Contenu du sommaire : Guerre et opinion publique
Revue | Inflexions |
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Numéro | no 14, 2010/2 |
Titre du numéro | Guerre et opinion publique |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial. Omniprésente et indéfinissable : l'« opinion publique » - Samy Cohen p. 7-13
Dossier
- Le soldat et l'air du temps : leçons yougoslaves ? - Jean-René Bachelet p. 15-29 Délégataire du corps social pour faire usage, si nécessaire, de la force des armes qui lui sont confiées, le soldat ne peut se soustraire à l'« air du temps ». Lors de la guerre en Yougoslavie, dans les années 1990, celui-ci va se montrer particulièrement délétère pour lui et son action, et ce dans deux registres : le mythe du « soldat de la paix » et une vision manichéenne du conflit qui opposerait les « méchants » Serbes aux « bons » Bosniaques.As society's proxy for making use, if necessary, of the force of arms entrusted to him, the soldier cannot shield himself from the “spirit of the times”. During the war in Yugoslavia, in the 1990s, this would prove to be particularly damaging for him and his action on two levels: the myth of the ‘soldier of peace'and a Manichean view of the conflict that opposed “wicked” Serbs to ”good” Bosnians.
- État d'armes - François Lecointre p. 31-35 À l'origine, la simple notion d'opinion est étrangère au monde des armées. Longtemps, en effet, les soldats ont été considérés comme devant réfléchir le moins possible. Mais au fil du temps, l'art de la tactique devenant plus élaboré, l'individu a pris une importance nouvelle. À tel point que la hiérarchie militaire admet aujourd'hui que l'une de ses principales responsabilités dans les opérations extérieures est la définition du sens, la justification de la légitimité de l'engagement. Le chef entre alors en concurrence avec une « opinion publique » qui exerce son imperium sur tous les esprits.Originally, the simple concept of opinion was foreign to the armed forces world. In fact, for a long time, it was thought that soldiers should think as little as possible. But over time, as the tactical arts became more elaborate, the individual took on a new importance. To such an extent that the military hierarchy now admits that one its main responsibilities in external operations is the defining the meaning and the justifying the legitimacy of the engagement. The chief thus enters into competition with a ‘public opinion'that exercises its dominium over all minds.
- Le manichéisme : un prêt-à-penser - Patrick Clervoy p. 37-39 Le manichéisme est l'opération psychologique par laquelle une personne simplifie la représentation qu'elle se donne d'une situation lorsque celle-ci devient trop complexe ou paradoxale. Cette opération peut placer en opposition deux personnes parties d'un même point mais qui ont ensuite connu deux expériences différentes : d'un côté le manichéisme est une solution au débat de conscience du soldat face aux événements vécus en opération extérieure, d'un autre côté c'est la position simplificatrice qu'un média choisit de mettre en avant pour « plaire » au public. Au retour de sa mission, le soldat et ses camarades peuvent ainsi se trouver en décalage avec les personnes qu'ils retrouvent et qui ont une appréciation différente du sens et des résultats de la mission à laquelle ils ont participé. Ce décalage peut être anticipé, à l'exemple des Anglo-Saxons qui planifient des séances d'information aux premiers comme aux seconds afin de « ré-accorder » le lien qui les unit.Manichaeism is the psychological operation by which a person simplifies the representation that he gives to a situation when it becomes too complex or paradoxical. This operation can place two people starting from the same point but then experiencing different experiences in opposition: on the one hand Manichaeism is a solution to the debate in the soldier's conscience when faced with the events experienced in an external operation, on the other hand it is the simplifying position that the media choose to put forward to “please” the public. On return from his mission, the soldier and his comrades can thus find themselves separated from the people that they return to and who have a different appreciation of the meaning and results of the mission in which they have participated. This separation can be anticipated, following the example of the Anglo-Saxons who plan information sessions for both the first and the second so as to ‘re-tune' the links that unite them.
