Contenu du sommaire
Revue | Revue trimestrielle des droits de l'homme |
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Numéro | no 125, 2021/1 |
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- In memoriam – Jean Vandeveld (1932-2020) - Dean Spielmann p. 3-4
Colloque « L'indépendance du juge national vue par les deux Cours européennes »
- L'indépendance du juge dans le cadre européen : évolutions et interrogations partagées - Bernard Stirn p. 5-13 Le présent texte constitue une réaction aux rapports présentés par les juges Biltgen et Lemmens lors du colloque « L'indépendance du juge national vue par les deux Cours européennes », organisé par la Revue le 7 février 2020 à la Cour de justice de l'Union européenne. Ces rapports ont été publiés respectivement dans les numéros 123 et 124 de la Revue.L'auteur envisage, à l'aune des exigences européennes, les évolutions et les interrogations relatives à l'indépendance du juge.This text is a reaction to the reports presented by Judges Biltgen and Lemmens at the conference “L'indépendance du juge national vue par les deux Cours européennes” (“The independence of the national judge as seen by the two European Courts”), organized by the Revue on 7 February 2020 at the Court of Justice of the European Union. These reports were published respectively in issues 123 and 124 of the Revue.In the light of the European standards, the author considers the evolutions and the questions relating to the independence of judges.
- L'indépendance du juge dans le cadre européen : évolutions et interrogations partagées - Bernard Stirn p. 5-13
Doctrine
- La Convention européenne des droits de l'homme et la pandémie de Covid-19 - Ledi Bianku p. 15-47 La pandémie de Covid-19 a eu un impact sur notre mode de vie et sur la jouissance de nombreux droits qui nous étaient considérés comme acquis en temps normal. Cet article offre un bref panorama des droits de la Convention européenne des droits de l'homme mis à l'épreuve lors de cette crise pandémique.The Covid-19 pandemic has had an impact on our way of living and on the enjoyment of many rights generally taken for granted in normal times. This article offers a brief overview of the rights of the European Convention on Human Rights that were put to the test during this crisis.
- Le droit à la protection de la santé, droit diffus dans la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme - Frédéric Sudre p. 49-75 Non inscrit dans le texte de la Convention européenne des droits de l'homme, le droit à la protection de la santé apparaît aujourd'hui comme un droit en formation, diffus dans la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme et fragmenté entre plusieurs dispositions. La Cour européenne, par une interprétation constructive, a ouvert la possibilité à la personne physique de se prévaloir indirectement du droit d'être protégée contre des atteintes à sa santé et du droit de bénéficier de soins médicaux adéquats en cas de manquement de l'État à remplir les obligations de protection de la santé qui pèsent sur lui au titre du droit à la vie, du droit à ne pas subir de traitements inhumains et dégradants ou du droit au respect de la vie privée et familiale.The right to protection of health, which is not part of the European Convention on Human Rights, appears today as a developing right, diffused in the case law of the European Court of Human Rights and fragmented among several provisions. Through a constructive interpretation, the European Court has allowed individuals to indirectly claim the right to be protected against damage to their health and the right to benefit from suitable medical care should the State fail to fulfill its obligations to protect health under the right to life, the right not to be subjected to inhuman and degrading treatment or the right to respect for private and family life.
- La Convention européenne des droits de l'homme et la pandémie de Covid-19 - Ledi Bianku p. 15-47
Jurisprudence
- Coup d'arrêt à l'extension de la juridiction extraterritoriale des États parties à la Convention européenne des droits de l'homme : (obs. sous Cour eur. dr. h., Gde Ch., décision M. N. e.a. c. Belgique, 5 mai 2020) - Peggy Ducoulombier p. 77-96 Le sujet des visas « humanitaires » au cœur de l'affaire M. N. e.a. c. Belgique imposait à la Cour européenne des droits de l'homme de trancher en premier lieu la question de savoir si les requérants relevaient de la juridiction de la Belgique. Confrontée à un problème politiquement sensible, la Cour, à la majorité, a adopté une position conservatrice de la notion de juridiction par une relecture restrictive de certains précédents et le refus d'une interprétation dynamique de la Convention, au profit d'une analyse conséquentialiste au bénéfice des États et de la préservation du système européen de protection des droits de l'homme.The subject of “humanitarian” visas, at the heart of the case M. N. and Others v. Belgium, required the European Court of Human Rights to first rule on whether the applicants were under the jurisdiction of Belgium. Faced with a politically sensitive issue, the Court adopted a conservative position on the notion of jurisdiction by a majority, using a restrictive interpretation of its case law and rejecting a dynamic interpretation of the Convention. The Court decided to favor a consequentialist analysis to the benefit of the States and of the preservation of the European system of human rights protection.
