Contenu du sommaire
Revue | Futuribles |
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Numéro | no 447, mars-avril 2022 |
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- La transition écologique, un mythe ? - Hugues de Jouvenel p. 3-4
- Bifurcation écologique et économie désirable - Pierre Veltz p. 5-20 La série consacrée à la transition écologique et énergétique, ouverte en 2020 dans nos colonnes, revient dans ce numéro de printemps, avec notamment cet article de Pierre Veltz qui souligne l'ampleur des évolutions à engager en la matière. Plus qu'une transition, il s'agit selon lui d'opérer une « bifurcation » et cette bifurcation pose un défi bien plus sociétal que technique. Comme Pierre Veltz le rappelle, les solutions techniques pour répondre au défi écologique, pour l'essentiel, existent ; d'importants gains d'efficacité énergétique sont encore possibles, mais compte tenu de certains freins (tels que l'effet rebond, la non-durabilité de nombreux biens, l'emballement technologique…), la clef la plus efficace consiste à modifier radicalement nos modes de vie. Cette bifurcation ne peut se faire qu'en prenant la voie de la sobriété : une sobriété non seulement individuelle, mais aussi et surtout collective, systémique, orchestrée par la puissance publique, de sorte que les choix menant la France vers l'objectif du zéro émission nette soient cohérents, et que les citoyens comme les acteurs socio-économiques voient, et comprennent, le chemin suivi. Ce cheminement vers ce que Pierre Vetz appelle l'« économie désirable » passe donc par une sobriété structurelle reposant sur une économie « humano-centrée », qui certes existe déjà et continue à se développer à l'échelle micro, localement ; mais doit désormais s'envisager à l'échelle supérieure, via une coordination et une orchestration planifiée par la « machine publique ». S.D.The series on the ecological and energy transition, begun in these columns in 2020, returns in this spring issue with, among others, this article by Pierre Veltz which stresses the breadth of the changes required. More than a transition, it is a ‘bifurcation' that is needed and that bifurcation poses a challenge that is much more societal than technical. As Veltz reminds us, the technical solutions to meet the ecological challenge largely exist already; significant gains in energy efficiency are still possible, but given a number of reasons why these will fall short (such as the rebound effect, the non-sustainability of many goods, technology racing out of control etc.), the most effective key to achieving these is radically to change our ways of life. This bifurcation can only be achieved by opting for the path of voluntary simplicity: not only individually, but also — and, most importantly — collectively, systemically, in a manner orchestrated by the public authorities, so that the choices taking France toward the net zero emissions target are coherent, and the citizens, as socio-economic actors, see — and understand — the path being followed. This move toward what Pierre Vetz terms the ‘desirable economy' therefore involves a form of structural voluntary simplicity based on a ‘human-centred' economy, which does already exist at the micro level and is continuing to develop in local settings, but must now be envisaged at a higher level through coordination and orchestration by the ‘machinery of state'.
- La transition énergétique à l'heure des choix - Pierre Papon p. 21-34 Au cours de l'année 2020, nous avons ouvert, dans Futuribles, une série spécifiquement consacrée à la transition écologique et énergétique. Ces derniers mois, plusieurs organisations ont rendu publics différents travaux visant à alimenter le débat relatif à l'atteinte de la neutralité carbone à l'horizon 2050, objectif affiché par la France (et l'Union européenne) pour lutter contre le changement climatique. Pierre Papon a examiné et comparé les principales publications proposant des scénarios ou des plans d'action en matière de transition énergétique pour la France à l'horizon 2050 (émanant de l'ADEME, RTE, NégaWatt et du Shift Project) ; il détaille ici les enseignements qui en ressortent, venant ainsi compléter notre série lancée en 2020.Dans tous les cas, la feuille de route est sans ambiguïté : il faut inciter à de nouveaux modes de vie pour réduire substantiellement les consommations énergétiques des Français. Ceci implique notamment de modifier les comportements alimentaires, de rénover et transformer les logements, et d'inciter à de nouveaux modes de transport. Pour ce faire, les choix énergétiques diffèrent selon les scénarios mais, comme le montre ici Pierre Papon, la part de l'électricité va croissant, sa production reposant sur une part elle-même en forte hausse des énergies renouvelables, la question du recours au nucléaire étant plus discutée dans les analyses ; plusieurs chiffrages sont avancés. L'accent est mis également sur la décarbonation de l'industrie et de l'agriculture, et l'impact possible des transformations à venir sur l'emploi fait l'objet de plusieurs estimations. Néanmoins, comme le rappelle Pierre Papon, la transition énergétique et les scénarios proposés pour l'accompagner reposent encore sur de nombreuses inconnues, en particulier sur le plan technique. Et du point de vue social, compte tenu des horizons temporels, des inerties propres aux secteurs concernés (logement, transport…) et à nos