Contenu du sommaire : Logements et espaces de résidences contemporains
Revue | Espace Populations Sociétés |
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Numéro | no 1, 2020 |
Titre du numéro | Logements et espaces de résidences contemporains |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Logements et espaces de résidences contemporains - Matthieu Gateau, Hervé Marchal, Jean-François Léger
- Panorama de l'évolution des conditions de logement en France depuis la fin des années 1960 - Virginie Dejoux, David Valageas, Maryse Gaimard Depuis les années 1960, le parc de logements en France métropolitaine a fortement augmenté et les conditions de logement se sont profondément modifiées. En s'appuyant sur le recensement de la population et les enquêtes Logement de l'INSEE, cet article décrit les évolutions et les contrastes des caractéristiques des logements en tenant compte de leur déclinaison territoriale. Alors que certaines inégalités de conditions de logement se résorbent progressivement au fil des décennies (notamment les conditions sanitaires), d'autres témoignent de contrastes persistants (type, statut d'occupation, type de chauffage, nombre de pièces).Since the 1960s, the housing stock in metropolitan France have sharply increased and housing conditions have changed significantly. Based on the population census and housing surveys, this article describes changes and contrasts in housing characteristics taking into account their territorial variation. While some inequalities in housing conditions are gradually being reduced over the decades (especially sanitary conditions), others reflect persistent contrasts (type, occupancy status, heating type, number of pieces).
- Le retour de l'habitat vertical et les politiques TOD (Transit Oriented Development) dans les villes françaises : vers une intensification urbaine socialement sélective ? - Geoffrey Mollé, Manuel Appert, Hélène Mathian Cet article explore le retour des tours résidentielles dans les villes françaises (97 unités recensées début 2018). Plus nombreuses et paradoxalement moins analysées que les tours de bureaux, les tours résidentielles investissent les espaces cibles de la régénération urbaine, qu'elles signalent en acte [Appert, 2016]. L'habitat vertical, après avoir été souvent associé à la relégation sociale des grands ensembles, semble aujourd'hui reconsidéré dans les politiques dites Transit Oriented comme c'est déjà le cas au Royaume-Uni [Appert, 2016]. Les politiques TOD, incarnations de l'urbanisme de la ville compacte [Bentayou et al, 2015], visent à coordonner le développement des réseaux de transports collectifs à l'urbanisation dans la perspective de réduire le nombre et la longueur des déplacements motorisés. Elles se traduisent par une densification et une mixité fonctionnelle de sites le plus souvent anciennement urbanisés, à proximité de nœuds de réseaux. Mais cette réurbanisation est aussi porteuse d'une transformation profonde de la population résidente. Les logements proposés semblent peu accessibles aux catégories les moins aisées comme l'attestent les recherches sur les incidences socio-démographiques des politiques TOD [Dubois et Van Criekingen, 2006 ; Jones et Ley, 2016]. Dans cet article, nous montrons dans un premier temps que les nouvelles tours résidentielles en France, contrairement aux tours de logement social construites dans les années 1960-70 et qui restent stigmatisées [Gilbert, 2012], s'inscrivent cette fois dans les espaces péricentraux des grandes agglomérations françaises, à proximité des nœuds de transport collectif. Nous montrons ensuite que ces projets résidentiels sont justifiés par leurs porteurs et validés par les pouvoirs publics en regard des politiques dites TOD. Nous montrons enfin que ces localisations attractives profitent aux ménages aisés et de petite taille. Le travail de recherche repose sur la valorisation statistique et cartographique d'une base de données des projets de tours résidentielles en France pour la période 2015-2020, et sur la conduite d'une dizaine d'entretiens menés auprès des promoteurs, chargés de mission habitat, évaluateurs immobilier pour 7 projets lyonnais. Tout en contribuant aux recherches sur les espaces d'habitation contemporains, cet article introduit le phénomène peu renseigné de verticalisation résidentielle en France dans le contexte de la ville durable.This paper give insight into the return of high-rise residential buildings in french cities (97 identified as january 2018). Office towers which are far less numerous than residential ones, have paradoxically been the main focus of attention. Our intention here is to shed a light on the high-rise residential boom particularly visible is spaces of regeneration (Appert, 2016). High-rise living, for long associated with social housing, deprivation and the demise of public estates, has been reconsidered, especially within the context of sustainability and Transit Oriented Development (Appert, 2016). TOD policies that embodied planning for the compact city model (Bentayou et al., 2015), are based on the coordination of transport and planning policies and investments in order to reduce the volume and length of motorized trips. The coordination of theses policies translates into higher density and more mixed developments on previously development land, close to public transport nodes. This partial re-urbanisation is capable of transforming the social composition of the city as the housing stock deliverance appear to be much more dedicated to specific social groups targeted by developers (Dubois et Van Criekingen, 2006, Jones et Ley, 2016). In this paper, we first show that contemporary residential towers, contrary to their stigmatized Grands Ensembles counterparts built in the 1960s and 1970s (Gilbert, 2012), are being built in pericentral areas of french major cities, close to transport networks interchanges. We then demonstrate that these high-rise projects are justified by their promoters and regulators through narrations of TOD policies and aspirations. We finally show that these attractive locations inside cities benefit most to wealthy and/or small size households. The research undertaken is based on the creation of a new database on high-rise residential buildings in France (2015-2020) and the analysis of their location patterns in context. It is also based on several interviews of developers, local authority practitioners and real estate actors for seven developments in the Lyon metropolitan area. While contributing on researches on spaces of contemporary living, this paper introduces the less documented phenomenon of residential verticalization in France.
