Contenu du sommaire : Écritures autobiographiques dans les littératures des pays nordiques, 1960-2020
Revue | Nordiques |
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Numéro | no 42, printemps 2022 |
Titre du numéro | Écritures autobiographiques dans les littératures des pays nordiques, 1960-2020 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Édito - Harri Veivo, Yohann Aucante, Katerina Kesa, Aymeric Pantet
Dossier : Écritures autobiographiques dans les littératures des pays nordiques, 1960-2020
- « Une limite subtile passe par l'intégrité » : un entretien avec Susanna Alakoski - Harri Veivo
- Renouvellement de l'écriture autobiographique dans les pas de la littérature prolétarienne suédoise : l'exemple des journaux de Susanna Alakoski - Laurent Pagès Cet article met en lumière une tendance forte parmi les écrits autobiographiques des vingt dernières années en Suède : celle qui hérite des écrivains prolétariens qui ont marqué l'histoire littéraire du pays. Il s'appuie principalement sur l'exemple des journaux de l'écrivaine Susanna Alakoski, Oktober i Fattigsverige (Octobre dans la Suède de la pauvreté, 2012) et April i Anhörigsverige (Avril dans la Suède des proches, 2015), pour montrer comment cet héritage se transmet dans un genre que l'autrice renouvelle afin de trouver de nouvelles manières de dire l'itinéraire d'une femme transfuge de classe et venue d'ailleurs dans une écriture orientée vers le collectif et le politique.This article sheds light on a strong tendency within autobiographical writings over the last two decades in Sweden: the one which inherits of working-class writers who remarkably contributed to the literary history of the country. In particular, this contribution analyzes Susanna Alakoski's journals, Oktober i Fattigsverige (October in the Sweden of the Poor, 2012) and April i Anhörigsverige (April in the Sweden of the Relatives, 2015), and shows how the legacy of former working-class literature passes on while the author renews the journal genre with a writing oriented towards the collective and the political. By doing so, the author explores new ways of telling the journey of a class defector woman writer who came to Sweden from Finland.
- L'émancipation et les contours du rôle genré de l'auteur dans les écrits autobiographiques de Märta Tikkanen - Matilda Wulf Selon Märta Tikkanen (née en 1935), elle et son mari, le célèbre auteur Henrik Tikkanen (1924-1984), auraient mené une vie heureuse si elle n'avait pas commencé à écrire. Ils avaient les meilleures intentions du monde. Pourtant, l'utopie d'un paradis amoureux de deux auteurs qui pourraient vivre ensemble dans un foyer rempli d'amour, de discussions intellectuelles et d'enfants qui jouent est devenue une lutte de toute une vie. Quand les conflits ont commencé à émerger, ils se sont tournés vers l'écriture. À travers leurs œuvres, un dialogue unique sur l'amour, la vie et les choix impossibles entre la réalisation de soi et la responsabilité envers les proches s'est construit. Dans cet article, j'étudierai les œuvres autobiographiques de Märta Tikkanen pour analyser comment elle dessine un rôle genré d'auteur en opposition avec le stéréotype traditionnel de génie créateur/artiste qui souffre. La description que Tikkanen offre d'une vie de mère-autrice de quatre enfants et d'épouse d'un mari alcoolique qui se dispute son attention avec les enfants, entre en conflit avec la déclaration de Virginia Woolf (1882-1941) selon laquelle « a woman must have money and a room of her own if she is to write fiction » (A Room of One's Own, 1929). Au lieu d'une chambre à part où elle pourrait s'extraire de toutes les responsabilités et les distractions pour se consacrer à l'écriture, Tikkanen ancre son écriture dans les expériences chaotiques de la vie quotidienne familiale. Elle lutte pour trouver un équilibre entre le travail et la famille tout en refusant de choisir entre ses rôles de femme, épouse, mère et autrice. L'écriture devient son acte de révolte contre les structures hétéronormatives qui créent une inégalité entre les sexes. Mon objectif est de montrer comment Tikkanen appréhende et défie les conditions genrées