- Le rôle des images dans la menace terroriste et les guerres nouvelles - Herfried Münkler p. 41-48 Les sociétés occidentales modernes sont des sociétés où l'image joue un rôle d'une importance telle qu'elle a rendu obsolète la définition classique du combat donnée par Clausewitz, comme étant la mesure des forces morales et physiques. Au moyen des images et des communiqués, la stratégie terroriste vise à atteindre les forces morales de l'adversaire. C'est ainsi que les terroristes peuvent compenser leur infériorité physique et paralyser la supériorité matérielle de leur adversaire. Cet article examine les effets produits par le jeu de la visibilité et de l'invisibilité ainsi que les avantages qu'en retirent respectivement les deux camps. Il arrive à la conclusion que l'Occident ne s'est pas encore parfaitement situé par rapport à cette nouvelle arme ni n'a, jusqu'à présent, trouvé la parade contre ce type d'attaque.Modern western societies are societies where image plays a role of such importance as to make the classic definition of combat given by Clausewitz, as being the measurement of moral and physical forces, obsolete. The terrorist strategy aims to impair the adversary's moral forces by images and communiqués. This is how the terrorists can compensate for their physical inferiority and paralyse the adversary's material superiority. This article examines the effects produced by the game of visibility and invisibility and the respective advantages the two camps derive from it. It arrives at the conclusion that the West is not yet perfectly situated with regard to this new weapon, nor has it, up to now, found a riposte against this type of attack.
- Dire - Patrick de Saint-Exupéry p. 49-51 La vérité est-elle inéluctablement, comme le disait le sénateur américain Hiram Johnson, la « première victime de la guerre » ?As US senator Hiram Johnson told, is truth unavoidedly the victim of war?
- Conquérir l'opinion. L'exemple du Kosovo - Jean-Philippe Conégéro p. 53-59 La communication est indispensable pour une force multinationale sur un théâtre d'opérations afin d'essayer de gagner et de conserver l'opinion publique, locale comme internationale. Si la Première Guerre mondiale fut la guerre des fronts et la Seconde celle des axes, les engagements de ces dernières décennies ont, eux, fait naître la guerre de la communication ou guerre des opinions. L'auteur présente ici, sous forme de témoignage, l'action menée en ce domaine par la KFOR au Kosovo.Communication is indispensable for a multinational force in a theatre of operations in order to try and win over and retain both local and international public opinion. If the First World War was the war of the fronts and the Second that of the axes, the combats of recent decades have, for their part, given birth to the war of communication or war of opinions. Here the author presents, in the form of an account, the action undertaken in this field by KFOR in Kosovo.
- Armées-opinions-opérations : un « paradigme afghan » ? - Jean-François Bureau p. 61-70 Les opinions publiques des démocraties exercent un « contrôle asymétrique » sur les opérations militaires, qui pèse sur la liberté de décision de tout gouvernement. En Afghanistan, la population civile est désormais considérée comme l'acteur déterminant dont la confiance doit être restaurée. Les opérations elles-mêmes doivent y contribuer et faire basculer l'incertitude du côté de l'adversaire. Cependant, pour être efficient, ce changement de référentiel doit pouvoir affronter l'incertitude, les risques et la durée des opérations. Il requiert, pour être intelligible, tant des Afghans que de nos opinions publiques, un investissement politique permanent, condition d'un rapport de proximité entre soldats et citoyens. La compréhension des processus de globalisation des risques et des menaces est à ce prix.Public opinion in democracies exercises an “asymmetric control” on military operations, which constrains any government's freedom to decide. In Afghanistan, the civil population is now considered as the determining player whose confidence must be restored. The operations themselves must contribute to this and switch the uncertainty to the adversary's side. However, to be efficient, this change of reference must be able to confront the uncertainty, the risks and the duration of these operations. To be intelligible, it requires a permanent political investment, from both Afghans and our public opinion as a condition of a close rapport between soldiers and citizens. Understanding the processes of globalization of risks and threats comes at this price.
- Information et désinformation, 1914-1962 - Rémy Porte p. 71-82 La question de l'influence des opinions publiques sur la conduite de la guerre est devenue une problématique majeure des autorités politiques et du haut commandement depuis la Première Guerre mondiale, parallèlement au développement de l'instruction publique et des supports modernes de communication. Riche d'une longue expérience, la France n'est pourtant pas parvenue entre 1914 et 1962 à mettre sur pied une organisation pérenne s'appuyant sur une volonté clairement exprimée et disposant de moyens adaptés.The question of the influence of public opinion on the conduct of the war has become a major problem for the political authorities and high command since the First World War, in parallel with the development of public education and modern communication media. Even though it had a wealth of historical experience, France nevertheless did not manage to set up a permanent organisation based on a clear expressed intention and possessing suitable resources between 1914 and 1962.
