Contenu du sommaire : Intermédiation territoriale : des lieux, des liens, des réseaux, des acteurs
Revue | géographie, économie, société |
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Numéro | Vol. 22, no 3-4, juillet-décembre 2020 |
Titre du numéro | Intermédiation territoriale : des lieux, des liens, des réseaux, des acteurs |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction : Intermédiation territoriale : des lieux, des liens, des réseaux, des acteurs - Fabien Nadou, Magali Talandier p. 235-243
- Pour une socioéconomie de l'intermédiation territoriale : Une approche conceptuelle - Fabien Nadou, Bernard Pecqueur p. 245-263 Notre proposition vise à introduire le concept d'intermédiation territoriale dans la dynamique de développement des territoires et d'en définir les principales caractéristiques. Incarnée par des acteurs intermédiaires et matérialisée par des dispositifs et outils particuliers, elle prend la forme de modes et processus de régulations entre acteurs du système territorial. L'intermédiation territoriale permet ainsi d'ouvrir la « boîte noire » du développement territorial et de comprendre mieux les mécanismes et comportements organisationnels et décisionnels.L'article montre que le besoin d'intermédiation est particulièrement prégnant dans le contexte actuel de mondialisation et de crises successives, y compris des politiques et actions publiques, qui ont vocation à encadrer le marché et ses défaillances.L'intermédiation territoriale interroge alors la construction des territoires et la spécificité des lieux, ainsi que la capacité à favoriser la territorialisation des projets portés localement.Our proposal aims to introduce the concept of territorial intermediation in the dynamics of territorial development and to define its main characteristics. Embodied by intermediary actors and materialized by particular devices and tools, it takes the form of modes and processes regulating behaviors and relationships between actors of the territorial system.`np pagenum="246"/bTerritorial intermediation thus allows to open the «black box» of territorial development and to better understand organizational and decision-making mechanisms and behaviors.The article shows that the need for intermediation is particularly acute in the current context of globalization and successive crises, including public policies and actions that aim at framing the market and its failures. Territorial intermediation then questions the construction of territories and the specificity of places and the capacity to promote the territorialization of projects carried out locally.
- La politique contractuelle de la Nouvelle-Aquitaine : entre coopération et intermédiation - Emmanuel Nadaud p. 265-284 La notion de gouvernance territoriale est mobilisée pour parler des formes de régulation, d'interdépendance et de coordination des acteurs au sein d'un système territorial donné. Elle met en avant une approche horizontale de l'action publique. Elle interroge les relations entre les acteurs parties prenantes d'une démarche de développement. Nous portons dans cet article notre attention sur deux pratiques organisationnelles relevant de la gouvernance : l'intermédiation et la coopération. Nous interrogeons les jeux d'acteurs dans le cadre du développement de la politique contractuelle de la Nouvelle-Aquitaine. Cette politique publique repose sur une logique de co-construction avec l'objectif d'élaborer un projet de territoire avec les acteurs locaux dès la phase amont de diagnostic jusqu'à la mise en œuvre du plan d'actions contractualisées. Nous portons plus spécifiquement notre regard sur la « Datar régionale » en charge de mettre en œuvre cette politique. Nous mettons en exergue que la Datar régionale alterne entre un jeu d'intermédiation et de coopération. Ces rôles ne sont cependant pas exclusifs et peuvent être partagés avec d'autres acteurs, témoignant des équilibres à trouver lors du processus de gouvernance sur le terrain. Nous illustrons nos propos avec les cas de la Saintonge romane et du Grand Libournais, deux territoires infrarégionaux ayant pour caractéristique de présenter une dynamique démographique et économique positive mais présentant un défaut de gouvernance locale.The notion of territorial governance is used to describe the forms of regulation, interdependence and coordination of actors within a given territorial system. It puts forward a horizontal approach of the public action. It questions the relations between the actors involved in a territorial development process. In this article, we focus our attention on two organisational practices related to governance: intermediation and cooperation. This article examines the interplay of actors within the framework of the development and implementation of the contractual policy of Nouvelle-Aquitaine. This public policy is based on a logic of co-construction with the objective to build a territorial project with local actors from the upstream phase of diagnosis to the implementation of the contractual action plan. More specifically, we focus our attention on the regional «Datar» in charge of implementing this policy. We emphasise that the regional Datar alternates between a game of intermediation and cooperation. These roles are not, however, exclusive and can be shared with other actors, demonstrating the balances to be found during the governance process on the ground. We illustrate our statements with the cases of the Saintonge romane and the Grand Libournais, two sub-regional territories that are characterised by a positive demographic and economic dynamic but suffer from a lack of local governance.