modes de vie, et des coûts et investissements nécessaires, il est urgent d'organiser une large concertation avec les citoyens, et une planification détaillée des politiques destinées à accomplir effectivement cette indispensable transition. S.D.In 2020, we at Futuribles began a series of articles devoted specifically to the ecological and energy transition. In recent months, a number of organizations have made public various studies aimed at fuelling the debate on reaching carbon neutrality by 2050, the target adopted by France (and the EU) in the fight against climate change. Pierre Papon has examined and compared the main publications proposing energy transition scenarios or action plans for France up to 2050 (from the French environmental and energy agency ADEME, the French electricity network RTE, NégaWatt and the Shift Project). In this article, he takes a look at the lessons to be drawn from them, thus completing the series launched in 2020.In all cases, the roadmap that emerges is an unambiguous one: new ways of living must be promoted to reduce French energy consumption substantially. This involves primarily a change to eating habits, renovating and converting housing stock, and encouraging new modes of transport. In pursuit of these goals, the energy choices differ across the various scenarios but, as Pierre Papon shows, the contribution to be made by electricity increases in each, its production being based on what is itself a substantial rise in the part played by renewables, the question of the use of nuclear energy being more controversial in the analyses; several different sets of figures are put forward on this. There is also an emphasis on the de-carbonization of industry and agriculture and a range of estimates are advanced on the potential impact on employment of the future transformations. Nevertheless, as Pierre Papon reminds us, the energy transition and the scenarios proposed for supporting it still depend on many unknowns, particularly with regard to technology. And from the social point of view, given the time horizons, the inertia that pertains in the sectors concerned (housing, transport etc.) and in our ways of life, and the necessary costs and investments, there is an urgent need for wide consultation with citizens and detailed planning of the policies that are actually meant to bring about this essential transition.
- Stratégies d'innovation des entreprises leaders : Perspectives 2030, horizon 2050 - Marc Giget p. 35-50 Alors que la crise sanitaire a rebondi fin 2021, remettant en difficulté bien des entreprises confrontées à de nouvelles contraintes (transports, conditions de travail, absentéisme…), sortir un peu de la gestion à court terme en regardant sur quoi se concentrent leurs stratégies à plus long terme offre un appel d'air. C'est ce que propose Marc Giget qui, s'appuyant sur diverses études internationales, présente ici les principales préoccupations et les objectifs stratégiques des entreprises leaders de l'innovation dans le monde, aujourd'hui mais aussi à un horizon plus lointain — 2030, voire 2050.Si leurs objectifs technico-financiers n'ont pas disparu (investissement dans la recherche-développement, coopération scientifique et technique…), on constate qu'à long terme des préoccupations plus sociales et environnementales s'affirment : promotion des employés, transmission, relation harmonieuse à la société… Marc Giget souligne également la volonté d'avoir une vision stratégique de long terme et non strictement conjoncturelle, de transmettre les valeurs et savoirs de l'entreprise aux nouvelles générations, et l'accent mis sur les relations de confiance avec les clients et fournisseurs. Enfin, il présente les orientations nouvelles et les 10 axes clefs d'avenir qui ressortent des stratégies d'innovation des entreprises européennes leaders, dans lesquels l'atteinte de la neutralité carbone et la réalisation des objectifs de développement durable des Nations unies occupent une place croissante. S.D.While the pandemic has flared up again in late 2021, causing renewed difficulties for many companies faced with new constraints (transport, working conditions, absenteeism etc.), standing back a little from short-term management and examining the focus of companies' longer-term strategies can bring a breath of fresh air. This is what Marc Giget proposes here. Drawing on various international studies, he outlines the main preoccupations and strategic aims of the world-leading companies in innovation, not only today but also looking further into the future — to 2030 or even 2050.Though their technical and financial aims have not disappeared (investment in R&D, scientific and technical cooperation etc.), it is noticeable that more social and environmental concerns are making themselves felt in the long term: upgrading employees, passing on knowledge, harmonious relations with society etc. Marc Giget also stresses the desire for a long-range rather than a merely short-term strategic vision, for handing on the company's values and knowledge to younger generations, and the emphasis on relations of trust with clients and suppliers. Lastly, he presents the new orientations and 10 key future lines of development that emerge from the innovation strategies of Europe's leading companies, in which achieving carbon neutrality and the UN's sustainable development objectives have an increasingly prominent place.
