Contenu du sommaire : Les conflits asymétriques - L'avenir de la guerre ?

Revue La revue internationale et stratégique Mir@bel
Numéro no 51, automne 2003
Titre du numéro Les conflits asymétriques - L'avenir de la guerre ?
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Les conflits asymétriques - L'avenir de la guerre ?

    • Controverse
      • Le triomphe du scepticisme. L'Administration Bush et le déclin de la maîtrise des armements. - Steven E. Miller accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Le projet de protocole en cours de négociation pendant ces dernières années est, à notre avis, mort. Il est mort et ne sera pas ressuscité. Il s'est révélé être une impasse. » Il s'agit là du commentaire du sous-secrétaire d'État américain pour la maîtrise des armements (arms control), John R. Bolton, lors d'une conférence de presse, à Genève, le 19 novembre 2001. Il illustre de façon frappante la nouvelle attitude de Washington, beaucoup plus sceptique à l'égard de la maîtrise des armements et des traités internationaux. Les attentats du 11 septembre 2001 ont renforcé cette tendance à douter de l'efficacité des traités et des régimes, et à conclure que les options unilatérales et, si nécessaire, les actions des États-Unis soutenues par des « coalitions de bonnes volontés » sont aujourd'hui les meilleures garantes de la sécurité américaine.
        Skepticism Triumphant. The Bush Administration and the Waning of Arms Control « The draft protocol that was under negotiation for the past several years is dead in our view. Dead, and it is not going to be resurrected. It has proven to be a blind alley. » This was the comment of US Undersecretary of State for Arms Control, John R. Bolton, at his press conference in Geneva on November 19th, 2001. It illustrates with vivid clarity the new, much more skeptical attitude toward arms control and international treaties that reigns in Washington today. The terrorist attacks of September 11th, 2001 have strengthened this tendency to doubt the sufficiency of treaties and regimes and to conclude that unilateral options and, when necessary, American action, supported by whatever « coalition of the willing » is available, are the best guarantors of American security.
      • Endiguer l'isolationnisme interventionniste providentialiste américain. - Jacques Sapir accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        La guerre en Irak de 2003 ne doit pas être considérée comme la simple continuation de celle de 1991, qui correspondait à la manifestation d'une pensée impériale américaine. Or, il existe, depuis le 11 septembre 2001, une accumulation d'indices allant dans le sens d'un abandon du projet impérial au profit d'une reconfiguration, tant idéologique qu'institutionnelle, aux États-Unis. L'émergence d'un projet politique combinant isolationnisme et interventionnisme, et se fondant dans une large mesure sur une idéologie religieuse de type providentialiste, constitue probablement l'enseignement le plus marquant de la guerre en Irak. Les conséquences pour le rapport aux États-Unis en sont considérables et donnent au différend entre Paris et Washington une dimension particulière.
        To Contain the American Providentialist-Interventionist Isolationism The war against Iraq in 2003 should not be considered as the continuation of the Gulf War of 1991, which corresponded to the manifestation of an American imperial thinking. However, since September 11th, 2001, an accumulation of signs have pointed to the relinquishment of the imperial project, in favor of an ideological and institutional reconfiguration in the United States. The emergence of a political project combining isolationism and interventionism, and largely based on a religious ideology, mainly providential, is probably the most striking lesson of the war against Iraq. Its impact on the relationship between other countries and the United States is considerable and gives a particular dimension to the tensions existing between Paris and Washington.
      • La "doctrine". Notes critiques sur le discours dans le domaine du droit international et des relations internationales. - Robert Charvin accès libre
    • Tendances
      • L'Allemagne et l'élargissement de l'Union européenne à l'Est. - Daniela Heimerl accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Les processus de transformation profonds que connaissent les pays de l'Europe centrale et orientale depuis 1990 ont changé à la fois les objectifs et les instruments de la politique étrangère allemande, modifiant les fonctions des institutions internationales les plus importantes telles que l'Union européenne (UE). La préservation de la prospérité économique et la sauvegarde de la sécurité ont cédé la place à l'« exportation » de la stabilité. Sur cette toile de fond, la refonte et l'extension de l'UE conjuguent les intérêts les plus importants et les défis les plus grands qui se posent, à l'heure actuelle, à la politique étrangère allemande. L'élargissement de l'UE est ainsi intrinsèquement lié à l'interrogation suivante : quel sera le futur rôle de l'Allemagne en Europe et comment définir les intérêts allemands en Europe centrale ?