de l'écriture.Märta Tikkanen (b. 1935) claims that if she had not started writing she and her husband, famous writer Henrik Tikkanen (1924-1984), would have lived happily ever after. They had the very best of intentions. Still, the utopia of a writers' love paradise, where they could live out their life together in a home filled with happiness, intellectual discussions and children playing, turned into a lifelong struggle. When conflicts started to arise, they turned to writing and through their books a unique dialogue about love, life and the impossible choices between self-realisation and fulfilling the needs of loved ones emerges. In this article, I examine autobiographical works by Märta Tikkanen and discuss how she, in them, is outlining a gendered author role in opposition of the traditional creative genius/suffering artist-stereotype. Tikkanen's descriptions of life as a writing mother of four, with an alcoholic husband, who is at times competing with the children for her attention, somewhat disputes Virginia Woolf's (1882–1941) famous statement that ”a woman must have money and a room of her own if she is to write fiction” (A Room of One's Own, 1929). Instead of a room of her own, where she could shut out all other responsibilities and distractions to focus on her writing, Tikkanen roots her writing in the chaotic experiences of day to day family life. She struggles to find work-life balance, yet refuses to choose between her roles as a woman, partner and mother and her role as an author. Writing in itself becomes her act of rebellion against the heteronormative structures that create inequality between the sexes. My aim is to show how Tikkanen both capture and challenge the gendered conditions of writing.
- L'esthétique de la vulnérabilité. Auto-analyse et stratégies narratives dans La Trilogie de Copenhague de Tove Ditlevsen - Torben Jelsbak Au cours des dix dernières années, l'œuvre de l'écrivaine et poétesse danoise Tove Ditlevsen (1917-1976) a connu un renouveau remarquable. Ses œuvres ont été massivement republiées et relues dans des éditions nouvelles en même temps que son héritage est repris par de jeunes écrivaines et par des acteurs des arts performatifs. En 2019, une collection regroupant ses trois ouvrages de mémoires tardives Enfance, Jeunesse et Dépendance (1967-1971) est sortie en anglais dans la collection de « Penguin Classics » sous le titre La Trilogie de Copenhague (The Copenhagen Trilogy). Aujourd'hui, l'ouvrage est vendu pour publication dans 31 pays. Plus de 40 ans après sa mort par suicide en 1976, Tove Ditlevsen fait l'objet d'une véritable percée internationale. Mais qu'est-ce qui explique la découverte et le succès soudain de l'écrivaine dans la culture littéraire de nos jours ? En quoi consiste la force d'attraction de son œuvre auprès des lecteurs contemporains ? Quels sont les sentiments qui sont attachés à son œuvre ? Pour aborder ces questions, le présent article propose une lecture de La Trilogie de Copenhague en examinant les stratégies narratives de l'œuvre ainsi que l'autoportrait qu'elle donne de sa créatrice.Within the last decade, the literary work of the Danish author Tove Ditlevsen (1917-1976) has experienced a remarkable renaissance: her works are massively being reissued and reread and her legacy is embraced by young poets and performative artists. In 2019 an English translation of her three volume auto-biography (Childhood, Youth, Dependency, 1969-71) was issued in the Penguin Modern Classics Series under the new title The Copenhagen Trilogy. Subsequently, this work has been sold for publication in 31 countries. More than 40 years after her death (suicide) in 1976 Ditlevsen is about to receive an international breakthrough and become world literature. But what are the reasons for this sudden renaissance and success of Tove Ditlevsen's autobiographical writing? On what does her force of attraction on contemporary readers reside? What kinds of feelings does her work aspire? To investigate these questions the present article offers a reading of The Copenhagen Trilogy focusing on the narrative strategies of the work and the kind of self-portrait it entails.