- L'opérateur territorial de la transition énergétique ou la capacité d'intermédiation au service de la transition - Lucas Durand, Pierre-Antoine Landel p. 285-303 La transition énergétique prend la forme d'une multitude d'initiatives locales et d'actions publiques territorialisées dont la capacité à transformer des systèmes de production et de distribution énergétique interroge. L'enchâssement de ces actions dans une gouvernance multi-niveaux, rend nécessaire des opérations d'intermédiation permettant d'articuler au sein du projet un ensemble d'individus, de connaissances, de normes et de valeurs qui sont à la fois internes et externes au territoire. Nous proposons de définir l'opérateur territorial de la transition comme une organisation coordonnant différents acteurs du territoire et disposant d'une autonomie suffisante pour mettre en place des intermédiations permettant la mise en œuvre d'une trajectoire locale de transition énergétique. Ces intermédiations de l'opérateur territorial de la transition engendrent le passage d'un système territorial à un autre.Dans le cadre d'un partenariat de recherche-action mené avec la CLER-Réseau, cette définition fut testée sur 10 sites engagés dans la transition énergétique en Europe. Il s'agit ici d'analyser trois formes d'intermédiation identifiées : la première porte sur les connaissances à mobiliser et à construire pour mener à bien le projet de transition, la seconde sur l'inscription du projet innovant dans ce que nous appelons l'histoire longue du territoire, la troisième porte sur les normes à créer, intégrer ou adapter dans cet objectif de transition. Au final, la démarche nous amène à constater que l'opérateur territorial de la transition est à la fois inséré dans des systèmes énergétique et territorial, en même temps qu'il les transforme, avec une succession d'étapes.The energy transition takes the form of a multitude of local initiatives and local public policies. Their capacity to transform trajectories of energy production and distribution raises questions. The embedding of these actions in a multi-level governance, makes intermediation operations necessary. These operations bring together within the project a set of individuals, knowledge, norms and values which are both internal and external to the territory. We propose to define the territorial operator of the transition as an organization, coordinating different actors of the territory. It generates different kind of intermediation operations, which allow the implementation of a local energy transition path and a transition from a territorial system to an another.In a research-action partnership with CLER-Réseau, this definition was tested on 10 european experiences involved in the energy transition. We identified three forms of intermediation: the first is about mobilized knowledge to carry out the transition project. The second is about the inclusion of the innovative project into a social local history. The third relates to the creation, integration or adaption of news norms in line with transition objectives. To conclude, we observe that the territorial operator of the transition is both inside energy and territorial systems and trying to transform them in successive stages.
- Les activités productives locales, un enjeu d'intermédiation et de résilience : des KIBS (Knowledge Intensive Business Services) aux LIBS (Local Intensive Business Services) - Magali Talandier p. 305-327 Le développement économique des villes et des régions repose sur différents moteurs et leviers d'action qu'une littérature abondante permet de renseigner à différentes échelles et dans différents contextes. Une large majorité de ces travaux interrogent la capacité d'innovation et d'exportation des territoires au regard d'enjeux économiques globalisés. Face aux défis environnementaux et climatiques, de nouveaux paradigmes émergent. Ils s'expriment non plus en termes de compétitivité, mais plutôt en termes de résilience, de transition, obligeant ainsi les acteurs publics et privés à repenser le rôle du local dans nos modèles de planification. En s'appuyant sur l'analyse des flux de revenus que permet la théorie de la base, l'article vise à mieux définir ces enjeux locaux, notamment dans leur composante productive. Les LIBS (local intensive business services), en référence aux KIBS (knowledge intensive business services), regroupent les activités productives qui répondent à la demande des entreprises locales. Nous faisons l'hypothèse que ces activités locales, le plus souvent ordinaires et peu technologiques, constituent un levier d'intermédiation essentiel pour garantir la résilience des territoires et engager une transition écologique. Une fois le cadre d'analyse posé, l'article discute, sur la base de trois terrains français, les effets d'intermédiation des LIBS face aux enjeux de résilience.The economic development of cities and regions is based on different drivers and levers studied by a large literature at different scales and in different contexts. The majority of this work questions the local capacity for innovation and export linked to global economic issues. Facing environmental and climate challenges, new paradigms emerged. They are no longer expressed in terms of competitiveness, but rather in terms of resilience and transition, thus forcing public and private actors to rethink the role of the local in our planning models. Based on the analysis of income flows through the theory of economic base, the article aims to better define these local issues, particularly in their productive component. LIBS, in reference to KIBS, are defined by productive activities for local businesses. We hypothesize that these local activities, most often ordinary and low technology, constitute an essential intermediation lever to guarantee the resilience of the territories and initiate an ecological transition. Once the analytical framework has been established, the article discusses, on the basis of three French sites, the intermediation effects of LIBS faced with crises and resilience issues.