- Le drone en appui à la surveillance policière, quel cadre juridique et quels enjeux pour la protection des droits fondamentaux ? : (obs. sous C.E. (fr.), ordonnance association « La quadrature du net » et Ligue des droits de l'homme, 18 mai 2020, nos 440.442 et 440.445) - Pascale Vandernacht p. 97-117 Dans le contexte de la surveillance des mesures de confinement décidées par le gouvernement français en vue de lutter contre la pandémie du coronavirus Covid-19, le Préfet de police de Paris a autorisé l'utilisation de drones munis de haut-parleurs et de caméras pour détecter notamment des rassemblements de personnes dans l'espace public et faciliter les interventions de ses services. Des associations de protection des droits de l'homme ont saisi les juridictions administratives pour faire cesser cette surveillance qu'elles jugent attentatoire notamment au droit à la vie privée de chacun et au droit à la protection des données personnelles. Par une ordonnance du 18 mai 2020, le Conseil d'État de France leur a donné raison en infirmant l'ordonnance du 5 mai 2020 du juge des référés du Tribunal administratif de Paris qui avait rejeté le recours de ces associations, sans toutefois remettre en question l'utilisation de drones à cette fin.In the monitoring of the containment measures decided by the French Government to combat the Covid-19 pandemic, the Paris Police Prefect authorized the use of drones equipped with loudspeakers and cameras to detect gatherings of people in the public space and to facilitate the intervention of his services. Human rights protection associations brought claims in front of the administrative courts to put an end to this surveillance, which they consider a breach of the right to privacy and the right to protection of personal data. In an order of 18 May 2020, the Council of State of France ruled in their favor by overturning the order of 5 May 2020 of the interim relief judge of the Paris Administrative Court which had dismissed the appeal of these associations, without, however, questioning the use of drones for this purpose.
- Le Protocole no 16 mobilisé par la Cour constitutionnelle arménienne ou la Cour européenne des droits de l'homme au cœur d'une affaire politique : (Cour eur. dr. h., Gde Ch., avis consultatif no 2, 29 mai 2020) - Gohar Galustian p. 119-139 Dans son deuxième avis consultatif, la Cour adopte une position prudente quant à la législation par référence et l'application rétroactive de la loi pénale. Mais elle saisit pleinement l'occasion pour, d'une part, dessiner les contours d'un dialogue apaisé avec les juges constitutionnels et, d'autre part, éclairer l'articulation complexe d'un méta-renvoi préjudiciel impliquant les normes constitutionnelles.The Court takes a cautious position on the legislation by reference and the principle of retroactive application of criminal law. But it takes full advantage of the opportunity, on the one hand, to outline a peaceful dialogue with the constitutional courts, within the consultative mechanism, and, on the other, to shed light on the articulation of a complex double ruling involving constitutional provisions.
- Conditions de détention en France : double ricochet de l'arrêt J.M.B. et autres c. France : (obs. sous Cass. (fr.) (ch. crim.), 8 juillet 2020 [2 arrêts] et Cons. const. (fr.), décision no 2020-858/859 QPC, 2 octobre 2020) - Damien Roets p. 141-152 Après le retentissant arrêt J.M.B. e.a. c. France du 30 janvier 2020 par lequel la Cour européenne des droits de l'homme a recommandé à l'État français d'adopter, dans un contexte de surpopulation carcérale endémique, des mesures générales susceptibles d'offrir aux personnes détenues des conditions d'incarcération respectueuses du principe de dignité et d'établir un recours leur permettant de mettre fin à des conditions de détention constitutives d'un traitement dégradant, la question se posait de savoir quelle serait la réaction des autorités nationales. Cette réaction s'est produite en deux temps. Dans un premier temps, la chambre criminelle de la Cour de cassation, dans deux arrêts en date du 8 juillet 2020, a estimé, en se référant explicitement à l'arrêt J.M.B. e.a. c. France, qu'il convenait d'appliquer le droit européen des droits de l'homme sans attendre une éventuelle modification des textes et que, partant, le juge judiciaire devait pouvoir mettre fin à des conditions de détention contraires à l'article 3 de la Convention européenne des droits de l'homme. Moins de trois mois après, dans les mêmes affaires, saisi dans le cadre de deux questions prioritaires de constitutionnalité, le Conseil constitutionnel a abrogé, avec effet différé au 1er mars 2021, des dispositions lacunaires du Code de procédure pénale, contraignant le législateur à instaurer, à cette date, un recours judiciaire aux fins de permettre aux personnes placées en détention provisoire dans des conditions indignes de former une demande de mise en liberté.In the case J.M.