- La pêche et les écosystèmes marins : deux scénarios - Didier Gascuel p. 51-63 La fin de l'année 2021 a été particulièrement marquée par les différends entre la France et le Royaume-Uni concernant les modalités de pêche post-Brexit dans les eaux séparant leurs territoires. On a pu voir combien l'accès aux ressources halieutiques constituait un enjeu stratégique pour les acteurs concernés. Il est vrai que dans le contexte du changement climatique et de décennies de pêche non raisonnée, le secteur de la pêche est en proie à d'importantes évolutions. C'est ce que montre ici Didier Gascuel, dans le cadre de la série consacrée à la mer et aux océans lancée dans nos colonnes à l'été 2020.Après avoir rappelé les tendances passées (marquées par une surexploitation croissante des ressources et des écosystèmes marins), il montre comment les choses ont évolué dans les années récentes, permettant de mieux encadrer et réguler les activités de pêche. Mais si la surexploitation marque le pas, manque encore une approche écosystémique pour enclencher une véritable résilience des milieux marins. Peut-elle advenir ? Se projetant à l'horizon 2050, Didier Gascuel propose ici deux scénarios pour la pêche et les écosystèmes marins. Le premier (celui du pire) nous replace dans une surpêche généralisée, sans outils de contrôle significatifs ni implication sociopolitique pour la réguler, le tout aggravé par le changement climatique. Le second, le plus vertueux, est celui de la « pêchécologie » dans lequel, sur le modèle de l'agroécologie, le secteur s'engage dans une gestion de la pêche et des ressources marines en synergie avec les nécessités écologiques et environnementales. Ce scénario, de loin le plus souhaitable dans une perspective de préservation des ressources halieutiques (et à plus long terme de notre propre écosystème), exige une forte mobilisation politique et sociale à l'échelle mondiale, mais il peut devenir réalité, en particulier si l'Union européenne s'en empare. S.D.The closing months of 2021 saw a significant level of conflict between France and the UK over post-Brexit fishing arrangements in the waters between their territories. It was clear that access to fishing stocks represented a strategic concern for the parties concerned. It must be admitted that, in a context of climate change and decades of ill-considered fishing practices, the fishing sector finds itself facing significant change. Didier Gascuel shows this here as part of the series devoted to the sea and oceans begun in our columns in summer 2020.After reviewing past trends (characterized by increasing over-exploitation of marine ecosystems and resources), he shows how things have changed in recent years, when it has been possible to better manage and regulate fishing activity. But although over-exploitation is currently held in check, there is still no eco-systemic approach to make marine environments genuinely resilient. Can there be one? Looking toward a horizon of 2050, Didier Gascuel proposes two scenarios for fishing and marine ecosystems in this article. The first of these (the worst-case scenario) takes us back to a situation of generalized over-fishing, without meaningful oversight tools or socio-political involvement to regulate it, the whole situation being further aggravated by climate change. The second — more virtuous — scenario is that of ‘pesco-ecology' in which, as in agro-ecology, the sector undertakes to manage fishing and marine resources in synergy with ecological and environmental needs. This scenario, by far the most desirable in terms of preserving fishing stocks (and, in the longer term, our own ecosystem), demands a high level of political and social mobilization at the global level. Yet it can become a reality, particularly if seized upon by the European Union.