- L'intermédiation territoriale publique, une troisième voie entre dispositifs "top-down" et "bottom-up" ? : Le cas du Pôle agroalimentaire de l'Isère - Stéphane Fournier, Ronan Le Velly, Geoffrey Lafosse, Carole Chazoule, Mathieu Désolé p. 329-346 Le Pôle agroalimentaire de l'Isère est une association visant la relocalisation de filières représentant des flux importants, en complément du développement des circuits courts. Il a été suscité par des acteurs publics et des chambres consulaires et a progressivement inclus des opérateurs privés. Ses coordinateurs cherchent à assurer l'intermédiation territoriale qu'ils estiment nécessaire pour ce processus de relocalisation.Nous montrons la nécessité et l'efficience de cette intermédiation territoriale publique dans le cas étudié. Face à l'attentisme des acteurs locaux dans des constructions territoriales endogènes (bottom-up) et au rejet de dispositifs top-down imposés par des acteurs publics, un dispositif d'intermédiation territoriale publique apparaît ainsi comme un compromis et une troisième voie réaliste pour la construction de territoires. Un tel dispositif n'est cependant pas une simple « facilitation », le catalyseur d'un processus qui pourrait se développer spontanément. Face à une pluralité de trajectoires possibles, il induit une échelle spécifique, sélectionne des parties prenantes et oriente les actions. L'intermédiation territoriale publique est mue par un projet ; elle suscite des arbitrages entre la recherche d'efficience et la volonté d'inclusion. Son succès est conditionné au maintien permanent d'une concertation entre toutes les parties prenantes.The Pôle agroalimentaire de l'Isère (Isère agri-food Hub) is an association that aims to relocate supply chains representing significant flows, in parallel with the development of short food supply chains. It was initiated by public players and consular chambers, and the association then included private operators. The association's coordinators seek to ensure the territorial intermediation they consider necessary for this relocation process.We show the necessity and efficiency of this public territorial intermediation in the case studied. Faced with the wait-and-see attitude of local actors in endogenous territorial constructions (bottom-up) and the rejection of top-down devices imposed by public actors, a public territorial intermediation device thus appears as a compromise and a realistic third way for a place-based development. However, such a device is not a simple «facilitation», the catalyst of a process that could develop spontaneously. Faced with a plurality of possible trajectories, it induces a specific scale, selects stakeholders and guides actions. Public territorial intermediation is driven by a project; it gives rise to trade-offs between the search for efficiency and the desire for inclusion. Its success depends on permanent dialogue between all stakeholders.
