Contenu du sommaire : L'échec
Revue | Inflexions |
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Numéro | no 45, 2020/3 |
Titre du numéro | L'échec |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Julien Viant p. 9-11
Dossier
- Face à l'échec - Jean-Pierre Albert p. 13-22 Après avoir apporté des clarifications sur les notions d'échec et de défaite, l'article envisage les situations qu'elles désignent au travers de trois problèmes : la part de la complexité du réel dans les difficultés à réagir à un insuccès ; les effets de la pluralité des systèmes de valeur sur leur relativisation ou leur requalification ; les ruses et dénis permettant de les rendre supportables – une des stratégies les plus fréquentes consistant à traiter les échecs comme des défaites dues aux intentions malveillantes d'un adversaire.After clarifying the notions of failure and defeat, this article envisages the situations that they refer to, identifying three problems—the proportion of complexity in the reality of the difficulties encountered when reacting to a non-success; the effects of the multiplicity of value systems on the relativization or redefinition of situations of failure; the ruses and denials employed to make these situations bearable—with one of the most commonly used strategies being to treat failures as defeats caused by the evil intent of an adversary.
- Apprivoiser l'échec - Henri Bentégeat, Jean-Luc Cotard p. 23-35 « Quand on est au plus haut niveau de responsabilités, la peur de l'échec, c'est ce que j'appelle le “complexe Gamelin” : il faut veiller chaque jour à ce que jamais juin 1940 ne puisse se reproduire. » À la lumière de son parcours professionnel, de son expérience, le général Bentégeat livre à Inflexions sa réflexion sur ce qu'est l'échec pour un militaire, pourquoi et comment l'apprivoiser afin d'être en mesure de prendre des décisions. Et il revient sur les échecs qu'il a eu à affronter.“When you are at the highest level of responsibility, the fear of failure is what I call the ‘Gamelin complex': you have to watch daily to make sure that June 1940 can never happen again”. “In the light of his professional career and his experience, General Bentégeat talks to Inflexions, sharing his thoughts on what failure means to a member of the military, and why and how to tame it in order to take decisions. And he recalls the failures that he himself has had to overcome.
- Crécy : une défaite parmi d'autres ? - Xavier Hélary p. 37-44 La répétition des désastres subis par la chevalerie française aux xive et xve siècles pourrait laisser penser que les protagonistes étaient incapables de tirer la moindre leçon de leurs échecs. L'examen de la bataille de Crécy, livrée le 26 août 1346, permet de nuancer cette idée. Au-delà des récits souvent stéréotypés des chroniqueurs contemporains, il apparaît que les chevaliers français tentèrent de s'adapter, même si leurs efforts ne furent pas toujours couronnés de succès, et que les rois Valois furent incontestablement sensibles à ce que nous pourrions appeler le « retour d'expérience ».The recurrent disasters suffered by the French cavalry in the 14th and 15th centuries might lead us to believe that the protagonists were unable to learn the slightest lesson from their failures. A study of the Battle of Crécy on 26 August 1346 provides some nuance to this notion. Beyond the often stereotypical narratives of the contemporary chroniclers, it would appear that the French knights attempted to adapt, even if their efforts were not always crowned with success, and that the Valois kings were incontestably sensitive to what we might call today the “experience feedback”.
