Peace-Keeping Operations should reinforce the self-defense rights of these special forces. Prime minister Koizumi's diplomatie and military voluntarism has been very consistent indeed with the evolutions of the defense posture and military instruments that have been observed in Japan for the past 10 years. On the long run, it could very well be that the whole spectre of Japanese foreign policy be redesigned; a redesign that would touch the security alliance with the US as well as Japan relations with China or the two Coreas.
- " - Masato Kitera p. 39-49
Repères
- L'Iran des réformes : la société face au pouvoir - Delphine Minoui p. 103-114 Avec la réélection de Mohammad Khatami à la tête de l'Etat, en juin 2001, la République islamique d'Iran semble de plus en plus tiraillée entre deux camps : celui des réformateurs et celui des conservateurs. Les premiers bénéficient du soutien d'une majorité de la population : ils ont remporté les élections présidentielles de 1997, les élections municipales de 1999, les législatives de 2000 et les présidentielles de 2001. Leur chef de file, le président Khatami, a cherché à donner un ton nouveau au régime et prône l'ouverture sur le plan intérieur autant qu'extérieur. Mais les conservateurs, rassemblés autour de l'ayatollah Ali Khamenei, qui reste le numéro un du régime, contrôlent toujours la police, la justice et l'armée, ainsi que la plupart des médias. Ils disposent du soutien d'institutions aussi influentes que le Conseil des gardiens, chargé de veiller à la conformité des lois avec l'islam. Les blocages qu'ils imposent au quotidien remettent régulièrement en cause le processus de démocratisation timidement amorcé. Au-delà de la lutte qui les oppose, réformateurs et conservateurs devront cependant tenir compte d'une troisième force : celle d'une société civile de plus en plus active et dont l'impatience croissante menace d'ébranler un régime en pleine crise de crédibilité.Reforms in Iran: When Society Faces the State, by Delphine Minoui If there is a country that will profit from the Afghan crisis, it is Iran. Rid of a troublesome neighbour, which portrayed the image of a radical Islam, Iran is celebrating the return of stability to Kabul. Twenty-three years after the revolution that ended the Shah's regime, the Islamic Republic of Iran is developing its relations with the West, and hopes to represent the face of moderate Islam. The reforming president Khatami, who was re-elected last August, finds himself once again confronting the obstacles that have been put in place by the conservative clergy in recent years. The followers of the supreme spiritual leader, Ayatollah Ali Khamenei, who remains the dominating force in the regime, still control the police, the army and the judiciary. But how can they keep control of a society that is becoming more and more active, 50% of which is under the age of 20 and which rejects the uneasy combination of religion and politics? This is the principle problem that those in power are trying to face. Today in Iranian society, three large groups represent real forces that favour a transition to democracy: intellectuals, women and youth.
- La radicalisation de l'islam : un facteur de déstabilisation en Asie du Sud-Est ? - Nathalie Hoffmann p. 115-133 Depuis 1998, l'Asie du Sud-Est est marquée par le radicalisme d'un nombre croissant de groupes musulmans. Certes, l'histoire et la situation de l'islam sont très différentes selon chaque pays de cette partie du globe. Religion officielle en Malaisie, échappant de plus en plus à tout contrôle du pouvoir en Indonésie, minoritaire en Birmanie, en Thaïlande, à Singapour et aux Philippines, l'islam se radicalise à partir des années 1980 dans l'ensemble de la région, soit pour lutter contre la répression dont il fait parfois l'objet quand il est minoritaire, soit en écho à la revitalisation de l'islam politique qui se fait jour dans l'ensemble des pays musulmans du Maghreb, du Moyen-Orient et de l'Asie centrale. Face à cette évolution, les différents gouvernements n 'ont pas attendu les attentats du 11 septembre pour coopérer dans le domaine de la lutte antiterroriste, même si celle-ci ne peut entièrement s'appuyer sur la définition binaire qu'en donne l'Administration américaine, sauf à courir le risque de s'aliéner une part importante des populations et d'amplifier les crises internes déjà existantes.Radicalisation of Islam: A Destabilising Factor in Southeast Asia?, by Nathalie Hoffmann The increase in the number of incidents or terrorist actions instigated by Muslim groups in Southeast Asia in recent years results from two distinct phenomena. Muslim groups have developed not only in a specifie domestic context but also in a regional context. A transformation occurred which was not merely the consequence of events in Southeast Asia but also the effect of struggles that were taking place in other Muslim countries far from these homelands. This has led to the acculturation of some of their members, a change in their duties and a rising danger for the States of Southeast Asia.