- Aquaculture et biodiversité à 2050 - Philippe Goulletquer, Denis Lacroix p. 65-77 Dans un article paru en mai 2021 dans notre série consacrée à la mer et aux océans, Sébastien Abis et Cyrille Coutansais ont porté un coup de projecteur sur le secteur aquacole français, soulignant les défis auxquels il était confronté dans le contexte de la mondialisation des échanges, mais aussi ses atouts pour renforcer le secteur agricole français et la sécurité alimentaire du pays.Pour compléter cette série, Philippe Goulletquer et Denis Lacroix étendent ici l'analyse de l'aquaculture à l'échelle mondiale. Ils soulignent combien le secteur est confronté à un ensemble de défis, parmi lesquels une demande alimentaire de produits de la mer en hausse en réponse à la croissance démographique, une crise mondiale de la biodiversité, et des changements planétaires dont les effets du dérèglement climatique. Dans le même temps, les objectifs internationaux qui ont été définis en matière de biodiversité ne semblent pas pouvoir être atteints par les trajectoires actuelles et impliquent de larges changements dans de nombreux secteurs de production ; et la crise Covid a révélé la faible résilience des systèmes de production mondialisés et l'intérêt de certaines relocalisations. Si l'aquaculture doit encore résoudre d'importants problèmes environnementaux pour devenir durable, elle dispose d'avantages compétitifs comparée aux autres productions animales, qui devraient lui permettre de relever le défi de la sécurité alimentaire à l'horizon 2050. Les auteurs proposent ici différents scénarios, dont une progression de 44 % de la production aquacole mondiale sur une base tendancielle. Tous ces scénarios nécessiteront des choix politiques assumés — dans la mesure où les approches de conservation et d'exploitation durable sont rarement conciliables —, une information honnête de l'opinion publique, le tout en plaçant la biodiversité en haut des priorités, en tant que bien commun universel, également source de solutions futures. S.D.In an article in our series on the seas and oceans published in May 2021, Sébastien Abis and Cyrille Coutansais shone a spotlight on the French aquaculture sector, stressing both the challenges that confronted it in the context of trade globalization and also the advantages it presented for boosting the French agricultural sector and improving the country's food security.To complete this series, Philippe Goulletquer and Denis Lacroix now expand the analysis of aquaculture to the global level. They stress the extent to which the sector faces a range of challenges, among them a rising demand for seafood products in response to demographic growth, a global biodiversity crisis and planet-wide changes that include the effects of climate disruption. At the same time, it does not seem that we are currently on course to meet the international biodiversity objectives we have set ourselves: wide-ranging changes are needed in many sectors of production to achieve this. And the Covid crisis has revealed the low resilience of globalized production systems and shown why it might be advantageous to repatriate some production. Though aquaculture still has important environmental problems to resolve before it is sustainable, it has some competitive advantages by comparison with other animal products that ought to enable it to confront the food security challenge in the period to 2050. The authors propose various scenarios here, including an increase, on a trend basis, of 44% in global aquaculture production. All these scenarios will require political choices — given that conservation and sustainable-farming approaches can rarely be fully reconciled — and the public will need to be provided with honest information, while biodiversity is prioritized as both a universal common good and a source of future solutions.
