Contenu du sommaire : À propos du pouvoir et du travail : contradictions et ruptures. Séminaire 1995-1996.
Revue |
Cahiers du genre Titre à cette date : Cahiers du GEDISST |
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Numéro | no 16, 1996 |
Titre du numéro | À propos du pouvoir et du travail : contradictions et ruptures. Séminaire 1995-1996. |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Produire et consommer : discours et pratiques de classes sur la consommation au début du siècle - Helen Harden Chenut p. 30 pages Cet article fait état d'une recherche en cours sur la consommation populaire du vêtement et de la mode vers 1900. La recherche s'articule autour de trois axes : l'intérêt historique du débat sur la consommation autour de 1900, en soulignant les éléments neufs apportés par les révolutions industrielles et commerciales du XIXe siècle ; les apports de trois théoriciens à ce débat, notamment Thorstein Veblen, Georges d'Avenel et Charles Gide ; et une analyse des pratiques ouvrières de consommation à partir de trois types de sources, dont les inventaires de vêtements établis par des réformateurs sociaux de l'École de F. Leplay, publiés dans Les ouvriers des deux mondes , les archives de la Laborieuse , coopérative ouvrière de consommation à Troyes, et enfin quelques catalogues commerciaux de grands magasins diffusant la mode auprès d'une clientèle des classes populaires.
- Travail et citoyenneté : un enjeu sexué hier et aujourd'hui - Anne-Marie Daune-Richard p. 19 pages La construction de la citoyenneté moderne est liée à la généralisation du travail salarié : la révolution française réalise les idées des Lumières en libérant la main-d'oeuvre de l'assujettissement féodal, et en mettant en avant la liberté et la nécessité pour chacun de travailler. Mais cette citoyenneté reste longtemps tronquée, subordonnée à l'ordre de la propriété (suffrage censitaire), et elle écarte les femmes, demeurant définies par leur statut familial de fille ou d'épouses (code napoléon). Tout au long du XIXe siècle, la séparation entre ce qui est «travail » (existant comme marchandise) et «non travail » (activité domestique notamment) confère aux femmes une position illégitime dans le monde du travail. Nous héritons aujourd'hui encore de conceptions qui placent les femmes en marge des représentations dominantes du travail et de la citoyenneté, malgré la conquête par ces dernières de droits propres et d'une indépendance économique accrue. Au moment même où elles accèdent à une citoyenneté civile et civique, ne sont-elles pas surexposées au retour des précarités, et au développement de cette contradiction avec le sens de l'histoire récente au féminin ?
- Travail, événement et rapports sociaux - Philippe Zarifian p. 19 pages Répondant à l'initiative de présenter son livre «le travail et l'événement », Philippe Zarifian, chercheur associé au Gedisst, saisit l'occasion : - d'une part, d'exposer ce qu'il entend par «sociologie de l'affrontement » et sa démarche spécifique de recherche qu'une telle sociologie suppose, - d'autre part, d'insister sur les concepts d'événement et de générosité, en mettant leurs liens en valeur et en indiquant comment ils pourraient permettre de renouveler l'analyse du travail. Ces concepts illustrent la sociologie de l'affrontement, prise en un double sens : «affrontement à » et «affrontement entre », sachant qu'il faut toujours saisir les affrontements, non seulement dans leur permanence structurelle, mais aussi dans leur singularité et leur actualité, en comprenant à quels problèmes pratiques les acteurs sociaux se confrontent ?
Employé(e)s du public, employé(e)s du privé : archétypes des paradoxes actuels de la division sexuelle du travail ?
- I. Le cas des fonctionnaires et des agents à statut réglementaire des entreprises publiques - Sabine Fortino p. 29 pages A partir de trois études empiriques réalisées dans diverses organisations du secteur public français, l'auteur montre dans ce texte quelques-unes des évolutions très contemporaines de la division sexuelle du travail. L'observation de ces évolutions comme de la situation faite aux femmes, dans un milieu social davantage «protégé » que le secteur privé, révèle trois grands paradoxes que S. Fortino va successivement explorer : une mixité sociale des effectifs de ce secteur inégalement atteinte ou aléatoire ; une mixité sans égalité entre les sexes ; enfin, à travers l'exemple de la formation scolaire et continue, de son utilisation par les fonctionnaires et agents féminins à statuts réglementaires... la reproduction -modifiée et déplacée -de la division sexuelle du travail. En filigrane, la question que pose ce texte est d'actualité et ce, non seulement pour le champ du travail, mais pour le champ politique aussi. A quoi servent le droit, les règles négociées collectivement quand, malgré l'arsenal législatif et juridique existant, survivent et se perpétuent des pratiques discriminatoires visant à contourner ces mêmes règles collectives, voire à s'y substituer ?