- La révolution de l'information arabe aura-t-elle lieu ? - Yves Gonzalez-Quijano p. 135-148 Le monde arabe est marqué par un essor spectaculaire des nouvelles technologies d'information et de communication (NTIC), même s'il reste encore loin des pays occidentaux, mais aussi des pays d'Asie ou d'Amérique latine. Néanmoins, le retard qu'il accuse peut être relativisé, et cela pour plusieurs raisons : le monde arabe constitue aujourd'hui une zone où les dépenses relatives aux NTIC augmentent h. un rythme deux fois plus rapide que partout ailleurs ; en outre, les évolutions récentes témoignent d'une réelle démocratisation de l'usage d'internet, qui touche des fractions de plus en plus larges des populations ; enfin, les Etats eux-mêmes ont pris conscience de l'importance des enjeux et promeuvent des politiques publiques de développement des NTIC. Reste à savoir quel sera l'impact social et politique de ces techniques dans des pays où les sociétés civiles se cherchent de nouveaux moyens d'expression.Arab Countries and the Information Révolution, by Yves Gonzalez-Quijano As recently as almost 10 years ago, new information technology, especially the internet, was almost invisible in the Arab world. Today, with spending on this technology in the Middle East running at twice the world average, in spite of the E-economy crisis and with an obviously increasing awareness by more than one Arab State of the économie and strategie potential involved, there are many reasons to think that the internet is about to reach the layman in the Arab world. Corning after the rapid spread of satellite television since the 1990s and other «mid-technology» new media well before, such a break with ordinary patterns of mass-communication in the Arab world could lead to a definitive information revolution. Unquestionably, however, the social and political consequences, especially among the public, remain largely unpredictable.
- ou la continuité de la politique étrangère américaine au Moyen Orient - Kenneth W. Stein, Benjamin Bloch p. 149-171 A son arrivée au pouvoir, l'Administration Bush ne se situait pas dans la continuité des efforts menés par Bill Clinton en matière de règlement des conflits au Moyen-Orient : la priorité accordée à la politique intérieure laissait ainsi percevoir un certain attentisme sur ce point. A la veille du 11 septembre 2001, la doctrine de politique étrangère dite de l'« engagement sélectif», reposant principalement sur la seule défense de l'intérêt national, des intérêts économiques et des libertés démocratiques, semblait perdurer malgré la valse des Administrations, question israélo-palestinienne mise a part. Mais les facéties de l'histoire et la nécessité, soudainement apparue comme une priorité nationale, d'éradiquer le terrorisme ont propulsé les Etats-Unis sur le devant de la scène internationale, impliquant leur intervention militaire en Afghanistan et mobilisant l'ensemble de la communauté internationale en une coalition qui donne à leur politique un air de « multilatéralisme à la carte ». Au-delà de ce premier objectif cette intervention semble remettre au goût du jour la question du rétablissement de la paix au Moyen-Orient et rouvre d'anciennes perspectives quant au rôle décisif que les Etats-Unis pourraient y tenir, seuls ou de façon multilatérale.The Bush Doctrine is Selective Engagement: Continuity in American Foreign Policy toward the Middle East, by Kenneth W. Stein What is the Bush doctrine and how does it fit in American foreign policy? The thesis of this article is that the Bush doctrine is part of a broader bipartisan American foreign policy that has emerged since the end of the Cold War. Defined as «sélective engagement», four criteria are offered for how the US has defined its willingness to be physically involved abroad: is it in the national interest? Can a coalition be formed to share burdens? What will it cost in terms of men and money? Will the region be better off after engagement? Five reasons are offered why the Bush administration had little if any interest in engaging in foreign affairs issues in general and the Middle East in particular. Despite all signs to the contrary, the new administration, while battling terrorism and witnessing an unprecedented but unsuccessful effort by the Clinton administration to weave together an Israeli-Palestinian agreement, publicly advocated a Palestinian State alongside Israel and put in place the Mitchell/Tenet/Zinni framework to rejuvenate Arab-Israeli negotiations.