Repères
- Trajectoires géoéconomiques et géopolitiques à l'horizon 2030 : Actualisation des scénarios et des messages clefs de Futuribles - Marie Ségur p. 78-82
- Pour une prospective post-Brexit - Derek Martin, Jean-François Drevet p. 83-94 C'est le 31 janvier 2020 qu'a été signé l'accord de retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne (UE), suivi, au terme de difficiles négociations, d'un accord du 30 décembre 2020 définissant les modalités de coopération entre l'UE et le Royaume-Uni. Cet accord de commerce et de coopération est entré définitivement en vigueur en mai 2021, actant officiellement le Brexit. Mais tout est loin d'avoir été réglé (comme on a pu le voir dans le domaine de la pêche ou de l'Irlande du Nord) et la question des perspectives d'évolution, à la fois du Royaume-Uni en tant que pays fonctionnant en solo à l'international, et de sa relation avec l'UE, reste assez largement ouverte, tant sur le plan économique et commercial, que sur le plan diplomatique.Derek Martin et Jean-François Drevet essaient ici d'y apporter quelques éléments de réponse et d'éclairer l'avenir de l'après-Brexit de part et d'autre de la Manche. Où en sont les relations entre Londres et Bruxelles ? Peuvent-elles rester durablement « acrimonieuses » ? Le Royaume-Uni résistera-t-il aux tensions suscitées par le Brexit dans les pays celtes ? Peut-il retrouver une stature internationale d'envergure ? Deux scénarios sont mis en avant : l'avènement d'une Global Britain (probablement illusoire) ; et le « retour du fils prodigue » dans l'UE (mais à quelles conditions ?). Dans un cas comme dans l'autre, il s'agit d'anticiper ce sur quoi l'après-Brexit pourrait déboucher à moyen-long terme, et de se doter, côté britannique comme côté UE, de stratégies adaptées. S.D.It was on 31 January 2020 that the United Kingdom's Withdrawal Agreement from the European Union was signed, followed, after difficult negotiations, by an agreement of 30 December 2020 specifying the arrangements for co-operation between the EU and the UK. This Trade and Cooperation Agreement came into force on a permanent basis in May 2021, marking Britain's official exit. But things are far from being settled (as has been evident in the area of fisheries or Northern Ireland), and the question of future prospects, both for the UK as a country going it alone on the international stage and its relations with the EU, remains largely open, both in trade/economic terms and at the diplomatic level.Derek Martin and Jean-François Drevet attempt to provide some answers to these questions and to cast light on the post-Brexit future on both sides of the Channel. How do relations stand between London and Brussels? Might they remain lastingly ‘acrimonious'? Will the UK withstand the tensions generated by Brexit among the Celtic nations? Can it recover its major international standing? Two scenarios are proposed: the (probably illusory) advent of a ‘Global Britain' and the ‘return of the prodigal son' to the EU (though on what conditions?). In either case, the point is to anticipate what the post-Brexit period could lead to in the medium-to-long term, and for both parties — the UK and the EU — to equip themselves with appropriate strategies.
Chronique européenne
- Les Européens orphelins d'Angela Merkel ? - Jean-François Drevet p. 95-101 Après 16 années passées à la tête du plus puissant pays européen sur le plan économique, Angela Merkel a quitté la chancellerie allemande fin 2021, laissant, selon certains commentateurs, l'Union européenne un peu orpheline. Mais est-ce vraiment le cas ? Son départ ne pourrait-il pas être l'occasion de relancer différents pans de la politique européenne ? Selon Jean-François Drevet, un certain nombre de signes émanant de la nouvelle coalition au pouvoir en Allemagne (entre sociaux-démocrates, Verts et libéraux) semblent aller en ce sens. C'est le cas en particulier sur le plan de la relance institutionnelle (avancée vers une Europe fédérale ?) ou du renforcement possible de la politique étrangère pour opposer aux voisins autocrates (Russie et Turquie notamment) des réponses autres que strictement économiques, avec peut-être, pour ce faire, un renouveau du couple franco-allemand. En somme, une nouvelle ère pourrait émerger, grâce à ce passage de relais à Berlin, potentiellement favorisée par la présidence française de l'Union et la mise au clair à venir des relations avec le Royaume-Uni post-Brexit. S.D.After 16 years at the head of Europe's most economically powerful nation, Angela Merkel departed the German chancellery at the end of 2021, leaving the European Union, in the view of some commentators, virtually orphaned. But is this really the case? Might her exit not provide an opportunity to relaunch some different strands of European policy? As Jean-François Drevet sees it, a number of signs given out by the new ruling coalition in Germany (of Social-Democrats, Greens and Liberals) seem to point to such a development. This is particularly the case with respect to institutional advance (perhaps towards a federal Europe) or the possible stiffening of its foreign policy to tackle Europe's autocratic neighbours (particularly Russia and Turkey) with more than merely economic responses, such a move perhaps also heralding a revival of the Franco-German partnership. All in all, thanks to this passing of the baton in Berlin a new era might emerge, potentially aided by the French presidency of the EU and the future clarification of relations with the post-Brexit UK.
- Les Européens orphelins d'Angela Merkel ? - Jean-François Drevet p. 95-101
Actualités prospectives
- Idées & faits porteurs d'avenir - p. 103-116
Lu, vu, entendu
- Analyses critiques & comptes rendus - p. 117-132