- La désaccumulation sélective : la place des personnes âgées sur le marché immobilier résidentiel du Grand Lyon (2006-2015) - Pierre Le Brun L'arrivée à la retraite des générations du baby boom, largement propriétaires, pose la question de la place des personnes âgées sur le marché immobilier résidentiel. Les modèles économiques appuyés sur l'hypothèse de cycle de vie (HCV), fondements théoriques des discours d'asset-based welfare, prédisent une désaccumulation immobilière des personnes âgées. Celle-ci, bien que particulièrement modeste dans le cas français, est empiriquement vérifiée [Laferrère, 2008] au prix cependant d'une insuffisante distinction entre propriétés occupées et biens locatifs. L'étude des transactions immobilières menées dans le Grand Lyon entre 2006 et 2015 permet de mettre en évidence le caractère sélectif sous plusieurs aspects de la désaccumulation immobilière des personnes âgées. On observe tout d'abord un traitement différentiel des biens immobiliers selon leur statut d'occupation. Les biens locatifs sont gérés à la façon d'actifs patrimoniaux à travers une désaccumulation de précaution. À l'inverse, l'attachement particulier des ménages au statut de propriétaire-occupant se traduit par une tendance à la conservation des résidences principales. La sélectivité de la désaccumulation présente également une dimension spatiale. Le marché immobilier lyonnais peut ainsi se découper en trois segments. Les communes occupant le centre de l'agglomération lyonnaise se caractérisent par une plus grande financiarisation des modes de gestion des logements tandis qu'une logique davantage résidentielle domine dans le Nord et l'Ouest. Les territoires de l'Est et du Sud se situent dans une position intermédiaire tout en mettant en jeu des biens de valeur moins élevée. La diversité des formes de désaccumulation permet en cela de souligner l'existence d'écarts spatiaux de validité de modèles comportementaux.The impending retirement of the Baby Boomers, in majority homeowners, raises the question of the elderly people's position in the residential real estate market. The asset-based welfare discourses are based on Life Cycle Hypothesis (LCH) models which predict a decumulation of housing equity by older people. Although particularly modest in the case of France, the decumulation is empirically valid [Laferrère, 2008]. However, these works are confined by an insufficient distinction between rental and owner-occupied houses. A study of the real estate transactions conducted in the Grand Lyon between 2006 and 2015 highlights the selective aspects of real estate decumulation. This paper first explores the differential treatment of houses depending on the housing occupation status. Rental properties and assets are managed in a comparable way through a precautionary decumulation. In contrast, the householders are way more attached to the owner-occupant status, therefore are more likely to retain their main residences. The decumulation selectivity also takes on a spatial dimension. The Grand Lyon real estate market can be segmented into three submarkets. Whereas the central area is driven by a financialisation of housing behaviours, the Western and Northern territories are predominantly marked by residential logics. The Eastern and Southern areas occupy an intermediate position while involving lower-value assets. This observed diversity in the forms of decumulation puts forward a spatially varying validity of behavioural models.
- Du paysage en chantier à l'« habiter » des nouveaux quartiers - Julien Aimé Plusieurs métropoles régionales de l'est de la France se sont lancées, dans le courant des années 2000, dans la conception de nouveaux quartiers principalement dédiés à l'habitation. Les premiers habitants s'y installent alors que le quartier est toujours en chantier. Ils emménagent dans des logements neufs entourés par des espaces publics et communs en train de se faire. Cet article explore les tensions entre l'espace en travaux et l'espace des logements. Il montre comment le rapport à l'espace privé et le rapport au quartier participent des relations sociales qui prennent corps dans ces nouveaux quartiers ; des relations marquées par des logiques de distinction sociale et de neutralisation de l'espace public.In the course of the 2000 s, several medium-size cities in the East of France decided to design new neighborhoods dedicated mostly to housing. The first residents settled there while the area is still under construction. They are moving into new homes surrounded by public and common spaces in the making. This article explores the tensions between space under construction and housing space. It shows how the relationship to housing and the relationship to the neighbourhood are part of the social relations that take shape in these new areas. Furthermore, this article also explores the social distinction process as well as the ongoing neutralization of public spaces throughout the study of those districts in the making.
