Contenu du sommaire : RFSP (1951‐2021) : 70 ans de science politique

Revue Revue Française de Science Politique Mir@bel
Numéro vol. 71, no 5-6, octobre-décembre 2021
Titre du numéro RFSP (1951‐2021) : 70 ans de science politique
Texte intégral en ligne Accès réservé
  • In memoriam : Jean-Luc Parodi (1937-2022) - p. 721-722 accès libre
  • Avant-propos - p. 724-725 accès réservé
  • Articles

    • En quête d'une théorie (politique) des relations internationales : Raymond Aron et son héritage - Jean-Vincent Holeindre p. 725-744 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Dans l'étude des relations internationales (RI), Raymond Aron a joué un rôle pionnier non mesuré à sa juste valeur en raison d'une réception lacunaire. Cet article interroge les raisons de ce paradoxe. Assimilé au réalisme classique américain, R. Aron s'en distingue par l'attention portée aux facteurs idéologiques et à la variable du régime politique. Passeur de théories, il élabore la sienne propre, dont il fixe la portée et les limites, entre humanités et sciences sociales. Il est enfin redécouvert à l'aune du dépassement des paradigmes. Sa lecture incite à un décentrement de la science politique : par rapport au présent afin de faire de l'histoire une ressource ; par rapport aux impératifs de l'action politique afin d'adopter le point de vue réflexif de la théorie politique.
      Raymond Aron was an pioneer in the study of international relations, but his value has yet to be fully recognized given his sparse reception in the field. This article will look at the reasons for this paradox. Often grouped under the umbrella of American political realism, Aron stands out through his focus on ideological factors and on the variable of the political regime. While helping to disseminate the ideas of others, he also elaborated his own well-defined theory, whose scope was situated somewhere between the humanities and the social sciences. Aron is finally being rediscovered amidst the contemporary desire to go beyond traditional paradigms. Reading Aron invites us to step outside the confines of political science, both in relation to the present (in order to transform history into an asset) and in relation to the imperatives of political action (in order to adopt the reflexive perspective of political theory).
    • La « théorie politique » : entre philosophie de la politique et politique dans la théorie - Jean-Yves Pranchère p. 745-764 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Relire l'article d'Isaiah Berlin publié en 1961 dans le numéro de la Revue française de science politique consacré à la théorie politique oblige à en reprendre les questions à la lumière des développements de la discipline dans l'aire francophone. La différence de la théorie politique avec la science politique d'une part et la philosophie politique d'autre part demande à être saisie selon plusieurs enjeux : l'articulation du constat empirique, de l'analyse logique et de l'histoire conceptuelle ; la tension entre le raisonnable et le rationnel ; la distinction entre la politique et le politique ; la pratique de la réflexivité sociale à l'intersection des processus historiques, des valeurs immanentes aux modes de vie et des choix normatifs.
      Rereading Isaiah Berlin's 1961 article in the Revue française de science politique on the issue of political science forces us to revisit a number of questions in light of the discipline's historical developments in France. When examining the distinctions between political theory and political science on the one hand, and between political theory and political philosophy on the other, different issues are at stake : the connection between empirical observation, logical analysis, and conceptual history ; the tension between the rational and the reasonable ; and the practice of social reflexivity that lies at the intersection of historical processes, normative choices, and the values inherent to various lifestyles.
    • Back to Basics : Revenir aux rétributions professionnelles du militantisme pour comprendre les partis contemporains - Carole Bachelot, Florence Haegel p. 765-788 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Cet article revient sur la contribution de Daniel Gaxie à la sociologie des partis et du militantisme, « Économie des partis et rétributions du militantisme » (Revue française de science politique, 27 [1], février 1977, p. 123-154). Il propose de centrer l'analyse sur la dimension professionnelle des rétributions offertes par les partis. En s'appuyant sur la littérature française et internationale, il fournit des éléments empiriques confirmant la centralité de la distribution des postes pour comprendre aujourd'hui l'économie des partis politiques. Cette réflexion invite ainsi à réinterroger la distinction partiellement brouillée entre permanents, militants et professionnels ainsi que les effets sur la distribution des postes de la forte indexation des partis politiques aux cycles électoraux.