- Succès ou échec ? La mémoire divisée du sabordage de Toulon - Thomas Vaisset, Philippe Vial p. 45-60 27 novembre 1942 : échappant in extremis à la mainmise allemande, une partie de la flotte de Vichy se saborde en rade de Toulon. Cette tragédie est devenue depuis le symbole d'un échec absolu et déshonorant, et constitue une sorte de pendant naval à la débâcle du printemps 1940. Pour autant, Toulon ne peut être réduit à un simple échec, en premier lieu au regard de ce qu'est un sabordage dans les traditions navales. Mais aussi, en second lieu, de ce que Toulon fut objectivement à la fois sur le moment, à l'échelle de la guerre ou à celle du xxe siècle. D'ailleurs, les Alliés y virent d'abord un échec cinglant pour les Allemands. De ce fait, Toulon est ainsi, à jamais, un « événement Janus », rien qu'un échec et plus qu'un échec.Nov. 27th, 1942: escaping, against all odds, the German grip, a part of the Vichy fleet is scuttled by its own crews off the shore of Toulon. This tragedy has become the symbol of an absolute, dishonourable disaster viewed as an analogue to the spring 1940 debacle. However, the Toulon episode cannot be read as a mere failure, when considering what scuttling represents in the navy tradition, what this deed meant at the time, and what it came to be viewed as in the context of the whole war or even of the 20th century. Significantly, the Allied Forces initially saw it as an ignominious failure for the Germans. From then on, the scuttling at Toulon has remained a “Janus-faced event”: just a failure and so much more than a failure.
- 1944, bataille du Belvédère : un échec victorieux - Jean-Luc Cotard p. 61-66 Du 25 janvier au 2 février 1944, les armées alliées mènent des combats sanglants afin de conquérir les hauteurs du Belvédère, qui tiennent la route qui conduit à Rome. C'est l'occasion pour l'armée française, défaite en juin 1940, de changer la perception qu'ont d'elle les Alliés, à l'heure où un pouvoir politique français se met en place à Alger et cherche à peser sur la scène internationale. Cette bataille aurait pu être un échec retentissant. Pourquoi cela n'a-t-il pas été le cas ?On 25 January to 2 February 1944, the Allied armies engaged in bloody battles to conquer the heights of the Belvedere, which barred the route to Rome in the north. This was an opportunity for the French army, defeated in June 1940, to change the Allied perception of it, at a time when the political authority of “Free France” was established in Algiers and was seeking to impose itself on the international scene. This battle could have been a resounding defeat. Why was this not the case?
- Punir les lampistes ? Les commissions d'enquête des batailles de Cao Bang et de Diên Biên Phu - Ivan Cadeau p. 67-70 Pour les armées françaises, la guerre d'Indochine est marquée par deux défaites majeures : Cao Bang en 1950 et Diên Biên Phu en 1954. Toutes deux ont fait l'objet de commissions d'enquête chargées d'établir les causes et les responsabilités du désastre qu'elles ont provoqué. Leurs avis ne seront cependant aucunement suivis d'effets.For the French armed forces, the Indochina War was marked by two major defeats: Cao Bang in 1950 and Diên Biên Phu in 1954. Both battles were the subject of commissions of inquiry appointed to establish the causes and responsibilities of the disaster that they provoked. However, the conclusions of these commissions were not put into effect.
- 1870, 1914, 1940… Leçons ou sanctions ? - Jérôme Pellistrandi p. 71-77 L'armée française est riche de victoires, mais aussi de défaites majeures aux conséquences dramatiques. L'échec a été et reste donc une réalité pour le militaire, d'où la nécessité de le comprendre et de l'analyser pour le surmonter. Si certaines lacunes ont pu être comblées aisément, notamment sur des programmes, d'autres impliquent le chef militaire mais aussi le politique, dont la responsabilité reste essentielle dans la conception de la politique de défense.The French Army is rich in victories but also in major defeats with drastic consequences. In other words, failure has been and remains a reality for the soldier and must be understood and analyzed in order to be overcome. Although some deficiencies are easy to rectify, especially those involving programmes, others implicate the military commander and the politician, whose responsibility remains essential in the conception of defence policy.