- La « maison durable » dans les espaces périurbains en Alsace : entre héritage et renouvellement de l'habitat « pavillonnaire » - Marie Mangold À partir d'une enquête menée auprès de ménages ayant fait construire une maison individuelle relevant de la « construction durable » (matériaux dits « écologiques » et haute performance énergétique) en Alsace, cet article interroge l'inscription de la durabilité par « petites touches » dans les espaces périurbains, loin du modèle normatif et médiatisé des éco-quartiers. La maison de type « pavillonnaire » dans le périurbain se présente comme un modèle résidentiel dont les enquêtés ont en partie hérité de leurs parents, et qu'ils renouvellent à partir d'une sensibilisation aux enjeux environnementaux qui se concrétise par des choix constructifs et des pratiques quotidiennes. Les espaces périurbains diversifiés dans lesquels sont inscrits les projets des enquêtés donnent à voir des parcours résidentiels distincts et une pluralité de rapports à la durabilité sur le territoire.Based on a survey of households that have built a single-family house using "sustainable construction" (so-called "ecological" materials and high energy performance) in Alsace, this article examines the inclusion of sustainability in "small touches" in suburban spaces. This type of sustainable housing is clearly different from the normative and mediatized model of the Eco-district. The "suburban" type house is presented as a residential model that the respondents have partly inherited from their parents. They are renewing it based on an awareness of environmental issues, reflected in constructive choices and daily practices. The diverse suburban spaces in which the respondents' projects are set show distinct residential pathways and a plurality of practices of sustainability in the territory.
- Accéder à la propriété dans le périurbain éloigné : après l'enthousiasme, les désillusions - Jean-Marc Stébé, Hervé Marchal À partir de plusieurs recherches réalisées au sein du périurbain éloigné d'une métropole régionale du nord-est de la France (Nancy), l'article vise à saisir les aspirations des habitants soucieux d'accéder à tout prix à la propriété d'une maison. Plus précisément, le propos s'attache à comprendre les ressorts des choix résidentiels et les registres de justifications les accompagnant. Par extension, il identifie les logiques d'intégration sociale des familles attachées viscéralement à un idéal résidentiel incarné par la figure de la maison. Les investigations empiriques ont montré qu'au-delà des récits résidentiels positifs, les familles rencontrées témoignent d'une certaine lassitude suite à des travaux qui n'en finissent pas, à des mobilités quotidiennes contraignantes et suite à des sociabilités qui ne se concrétisent pas. In fine, l'article pose la question de savoir si n'émerge pas un nouveau territoire à la périphérie du périurbain densifié.Based on several research carried out in the remote peri-urban area of a regional metropolis in northeastern France (Nancy), the article aims to capture the aspirations of residents who are concerned about getting access to property ownership of a house. More specifically, the purpose is to understand the dynamics of residential choices and the record of rationales accompanying them. By extension, the article identifies the logics of social integration of families deeply attached to a residential ideal embodied by the figure of the house. The empirical investigations showed that beyond the positive residential narratives, the families we met expressed some weariness in front of endless works, constraining daily mobilities and sociability that does not materialize. In the end, the article raises the question of whether a new territory emerges on the periphery of densified peri-urban areas.
Dossier pédagogique
Varia
- Les transformations du secteur du logement étudiant au Royaume-Uni depuis la Seconde Guerre mondiale - Alexis Alamel À travers une analyse chronologique de la littérature anglo-saxonne, cet article permet d'approfondir le champ d'étude portant sur le logement étudiant au Royaume-Uni et les différents leviers à l'origine de son évolution. Conjointement aux réformes significatives entreprises dans le système de l'enseignement supérieur britannique, les trajectoires résidentielles sont ici analysées à la lumière des facteurs socio-économiques. Celles-ci se sont illustrées au milieu des années 1970 avec l'augmentation graduelle de l'offre de logement venant du parc locatif privé ainsi qu'au cours des années 1980 avec la suppression de prestations sociales, notamment les allocations logement, par les gouvernements de Thatcher. De nos jours, les mutations des préférences résidentielles des étudiants pour le secteur locatif privé ont, partiellement, causé le phénomène grandissant de studentification. Ainsi, de l'ambiance collégiale des résidences universitaires il y a plus d'un demi-siècle jusqu'au développement dans les centres-villes de logements étudiants luxueux en passant par la cohabitation résidentielle, occasionnellement difficile entre les populations étudiantes et locales, le profil du logement étudiant britannique a considérablement muté depuis l'après-guerre, une mutation imputable à des facteurs multiples mixant les effets politiques et les changements culturels générationnels.This paper addresses the manifold changes that have occurred in the British student housing sector since World War II. Through a chronological analysis of the literature focusing on this topic, it is demonstrated in this paper that many factors have played important roles in shaping the UK student housing sector. From an elitist educational space in the 1960s to a rental niche market of today, student accommodation have experienced pivotal transformations over the last few decades. On one hand, the supply of accommodation for students has been largely influenced by the policies put in place such as the widening participation of students and the scrapping off of young adults' housing subsidies. On the other hand, the demand for student housing has also changed. Major mutations have been the results of cultural changes, financial constraints, and living aspirations. Additionally, the emergence of studentification processes in several university towns in the UK has shed both a positive and a negative light on students' presence in urban centres.
- Les transformations du secteur du logement étudiant au Royaume-Uni depuis la Seconde Guerre mondiale - Alexis Alamel