Contenu du sommaire : Savoir, connaitre, agir

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Dans ce texte nous nous proposons de montrer qu'il importe de préciser le sens d'un certain nombre de concepts et de notions afin d'éviter de se laisser prendre trop facilement par les brouillages idéologiques à la mode aujourd'hui. Nous examinons donc plus précisément les termes de science et de connaissance dans leur rapport à celui de technique.

Le scientisme apparaît dans le contexte du tournant des XIXe et XXe siècles. Il désigne une position philosophique qui fait appel au progrès scientifique et touche à de nombreuses et importantes questions concernant la nature, la tâche et la valeur de la science. Or les débats suscités par le scientisme ne sont pas sans lien avec le développement d'une nouvelle discipline : la philosophie des sciences. Nous pouvons alors nous tourner vers les diverses réponses fournies par cette discipline. L'objet de cet article est d'analyser l'attitude scientiste à travers les différentes options proposées par les philosophes des sciences.

Selon la conception néolibérale, la connaissance est considérée comme un bien économique rare, qui a un coût et un rendement. Ce nouveau paradigme dominant légitime et guide la transformation globale de l'école et des institutions de recherche scientifique. La connaissance fait l'objet d'une triple réduction au champ de la technique, au champ de l'information, au champ du capital financier. Ce paradigme se heurte aujourd'hui à une puissante opposition car la connaissance ne peut précisément pas être réduite à une technique, une information et un capital.

Après avoir présenté les deux manières de penser les notions de progrès et de perfectibilité qui se font jour depuis l'âge classique, soit à partir d'une raison indéfiniment positive, soit à partir d'une conception sceptique de la connaissance, nous nous demandons qui il faut suivre : ceux qui font confiance à la raison ou ceux qui s'en défient ? L'articulation du progrès et de la perfectibilité se fait-elle autour d'un développement continuel des connaissances ou d'une imperfection radicale qui peut conduire à une défaite de la raison au profit de la barbarie ou de la corruption ?

L'enseignement scientifique des écoles françaises semble échapper aux intrusions des mouvements néo-créationnistes ou de l'Intelligent design, si fréquentes dans certains pays. Pourtant, la France n'est pas isolée du monde et ces mouvements rencontrent un intérêt croissant. Plutôt que de nous rassurer à bon compte, nous pouvons penser que le caractère anecdotique des conflits reflète un enseignement trop marginal de la théorie de l'évolution. En effet, le cursus de biologie-géologie privilégie la biologie expérimentale... et s'attache peu, dans son tronc commun, aux questions d'histoire des sciences, à la notion de théorie scientifique, plus généralement à l'épistémologie, ainsi qu'aux mécanismes de l'évolution... C'est dans ce sens qu'il faudrait revoir notre enseignement quitte à affronter plus fréquemment des oppositions explicites.