- La trajectoire de projets collaboratifs innovants dans le secteur agro-alimentaire : quels rôles des proximités et des intermédiaires ? - Rachel Levy, Brice Navereau, Pierre Triboulet p. 347-371 Aborder l'innovation en termes d'innovation ouverte invite à mieux comprendre les facteurs favorisant la circulation des connaissances avec notamment la place des intermédiaires jouant un rôle de facilitateur des processus d'innovation. Néanmoins, peu d'études se sont intéressées aux modalités concrètes d'interaction entre partenaires de l'innovation et au rôle particulier de ces intermédiaires dans le cadre territorialisé des clusters. Cet article a pour objectif de caractériser les déterminants des dynamiques de coopération entre partenaires dans des projets collaboratifs labellisés par un pôle de compétitivité du secteur agricole. Le cadre d'analyse s'appuie sur la mobilisation conjointe des ressources internes des partenaires, des formes de proximités entre partenaires, et des intermédiaires facilitateurs. La méthodologie est basée sur l'étude approfondie de 6 projets à partir de 22 entretiens semi-directifs. L'originalité est d'explorer le rôle des ressources tout au long de la trajectoire des projets (émergence, mise en œuvre, valorisation). Les résultats soulignent le rôle facilitateur des intermédiaires dans l'activation des ressources internes, notamment le pôle en phase de montage et les consultants assurant un rôle de coordination en phase de mise en œuvre.Approaching innovation in terms of open innovation invites us to better understand the factors promoting the circulation of knowledge, in particular the role of intermediaries acting as facilitator of the innovative processes. However, few studies have focused on the concrete modalities of interaction between innovation partners and the particular role of these intermediaries on territories. This article aims to characterize the determinants of the dynamic of cooperation between partners in collaborative projects labeled by a competitiveness cluster in the agrifood industry. The analytical framework is based on the joint mobilization of partners' internal resources, forms of proximity between partners, and facilitating intermediaries. The methodology is based on in-depth study of 6 projects with 22 semi-structured interviews. The originality is to explore the role of resources along the life cycle of the projects (emergence, implementation, valorisation). The results underline the facilitating role of intermediaries in the activation of internal resources, in particular the cluster in the setup phase and the consultants providing a coordination role in the implementation phase.
- Les projets alimentaires de territoire : entre reconfiguration des territoires et nouvelles relations villes/campagnes - Nathalie Corade, Marie Lemarié-Boutry p. 373-397 Les Projets Alimentaires de Territoires (PAT) ont pris place dans la Loi Française d'Avenir pour l'Alimentation, l'Agriculture et la Forêt en 2014. L'enjeu des PAT est de répondre au besoin de structuration de l'économie agricole et de mise en œuvre d'un système alimentaire territorial prenant en compte les multiples initiatives allant vers une relocalisation de l'agriculture et de l'alimentation, et ainsi de développer une stratégie plus globale à l'échelle des territoires. L'observation de cette mise en système constitue dès lors une opportunité d'analyse à la fois des nouvelles interactions qui se construisent au sein des territoires entre les acteurs de la chaîne alimentaire locale pour faire système alimentaire local mais aussi des nouveaux rapports entre bassins de consommation et bassins de production, entre espaces urbains et espace ruraux. L'objectif de cet article est d'interroger ces processus d'intermédiation territoriale qui se jouent au travers des projets alimentaires de territoires. À partir d'un travail d'observation participante, sont analysées les démarches entreprises par quatre territoires de Nouvelle-Aquitaine : le Pays du Grand Bergeracois en Dordogne, le Pays basque dans les Pyrénées Atlantiques, le Pays Adour Chalosse Tursan dans les Landes et Bordeaux Métropole en Gironde. Sont mis alors en évidence les processus d'intermédiation territoriale qui se jouent par la remise en lien fonctionnel des acteurs et des territoires mais aussi les tensions qui sont révélées dans le cadre de ces processus.The territorial food projects (in French: Projets alimentaires territoriaux (PAT)) took place in the French Law of the Future of Agriculture, Food and the Forest in 2014. The challenge of these projects is to respond to the need to structure the agricultural economy and to implement a territorial food system by taking into account the multiple initiatives aimed at relocating agriculture and food, and by developing a more global strategy at the territorial level. Observation of PAT therefore constitutes an opportunity to analyze both the new interactions that are being built within the territories between the actors of the local food chain to create a local food system, and the new relationships between consumption basins and production basins, between urban and rural areas. The objective of this article is to question the territorial intermediation processes that take place through food projects in the territories. Based on participant observation, projects of four territories of the Nouvelle-Aquitaine region in France are analyzed: Grand Bergeracois (department of Dordogne), Pays basque (department of Pyrénées Atlantiques), Adour Chalosse Tursan (department of Landes) and Bordeaux Métropole (department of Gironde). The territorial intermediation processes which are built by the functional (re)connection of actors and territories but also the tensions which emerge from these processes are then highlighted.