- La lutte contre la subversion en France au tournant des années 1950 - Marie-Catherine Villatoux p. 83-91 Au tournant des années 1950, face à un Parti communiste français largement perçu comme une « cinquième colonne » aux ordres de Moscou par nombre de responsables politiques et militaires, le gouvernement français s'attache à mettre en place un système global et cohérent de contre-offensive « psychologique » destiné à protéger les forces armées comme la nation du « péril subversif ». À l'édifice institutionnel s'ajoute la recherche d'une doctrine apte à réunifier la collectivité nationale et à affirmer avec plus d'assurance la spécificité française dans le contexte atlantique. Cette démarche s'avère, au final, une des manifestations les plus tangibles du maccarthysme à la française qui demeure largement méconnu.At the turn of the 1950s, faced with a French communist party widely perceived by many political and military leaders as a”fifth column” under the orders of Moscow, the French government attempted to set up a global and coherent “psychological” counter-offensive intended to protect both the armed forces and the nation from the”subversive peril”. To the institutional edifice was added the search for a doctrine that could reunite the Nation and affirm the special characteristics of France in the Atlantic context. This process appears, finally, to be one of the most tangible manifestations of the French style McCarthyism that is still in the main poorly understood.
- Partir en guerre ou s'abstenir : l'influence de l'opinion publique - Natalie La Balme, Hélène Dieck p. 93-100 Quel est le pouvoir de l'opinion publique sur la décision d'envoyer l'armée – ou de ne rien en faire – sur le théâtre des opérations ? Telle est la question sans cesse reposée à l'occasion de chaque nouvelle crise internationale. Or, que l'on reconnaisse ou que l'on dénie à l'opinion publique toute influence en matière de décision stratégique, on ne peut que constater une générale suspicion à son endroit. En identifiant la nature de l'opinion publique et son influence, en analysant divers cas lors d'interventions récentes, les auteurs cherchent à éclairer ce qui se joue à la frontière des prérogatives respectives et volontiers conflictuelles de la démocratie et de la raison d'État.What is the power of public opinion over the decision to send the army—or not to do so—to the theatre of operations? That is the question that is always asked once again on the occasion of each new international crisis. But, whether we recognise or deny any influence of public opinion on strategic decisions, we must admit to a general suspicion about it. By identifying the nature of public opinion and its influence, and by analysing various cases during recent interventions, the authors seek to cast light on what takes place at the frontier of the respective and willingly conflicting prerogatives of democracy and reasons of state.
- Afghanistan : un cas concret de communication institutionnelle - Martin Klotz p. 101-104 Le soutien des Français aux forces armées et à la « prévention des conflits et des menaces » reste fort mais clairement dissocié de leur adhésion, faible, à l'engagement militaire en Afghanistan. Une communication globale interministérielle est donc apparue nécessaire afin d'expliquer les raisons et les enjeux de la présence des forces françaises dans ce pays. C'est ainsi qu'une plaquette a été publiée au début de l'année 2009. Pour informer bien plus que pour séduire.The support of the French for the armed forces and for the ‘prevention of conflicts and threats' remains strong but clearly dissociated from their week support for the military commitment in Afghanistan. A global inter-ministerial communication thus seemed necessary to explain the reasons for and issues at stake in the presence of French forces in this country. Consequently, a brochure was published at the start of 2009. To inform rather than to persuade.
- Le parlement, enceinte légitime du débat démocratique en matière de défense - Josselin de Rohan p. 105-116 S'il est un domaine où la notion de « rééquilibrage » prend tout son sens, c'est bien celui de la politique de défense. Historiquement marqué par la prépondérance de l'exécutif dans les textes comme dans la pratique institutionnelle, l'équilibre des relations entre le Parlement et le gouvernement en la matière est depuis peu remis en question par les aspirations de l'opinion à un débat public sur ces questions, dont il est légitime qu'il se tienne dans les assemblées. Grâce aux outils traditionnels de contrôle de l'action du gouvernement mis à leur disposition par les textes, les parlementaires ont su imposer leur influence en matière d'élaboration de la politique de défense de la France, récemment amplifiée en matière d'opérations extérieures par la révision constitutionnelle de juillet 2008.If there is a field in which the idea of ‘rebalancing' takes its full meaning, it is definitely defence policy. Historically marked by the preponderance of the executive in both laws and institutional practice, the balance of relations between Parliament and government in this area has recently been brought into question by the aspirations of opinion for public debate on these questions, which it would be legitimate to hold in the assemblies. Using the traditional tools made available to them by laws for controlling the action of the government, parliamentarians have been able to impose their influence in preparing French defence policy, recently amplified with regard to external operations by the constitutional revision of July 2008.
