Contenu du sommaire : Cuba

Revue Problèmes d'Amérique Latine Mir@bel
Numéro no 117, été 2020
Titre du numéro Cuba
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  • Dossier. Cuba : les aléas de la ligne révolutionnaire

    • Les aléas de la ligne révolutionnaire - Vincent Bloch p. 5-11 accès réservé avec indexation
    • Une psychiatrie pour un nouvel État. Réflexions sur la politique sexuelle de la révolution cubaine - Pedro Marqués de Armas, Romy Sánchez p. 13-31 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Le présent article aborde les relations entre pouvoir et psychiatrie au début de la révolution cubaine, lorsque l'homosexualité devient la cible d'une politique d'État qui prétend éradiquer cette “conduite” – considérée comme étant incompatible avec le projet eugéniste de l'Homme Nouveau – au moyen du travail forcé ou à travers de méthodes psychiatriques et de réhabilitation. À partir de nombreuses sources documentaires, il enquête sur le degré de participation et de subordination de la psychiatrie aux diktats des dirigeants révolutionnaires, ainsi que sur les différentes stratégies – légales, normatives, médicales et idéologiques – auxquelles fait appel le nouveau régime dans son processus de consolidation totalitaire.
      The following article approaches the relation between power and psychiatry during the initial stages of the Cuban revolution, when homosexuality becomes the target of state policies who aim to eradicate said conduct – in the extreme opposite of the eugenic project of the New Man – via forced labour, or psychiatric methods and rehabilitation. Using a wide array of documentary sources, this article inquires the degree of participation and subordination of psychiatry to the dictates of revolutionary leadership, and the different legal, normative, medical, and ideological strategies appealed by the new regime for the purpose of consolidating a totalitarian process.
    • Cuba, 1980. Fin de défilé - Duanel Díaz Infante, Romy Sánchez p. 33-40 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Cet essai propose une lecture de la crise qui eut lieu dans la Cuba soviétisée de 1980, entre l'ouverture de l'Ambassade du Pérou et l'exode de Cubains depuis le port du Mariel. Au lieu de voir les “actes de répudiation” comme entièrement organisé par l'État cubain, l'auteur souligne le caractère spontané qui, à l'inverse des manifestations et célébrations révolutionnaires de la décennie précédente, caractérisa ces événements. Ce qui est devenu dans l'imaginaire national “Le Mariel” consiste en fait en une sortie de l'organisation, tant pour ceux qui décidèrent de courir le risque de demander l'asile dans l'ambassade ou ensuite de demander à quitter le pays, que pour ceux qui répudièrent les premiers. Ainsi, bien qu'à première vue il s'agisse d'un outil de l'État totalitaire, les actes de répudiation s'érigèrent aussi en symptôme d'un certain potentiel révolutionnaire des masses, une forme d'envers de l'ordre castriste. “El Mariel” fut la tentative avortée d'une sortie de cet ordre ; et fut aussi la manière dont le système lui-même coopta la violence spontanée qui aurait pu le mettre en péril.
      This essay proposes an interpretation of the period of instability and violence that lead to the Mariel boatlift in Cuba in 1980. Rather than understanding the so called “acts of repudiation” as totally organized by the Communist government, the author underlines the spontaneity which, unlike revolutionary demonstrations and celebrations of the 70s, these mob attacks had. The crisis sparked by those who seeked asylum in the Peruvian Embassy entailed the possibility of getting out of the organization, both for the people who were attempting to emigrate as for those who for this reason repudiated them. Unquestionably a tool of the totalitarian state, the repudiation acts were also a symptom of a certain revolutionary potential of the masses. In a way, “Mariel” was a failed attempt to escape from that order ; how the system took advantage of the violence which could have toppled it, redirecting it towards the potentially subversive group.
