Contenu du sommaire : Reconfigurations de l'associatif

Depuis quelques années, les recherches et la littérature visibilisent de profondes mutations dans le monde associatif. Un phénomène de recomposition des organisations associatives, dû au développement du salariat, s'est amorcé. Phénomène plus que complexe, car des enjeux sociaux se retrouvent associés à une sphère qui avait toujours été appréhendée en dehors des mondes du travail. Cet article vise à cerner les enjeux du salariat associatif en fournissant une grille de lecture socio-historique et constructiviste du passage du travail à l'emploi dans le monde non marchand en Belgique francophone.

Le milieu communautaire québécois est un acteur social important au sein de la société québécoise. Depuis plus de cinquante années, les organismes communautaires se sont multipliés et sont engagés aujourd'hui dans plusieurs sphères d'activités. Des comités de citoyens issus des milieux urbains populaires au début des années 1960 aux organismes d'action communautaire autonomes d'aujourd'hui, il y a toujours eu des préoccupations, théoriques et pratiques, autour de la question de la co-habitation des intérêts entre les salariés/professionnels et les citoyens et du rapport qui se développe dans le cadre des actions menées. Le présent article esquisse une trajectoire de l'évolution de ces rapports. Nous démontrons comment la salarisation/professionnalisation du milieu communautaire comporte des avantages mais également des enjeux dans le contexte social actuel.

Partenaires essentiels de l'organisme public régional de placement des demandeurs d'emploi (Actiris), les missions locales consacrent une partie de leurs activités à la relation de sous-traitance par rapport à cet organisme public. Ainsi, elles se trouvent partie prenante d'une politique d'activation, initiée en 2004, des demandeurs d'emploi. En 2012, émerge une démarche collective dans laquelle se retrouvent neuf associations (avec des degrés d'implication variés), qui n'a pas effacé, au niveau de certaines directions des missions Locales, une approche très pragmatique (et moins glorieuse) de leurs relations respectives avec les pouvoirs subsidiants. Au risque de brouiller, aux yeux de leurs salariés, le message collectif qu'elles ont élaboré et qu'elles ont porté avec eux.

La professionnalisation a pour effet de transformer l'association en « entreprise associative ». Ce phénomène pose la question des modes de management et des pratiques d'encadrement à l'œuvre dans les associations. Ce texte, qui concerne précisément les associations d'action sociale en France, montre qu'elles sont aujourd'hui orientées par les pouvoirs publics vers un management où prévaut l'efficacité productive. Le management informel qui caractérisait auparavant l'encadrement associatif ne représente pas pour autant un « âge d'or » auquel il faudrait encore se référer ; d'où l'enjeu de rechercher de nouvelles marges de manœuvre entre logiques gestionnaires et spécificités associatives. Dans cette perspective, les formations au management méritent sans doute d'être repensées pour valoriser beaucoup plus les savoirs mis en œuvre par les encadrants dans leurs pratiques.

Les évolutions dans les modalités des relations entre l'État et les partenaires privés, et plus spécifiquement les principes de la « nouvelle gestion publique », poussent les associations en relation avec les services publics à se professionnaliser en termes de gestion. Même des domaines comme la réinsertion de publics en difficultés qui, depuis longtemps, sont caractérisés par une action déployée largement, voire exclusivement, par des professionnels, connaissent des changements substantiels liés aux exigences de procédures et de contrôle. Quelles sont les conséquences de cette tendance auprès des professionnels et des bénévoles engagés dans les associations ? Dans cet article les auteures montrent à l'aide d'une réflexion basée sur l'analyse de quelques cas suisses l'impact de ces nouveaux modes de gestion sur la nature même du fonctionnement des associations. Des impacts qui posent la question de la pertinence à long terme du modèle associatif dans la conception et la mise en œuvre des politiques publiques.

Le caractère non lucratif de l'associatif et son mode de financement (non marchand, c'est-à-dire financé principalement par l'impôt et/ou les cotisations de ses membres, et non par le marché) sont fréquemment évoqués pour le différencier du monde des entreprises privées et affirmer que l'on peut “y travailler autrement”. Les associations seraient plus bienveillantes envers les salariés, en promouvant notamment des relations de travail plus démocratiques, plus égalitaires. L'objectif de cet article est de montrer, au travers entre autres de données statistiques disponibles, que l'associatif n'échappe pas aux inégalités : inégalités entre hommes et femmes, entre les fonctions, entre hautes et basses qualifications, entre salariés de petites ou de grandes associations, etc. Malgré ce constat, il faut néanmoins résister à l'idée de nier tout caractère particulier à la réalité du travail salarié dans l'associatif. Les salariés cherchent sans doute à y “travailler autrement”. Face à cela, l'associatif ne manque pas complètement à sa promesse. Il permet, là plus qu'ailleurs sans doute, particulièrement dans les associations de petite taille, aux travailleurs de s'épanouir professionnellement, malgré les inégalités constatées.

Sur la base des résultats préliminaires d'une enquête qualitative récente menée auprès des éducateurs spécialisés sur leurs conditions de travail et leurs conséquences sur leur santé, le présent article se propose de questionner le sentiment d'usure professionnelle véhiculé largement par les travailleurs du social à partir des mutations organisationnelles qui ont traversé le secteur ces dernières années. Plus précisément, il s'agit d'affiner notre compréhension des incidences des nouvelles formes de gestion du travail social au niveau du degré d'autonomie, du sentiment d'insécurité d'emploi et de l'incertitude ressentie par les professionnels en raison des contradictions entre les injonctions et la réalité du terrain. Ces tensions engendrent une reconfiguration du travail et poussent les intervenants à repenser leur engagement dans le métier.

En France, le champ social et médico-social s'est développé pour une grande part au sein du secteur associatif. Il est marqué historiquement par ses valeurs militantes, religieuses, politiques, parallèlement à la construction et à la professionnalisation du secteur. La question que nous posons pour cette contribution est celle du rapport entre engagement personnel et engagement professionnel. Nous nous centrons sur le lien entre engagement dans la société civile et les motivations conduisant à un choix d'orientation vers les professions sociales pour les jeunes générations. Autrement dit, s'agit-il pour ces dernières d'être engagées, de partager certaines croyances politiques ou religieuses, de connaître un héritage social et familial pour expliquer les motivations vers les professions sociales ? Les résultats d'une enquête qualitative et quantitative auprès de jeunes « candidats » souhaitant s'insérer dans les formations professionnelles du travail social viennent apporter des éléments de réponse à ce questionnement.