Contenu du sommaire : L'infodémie entre information et désinformation

Si la quantité d'informations qui nous entoure est aujourd'hui indéniable, elle est aussi et surtout redoutable (Szafrajzen et Moutouh, 2013). Le développement des technologies de l'information et de la communication induit une culture du numérique (Cardon, 2019) et conduit à repenser les pratiques et besoins en éducation aux médias (Corroy et al., 2017). La présente recherche empirico-inductive et à visée exploratoire souhaite comprendre comment l'éducation aux médias et à l'information est mobilisée dans le cadre d'ateliers mis en place par le Centre de Documentation et d'Information d'un collège de l'Académie de Montpellier lors de la semaine de la presse et des médias dans l'école.

En avril 2020, une désinformation a envahi et embrasé les médias sociaux : la 5G pourrait être à l'origine de la Covid-19 et contribuer à sa propagation. Cette désinformation a été particulièrement virulente au Royaume-Uni où elle a eu un fort impact, causant notamment de nombreuses dégradations sur des infrastructures de télécommunications devenues vitales en temps de pandémie.L'article tente de retracer la trajectoire et les répercussions de cette désinformation. Il s'interroge sur le sort que lui a réservé la presse britannique et le rôle joué par celle-ci, dans un contexte de déploiement de la 5G, lui-même objet de nombre d'enjeux critiques. Enfin, il propose de retirer des enseignements relatifs à la pluralité des facteurs possibles ayant conduit à cette situation dramatique.

Pendant la pandémie de Covid-19, nous avons assisté à un festival de fausses informations et de fausses nouvelles, que certains groupes de chercheurs et médecins, actifs notamment sur les réseaux sociaux, ont choisi de contrer de manière objective afin de rétablir la vérité. La Fédération Covid-19 s'est donné pour mission de contrer les fake news et d'agir sur les réseaux sociaux numériques grâce à une page et un groupe Facebook, un compte Twitter et Instagram, sur un mode démocratique et selon une hiérarchie basée sur les compétences de chacun. Ce travail bénévole et conséquent a été bénéfique pour un public de profanes en recherche d'informations face à la pandémie, même si celui-ci n'est pas sans comporter quelques difficultés dues à la cristallisation d'un discours de peur sur les réseaux sociaux numériques visant à discréditer son travail de vulgarisation questionnant les rapports sciences et société sur internet.

Face à la crise sanitaire liée à la pandémie du SARS-CoV-2, le succès de l'adhésion des citoyens aux mesures prises par les pouvoirs publics dépend en grande partie des stratégies de communication mises en œuvre par ces derniers. Le présent article analyse la communication publique sur le port du masque chirurgical en 2020, en prenant l'exemple de la France, des États-Unis et de la Grande Bretagne. En fondant le travail sur les discours officiels politiques et scientifiques sur le port du masque chirurgical, l'étude fait le constat que malgré la disponibilité des mêmes informations scientifiques dans les trois pays, la communication publique sur le masque dans les pays concernés est passée par des stratégies bien définies, parfois convergentes, parfois divergentes.

Cette recherche vise à explorer le phénomène de la désinformation publiée sur les réseaux sociaux numériques par les usagers français lors de la propagation de la pandémie de la Covid-19. L'étude de ce phénomène s'effectue à travers différentes perspectives dont celle des plateformes numériques et celle des particularités de la désinformation. Après une recherche quantitative et qualitative s'appuyant sur une méthode d'analyse de contenu et une approche fonctionnaliste, les caractéristiques de la désinformation sur la Covid-19 dans les RSN français sont décryptées tant au niveau textuel que de certaines techniques audio-visuelles. Ensuite, sont abordés la provenance de la désinformation y compris celle de la désinformation officielle. Enfin le binôme aspect factuel et modulation de l'information est analysé afin de mieux appréhender l'aspect subjectif de l'information.

En Côte d'Ivoire, l'avènement de la pandémie de la Covid-19 s'est inscrit dans un contexte socio-politique spécifique, avec la tenue de l'élection présidentielle controversée d'octobre 2020. facebook, le réseau social le plus utilisé et le plus populaire dans ce pays, constitue une plateforme favorisant le partage d'informations sur la Covid-19 et la circulation de rumeurs et d'infox. Cet article propose une classification de ces infox et analyse leur utilisation dans ce contexte spécifique. L'étude est conduite par une netnographie à travers, la veille des pages et groupes publics facebook. En complément, neuf entretiens semi-structurés ont été réalisés auprès de cyberactivistes et administrateurs de groupes facebook.L'étude relève trois niveaux inter-reliés de rumeurs : les infox qui circulent au niveau mondial, celles qui se situent au niveau africain et national, plus spécifique au contexte ivoirien, avec la dénonciation des cyberactivistes d'une épidémie instrumentalisée par l'État à des fins d'enrichissement personnels et politiques, liées à des stratégies électorales. Les cyberactivistes se sont affrontés sur cet enjeu qui est devenu symbolique - en fonction de leur appartenance partisane, en mobilisant des rumeurs et infox pour alimenter les débats. Au total, la surpolitisation de la Covid-19 a eu pour effet une forme de défiance systématique envers les mesures de riposte des autorités nationales, voire un déni de la maladie.

Depuis 2012, Christophe Deloire est secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), organisation non gouvernementale internationale de promotion de la liberté, de l'indépendance et du pluralisme du journalisme. Entre 2008 et 2012, il a été le directeur du CFJ (Centre de Formation des Journalistes de Paris). De 1998 à 2007, il a travaillé pour Le Point aux départements Société et Politique en tant que journaliste d'investigation. Il a également travaillé pour les chaînes de télévision ARTE et TF1. Il est l'auteur d'un documentaire (Chirac intime, 2008). Il est à la fois auteur (Les islamistes sont déjà là (2004), Sexus Politicus (2006) et Circus Politicus (2012)) et éditeur de plusieurs ouvrages.

Le néologisme infodémie est une contraction des noms communs information et pandémie. Il en est de même de l'infopandémie concomitante avec la période Covid-19. Un constat s'impose dans une temporalité courte. La désinformation est autant virale que le virus fait l'objet d'informations préventives, palliatives et correctives. Triptyque connu de la gestion de projet et qui prend ici son sens dans la gestion de crise sanitaire. Cela questionne les modalités de circulation de ce flux d'informations et/ou désinformations, les Fake News lorsque le message est faux. L'usage des médias sociaux et des supports numériques confère, arbitrairement, à l'immédiateté une valeur de légitimité des données véhiculées, postulat largement à remettre en cause. En effet, faute de garant de la véracité et vérité de l'information diffusée, pléthore de messages contradictoires cohabitent semant la confusion et alimentant la controverse auprès des récepteurs. La situation de la crise sanitaire et la circulation numérique de l'information sont le prolongement naturel de la culture numérique dans un contexte de distanciation sociale. Faute de lien réel, le lien virtuel le supplée en lieu et place du présumé délitement du lien social causé par les usages numériques. Toutefois, des stratégies d'influence et de manipulation sont sous-jacentes à la massification des informations, dites virales, avec la propagation des Fake News. La question de la confiance dans les autorités est à nouer et à développer pour que la parole scientifique et publique puisse avoir leur place efficace et regagner la confiance de l'agora dans le respect des principes démocratiques de la liberté d'expression.