- Enseigner l'échec aux futurs chefs pour s'assurer de la victoire - Gilles Haberey p. 79-85 De par ses conséquences dramatiques, la défaite militaire fait souvent l'objet d'une occultation ou d'un rejet brutal : elle ne serait que le fruit d'une faute ou d'un dysfonctionnement qu'il convient, simplement, de ne pas reproduire. Dépassant cette lecture limitative, la confrontation à l'échec peut pourtant se révéler un excellent outil pédagogique pour former les futurs décideurs. Non seulement elle oblige à essayer de comprendre les racines des erreurs commises, mais elle permet, par extension, de consolider, voire de redécouvrir, certains fondamentaux dans la conception des manœuvres et la prise de décision. Mieux, à l'entraînement, l'échec peut même se révéler un remarquable objet de créativité tactique…Due to its dramatic consequences, military defeat is often swept under the carpet of history or violently rejected. It is seen as no more than the fruit of a fault or dysfunction that must simply be prevented from recurring. Beyond this limiting interpretation, the confrontation with failure can in fact prove to be an excellent pedagogical tool for the training of future decision-makers. Not only does it force them to try to understand the roots of past mistakes, but it also, by extension, helps to consolidate or even to rediscover, certain fundamentals in the conception of manœuvres and the taking of decisions. Even better, in training exercises, failure can be transformed into an outstanding tool of tactical creativity.
- Échec et mat - Yann Andruétan p. 87-94 Être confronté à l'échec est une épreuve émotionnelle en soi et expose l'individu au jugement d'autrui. Pour certains, cette sensation est intolérable et peut mener au suicide. Mais l'échec est une expérience courante. Le connaître et s'en relever est même valorisé dans les démocraties libérales, au contraire des sociétés totalitaires. L'échec menace l'idée de soi, parce qu'il faudra dorénavant vivre avec. C'est aussi un signal : la destinée humaine est irrémédiablement tragique.The encounter with failure is an emotional ordeal in itself and exposes the individual to the judgement of others. For some people, this sensation is intolerable and can even lead to suicide. But failure is a common experience. To know failure and to pick yourself up from it is even highly prized in liberal democracies, unlike in totalitarian societies. Failure is a threat to a person's self-perception, because from then on he or she will have to live with it. It is also a signal: human destiny is irremediably tragic.
- Résiliences militaires - Patrick Clervoy p. 95-98 Dans le cadre d'un suivi psychothérapeutique, l'institution militaire, par sa structure et son fonctionnement, offre au médecin la possibilité de proposer des soins « augmentés » pour restaurer les soldats traumatisés dans leur équilibre psychique et leur adaptation au service actif. Ces manœuvres ne sont pas toujours couronnées de succès. Mais l'échec aurait été de ne rien tenter.In the context of psychotherapeutic monitoring, the military institution, by its structure and method of operation, provides the doctor with the means of providing “augmented” treatments to soldiers traumatized in their psychological balance and their adjustment to active service. These treatments are not always crowned with success. But the real failure would have been not to have even tried to do anything.
- La mort, un échec médical - Didier Sicard p. 99-102 La mort a disparu de notre société ; elle est reléguée dans un no man's land, n'est plus visible. Une mise à distance qui a contaminé la médecine au point que le décès d'un patient est aujourd'hui considéré comme un échec, porte ouverte à un acharnement thérapeutique et à la perte d'attention nécessaire à ce moment essentiel de l'existence de l'homme.Death has disappeared from our society; it has been relegated to a no man's land and is no longer visible. This distancing, which has contaminated medicine to the point that the death of a patient is considered to be a failure, and this has opened the door to therapeutic obstinacy and the lack of attention necessary to this essential moment in the existence of the individual.
- L'échec en politique - Alain Duhamel, Didier Sicard p. 103-108 L'échec en politique est-il uniquement électoral ? Comment réagissent les femmes et les hommes politiques lorsqu'ils sont confrontés à un échec ? Existe-t-il des échecs glorieux ? La société postmoderne ne rend-elle pas permanent l'échec des élus ? Autant de questions posées à Alain Duhamel, observateur de la vie politique française depuis les années 1960.Is failure in politics solely electoral? How do politicians respond when confronted by failure? Do glorious failures exist in politics? Has post-modern society brought about the permanent failure of elected representatives? These and other questions are asked to Alain Duhamel, an observer of French political life since the 1960s.