        Germany and the Eastern Enlargement of the European Union The profound transformations that the countries of Central and Eastern Europe have been experiencing since 1990 changed both the aims and instruments of the German foreign policy, as well as the functions of the most important international institutions, e.g. the European Union (EU). The preservation of economic prosperity and security has been substituted for the « exportation » of stability. Based on this background, the remaking and the enlargement of the EU combine the most important interests and the greatest challenges that the German foreign policy has to meet today. The European enlargement is therefore intrinsically linked to the following questions : which future for Germany's role in Europe and how can the German interests in Central Europe be defined ?
      • Du wait and see à l'anticipation rhéthorique : la redéfinition forcée de la stratégie politique syrienne. - Barah Mikaïl accès libre
    • Dossier : Les conflits asymétriques. L'avenir de la guerre ?
      • Introduction. L'émergence de nouveaux acteurs asymétriques - Barthélémy Courmont accès libre
      • *** Un concept aux multiples facettes
      • Sécurité du fort contre asymétrie du faible. - Sophia Clément-Noguier accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Les acteurs asymétriques disposent de moyens disproportionnés et d'objectifs militaires et politiques divergents. Ils recherchent l'avantage stratégique pour parer à leurs propres faiblesses, contourner la supériorité technologique et politique de leur adversaire, et accroître ainsi sa vulnérabilité, en utilisant des moyens alternatifs. La guerre asymétrique marque ainsi la fin de la « guerre classique », fondée sur l'équilibre des forces entre deux pôles et la dissuasion nucléaire. Souvent appelée l'« arme du faible », l'asymétrie permet d'obtenir des résultats disproportionnés par rapport aux moyens utilisés, généralement très limités. Dès lors, les postulats traditionnels en matière de sécurité sont totalement bouleversés, à tel point qu'il nous est permis de considérer que l'asymétrie a pour effet de renforcer un sentiment général d'insécurité, lui-même disproportionné.
        Security of the Strong Against Asymmetry of the Weak Asymmetric actors have disproportionate means as well as different military and political aims. They search for the strategic advantage in order to compensate their own weaknesses, curtail the technological and political superiority of their adversary and therefore enhance the enemy's vulnerability, by using alternative means. Asymmetry marks the end of traditional warfare, based on the balance of power between two poles and nuclear deterrence. Often called the « weapon of the weak », asymmetry allows disproportionate results with limited means. Therefore, the traditional security postulates are completely shattered, to the point that it leads us to believe that asymmetry reinforces a general feeling of insecurity, itself disproportionate.
      • Armes nucléaires et asymétrie. - Laura Gastellier accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Si l'asymétrie constitue un phénomène ancestral, tant en Occident qu'en Orient, elle a néanmoins sans doute pris davantage d'ampleur depuis la fin de la guerre froide. L'asymétrie puise, pour partie au moins, cette « ampleur nouvelle » dans la rupture de symétrie engendrée par l'intense politique américaine de dissymétrie. Or, le fait nucléaire est au cœur non seulement de cette dissymétrie américaine, mais aussi du phénomène même de la dissymétrie en général, qui existe entre les « forts » – le « club atomique » – et les « faibles » – privés de l'arme atomique. En d'autres termes, si les armes nucléaires sont intimement liées à la dissymétrie, il est très intéressant d'étudier les liens que peuvent entretenir ces mêmes armes avec l'asymétrie, pour ensuite essayer de dresser une typologie des « possibilités asymétriques » d'emploi d'armes nucléaires.
        Nuclear Weapons and Asymmetry If asymmetry is an ancestral phenomenon both in the West and the East, it has expanded since the end of the Cold War. Asymmetry draws this « new momentum » from the end of symmetry caused by the intense American policy of dissymmetry. Nevertheless, the nuclear aspect is not only the core of the American dissymmetry, but also of the general phenomenon of dissymmetry itself, which exists between the « strong » – the « atomic club » – and the « weak » – deprived of the nuclear weapon. In other words, if nuclear weapons are closely linked to dissymmetry, it is interesting to study the correlation between these weapons and asymmetry, in order to establish a typology of the « asymmetric possibilities » of the use of nuclear weapons.