      This article looks at Daniel Gaxie's contribution to the sociology of political parties and activism : his article titled “Économie des partis et rétributions du militantisme“ in the Revue française de science politique, 27 (1), February 1977, p. 123-154. It will focus on the professional dimension of the rewards offered by parties. By drawing on French and international research, this article will provide empirical data to confirm the central role played by the distribution of political positions, with a view to understanding the economics of contemporary political parties. This analysis prompts us to investigate the partially blurred distinction between professionals, activists, and staff, as well as how the distribution of positions is influenced by the electoral cycles that are inherent to political parties.
    • Bilan raisonné de la sociologie électorale en France (1951-2021) : Une diversité d'approches et de modèles explicatifs de mieux en mieux maîtrisée - Frédéric Gonthier p. 789-807 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Ce bilan raisonné de la sociologie électorale française s'organise autour de trois parties. On commence par mettre en évidence les principaux mécanismes explicatifs du comportement électoral qui se sont stabilisés au cours des cinquante dernières années, tout en soulignant la façon dont des modèles concurrents mais aussi des opportunités méthodologiques nouvelles ont été acclimatés au contexte national. On montre dans un deuxième temps comment les évolutions récentes du système partisan ont fait émerger des questionnements inédits, qui travaillent en retour les modèles électoraux dominants. On discute pour finir plusieurs défis autant théoriques qu'institutionnels auxquels la sociologie électorale française sera confrontée demain.
      This reasoned overview of French electoral sociology begins by highlighting the primary mechanisms that have been used over the course of the last fifty years to account for electoral behavior, while also showing how competing models and new methodological opportunities have been developed in adaptation to the national context. Second, it evidences how recent changes in the French party system have resulted in an unprecedented challenge to the dominant electoral models. Third, it discusses several theoretical and institutional hindrances that French electoral sociology will face in the near future.
    • Sociologie politique de l'action publique : Le moment du référentiel - Patrick Le Galès, Yves Surel p. 809-826 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Cette contribution montre combien l'article de Pierre Muller, « Les approches cognitives des politiques publiques » (Revue française de science politique, 50 [2], avril 2000, p. 189-208), s'est avéré un papier de combat visant à établir l'analyse des politiques publiques comme un sous-champ essentiel de la science politique. Notre article reprend les questions majeures de l'ordre social et politique, d'une part, de l'autonomie des politiques publiques, d'autre part, qui sous-tendent la problématique de recherche articulée autour de la notion de référentiel. Il revient sur certaines dimensions de l'analyse, la différenciation avec d'autres théories concurrentes et élabore un bilan du référentiel qui, à la différence des questions posées par P. Muller, a perdu sa position centrale dans la sociologie politique de l'action publique. Il montre comment les enchevêtrements d'échelles et la multiplication des acteurs et des politiques ont rendu moins pertinentes la recherche d'un référentiel macro dans un cadre national, renforçant les approches en termes de discours, d'argumentation, d'idée plus situées et limitées. Mais avec la crise climatique, la question du « global » n'a pas dit son dernier mot.
      This article examines how the article penned by Pierre Muller, “Les approches cognitives des politiques publiques“ (Revue française de science politique, 50 (2), April 2000, p. 189-208), has been at the forefront of the struggle to establish public policy analysis as an essential subfield of political science. We shall look at the major issues of the socio-political order, on the one hand, and of the autonomy of public policy, on the other, that underpin his research problematic centered around the idea of the référentiel, or cognitive and normative macro frame of reference. We shall also revisit certain dimensions of this analysis, including how it differs from other competing theories, and provide an overview of the debate about the référentiel which, unlike some other ideas spearheaded by Muller, has largely lost its central position in the political sociology of public policy. The paper shows how rescaling processes and the multiplications of actors and policies have made less relevant the search for a macro cognitive and normative framework within a national settings. This has led to the development of approaches in terms of discourses, ideas argumentations, more limited and situations. However, the climate crisis might bring back the question of the “global“.