- S'obstiner dans l'échec. L'exemple de l'affaire Dreyfus - Christian Vigouroux p. 109-116 L'obstination a du bon quand elle est persévérance, ténacité ; elle est dangereuse quand elle est acharnement ou entêtement. Face à la fausse culpabilité de l'officier Dreyfus, une large part de la nation a choisi le péril de la seconde voie. La haute armée et ses soutiens se sont enfermés dans un entêtement frôlant l'obsession, dont les ingrédients se sont ajoutés de manière à multiplier le péril. Quatre échecs vont perdre les pourfendeurs d'Alfred Dreyfus : la prétérition, la répétition, la claustration jusqu'à la perdition.Obstinacy can be a quality when it refers to perseverance and tenacity, but it is dangerous when it is mere stubbornness, doubling down on error. When confronted with the false guilt of officer Dreyfus, a large proportion of the nation chose the peril of the second route. The high command of the army and its supporters were entrenched in an insistence bordering on obsession, with ingredients that combined to compound the danger. Four failures will cause the downfall of the persecutors of Alfred Dreyfus—preterition, repetition and claustration leading to perdition.
- Échec scolaire. Une approche psychologique - Gilles Dardenne p. 117-123 La réflexion sur le problème de l'échec à l'école a régulièrement évolué au cours des quatre dernières décennies, mais se trouve malheureusement toujours d'actualité. En s'appuyant essentiellement sur certaines théories psychanalytiques, l'objet de cet article est de s'intéresser au regard que porte un psychologue de l'éducation sur l'origine possible de l'échec, en particulier dans sa dimension systémique résultant de la relation enseignant, enfant, famille. En offrant un espace de parole au sein de l'école, le psychologue peut contribuer à la réduction de l'échec par l'instigation de changements.Thoughts on the problem of failure at school have continuously evolved over the last four decades, but the problem is unfortunately still a major issue. Relying essentially on certain psychoanalytical theories, the aim of this article is to focus on how an education psychologist looks at the possible origins of school failure, especially in its systemic dimension resulting from the relation between teacher, child and family. By providing a space for talking things over at school, the psychologist can help to reduce failure by instigating changes.
- Une source d'innovation - Ivan Gavriloff p. 125-130 L'innovation est quelque chose de très objectif ; l'échec, lui, est un sentiment, celui ressenti quand le résultat obtenu n'est pas le résultat désiré. Réussir à innover tout en ayant eu la sensation tout au long du parcours d'échouer est alors, en toute logique, envisageable. Il arrive ainsi que cet échec conduise à des innovations inattendues. Plongeons-nous dans quelques exemples d'innovations fameuses et observons à quelles étapes le sentiment d'échec put s'inviter.Innovation is something very objective, whereas failure is a feeling: it is what we feel when the obtained result is not the desired result. So, succeeding to innovate while having the persistent sensation of failure is logically entirely possible. In other words, failure can lead to unexpected innovations. This article examines some examples of famous innovations and identifies the stages at which the sense of failure can arise.
- Projet et perception de l'échec - Axel Ducourneau p. 131-138 Cet article aborde la question de la configuration sociotechnique des projets de développement et de l'importance de son analyse dans les modalités de succès ou d'échec de ces projets en contexte multiculturel. Le propos est élargi à l'ensemble du spectre des opérations d'influence, dont les opérations civilo-militaires, qui demandent toutes une grande capacité de gestion de l'incertitude. En définitive, on perçoit que l'échec ou le succès de projets complexes à destination de populations identifiées comme objectifs stratégiques résultent d'un même processus de constitution de réseaux, où facteurs humains et outils techniques interagissent de manière plus ou moins coordonnée sur le terrain, indépendamment, pour partie, des choix initiaux qui ont pu être faits au niveau institutionnel. En définitive, nous essayons de montrer que la reconnaissance de ces réseaux sociotechniques, inclus dans un système d'action, peut avoir une valeur en termes d'aide à la décision.This article tackles the question of the socio-technical system of development projects and the importance of analyzing this system in determining the conditions of success or failure of these projects in a multicultural context. This approach is extended to the full spectrum of soft-power operations, including civilian-military operations, which each require major capabilities for managing uncertainty. In the final analysis, we can see that the failure or success of complex projects addressing populations identified as strategic target groups results from the same process of establishing networks in which human factors interact with technical tools in a more or less coordinated way in the field, partly independently of the initial choices that may have been made at institutional level. In conclusion, we attempt to show that the recognition of these socio-technical networks, when included in a system of action, can be a valuable aid to decision-making.