- Un septennat de politique asiatique : quel bilan pour la France ? - René Dorient p. 173-188 Depuis 1993, et davantage encore depuis 1995 et l'élection de facques Chirac à la présidence de la République, l'Asie est officiellement au cœur des préoccupations françaises en matière de politique étrangère : il s'agit d'accroître les parts de marché de la France dans les pays émergents, d'instaurer les bases d'un vrai dialogue et d'affirmer l'existence d'un monde multipolaire en donnant un rôle diplomatique et politique à l'Europe, et à la France au sein de celle-ci. Mais, malgré ce volontarisme et les démarches entreprises (ASEM, regain des visites officielles, partenariats globaux...), la « méthode française » semble maintenir l'Asie en tant qu'enjeu de second ordre : malgré une forte implication du chef de l'Etat, malgré le renforcement indéniable du dialogue politique avec les principaux pays d'Asie ou l'augmentation des investissements directs, les résultats et les efforts effectués restent cloisonnés et nuancés. Le premier pas a été fait, car le dialogue est institué. Mais, entravé par la difficile question des droits de l'homme, il comporte encore d'importantes zones d'ombre.Seven Years of an Asian Policy under Chirac: What Benefits for France?, by René Dorient Since 1993, and reinforced since Jacques Chirac's élection as président of the Republic in 1995, Asia has moved officially to the centre of French foreign policy concerns. This consists of bringing about democratie models of development, instigating the bases of a genuine dialogue, and affirming the existence of a multipolar world by giving a diplomatie and political role to Europe, with France at its heart. But in spite of this voluntarism and the measures that have been initiated (ASEM, resurgence of official visits, global partnerships...), the "French way" still seems to consider Asia as a secondary issue. Except for traditional sectors such as arms sales and nuclear power, which are ever-important, and also for the recent French role in crisis management and the increase in direct investment, the results of France's policy remain ambiguous. The first step has been taken; for dialogue exists. But, hindered by the difficult issue of human rights, there are still many grey areas.
- Espace militaire : les débats aux Etats-Unis, les avancées en Europe - Laurence Nardon p. 189-198 Longtemps méconnu, l'espace s'affirme aujourd'hui comme un enjeu majeur des politiques de défense et de sécurité, en particulier aux Etats-Unis. Avec George W. Bush, les projets de militarisation de l'espace pourraient faire leur retour outre-Atlantique, et le rapport Rumsfeld, qui vise à l'hégémonie américaine dans ce domaine, fait l'objet de nombreux débats. Jusqu'à présent, les orientations budgétaires pour 2002 et 2003 ne montrent pas d'augmentation notable des budgets consacrés aux armes antisatellites, la lutte antiterroriste et la défense antimissile ne laissant guère de marge. Mais, le jour venu, si les technologies étaient prêtes et les budgets débloqués, un déploiement conséquent pourrait avoir lieu. De son côté, l'Union européenne porte son effort sur le développement de systèmes qui lui semblent nécessaires et, si possible, économiquement viables : les lanceurs et les applications satellitaires. Et le sommet d'Edimbourg de novembre 2001 a marqué quelques avancées pour l'espace militaire européen.The Military in Space: Debates in the US, Progress in Europe, by Laurence Nardon Misunderstood over a long period, space is becoming a major stake in defence and security policy, especially in the US. With George W. Bush, the projects that aim toward the militarisation of space could re-emerge in the US. The Rumsfeld report, which intends to affirm the US' hegemony in this domain, is the subject of many debates. Up to now, the budgetary outlook for 2002 and 2003 does not indicate a marked increase in monies available to antisatellite weapons: the campaign against terrorism and the project for missile defence leave little room for manoeuvre. But, come the day, if the technology were ready and the money to be found, then a significant deployment could take place. For its part, the European Union is concentrating its efforts on the development of systems that seem necessary and, if possible economically viable. The Edinburgh summit of November 2001 indicated some progress among European military in the field of space.