- Les nations européennes veulent-elles encore gagner des guerres ? - Yves Jézéquel p. 117-123 Les débats et les sondages le montrent : le conflit en Afghanistan met en lumière un des traits caractéristiques des sociétés européennes, le rejet viscéral de la guerre. Si les raisons de ce rejet sont facilement compréhensibles, elles ne suffisent cependant pas à écarter le spectre de la guerre. Cette dernière s'est en effet réinvitée dans notre histoire après avoir fait mine de la déserter. Or, pour gagner les guerres dans lesquelles nous sommes et serons impliqués, le soutien des opinions publiques s'avère encore plus indispensable qu'auparavant, compte tenu du poids pris par les médias. Au-delà de la seule question de la participation militaire, le conflit afghan nous invite à nous interroger sur les valeurs que nous souhaitons défendre, sur le prix que nous acceptons de payer pour y parvenir et sur le projet que nous voulons porter demain, collectivement.Discussion and opinion shows the conflict in Afghanistan is highlighting one of the characteristic features of European societies: the visceral rejection of war. Even if the reasons for this rejection are easily understandable, they are not sufficient to eliminate the spectre of war. Indeed, war now re-invites itself back into our history after having pretended to leave it. Nevertheless, to win the wars in which we are and will be involved, public support proves itself even more indispensible than before considering the growing power of the media. Beyond the mere question of military involvement, the Afghan conflict calls upon us to question the values we hope to defend, the price we are willing to pay for this success, and the collective undertakings of tomorrow.
- Le soldat et l'air du temps : leçons yougoslaves ? - Jean-René Bachelet p. 15-29
Pour nourrir le débat
- La pensée militaire d'Adam Smith - Norbert Campagna p. 125-138 Cette contribution a pour objet un aspect négligé de la pensée d'Adam Smith : sa pensée militaire. La première partie résume la théorie morale développée par Smith dans sa Théorie des sentiments moraux, en introduisant la figure du spectateur impartial et celle de l'homme parfaitement vertueux. Les deuxième et troisième parties montrent comment Smith aborde la question de la guerre dans le cadre de cette théorie, la deuxième partie portant sur le spectateur impartial en situation de guerre, la troisième sur le conflit entre vertus aimables et vertus héroïques. La quatrième partie est consacrée aux propos de Smith concernant la guerre juste. La cinquième porte sur les relations entre États et plus particulièrement sur les conditions requises pour que ceux-ci se respectent mutuellement. Enfin, la dernière partie a pour objet la pensée de Smith relative à l'armée.This contribution covers a neglected aspect of the thinking of Adam Smith: his military thinking. The first part develops the moral theory developed by Smith in his Theory of moral sentiments, introducing the figure of the impartial spectator and that of the perfectly virtuous man. The second and third parts show how Smith approaches the question of war in the context of this theory, the second part covering the impartial spectator in a war situation and the third on the conflict between amiable virtues and heroic virtues. The fourth part is devoted to Smith's proposals on just war. The fifth part covers relations between States and more particularly on the required conditions for them to respect each other mutually. The subject of the last part is Smith's thinking about the army.
