Contenu du sommaire : George Eliot
Revue | Etudes anglaises |
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Numéro | Vol. 73, no 1, janvier-mars 2020 |
Titre du numéro | George Eliot |
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Articles
- Embroiled Mediums: George Eliot and Environment; or, the Ecologies of "Middlemarch" - Maria Tang p. 3-29 Cet essai interroge la raison pour laquelle relativement peu de recherches en écocritique ont été consacrées à la fiction de George Eliot et conclut que l'intérêt écocritique de son œuvre se dévoile moins au travers de l'étude thématique de ses romans que dans une lecture croisée du texte éliotien avec des relectures récentes de l'Éthique de Spinoza menées dans la perspective d'une « écosophie » par quelques philosophes contemporains européens comme Gilles Deleuze, Félix Guattari ou Corine Pelluchon. S'inspirant de la typologie que dresse John Parham d'une écologie littéraire spécifiquement « victorienne », l'attention est portée à la relation qu'entretiennent les personnages de Middlemarch avec différents environnements ou « médiums » dans lesquels ils évoluent, que ce soit la « terre » qu'ils possèdent ou exploitent, le « milieu » social des rumeurs et des commérages, qui entrave, obstrue, et contamine leurs efforts, ou le « médium » que constituent la présence et le regard de l'Autre, au travers duquel l'individu se façonne. Le roman est ainsi abordé non pas par le prisme d'une moralité de la « sympathie » comme souvent chez la critique éliotienne, mais par celui d'une éthologie des corps, qui entrent en relation pour composer des communautés ou sociabilités plus ou moins harmonieuses.`np pagenum="004"/bThis essay ponders the relative scarcity of ecocritical analyses of George Eliot's fiction and argues that Eliot's ecological “credentials” are to be sought less in the themes foregrounded in her novels than in the conjoint reading of her fiction with recent re-interpretations of Spinoza's Ethics as an “ecosophy” led by contemporary European philosophers such as Gilles Deleuze, Félix Guattari, and Corine Pelluchon. Taking its inspiration from critic John Parham's template for a specifically “Victorian ecology” in literature, the essay examines the relations the characters of Middlemarch entertain with the various environments or “mediums” in which they move, from the physical “land” they own or exploit, to the less tangible (albeit solidly depicted) social “medium” of rumour and gossip which hampers, clogs and contaminates their endeavours, to the minds of other characters which form the “medium” in which their sense of self takes shape. The focus is thus shifted away from the moral framework of “sympathy” in which Eliot's work is often cast, and onto an ethology of bodies that combine to form more or less harmonious communities or sociabilities.
- “Middleness” in "Middlemarch" - Michael Hollington p. 30-44 Cet essai propose une méditation sur les deux moitiés du titre Middlemarch, et en particulier sur le premier segment sémantique du nom. Forgeant le terme de « middleness », l'article étudie la condition humaine telle qu'évoquée dans le roman, « au milieu » à la fois du temps et de l'espace, et analyse celle-ci en suivant trois axes, l'un temporel (en relation avec la conscience de vivre au cœur de l'Histoire) et les deux autres, spatiaux : de ces deux derniers axes, l'un est horizontal, étant lié à la nature des paysages du centre de l'Angleterre (notamment du Loamshire ou Warwickshire), ainsi qu'aux effets psycho-géographiques de ces paysages sur les personnages du roman ; l'autre est vertical, et lié aux personnages appartenant essentiellement à la frange intermédiaire de la hiérarchie sociale. L'article tente de différencier les personnages qui parviennent à atteindre la position du juste milieu (dans le sens que Horace a donné au terme de mediocritas) et ceux qui sont simplement « médiocres », au sens moderne du terme.This essay is a meditation on the binary title of Middlemarch, and in particular on the first of the two semantic elements that comprise it. I coin the term “middleness” to describe the human state in the book, as it is explored “in the middest” both of time and space, and examine it along three axes, one temporal—to do with the consciousness of living in the middle of history—and two spatial. The first of these latter is horizontal, with reflections on the nature of the setting in the very centre of England, Loamshire or Warwickshire, and the psycho-geographical effects of this setting upon the characters in the novel; and the second is vertical, with reflections on the focus of persons standing essentially in the middle of the social hierarchy. I attempt to uncover discrimination between those characters who manage to achieve a chosen and considered position in relation to “middleness”—that is to say mediocritas in its Horatian sense—and those who are merely “mediocre” in its modern sense.