- II. La supercherie de l'assimilation, quand «assistante» signifie «sous» - Philippe Alonzo p. 16 pages Employé, mot à double sens. Avoir un emploi : voilà aujourd'hui le sens lourd. Mais l'autre, non moins plein, se lit au féminin : travailler comme employée. Car aujourd'hui, en France, trois employés sur quatre sont des femmes. Genre et catégorie sociale -ou genre et classe ? -, ainsi va le «petit » salariat, celui des employées et des ouvriers (ceux-ci aux 4/5 masculins). Petit salariat, le plus grand pourtant par son nombre. Ce n 'est pas là, la seule contradiction, le seul paradoxe ! Le maintien, dans des sous-statuts de salariées occasionnelles, non qualifiées, n'est pas l'apanage des «employées libre-service caissières » (ELSC.), ni même de celles qui travaillent à temps partiel. Dans les bureaux, les politiques de gestion du personnel utilisent et intègrent des dénominations de postes, dont la construction et les délimitations floues permettent de faire appel à une population sur-qualifiée, par rapport aux exigences de l'emploi à pourvoir. Ce décalage entre «le titre et le poste » place les employées qui le vivent dans des situations difficiles au regard de leur expérience quotidienne de travail. L'appellation complémentaire «aide », «assistante de... » qui au départ a pu être présentée comme la promesse d'une ascension professionnelle rapide, fait vite place à la désillusion avec le maintien dans un statut d'employée. Par leurs trajectoires communes, par l'importance des désillusions subies, les employées dont il sera question dans cette intervention, constituent le fil d'Ariane à partir duquel on se propose d'analyser la situation de ce qu'il faut bien dénommer des cadres à statut employé.
- I. Le cas des fonctionnaires et des agents à statut réglementaire des entreprises publiques - Sabine Fortino p. 29 pages
- Incidence du genre et du mentor sur la production scientifique et la carrière des psychologues : la perspective de la psychosociologie de la science - Angela Febbraro, Ian Lubek, Natasha Bauer, Brian Ross, Heather Thoms, Sarah Brown, Mary Ann Hartt, Naomi Apfelbaum-Lubeck p. 38 pages Le mentoring, par lequel la formation et (souvent) la carrière future d'un novice sont placées entre les mains d'un «mentor », est examiné dans une perspective plus vaste de «psychosociologie de la science» (Lubek, 1993a ; 1995), perspective qui étudie les relations de pouvoir asymétriques au sein de la communauté scientifique. Nous évoquons d'abord différentes études de cas pour illustrer ce cadre général : a) un examen des problèmes de publication rencontrés par le psychologue américain John Garcia ; b) une comparaison transculturelle du financement accordé aux pionniers de la recherche en sciences sociales français et à leurs homologues nord-américains dans les années 1920 et 1930 ; et c) un cas d'abus lié à la concentration du pouvoir de décision scientifique entre les mains d*un individu, et en particulier son incidence sur les femmes. Puis, nous passons à : d) une étude sur le mentoring de 285 hommes et 53 femmes psychosociologues ayant obtenu leur doctorat entre 1949 et 1974 à l'université de Michigan, dont le Joint Social Psychology Programme a été le plus important d'Amérique du Nord et a formé nombre des psychosociologues les plus renommés. Nous examinons les effets de ce mentoring et des différences de genre sur le parcours professionnel et la production scientifique, en nous servant essentiellement d'indicateurs macroscopiques quantitatifs permettant de comparer la carrière des 53 femmes avec celle d'un nombre équivalent d'hommes ayant eu le même mentor, au même moment.
- Publications du GEDISST - p. 2 pages