- Le clerc, le combattant et le saint - Esther Dehoux p. 139-148 Loin d'avoir disparu avec l'effondrement de l'Empire carolingien, l'attente du règne du Christ conduit les clercs à reconnaître aux guerriers la capacité de mener des combats permettant la parousie. Ils les invitent à affronter les Sarrasins comme Michel lutte contre le dragon, mais ils sont contraints de constater que la prise de Jérusalem n'est pas suivie du retour du Fils de l'homme. Cet échec sert les intérêts des réformateurs. Désireux de dégager l'Église du contrôle des laïcs, ils trouvent là un argument irréfutable pour réduire la portée des actions des guerriers, voire du roi, à des horizons terrestres. Ils proposent alors aux combattants d'imiter d'autres guerriers du sanctoral tels Georges, Maurice et Démétrius qui contribuent alors autant à la valorisation de l'homme de guerre qu'ils l'encouragent à la conversion. Ils demeurent toujours au service d'une volonté d'ordonnancement de la société marquée par la prééminence du pouvoir spirituel. Contestant cette conception, le Capétien prétend être le « roi des derniers temps » et, à ce titre, le collaborateur de l'archange, puisqu'il doit régner jusqu'au retour du Christ. Il n'en demeure pas moins un chef de guerre soucieux de contrôler la Ville sainte. Son idéal, comme celui des combattants désormais prêts à mourir pour leur foi, est incarné en saint Georges, patron des chevaliers et des croisés avant d'être le saint des Anglais.Far from having disappeared with the Carolingian Empire, the expectation of the reign of Christ led clerics to acknowledge that warriors could fight wars to prepare for the Second Coming. They invited them to confront the Saracens like Michael fought against the dragon, but they were forced to recognise that the taking of Jerusalem was not followed by the return of the Son of Man. This failure served the interests of the reformers. Wishing to free the Church from lay control, they found this an irrefutable argument for reducing the scope of action of warriors, indeed of the king, to terrestrial horizons. They therefore proposed that combatants should imitate other warriors in the Sanctoral like Georges, Maurice and Demetrius who therefore contributed as much to valuing the man of war as encouraging him to conversion. They still remained at the service of a desire for an ordering of society marked by a pre-eminence of the spiritual power. Contesting this concept, the Capetian king pretended to be the”king of the end of time” and, as such, the collaborator of the archangel, because he must reign until the return of Christ. He remained no less a war chief wanting to control the Holy City. His ideal, like that of the combatants, henceforward ready to die for their faith, is incarnated in Saint George, the patron saint of knights and crusaders before being the Saint of the English.
- La pensée militaire d'Adam Smith - Norbert Campagna p. 125-138
Translation in English
- Soldiers and the latest trends: lessons from Yugoslavia? - Jean-René Bachelet p. 149-163 Délégataire du corps social pour faire usage, si nécessaire, de la force des armes qui lui sont confiées, le soldat ne peut se soustraire à l'« air du temps ». Lors de la guerre en Yougoslavie, dans les années 1990, celui-ci va se montrer particulièrement délétère pour lui et son action, et ce dans deux registres : le mythe du « soldat de la paix » et une vision manichéenne du conflit qui opposerait les « méchants » Serbes aux « bons » Bosniaques.As society's proxy for making use, if necessary, of the force of arms entrusted to him, the soldier cannot shield himself from the “spirit of the times”. During the war in Yugoslavia, in the 1990s, this would prove to be particularly damaging for him and his action on two levels: the myth of the ‘soldier of peace'and a Manichean view of the conflict that opposed “wicked” Serbs to ”good” Bosnians.
- The fight against subversion in France in the forties and fifties - Marie-Catherine Villatoux p. 165-172 Au tournant des années 1950, face à un Parti communiste français largement perçu comme une « cinquième colonne » aux ordres de Moscou par nombre de responsables politiques et militaires, le gouvernement français s'attache à mettre en place un système global et cohérent de contre-offensive « psychologique » destiné à protéger les forces armées comme la nation du « péril subversif ». À l'édifice institutionnel s'ajoute la recherche d'une doctrine apte à réunifier la collectivité nationale et à affirmer avec plus d'assurance la spécificité française dans le contexte atlantique. Cette démarche s'avère, au final, une des manifestations les plus tangibles du maccarthysme à la française qui demeure largement méconnu.At the turn of the 1950s, faced with a French communist party widely perceived by many political and military leaders as a”fifth column” under the orders of Moscow, the French government attempted to set up a global and coherent “psychological” counter-offensive intended to protect both the armed forces and the nation from the”subversive peril”. To the institutional edifice was added the search for a doctrine that could reunite the Nation and affirm the special characteristics of France in the Atlantic context. This process appears, finally, to be one of the most tangible manifestations of the French style McCarthyism that is still in the main poorly understood.
- Soldiers and the latest trends: lessons from Yugoslavia? - Jean-René Bachelet p. 149-163
Comptes rendus de lecture
- Comptes rendus de lecture - p. 175-182