- Intermédiation territoriale et innovation sociale : des leviers face aux trajectoires de déclin ? : L'exemple du Pôle Territorial de Coopération Économique de la Haute Vallée de l'Aude - Benoît Prévost p. 399-429 Les pôles territoriaux de coopération économique (PTCE) se présentent comme des innovations sociales permettant d'impulser de nouvelles dynamiques d'action collective au service d'innovations territoriales dans des territoires en déclin. Ces dynamiques relèvent de processus d'intermédiation territoriale qui renouvellent à la fois les relations des acteurs à leur territoire et leurs conceptions et pratiques du développement local. À partir de l'exemple du PTCE 3EVA, dans la Haute Vallée de l'Aude, cet article analyse l'émergence d'innovations territoriales revendiquant les valeurs de l'économie sociale et solidaire pour dépasser les processus de lock-in économique, politique et institutionnel, associés au déclin territorial. En particulier, nous identifions quelles proximités ont été activées au cours des différentes phases de l'intermédiation territoriale et comment naissent des tensions liées à la dimension politique des alternatives tout en questionnant les interactions institutionnelles entre les acteurs du développement local.Territorial clusters of economic cooperation (TCEC) are social innovations implemented to revitalize the local socio-economic tissue of declining territories through the implementation of diversified intermediation initiatives. These can play a decisive role in stimulating territorial integration and connectivity between actors while renewing the conception and practices of local development. Based on the experience of the 3EVA TCEC in the Haute Vallée de l'Aude (France), this article analyzes the emergence of territorial innovations claiming for social and solidarity values in order to overcome economic, political and institutional lock-in processes associated with territorial decline. We focus on the proximities that have been activated at different stages of the territorial intermediation process. We underline on the tensions due to the political dimensions of territorial innovations by questioning the institutional interactions between the local development stakeholders.
- Reconfigurer l'économie sociale et solidaire en Hauts-de-France : un living lab en commun au service de l'intermédiation territoriale ? - Amélie Lefebvre-Chombart, Pierre Robert p. 431-452 Le SIILAB est un projet de coopération initié par 16 acteurs publics et privés de l'économie sociale et solidaire (ESS). Il émerge dans un contexte de regroupement régional. Nous cherchons à qualifier ce projet comme « processus d'intermédiation » afin de saisir ses effets en termes de recomposition régionale du champ de l'ESS. Le cadre d'analyse croise l'économie des proximités et l'approche des communs afin de montrer que le SIILAB est le support d'un processus d'intermédiation territoriale qui a permis la mise en œuvre d'une dynamique de coopération singulière entre acteurs privés et publics et contribué à donner plus de cohérence au champ de l'ESS sur ce nouvel espace régional.SIILAB is a cooperation project initiated by 16 public and private actors in the social and solidarity economy (SSE). It emerges in a context of regional regrouping. We seek to qualify this project as an «intermediation process» in order to understand its effects in terms of regional recomposition of SSE. The analytical framework crosses the economy of proximities and the approach of the commons in order to show that SIILAB is the support of a territorial intermediation process that has enabled the implementation of a unique cooperation dynamic between private and public actors. It contributes to give more coherence to SSE in this new regional area.