    • Une enclave scindée. L'évolution économique des populations cubaines et cubano-américaines de Miami - Alejandro Portes, Vincent Bloch p. 41-65 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Les premières vagues d'émigrants venus de Cuba ont joué un rôle essentiel dans l'essor de Miami et ont connu une réussite entrepreneuriale qui a fait d'eux une minorité modèle aux États-Unis. L'arrivée des réfugiés de Mariel en 1980 a conduit à un renversement de situation. Stigmatisés par les médias nord-américains, peu enclins à poursuivre depuis les États-Unis le combat contre le régime castriste, ils ne bénéficièrent pas des réseaux de solidarité qui avaient permis aux exilés précédents de trouver du travail dans les entreprises de l'enclave cubaine, d'aller de l'avant et de devenir eux-mêmes entrepreneurs. Ils cherchèrent alors à préserver les liens avec leurs parents restés à Cuba, sans rompre totalement avec leur pays d'origine. Le clivage entre les premières générations d'exilés, de culture classique, aux revenus élevés, et marqués par l'anticommunisme, et les migrants arrivés au XXIe siècle, peu engagés politiquement, appauvris, et qui retournent fréquemment à Cuba, remonte en fait à l'exode de Mariel.
      The first waves of emigrants from Cuba played a pivotal role in Miami's development and enjoyed an entrepreneurial success that made them a model minority in the United States. The arrival of Mariel's refugees in 1980 led to a reversal of the situation. Stigmatized by the North American media, reluctant to continue the fight against the Castro regime from the United States, they were not the beneficiaries of the networks of solidarity that had allowed earlier exiles to find jobs in Cuban enclave firms, move ahead, and eventually become entrepreneurs themselves. They then sought to preserve the ties with their parents who had remained in Cuba, without breaking completely with their country of origin. The bifurcation between the first generations of exiles, of classical culture, with high incomes and marked by anticommunism, and the migrants who arrived in the 21st century, politically uncommitted, impoverished, and frequently returning to Cuba, in fact dates back to Mariel's exodus.
    • « Être d'ici et de là-bas ». La circulation transnationale et transgénérationnelle de la famille Vázquez - Margalida Mulet Pascual p. 67-90 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Cet article décrit la vie matérielle et l'économie solidaire d'une famille constituée de trois foyers répartis entre La Havane, l'est de l'île et Miami. Les déplacements des uns et des autres à l'intérieur et à l'extérieur de Cuba offrent des variations expérimentales pour décrire notamment quelle part des cultures et des visions du monde migre ou se reconstruit avec les changements de milieu et les franchissements de frontières.
      This article describes the material life and the solidarity economy of a family made up of three households spread between Havana, the east of the island and Miami. The movements of its members inside and outside of Cuba offer experimental variations to describe, among other things, the way in which cultures and world views migrate or are reconstructed by changes in the environment and border crossings.
    • « Je ne suis pas venu pour parler politique » - Enrique del Risco, Vincent Bloch p. 91-113 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Le post-totalitarisme cubain est en quelque sorte un totalitarisme résigné. Comprenant qu'il ne pouvait pas effacer la distinction entre le public et le privé, le régime a accepté de dépolitiser le privé à condition qu'il puisse utiliser cette dépolitisation apparente à son avantage. Ainsi, la “dépolitisation” de l'émigration a ouvert la voie à un nouvel usage de la coercition par les autorités cubaines, qui restent en mesure d'appliquer des sanctions aux membres de la “diaspora” qui vont et viennent entre Cuba et l'étranger et ne respectent pas un ensemble de règles tacites. Les nouveaux migrants se sont accommodés sans trop de résistance de ce règlement, et maintiennent à flot l'économie cubaine.
      Cuban post-totalitarianism remains totalitarian in essence, but expresses a form of resignation. The regime understood that it could not erase the distinction between public and private spheres, and agreed to depoliticize the private one and use this apparent depoliticization to its advantage. Thus, the “depoliticization” of emigration paved the way for a new use of coercion by the Cuban authorities, who are still able to apply sanctions to members of the “diaspora” who circulate between Cuba and abroad and do not comply with a set of tacit rules. The new migrants adapted to these regulations without too much resistance, and keep the Cuban economy afloat.
  • Varia

  • Notes de lecture