Contenu du sommaire : Dossier : L'eau, source de vie menacée, menaçante
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Numéro | no 269, mars-avril 2021 |
Titre du numéro | Dossier : L'eau, source de vie menacée, menaçante |
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- Éditorial - Jean Godfroid p. 1
- L'eau, au cœur des civilisations antiques - François Roche p. 18-19 Les civilisations les plus anciennes sont nées de l'eau. En Mésopotamie, l'irrigation du Tigre et de l'Euphrate a permis le développement de la civilisation sumérienne et la création des premières proto-cités. En Égypte, le Nil était d'essence divine et propriété du souverain, qui en assurait la gestion au moment de la crue annuelle et de l'ouverture des barrages et des digues. L'eau était à la fois source de vie, de progrès technique, de développement économique, en même temps qu'un objet symbolique sur lequel les dieux exerçaient une vigilance jalouse.
- Les textes de référence pour la coopération dans les eaux transfrontalières - Jean-Louis Oliver p. 20-24 Au cours du 20e siècle, la réalisation de grands ouvrages hydrauliques ayant des incidences importantes sur la disponibilité et la qualité des eaux transfrontalières a engendré des tensions et des crises diplomatiques au sein de la communauté internationale, dans le contexte du changement climatique et global.L'Organisation des Nations unies s'est saisie de cette problématique ; et après un long travail de préparation et de négociation, ont été établies :En 1992, la Convention pour la protection et l'utilisation des cours d'eau transfrontaliers et des lacs internationaux de la Commission économique pour l'Europe des Nations unies,En 1997, la Convention des Nations unies sur le droit relatif aux utilisations des cours d'eau internationaux à des fins autres que la navigation.Par la suite, en raison des problèmes également posés par l'utilisation accrue des eaux souterraines, y compris transfrontalières, un projet d'articles concernant les aquifères transfrontaliers a été préparé, puis approuvé par l'Assemblée générale des Nations unies et une nouvelle Résolution à ce sujet devrait être adoptée.Le droit international concernant l'eau est resté jusqu'à présent relativement embryonnaire. Pourtant, certaines règles générales ont été progressivement reconnues par de nombreux États en vue de l'aménagement concerté et de la gestion commune, équilibrée et durable, de leurs eaux partagées, dans le respect de quelques principes simples :La compréhension mutuelle,L'équité et la justice,La réciprocité dans de bonnes relations de voisinage, et un niveau de confiance suffisant entre les partenaires en cause.
- L'Homme et la Durance : 1000 ans de conquêtes face au changement climatique - Christian Doddoli p. 25-29 Malgré son climat naturellement sec, la Provence n'a quasiment pas souffert des dernières sécheresses qui se sont abattues ces trois dernières années sur la France. Cela est le fruit de siècles d'aménagements par l'homme, d'infrastructures destinées à utiliser l'eau de la Durance puis à la stocker pour en bénéficier pendant les périodes les plus sèches comme c'est le cas aujourd'hui avec l'aménagement agro-industriel. Cet aménagement est fondamental pour la région PACA car en plus de fournir 25 % de sa consommation d'électricité, il permet d'irriguer 80 000 ha de terres agricoles, d'alimenter 3 millions de personnes en eau et de contribuer directement à hauteur de 73 % de la valeur patrimoniale régionale. Toutefois, ces aménagements ont eu un impact notable sur la rivière et sa biodiversité fragile et rare. C'est pour cela que depuis plus de 40 ans le SMAVD et ses partenaires œuvrent pour retrouver une partie des fonctionnalités naturelles perdues avec un certain succès comme le montre les suivis de ces deux dernières décennies. Cet équilibre entre aménagements et biodiversité restera bien évidemment un des très forts enjeux pour les années à venir tout comme l'adaptation aux probables effets du changement climatique. Heureusement, pour relever tous ces défis le territoire s'est organisé et travaille de manière innovante à trouver des solutions pour s'y adapter.
- AQUAVESC : performance, innovation et transparence - Erik Linquier p. 30-33 Quoi de plus facile aujourd'hui que d'ouvrir un robinet et consommer de l'eau douce ? Assurer ce service aux usagers au quotidien demande une grande expertise, un contrôle permanent et une réactivité de tous les instants.C'est le rôle qu'exerce AQUAVESC, un établissement territorial en charge de la production, du traitement et de la distribution d'eau potable auprès de 560 000 habitants de 32 communes des départements des Hauts-de-Seine et des Yvelines.
- Valorisons nos moulins à eau, cessons de les détruire - Pierre Meyneng p. 34-36 Les moulins à eau font l'objet depuis une dizaine d'années d'une politique de destruction financée par les agences de l'eau dans le cadre des obligations de rétablissement de la continuité écologique (libre-circulation des poissons migrateurs, transport suffisant des sédiments). Loin de répondre au cadre fixé par la loi, cette politique repose sur une doctrine radicale de désaménagement ayant pour effet d'assécher nos cours d'eau, d'aggraver les tensions sur la ressource, de bouleverser les milieux aquatiques et rivulaires, d'aggraver les phénomènes de crue et de détruire un important potentiel de production d'énergie décarbonée et renouvelable.Il convient qu'à la continuité écologique destructive actuellement à l'œuvre se substitue une continuité écologique de conservation et de valorisation des ouvrages de moulins, conforme à nos lois. Ceci, eu égard aux nombreux bénéfices qu'ils offrent dans le cadre de la lutte contre les effets de dérèglement climatique et du potentiel de production d'énergie verte et renouvelable qu'ils représentent.