- Les Urban Living Labs, une solution innovante pour le renouvellement de la fabrique des services urbains ? - Florence Orillard, Valérie Fautrero, Gilles Puel p. 453-476 Les Urban Living Labs (ULLs) sont des dispositifs sociotechniques territorialisés qui visent à encourager le déploiement d'expérimentations innovantes en environnement réel, centrées sur la figure des usagers. L'analyse empirique de deux projets d'expérimentations urbaines accompagnés par deux ULLs européens, « Lisière d'une Tierce Forêt » accompagné par l'Urban Lab de Paris&Co à Paris et « The Circular Kitchen » accompagné par l'AMS Institute à Amsterdam, permet d'explorer leurs rôles d'intermédiation opérationnels et écosystémiques, et leur imbrication dans les stratégies de soutien à l'innovation menées par les métropoles européennes.Cette étude qualitative basée sur des entretiens semi-directifs menés in situ avec les contributeurs des expérimentations met en évidence le caractère innovant des solutions développées, qui s'appuie sur l'articulation de la créativité et des stratégies d'innovation des acteurs endogènes. L'étude montre d'abord que les ULLs contribuent à la construction de dynamiques collectives créatives qui dépassent le cadre géographique de l'expérimentation, mais qui laissent les usagers-citoyens à l'écart des processus d'innovation. Nous analysons ensuite comment les ULLs sont mobilisés comme des outils distanciés pour la mise en œuvre des stratégies entrepreneuriales locales, tout en adressant la résolution d'enjeux territoriaux émergents et complexes. En s'appuyant sur la mise en évidence de la constitution progressive de ressources tangibles et intangibles portée par les ULLs, l'article illustre ainsi la contribution de ces dispositifs à une certaine « plateformisation » de la ville.Urban Living Labs (ULLs) are territorialised socio-technical systems which aim to encourage the deployment of innovative and user-centric experiments in a real environment. Empirical study of two urban experiments supported by two European ULLs, «Lisière d'une Tierce Forêt» supported by Urban Lab of Paris&Co in Paris and «The Circular Kitchen» supported by AMS Institute in Amsterdam, makes it possible to explore their operational and ecosystemic intermediation roles, and their integration into the innovation support policy carried out by European metropolitan areas.This qualitative study based on semi-structured interviews conducted in situ with the contributors to the experiments highlights the innovative nature of the experiments, which is based on the articulation of creativity and innovation strategies of endogenous actors. The study first shows that ULLs contribute to the construction of creative collective dynamics which go beyond the geographical framework of experiments, but which leave users-citizens at a distance from the innovation process. We then analyse how ULLs are mobilised as distant tools for the implementation of local entrepreneurial strategies, while addressing the resolution of emerging and complex territorial issues. By relying on the evidence of the progressive constitution of tangible and intangible resources carried by the ULLs, the article thus illustrates the contribution of these socio-technical systems to a certain «platformisation» of the city.
- Une ingénierie de l'art spatialisé ? : Le rôle des intermédiaires hybrides dans un nouveau monde de l'art - Léa Donguy p. 477-495 Dans le contexte de la commande artistique contemporaine, formulée en lien avec des projets urbains ou de territoires, les artistes et les commanditaires transforment leurs pratiques respectives, au contact les uns des autres. Ce processus est ici pensé en termes de « co-normalisation ». Il est soutenu par des acteurs particuliers, des intermédiaires hybrides. Ces derniers ont pour objectif de changer les pratiques des artistes et des commanditaires territoriaux, pour modifier les manières de vivre, de penser, de produire les espaces et d'assurer ainsi « la part artistique de l'habiter » (Lazzarotti, Mercier, Paquet, 2016). Modifier les pratiques pour les rendre plus opérantes correspond à une nouvelle ingénierie de l'art. Pour comprendre le rôle de ces intermédiaires, j'étudie ici un acteur en particulier, ESOPA, au prisme d'un des outils dont la structure se dote : « le glossaire de l'urbanisme culturel ». Au-delà de la production de discours, ESOPA cherche à rendre opératoire un vocabulaire partagé. L'objectif n'est pas seulement de mettre en valeur la création artistique mais bien d'infléchir le contexte de la création pour le rendre favorable à un art encore marginal, l'art spatialisé.In the context of contemporary commissioned art, and of participatory art involved into urban changes, artists and public policy actors work together. Their new relationships appear to redefine each other practices. I think of this process as a “co-normalization”. New actors such as hybrid intermediaries contribute to this co-normalization. They aim to change each one's practices, to modify ways of dwelling, of thinking and of producing urban spaces and to guarantee the “aesthetic part of dwelling” (Lazzarotti, Mercier, Paquet, 2016). It contributes to define a new artistic engineering. To understand what intermediaries actually do, I study a particular organization, ESOPA, and specifically one of the tools it creates : “a common glossary of cultural urbanism”. More than producing new discourses on art or on urban planning, ESOPA seeks for those words to become operational. The issue is not to enhance artistic creation but to modify the context to make it conducive to spatialized commissioned art.