- “Such cognizance of men and things”: Glimpses of Life and Work in the Margins of George Eliot's Fiction - John Rignall p. 45-56 Dans la recension que fit George Eliot du poème de Browning Hommes et femmes en 1856, elle cite des vers révélant les capacités d'observation du poète qui, « regardant travailler le cordonnier », « en tire une connaissance des hommes et des choses. » En tant que romancière, elle fait preuve des mêmes facultés d'observation, et l'on trouve dans ses romans, en marge de l'intrigue principale, de tels aperçus de la vie et du travail ordinaire, qu'il s'agisse du tisserand entrevu à travers une fenêtre dans le premier récit des Scènes de la vie cléricale, de la scène bien connue où Dorothea contemple par la fenêtre les silhouettes de paysans dans Middlemarch, ou encore du petit garçon déguisé dans la scène d'ouverture de Daniel Deronda. Quel que soit leur but, ces scènes sont caractéristiques du réalisme d'Eliot : en détournant l'attention du lecteur des personnages principaux, elles font jaillir pour lui de nouvelles intuitions et une nouvelle compréhension de l'œuvre.In her 1856 review of Browning's Men and Women George Eliot highlights lines about the poet's powers of observation as he “stood and watched the cobbler at his trade” and “took such cognizance of men and things.” As a novelist she shows similar powers, and such glimpses of life and work can be found throughout her fiction in the margins of the main action, from the handloom weaver seen through a window in the first of the Scenes of Clerical Life, through Dorothea's famous view from her window of rural figures in the dawn in Middlemarch, to the small boy in fancy dress in the opening scene of Daniel Deronda. These and similar scenes involve a shift of attention away from the principal characters that may serve different purposes but is an intrinsic feature of her realism and its power to surprise us into new insight and understanding.
- George Eliot and Jonathan Swift - Nancy Henry p. 57-73 Étonnamment peu d'études critiques ont porté sur l'influence de Jonathan Swift sur la littérature victorienne. Cet article est fondé sur l'idée que Swift est l'un des intertextes importants, quoique sous-estimés, des œuvres de George Eliot, notamment dans son dernier ouvrage, Les Impressions de Théophraste Untel. Certaines références explicites ou allusions indirectes dans son œuvre de fiction, ainsi que certaines mentions dans ses notes de travail, ses journaux et sa correspondance, montrent qu'Eliot connaissait et appréciait l'œuvre de Swift, en particulier Le conte du tonneau et les Voyages de Gulliver. Se pencher sur Swift permet d'expliquer certains aspects originaux de son écriture, tels que son penchant anti-scientifique ou sa tendance à la satire. Des travaux récents ont étudié la présence des animaux chez Eliot à partir des notions darwiniennes ; cependant, une analyse de l'influence du quatrième livre des Voyages de Gulliver sur son écriture permet de mieux comprendre ses représentations des animaux, en général, mais aussi son utilisation de la satire et de la fable, en particulier dans Les Impressions de Théophraste Untel.Surprisingly little critical attention has been paid to the influence of Jonathan Swift on Victorian literature. This article argues that Swift is an important but overlooked intertextual presence in Eliot's fiction and especially her last book, Impressions of Theophrastus Such. Explicit references and indirect allusions in her fiction, as well as citations in her notebooks, journals and letters, demonstrate that Eliot knew and valued Swift's works, especially A Tale of a Tub and Gulliver's Travels. A focus on Swift helps explain unfamiliar aspects of her writing, such as its anti-scientific strain and tendency toward satire. Recent criticism on animals in Eliot's work has focused on Darwin, but an appreciation of the influence of the fourth book of Gulliver's Travels on her writing helps us to understand her representations of animals generally and her satirical, fabulist mode of critique in Impressions of Theophrastus Such particularly.
- The Angel and the Demon in George Eliot's "The Mill on the Floss" - Alain Jumeau p. 74-83 Dans The Mill on the Floss, un roman inscrit pleinement dans la tradition réaliste, nous rencontrons d'étranges créatures, un ange et un démon, qui semblent ne pas y avoir vraiment leur place. Cela vient du fait que l'auteur, George Eliot, désigne plusieurs fois Maggie Tulliver (brune à la peau foncée) comme un démon et décrit sa cousine, la blonde Lucy Deane, comme une personnalité angélique. Tout le roman semble fondé sur cette typologie, qui rend compte de l'opposition entre les deux cousines : Lucy est ainsi associée à la lumière et au bien, tandis que Maggie est associée à l'obscurité et au mal. Cette typologie s'observe dans les deux premiers volumes du roman (Livres I à V). Mais dans le troisième volume (Livres VI et VII), nous remarquons un changement, qui peut aller jusqu'à une redistribution des rôles.In The Mill on the Floss, a realist novel, we meet strange creatures, an angel and a demon, which seem to have nothing to do there. This comes from George Eliot's references to Maggie Tulliver (who is both dark-haired and dark-skinned) as a demon and her description of her fair-haired cousin Lucy Deane as an angel. We can see a strong contrast between the two girls, for definitely Lucy is associated with light and good, and Maggie with darkness and evil. This typology prevails in the first two volumes of the novel (Books I to V), but in the third and last volume (Books VI and VII), we notice a change, which is not far from an inversion of parts.