- Quand l'échec est un soulagement - Patrick Lagadec p. 139-145 La maîtrise des risques, la planification de crise sont assurément des activités sérieusement conduites. Mais à une condition : qu'il n'y ait pas de questionnement obligeant à sortir des territoires convenus. L'interrogation hors cadre, non tolérable, se heurte à des refus de grande vigueur. Et c'est ainsi que se construisent les échecs majeurs, moins difficiles à supporter que la question, et ceux qui s'aventurent à poser la question. Un soulagement payé au prix fort.Risk management and crisis planning are without doubt activities that are carried out with due professionalism. But there is one condition—namely nobody asks any questions that force the leadership to venture out of their agreed fields. Questions going outside the accepted framework are considered intolerable and encounter vigorous rejection. And that is how major failures are generated, since failures are easier to endure than questioning and those who dare to ask questions. This sense of relief comes at a high price.
- Comprendre les terrorismes. Sommes-nous voués à l'échec ? - Benjamin Brunet p. 147-156 Sans nier le lien djihad-islam, cet article propose d'aborder le phénomène djihadiste à l'aune de l'action révolutionnaire violente telle qu'elle est apparue en Europe occidentale durant les années de plomb. Des similitudes apparaissent entre ces terroristes que pourtant tout oppose, si bien que le djihad et le califat semblent avoir pris la suite de l'espérance révolutionnaire déchue, en démultipliant d'ailleurs les effets. Ainsi, en partant de ces analogies, il est possible d'en dégager des enseignements concrets dans le combat que la France mène aujourd'hui à l'étranger ou sur son propre territoire.Without denying the link between jihad and Islam, this article proposes to approach the jihadi phenomenon in the light of the “Years of Lead”, the period of violent revolutionary action that occurred in Western Europe from the late 1960s to the 1980s. Similarities can be seen between these terrorists, despite their very opposite ideals, so that jihad and the Caliphate seem to have picked up where fallen revolutionary hopes left off, while vastly increasing their effects. So, on the basis of analogies, practical lessons can be learned from the past for the wars that France is currently waging abroad or on its own territory.
- Les défaites comme autant de victoires - Wassim Nasr p. 157-165 Nombreux sont ceux qui ont découvert le djihad mondial à travers les attentats du 11 septembre aux États-Unis ou de la déclaration du califat à l'été 2014. De brefs moments d'« éclats ». Pourtant, la mouvance djihadiste est vieille d'un demi-siècle. Elle est née d'une défaite, et son histoire est jalonnée de défaites et rarement de victoires. Au cœur de cette mouvance se développent une culture, une littérature et une propagande au service d'un récit qui transforme les défaites en victoires, d'abord de l'individu puis du groupe sur « les sentiers d'Allah ».Many people only discovered global jihadism through the attacks of September the 11th in the United States or the declaration of the Caliphate in the summer of 2014. These were brief “flashes” of notoriety. However, the jihad movement dates back half a century. It was born from a defeat, and its history is marked by defeats and rarely by victories. At the heart of this movement, a culture, a literature and a propaganda are developed at the service of a narrative that transforms defeats into victories, initially for the individual and then for the entire group on the “paths of Allah”,
- Face à l'échec - Jean-Pierre Albert p. 13-22
Pour nourrir le débat
- L'orchestre militaire français a 175 ans - Thierry Bouzard p. 167-175 Prenant une revanche culturelle sur la défaite de Waterloo, la France met au point le premier orchestre de plein air fonctionnel quand elle adopte, en 1845, l'organisation et les instruments proposés par Adolphe Sax. En permettant l'évolution des orchestres dans un domaine qui n'appartient pas à sa mission principale et malgré les arbitrages budgétaires, l'armée joue un rôle culturel majeur sous-évalué. Elle est rapidement imitée, et bien souvent dépassée, par des formations civiles qui vont toutes contribuer au renom de la culture française. Cet élan culmine à la Belle Époque avec ses kiosques à musique.Taking cultural revenge after the defeat of Waterloo, France established the first functioning open-air orchestra in 1845, when it adopted the organization and instruments proposed by Adolphe Sax. By allowing the development of orchestras in a domain that is not part of its principal mission, and despite budget offsets, the French Army played a major, and underrated, cultural role. It was rapidly imitated, and often surpassed, by civilian formations that would all contribute to the reputation of French culture. This movement culminated in the “Belle Epoque” with its music kiosks.