- OUI MOI JE SUIS SUR LE CHEMIN D'UNE HISTOIRE RADIEUSE - L'autoreprésentation dans la littérature de ghetto danoise - Jon Helt Haarder Cet article trace l'histoire récente de l'autoreprésentation littéraire au Danemark, et ce qu'on appelle la littérature de ghetto danoise est comparée aux tendances-clés de cette histoire. À cet égard, l'article se focalise sur les auteurs danois Yahya Hassan et Morten Pape en tant qu'incarnations d'une tendance propre à chacun d'eux, respectivement l'autoreprésentation performativement authentique et l'autoreprésentation en quête de sincérité. Dans la continuité de cette distinction, je contextualise l'analyse à l'aide du concept d'état sociétal post-migratoire, et j'avance un argument en faveur de l'importance d'une perspective de classe sur cet état sociétal.This article traces the recent history of self-represention in literature in Denmark, comparing some of its tendencies with the so-called Danish ghetto literature. The focal point is on Yahya Hassan and Morten Pape as incarnations of a tendency towards authentic performative self-representation on one hand and self-representation as a quest for sincerity on the other hand. I will further contextualise the analysis with the notion of a post-migrant society, arguing in favour of a class perspective in the research on this society.
- Incarner les enjeux éthiques par la littérature : le dispositif autobiographique dans Min kamp de Karl Ove Knausgård - Emmanuel Reymond Cet article vise à trouver un cadrage critique satisfaisant permettant de faire sens de ce qui est en jeu dans la somme autobiographique controversée Min kamp (2009-2011) du Norvégien Karl Ove Knausgård. L'auteur lui-même a éclairé son entreprise littéraire de l'intérieur, de manière rétroactive, en insérant au cœur de son sixième et dernier volume un essai de plus de 400 pages qui réinscrit son dispositif autobiographique au sein d'une réflexion plus globale sur le langage et l'écriture dans leur relation à l'autre. En se concentrant sur la dynamique de pensée développée dans cet essai, on cherchera à proposer une lecture apte à articuler les différents niveaux mis en jeu par la publication de Min kamp, à la croisée du texte et des gestes qui l'ont fait naître.This article aims to find a relevant critical framework in order to make sense of Karl Ove Knausgård's controversial autobiography Min kamp (2009-2011). The author himself cast some light on his literary project from the inside, in a retroactive way, when he included in the sixth and last volume a 400 pages essay that reframes his autobiographical apparatus into a more global reflection upon language and writing in their relation to the other. Concentrating on the thinking dynamics developed in the essay, we suggest a way of reading Min kamp through the articulation of the several levels at stake in the publication, between the text and the gestures that made it happen.
Varia
- Résoudre pauvreté et gaspillage alimentaire en réintroduisant le choix dans la consommation des ménages à faible budget ? Le cas d'une structure d'aide alimentaire privée à Stockholm - Yacine Boukhris-Ferré Dans une banlieue de Stockholm, un supermarché « social et solidaire » propose de réintégrer les surplus alimentaires dans le circuit commercial. En les remettant en vente, ce supermarché réintroduit une forme de choix dans l'alimentation des ménages à petit budget qui constituent sa clientèle. Ces derniers, qui disposent d'une marge de manœuvre limitée, font « de nécessité vertu » et participent, par leur mode de consommation, à la lutte contre le gaspillage alimentaire. Cette solution, qui se développe en Suède et qui s'appuie presque entièrement sur le secteur privé, est intéressante à plus d'un titre, mais ne va pas sans soulever de nombreuses interrogations : assiste-t-on à une privatisation progressive des circuits fournissant l'aide alimentaire ?In a suburb of Stockholm, a ‘‘social and solidary'' supermarket proposes to reintegrate food surpluses into the commercial circuit. While offering these surpluses for sale, this store reintroduces a form of choice into the food purchases of low income households. These households which constitute its customer base have limited means and have to ‘‘make a virtue out of necessity''. They contribute, through their pattern of consumption, to the fight against food waste. This solution which is growing in Sweden and which is almost entirely supported by the private sector is interesting for several reasons but raises quite a few questions: are we witnessing a privatization of food help supplies?
- Résoudre pauvreté et gaspillage alimentaire en réintroduisant le choix dans la consommation des ménages à faible budget ? Le cas d'une structure d'aide alimentaire privée à Stockholm - Yacine Boukhris-Ferré
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