- Questioning Motherhood: Figures of Domesticity and Emancipation in George Eliot's Fiction - Stéphanie Drouet-Richet p. 84-96 Cet article a pour ambition de souligner les tensions inhérentes à la représentation de la maternité dans la fiction de George Eliot, qui donne à voir relativement peu de figures maternelles admirables tandis que nombre d'héroïnes s'affranchissent du modèle structurant imposé par la société victorienne, mettant à mal un système qui érige les femmes (fille, épouse et surtout mère) en modèles de vertu et de moralité. Eliot semble tiraillée entre sa foi conservatrice dans la mission maternelle des femmes, et son intuition qu'il incombe à certaines femmes d'explorer de nouvelles voies anticonformistes. Cette position peu confortable reflète ses interrogations quant à son propre positionnement ambigu comme femme et artiste, elle qui n'était ni complètement épouse, ni complètement mère, mais sans aucun doute une « Mutter » très atypique.This article aims at exploring the tensions inherent in the representation of motherhood in George Eliot's fiction, in which admirable mothers prove relatively scarce while young heroines conspicuously break away from the normative structuring model of Victorian society, undermining a system that sets women up (daughter, wife and above all mother) as paragons of virtue and morality. Indeed Eliot seems to be torn between her conservative belief in the maternal mission of women and her intuition that some women should explore new nonconformist paths. Eliot's uneasy position on the subject reflects her qualms as to her own very ambiguous position as a woman and as an artist, she who was not completely a wife and not completely a mother, but decidedly a very unconventional “Mutter,” as her stepsons called her.
- George Eliot, Bessie Rayner Parkes, Sarah Marks and Barbara Bodichon: New George Eliot Letters - William Baker p. 97-114 George Eliot était perpétuellement préoccupée à l'idée ne pas en faire assez pour les autres, alors même qu'elle était constamment submergée de demandes d'aide. De là son ambivalence, notamment face aux demandes de soutien financier pour certaines causes ou certains individus. Dans cet article, des lettres récemment découvertes, ainsi que de nouveaux éclairages jetés sur des lettres déjà connues, démontrent qu'Eliot appartenait à un petit cercle de femmes faisant tout leur possible pour s'entraider émotionnellement, professionnellement et financièrement. Les préoccupations d'Eliot seront illustrées ici par les lettres qu'elle échangea avec trois correspondantes : Bessie Rayner Parkes (1829-1925), connue sous son nom d'épouse Mme Louis Belloc ; Phoebe Sarah Hertha Marks (1854-1923), plus jeune et moins bien introduite en société car issue d'un milieu désargenté ; et enfin Barbara Leigh Smith Bodichon (1827-1891). Si le choix a porté sur ces trois femmes, c'est que leurs lettres, en large partie inédites, éclairent la position de George Eliot au sein d'une communauté de femmes, et révèlent son empathie pour les difficultés rencontrées par ses connaissances ; elles montrent aussi les liens existant dans cette communauté entre amitié et questions financières.George Eliot was perpetually concerned about not doing enough for others whilst being continually inundated with requests for assistance. This resulted in her ambivalence, especially when it came to contributing money to various causes or individuals. In this essay, newly discovered letters, as well as a new focus on familiar ones, demonstrate the ways that Eliot was part of a community of women who helped each other emotionally, professionally and financially as much as they could. The letters she wrote to three correspondents—Bessie Rayner Parkes, also known as Mme Louis Belloc (1829-1925); the much younger and far less well connected, indeed from an impoverished background, Phoebe Sarah Hertha Marks (1854-1923); and Barbara Leigh Smith Bodichon (1827-1891)—will be used to illustrate her concerns. The reasons for the choice of these three are that the letters, largely unpublished, shed light on George Eliot as part of a female community and reveal her empathy for the plight of others, as well as the link between friendship and financial issues.
- Embroiled Mediums: George Eliot and Environment; or, the Ecologies of "Middlemarch" - Maria Tang p. 3-29
Comptes rendus
- Comptes rendus - p. 115-121