B. e.a. c. France of January 30, 2020, related to prison overcrowding, the European Court of Human Rights recommended that the French State adopt general measures likely to offer people in detention conditions that respect the principle of dignity and to establish a remedy enabling them to put an end to conditions of detention that constitute degrading treatment. After this resounding case, the reaction of the national authorities happened in two stages. Firstly, in two judgments dated July 8, 2020, the Criminal Chamber of the Court of Cassation considered, with explicit reference to the J.M.B. e.a. c. France judgment, that European human rights law should be applied without waiting for a possible modification of the texts and that, therefore, the judicial judge should be able to put an end to conditions of detention contrary to Article 3 of the European Convention on Human Rights. Less than three months later, in the same cases, the Constitutional Council, seized with two priority questions of constitutionality, repealed, effective March 1, 2021, the incomplete provisions of the Code of Penal Procedure, forcing the legislator to establish by that date a judicial remedy to enable persons held in pre-trial detention in undignified conditions to apply for release. - L'invalidation du Privacy Shield : peut-on sortir des turbulences dans les flux transatlantiques des données à caractère personnel ? : (obs. sous C.J.U.E., Gde Ch., arrêt Facebook Ireland et Schrems, 16 juillet 2020, C-311/18) - Olivia Tambou p. 153-166 La Cour de justice de l'Union européenne a considéré pour la seconde fois que les États-Unis ne garantissaient pas un niveau de protection des données à caractère personnel essentiellement équivalent à celui garanti dans l'Union européenne. Cette difficulté structurelle impose aux acteurs d'interdire ou de suspendre leurs transferts de données à caractère personnel de l'Union européenne vers les États-Unis, sauf à être en mesure d'apporter des garanties appropriées.For the second time, the Court of Justice of the European Union considered that the United States of America did not offer a level of protection of personal data essentially equivalent to that guaranteed within the European Union. This structural difficulty requires stakeholders to suspend or prohibit data transfers to the United States of America unless they can provide appropriate safeguards.
- Entre devoir de réserve et liberté d'expression, un équilibre précaire pour les enseignants : (obs. sous Cour eur. dr. h., décision Mahi c. Belgique, 3 septembre 2020) - Éric Lemmens, Rodrigue Demeuse p. 167-184 Le droit à la liberté d'expression, s'il est fondamental dans une société démocratique, n'est cependant pas absolu. Les agents de la fonction publique, parmi lesquels se trouvent les enseignants, sont particulièrement susceptibles de subir des ingérences dans l'exercice de ce droit, en raison des devoirs et responsabilités particuliers qui pèsent sur leurs épaules. Dans la décision Mahi c. Belgique du 3 septembre 2020, la Cour européenne des droits de l'homme réaffirme ces principes avec force, tout en rappelant les balises qui doivent nécessairement encadrer de telles restrictions.Freedom of speech, while fundamental in a democratic society, is not absolute. Public officials, including teachers, are particularly susceptible to interference in the exercise of this right because of the special duties and responsibilities that weigh upon them. In the Mahi v. Belgium case, the European Court of Human Rights strongly reaffirmed these principles, while recalling the guidelines that must necessarily frame such restrictions.
- Coup d'arrêt à l'extension de la juridiction extraterritoriale des États parties à la Convention européenne des droits de l'homme : (obs. sous Cour eur. dr. h., Gde Ch., décision M. N. e.a. c. Belgique, 5 mai 2020) - Peggy Ducoulombier p. 77-96
- « Continuité de la justice et respect des droits humains en temps de pandémie » : Compte rendu du colloque organisé le 23 octobre 2020 par le barreau de Bruxelles - Isabelle Andoulsi p. 185-190
- Bibliographie - p. 191-201