- L'Iran des réformes : la société face au pouvoir - Delphine Minoui p. 103-114
Libre propos
- OGM et faim dans le monde : pour une charte des aliments essentiels - Sylvie Brunel p. 199-212 La faim et la malnutrition touchent 800 millions de personnes dans le monde. Face à ce fléau, les organismes génétiquement modifiés (OGM) sont souvent présentés comme la panacée. Ils sont d'ailleurs omniprésents dans l'aide alimentaire, en particulier américaine, aux pays en développement, comme l'attestent à la fois la croissance notable des superficies cultivées en OGM et les taux de présence d'OGM dans les céréales fournies au Tiers monde. Mais la malnutrition est due d'abord à une mauvaise répartition de la production, et non à l'insuffisance des quantités produites. Les biotechnologies et les OGM sont donc loin d'être indispensables pour lutter contre ce fléau ; en revanche, ils pourraient offrir, à certaines conditions, des perspectives intéressantes pour renforcer la petite agriculture familiale, qui est la base de nombre de sociétés des pays du Sud. Il serait donc grand temps de mettre en œuvre, au niveau global, une « Charte des aliments essentiels », afin d'assurer la sécurité alimentaire de l'ensemble de la population mondiale.Are GMOs the Solution to Starvation?, by Sylvie Brunel Genetically modified plants are becoming more common in world agriculture, including in developing countries. Do they provide a solution to world hunger, as claimed by major agribusiness corporations in the US? GM foods should neither be blindly rejected nor acclaimed as the miracle solution. For developing countries to benefit from their potential, genetically modified organisms (GMOs) must be strictly monitored and regulated. The international community should consider adopting a 'Charter for Essential Food' which would promote genuinely sustainable agriculture that would serve the interests of the first victims of hunger: small farmers in poor countries.
- OGM et faim dans le monde : pour une charte des aliments essentiels - Sylvie Brunel p. 199-212
Passé-présent
- Est-il raisonnable de vendre les instruments de sa puissance ? - Bernard Cazes p. 213-219
Lectures
- Jean de la Guérivière. Les fous d'Afrique. Histoire d'une passion française - Yves Gounin p. 221-222
- Marc-Antoine Pérouse de Montclos. L'aide humanitaire : aide à la guerre ? - Yves Gounin p. 222-223
- Jonathan Spence. Mao Zedong - Yves Gounin p. 223-224
- Philippe Richer. Le Cambodge. Une tragédie de notre temps - Yves Gounin p. 224-225
- James MacGregor Burns et Susan Dunn. The Three Roosevelt. The Leaders who Transformed America - Denise Artaud p. 225-227
- John Whiteclay Chambers. The Oxford Companion to American Military History - Frédéric Guelton p. 227-228
- Patrice Buffotot (dir.). La défense en Europe. Nouvelles réalités, nouvelles ambitions - Walter Schütze p. 228-229
- Pierre Jardin et Adolf Kimmel (éd.). Les relations franco-allemandes depuis 1963 - Walter Schütze p. 229-230
- Ernest R. May. Strange Victory. Hitler's Conquest of France - Gérard Fassy p. 230-231
- Henri de Bresson. La nouvelle Allemagne - Yves Gounin p. 231-232
- Mohammad Reza-Djalili. Iran, l'illusion réformiste - Gilbert Etienne p. 232-233
- Ahmed Rashid. L'ombre des talibans - Isabelle Cordonnier p. 233-234
- , Vingtième siècle - Louis Arénilla p. 234-235
- Les auteurs - p. 237-240
- Abstracts - p. 241-245