    • Addendum : propositions pour des analyses processuelles et relationnelles des contributions de l'État aux (dés)investissements politiques - Lorenzo Barrault-Stella p. 827-846 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Cet article revient sur le post-scriptum séminal d'Olivier Fillieule relatif aux carrières militantes dans la Revue française de science politique en 2001. Il explore ses conditions de possibilité, ses multiples apports, les controverses et son devenir, avant de proposer un programme complémentaire outillé par la sociologie de l'État et de l'action publique. À rebours des cloisonnements disciplinaires, l'enjeu est de questionner les processus d'étatisation des (dés)investissements politiques. Deux pistes sont esquissées : d'une part intégrer l'économie des rapports à l'État (l'étatisation plurielle des individus) dans l'analyse processuelle des investissements politiques, d'autre part, et en lien, prendre au sérieux l'hypothèse relationnelle du façonnage étatique des situations de (dé)mobilisation (l'étatisation des situations) par les institutions et l'action publique.
      This article examines the seminal post-scriptum penned by Olivier Fillieule regarding militant careers in a 2001 issue of the Revue française de science politique. It explores what made this text possible, its contribution to the field, the controversies it provoked, and its intellectual legacy, in turn proposing a complementary program designed from the perspective of the sociology of public action and the State. In breaking down disciplinary silos, this article investigates State and institutional dimensions of political (dis)engagement. Two possibilities are suggested : on the one hand, integrating the economics of relations to the State (the plural socialization to the State of individuals) into the dynamic analysis of political investment, and on the other hand, taking a serious look at the relational hypothesis that explains how the State can shape situations of (de)mobilization (the contribution of public institutions to the constitution of situations) through public action.
    • La quête inachevée de la singularité disciplinaire : Retour sur l'histoire des premières décennies de la Revue française de science politique - Yves Déloye p. 847-880 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article entend contribuer à une histoire sociale de la science politique à travers l'étude critique de l'institution particulière qu'est la Revue française de science politique (RFSP) : il s'agit de mieux comprendre ce que l'histoire d'une revue apporte à la compréhension de la genèse d'une discipline scientifique et ce que l'évolution de celle-ci fait à l'histoire d'une revue. Au-delà du contenu des articles publiés qu'une histoire intellectuelle privilégierait à raison, il s'agit de regarder du côté des acteurs qui ont fait la revue – et partant la discipline à cette époque fondatrice – et des choix éditoriaux qui ont été les leurs (ce que nous appellerons le « paratexte » de la revue). Loin de révéler une structuration rapide de la science politique française, l'enquête menée sur les premières décennies de l'histoire de la revue (1951-1970) permet de rendre compte du pragmatisme des pères fondateurs de la RFSP, de leur souci de doter la discipline des outils méthodologiques et des références (notamment bibliographiques) qui justifieront ses développements ultérieurs, bref des bricolages et hésitations qui sont souvent au fondement des connaissances scientifiques.
      This article seeks to contribute to the social history of political science by conducting a critical study of the Revue française de science politique (RSFP). Through this targeted analysis, the article will attempt to illustrate what can be gained by investigating the history of an academic journal with regard to understanding the genesis of a scientific discipline, as well as how the evolution of this discipline has in turn influenced the journal. In addition to the content published (a valuable subject from the perspective of intellectual history), we shall also look at the actors who shaped the journal – and thus, the budding discipline – and their editorial choices (what we shall call the journal's “paratext”). Far from revealing the rapid construction of French political science, the first two decades of the RFSP (1951-1970) illustrate the pragmatism of its founders and their desire to endow the discipline with sound methodological tools and (especially bibliographic) references. This pragmatism would come to justify some of the journal's later developments, including some of the hesitations and piecemeal choices that are often associated with the elaboration of scientific knowledge.
  • Fragments d'une archive éditoriale

  • Rebonds bibliographiques

  • Chronique bibliographique : approches historiques du politique