      • Définir les origines du terrorisme : un débat transatlantique ? - Karine von Hippel accès libre avec résumé
        Suite aux événements du 11 septembre 2001, l'Administration Bush a principalement réagi en renforçant les activités policières, militaires et celles relatives au renseignement, tout en adoptant et en appliquant de nouveaux instruments financiers et juridiques. Un an et demi et deux guerres plus tard, le gouvernement des États-Unis a décidé d'officialiser ces efforts en publiant la National Strategy for Combating Terrorism, en février 2003. Cependant, une étude plus approfondie de la question révèle que, bien qu'une certaine énergie ait été déployée pour comprendre les causes du terrorisme et s'y attaquer dans les deux années qui ont suivi les attentats du 11 septembre, la réponse à ces problèmes n'a pas été adéquate. En effet, la rhétorique – de chaque côté de l'Atlantique – n'a pas été accompagnée de manière satisfaisante de réformes réalistes et solides.
      • *** Les acteurs asymétriques : études de cas
      • L'asymétrie en Asie du Sud-Est, un mode opératoire asymétrique ? - Nathalie Hoffmann accès libre
      • Les leçons de la campagne du Kosovo. - Darko Ribnikar accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        L'intervention de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) au Kosovo, en 1999, représente sans nul doute l'un des conflits les plus déséquilibrés depuis la fin de la guerre froide. Face à un petit pays affaibli par des guerres successives, de multiples embargos et une économie affectée par la corruption, s'est déployée la plus puissante des alliances. Dans un tel contexte, la bataille semblait gagnée avant même qu'elle ne soit engagée. Et pourtant, l'histoire nous démontre qu'il ne faut jamais sous-estimer son adversaire. Si les dirigeants de l'OTAN pensaient en effet que les opérations ne dureraient que trois jours, soixante-dix-huit jours de bombardement furent finalement nécessaires avant que les troupes de l'OTAN ne prennent le contrôle de la province. Cette guerre, si inégale fût-elle, a réservé son lot de surprises aussi bien pour l'OTAN que pour les Yougoslaves.
        The Lessons of the Kosovo Campaign
        The intervention of the North Atlantic Treaty Organization (NATO) in Kosovo in 1999 has been, without any doubt, one of the most asymmetric conflicts since the end of the Cold War. The most powerful alliance faced a small country weakened by successive wars, numerous embargoes and a corrupted economy. Within this context, the battle seemed won before it was even engaged. However, history evidenced that one should never underestimate his adversary. Indeed, if the members of NATO had foreseen that the operations would last three days, in the end, 78 days of bombardments were necessary before the NATO troops took control of the Kosovo Province. This war, even though asymmetric, was very unpredictable for both NATO and the Yugoslavs.
      • L'Afganistan, un paradigme asymétrique relatif. - Olivier Zajec accès libre
      • Les Etats-Unis et la Colombie : une réponse graduée à une menace virtuellement asymétrique. - Jean-Jacques Kourliandsky accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Les menaces diffuses identifiées par les États-Unis, à la fin de la guerre froide, comme étant nouvelles et asymétriques ont été accentuées, ces dernières années, par l'émergence de la perception d'une menace particulière, ciblée sur la Colombie. Après les attentats du 11 septembre 2001, certaines réalités colombiennes – la culture et le trafic de stupéfiants, la corruption de l'État et la présence d'acteurs violents non étatiques – font l'objet d'un traitement spécifique, articulant des moyens civils et militaires. Il s'agit d'apporter, d'un point de vue nord-américain, la réponse globale la plus appropriée à un risque pour la sécurité nationale. Qualifié de nouveau, en raison de ses retombées à la fois limitées et différées mais latentes et permanentes, ce risque comporterait un potentiel de nuisance asymétrique.
        The United States and Colombia : A Progressive Response to a Virtually Asymmetric Threat At the end of the Cold War, the many threats identified as new and asymmetric by the United States have been enhanced by the emergence of the perception of a particular threat coming from Colombia during these last years. After the attacks of September 11th, 2001, several Colombian realities – drug cultivation and trafficking, a corrupted state and the presence of violent non-state actors – became the object of a specific response, involving both civilian and military means. The aim of the United States is to find a global response adapted to a danger posed to its national security. This threat, qualified as new, due to both its limited and scattered, but latent and constant impacts, could allow a potential for asymmetric nuisance.