- La pêche de loisir : une opportunité pour les territoires, une vigie pour les cours d'eau - Claude Roustan p. 37-39 La pêche de loisir est une activité particulièrement prisée par les Français : pratiquée par 1.4 million d'adeptes, elle bénéficie d'un environnement naturel exceptionnel et varié de plusieurs centaines de milliers de kilomètres, de lacs et plans d'eau.Elle nécessite au demeurant très peu d'investissements collectifs, alors qu'elle présente de nombreux avantages individuels et contribue fortement au dynamisme des territoires. Ces dernières années la pêche est étroitement associée aux grandes évolutions de notre société et constitue une composante essentielle des acteurs de la politique de l'eau en France. Activité économique, touristique, écologique, sociale elle est à la confluence de tous les enjeux autour de la question de l'eau.La pêche a, pendant très longtemps, été considérée comme une activité exclusivement nourricière et individuelle. Elle a subi de nombreuses transformations sous l'impulsion des grandes évolutions de la société française.
- La Fondation des pêcheurs : un outil dédié à la préservation des territoires d'eau - Louis Leroy-Warnier p. 40-41 La Fondation des pêcheurs a été créée par la Fédération nationale pour la pêche en France. Elle œuvre en France, par maîtrise foncière, à la préservation des milieux humides et aquatiques. Essentiels à la prospérité de nos sociétés, les milieux humides et aquatiques sont pourtant très menacés. Les sites acquis par la Fondation (7 depuis sa création en 2016, pour un total de 1 860 000 euros) sont confiés en gestion aux fédérations départementales pour la pêche et pour la protection du milieu aquatique. Chacun d'eux fait l'objet d'un plan de gestion réalisé par la Fédération avec un partenaire local compétent pour la biodiversité terrestre. Ce dispositif est complété par la signature d'une obligation réelle environnementale afin d'assurer la vocation conservatoire du site à long terme. Ainsi le réseau de la pêche associative en eau douce fait-il preuve, à travers sa Fondation, d'une approche résolument partenariale et innovante au service de la biodiversité des milieux humides et aquatiques.
- L'eau et l'agriculture : faire face, ensemble, au défi du changement climatique - Guillaume Benoit p. 42-45 La question de l'eau, dans ses relations avec les sols, l'agriculture et l'alimentation, le changement climatique et les différentes politiques publiques associées est déterminante. Le présent article résume les grands défis qu'il nous faut relever. En s'appuyant notamment sur le rapport conjoint du CGAAER et du CGEDD « Changement climatique, eau, agriculture : quelles trajectoires d'ici 2050 ? », récemment rendu public (décembre 2020), il met en avant les « paniers de solutions » à mobiliser et interroge les conditions de leur développement à la hauteur nécessaire. Comme le souligne le rapport, les réponses à apporter passent en même temps par un changement de modèle agricole et par un renforcement de la ressource eau, partout où celui-ci sera possible dans de bonnes conditions environnementales. Heureusement, la France, qualifiée par Météo France de « territoire d'abondance hydrique », ne manque pas d'atouts. L'arrivée d'une nouvelle génération de jeunes agriculteurs formés à l'agroécologie représente une opportunité historique et les Français peuvent comprendre que l'eau, qui rend les sols vivants et sécurise les systèmes alimentaires, permet aussi à l'agriculture de rendre de grands services lorsque celle-ci agit avec la nature. Les moyens de donner plus de cohérence et d'effectivité à nos politiques publiques de l'eau et de l'agriculture sont discutés.
- Du traitement d'un déséquilibre quantitatif à l'émergence d'une démarche qualitative ambitieuse : le protocole d'accord pour une agriculture durable dans les Deux-Sèvres, ou le pari osé du dialogue - Emmanuel Aubry p. 46-48 Un projet de réserves de substitution a suscité une forte opposition et débouché sur une médiation opérée par l'État. Un protocole est alors signé par la chambre d'agriculture, des associations environnementales et des collectivités territoriales, et constitue un levier puissant pour accélérer les évolutions des pratiques agricoles.
- Le fleuve Rhône, un modèle inspirant de conciliation des usages pour faire face au changement climatique - Élisabeth Ayrault p. 49-51 Depuis plus de 85 ans, le Rhône fait l'objet d'une gestion holistique et intégrée qui est un modèle d'aménagement du territoire. CNR veille sur lui et le considère comme un tout indivisible. Ses trois missions, solidaires entre elles – navigation, irrigation et autres usages agricoles, sont financées par les recettes de l'énergie que le Rhône permet de produire, grâce à l'hydroélectricité. CNR, entreprise privée responsable à caractère public, garantit l'équilibre du fleuve qui reste un bien commun. Ce faisant, elle réconcilie profit et intérêt général, et permet une redistribution équitable entre toutes les parties prenantes liées au Rhône. À notre époque où l'eau devient rare et encore plus précieuse, il serait pertinent de généraliser ce modèle à d'autres fleuves.