- « Ils sont face à moi. Je vais devoir leur dire… » - Fabien Lemaire p. 177-180 Au cours d'un convoi logistique, une double attaque ied/mine a tué un sous-officier de l'escadron et blessé huit autres soldats. Le chef de convoi revient ici sur cette attaque, et raconte le moment de l'annonce de cette mort et la manière dont il a géré les événements afin de pouvoir poursuivre la mission.During a logistic convoy, a double IED/mine attack killed an NCO of the squadron and wounded eight other soldiers. The convoy commander looks back on this attack and recounts the moment of announcing the death and the way he handled the events
- L'orchestre militaire français a 175 ans - Thierry Bouzard p. 167-175
Translation in english
- Facing up to failure - Jean-Pierre Albert p. 181-190 Après avoir apporté des clarifications sur les notions d'échec et de défaite, l'article envisage les situations qu'elles désignent au travers de trois problèmes : la part de la complexité du réel dans les difficultés à réagir à un insuccès ; les effets de la pluralité des systèmes de valeur sur leur relativisation ou leur requalification ; les ruses et dénis permettant de les rendre supportables – une des stratégies les plus fréquentes consistant à traiter les échecs comme des défaites dues aux intentions malveillantes d'un adversaire.After clarifying the notions of failure and defeat, this article envisages the situations that they refer to, identifying three problems—the proportion of complexity in the reality of the difficulties encountered when reacting to a non-success; the effects of the multiplicity of value systems on the relativization or redefinition of situations of failure; the ruses and denials employed to make these situations bearable—with one of the most commonly used strategies being to treat failures as defeats caused by the evil intent of an adversary.
- Teaching failure to future commanders as a better assurance of victory - Gilles Haberey p. 191-197 De par ses conséquences dramatiques, la défaite militaire fait souvent l'objet d'une occultation ou d'un rejet brutal : elle ne serait que le fruit d'une faute ou d'un dysfonctionnement qu'il convient, simplement, de ne pas reproduire. Dépassant cette lecture limitative, la confrontation à l'échec peut pourtant se révéler un excellent outil pédagogique pour former les futurs décideurs. Non seulement elle oblige à essayer de comprendre les racines des erreurs commises, mais elle permet, par extension, de consolider, voire de redécouvrir, certains fondamentaux dans la conception des manœuvres et la prise de décision. Mieux, à l'entraînement, l'échec peut même se révéler un remarquable objet de créativité tactique…Due to its dramatic consequences, military defeat is often swept under the carpet of history or violently rejected. It is seen as no more than the fruit of a fault or dysfunction that must simply be prevented from recurring. Beyond this limiting interpretation, the confrontation with failure can in fact prove to be an excellent pedagogical tool for the training of future decision-makers. Not only does it force them to try to understand the roots of past mistakes, but it also, by extension, helps to consolidate or even to rediscover, certain fundamentals in the conception of manœuvres and the taking of decisions. Even better, in training exercises, failure can be transformed into an outstanding tool of tactical creativity.
- Facing up to failure - Jean-Pierre Albert p. 181-190
Comptes rendus de lecture
- Comptes rendus de lecture - p. 199-204