Contenu du sommaire : Les organisations à l'épreuve du télétravail

Cet article éclaire les normes organisationnelles d'accès au télétravail, en s'intéressant particulièrement à la notion d'autonomie, à partir d'une exploration des freins liés à ce dispositif. Cette question est traitée à partir d'une enquête qualitative réalisée auprès d'une entreprise française du secteur bancaire et financier. La population étudiée, les cadres des opérations, ne fait pas partie de la catégorie des « cadres autonomes » au sens juridique, leur métier semble standardisé et leur disponibilité « hétéronome » (Bouffartigue, 2014) : ceci contribue à les exclure d'un télétravail façonné par les normes internes de l'autonomie. Du point de vue de leur âge et de leur position organisationnelle, les représentations sur ces cadres les éloignent alors d'une figure du télétravailleur idéal.

Si les offices notariaux sont des entreprises de proximité habituellement peu concernées par le télétravail, l'état du marché du travail, les perspectives de changements de statut pour des salariés envisageant de se mettre à leur compte, les contraintes immobilières en Île-de-France ont assoupli les réticences des employeurs. Pour sa part, le premier confinement a permis aux salariés de l'expérimenter. Perçu tantôt comme une libération, tantôt comme une contrainte, sa mise en œuvre, variable selon les postes, trajectoires, offices, reproduit voire renforce plusieurs modes genrés de hiérarchisation propres à cet univers. Le télétravail engendre finalement des risques d'inégalités ou d'invisibilités. En résulte une vision ambivalente, entre concession, moyen de pression ou signe de reconnaissance…

L'article s'intéresse au télétravail en situation de confinement sous l'angle des échanges informels. Il s'attache à montrer leur caractère situé (à saisir dans les replis de lieux physiques de travail partagés et familiers) et l'effet d'une expérience prolongée de travail à distance sur leur composition au sein de collectifs de travail. La pratique généralisée d'un télétravail continu ne se traduit pas par le seul effacement d'une partie des échanges informels, mais aussi par des tentatives de recomposition de la géographie des sociabilités « interstitielles ». Ces tentatives de recomposition restituent un mouvement parallèle d'institutionnalisation et de virtualisation des interactions informelles.

Cet article interroge l'impact du télétravail sur la participation des salariés à la représentation et à l'action collective en entreprise. En mobilisant les données de l'enquête reponse 2017 (Relations professionnelles et négociation d'entreprise), nous montrons que le télétravail ne semble pas constituer en soi un frein à la participation. Les différences de participation observées sont en réalité liées au profil spécifique des télétravailleurs (moins précaires et appartenant aux couches supérieures du salariat). Les télétravailleurs occasionnels ne sont ainsi pas significativement moins participants que les autres salariés, y compris lorsqu'on se limite aux cadres, catégorie au sein de laquelle le télétravail est le plus répandu.

Cet article restitue les résultats d'une enquête collective et pluridisciplinaire qui a porté sur les effets du télétravail soudain et massif imposé à l'Université en raison de la crise sanitaire. Des questionnaires évaluant les incidences sur la vie familiale, les tms, les rps et comportant des questions ouvertes ont été administrés en juin 2020. Les résultats indiquent une dégradation des conditions de travail sur toutes les catégories de personnel, administratif, enseignement et recherche. Le télétravail a fait l'objet de régulations organisationnelles locales révélatrices de procédures de coordination incomplètes et de mises en œuvre contrastées et contingentes.

L'enquête à distance est un protocole routinisé dans les sciences sociales, qu'il s'agisse d'échanger avec des enquêtés par téléphone, messagerie électronique ou courriel. Cependant, la crise du Covid-19 et les confinements subséquents ont imposé ce mode d'investigation à un certain nombre de démarches initialement prévues ou débutées en présentiel. Cet article croise l'expérience de deux sociologues face à cette dématérialisation forcée. D'un côté, elle a importé sur leurs terrains plusieurs caractéristiques connues de l'enquête à distance. De l'autre, elle a produit des effets originaux, tributaires du contexte particulier de confinement.

La question du non-recours préoccupe aujourd'hui les acteurs des politiques soucieux de ne pas atteindre les publics. Ce texte présente les circonstances de son émergence, il y a une trentaine d'années, en lien avec un parcours de recherche. L'objectif n'est pas de présenter une sociohistoire du non-recours comme catégorie d'analyse et d'action. En revanche, ce témoignage montre ce qui peut durablement compter lorsque le métier de sociologue consiste (aussi) à ouvrir le passage à des questions qui peuvent déranger : en particulier, l'engagement dans des hypothèses de recherche fortes, l'effort dans la fabrication des outils nécessaires à l'explication et à la prise en compte des résultats, et le choix d'un langage scientifique sobre et direct.

L'article décrit le processus de constitution de circuits agricoles et alimentaires territorialisés marqués par un partenariat fort entre les opérateurs qui les composent. En s'appuyant sur l'observation de trois initiatives et en ancrant l'analyse dans la sociologie de l'action organisée, les auteurs décrivent quatre faces de ce processus : la visée d'une performance collective à l'échelle du circuit marchand, la volonté de négocier collectivement les règles du jeu, la réalisation d'apprentissages collectifs entre opérateurs et la stabilisation de règles portant sur les engagements de chacun.