- Le thermalisme, une source d'avenir pour les territoires - Jean-Yves Gouttebel p. 52-54 Le thermalisme, durement affecté par la crise sanitaire de 2020, doit retrouver son rôle central sur le plan médical mais aussi économique social et culturel au sein des territoires des 90 stations thermales que compte notre pays. Au-delà de l'horizon morose actuel, les acteurs publics et privés du secteur doivent pouvoir se réinventer pour diversifier et élargir leur offre et leur clientèle et s'ancrer dans la voie de stations de « pleine santé » assurant des prestations riches et variées de prévention et de bien-être.
- Le fluvial au service des territoires - Thierry Guimbaud p. 55-57 Le fluvial offre des services variés, mais qui ont un atout commun et incontestable : ils créent et développent de l'économie verte sur nos territoires. Le fluvial promeut une logistique durable qui se traduit par un bénéfice écologique significatif permettant des émissions beaucoup plus faibles que le mode routier. Sans nuisances sonores, sûr avec le taux d'accidentologie le plus faible, il permet de décongestionner les axes routiers et d'améliorer ainsi la sécurité (baisse des accidents) et la qualité de l'air. Les 6 700 km de fleuves, de rivières et de canaux du réseau VNF sont également des espaces précieux d'un tourisme vert, authentique, loin de la foule. Par ailleurs, VNF opère une gestion la plus économe possible de cette ressource rare qu'est l'eau, dans le contexte de changement climatique accéléré que nous connaissons. Il met aussi à profit son réseau fluvial pour favoriser le développement d'énergies vertes, notamment en développant la production d'hydroélectricité sur les ouvrages (barrages, écluses…). Pour toutes ces raisons, la voie d'eau est un vecteur de développement des territoires et c'est dans ce cadre que l'établissement construit avec les collectivités territoriales des partenariats solides autour de contrats de territoire qui renforcent leur attractivité.
- Le canal Seine-Nord Europe, une conception pensée pour préserver la ressource en eau - Jérôme Dezobry p. 58-60 Le canal Seine-Nord Europe, long de 107 km entre Compiègne et Cambrai, est le principal maillon manquant de la liaison européenne Seine-Escaut, réseau de 1 100 km de voies navigables entre les bassins de la Seine, du Nord et de la Belgique. Ce projet, pour lequel l'État a un rôle majeur dans la mise en œuvre et le financement, est un projet d'aménagement fluvial : sa nature même de voie d'eau et le travail singulier dont il fait l'objet en matière de conception en font un projet unique en matière hydraulique. Le canal Seine-Nord Europe est conçu dans une optique de préservation de la ressource par son système d'alimentation en eau et son étanchéité. Il permet également la réduction de l'intensité des inondations sur le secteur situé dans l'Oise.
- OBÉPINE (OBservatoire ÉPIdémiologique daNs les Eaux usées), un observatoire national sentinelle des eaux usées, outil essentiel de suivi de l'épidémie de Covid-19 - Mickaël Boni, Sebastien Wurtzer, Jean-Marie Mouchel, Yvon Maday, Soizick Le Guyader, Isabelle Bertrand, Christophe Gantzer, Vincent Maréchal, Laurent Moulin p. 61-63 En France, le réseau OBÉPINE – un consortium interdisciplinaire regroupant des équipes de l'Ifremer, de Sorbonne Université, de l'Université de Lorraine, de l'IRBA et d'Eau de Paris – s'est construit à partir de mars 2020 et réalise depuis lors, sur fonds publics du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation (MESRI), la quantification des génomes du virus SARS-CoV-2 dans les eaux usées de près de 150 stations réparties sur le territoire national pour suivre l'épidémie de Covid-19. Il a pu détecter la seconde vague dès juin 2020, démontrer l'impact des mesures de freinage collectives et initier la surveillance des variants d'intérêt. La mise en place pérenne d'un observatoire sentinelle des eaux usées – associant recherche multidisciplinaire et veille sanitaire – constituerait une avancée mondiale majeure pour détecter et maîtriser précocement les épidémies et limiter leurs impacts sanitaires, économiques et sociaux.
- Aspects théoriques et techniques de l'approvisionnement en eau des armées en campagne : anticiper et se préparer aux crises - Mickaël Boni, P. Couvreur, Jean-Ulrich Mullot, Gilles Bornert p. 64-65 Les armées font face à des contraintes majeures pour s'approvisionner en eau potable lorsqu'elles sont déployées loin du territoire national. Le défi logistique et technique consiste à alimenter en eau, de qualité équivalente à la métropole, des effectifs importants projetés dans des conditions parfois précaires, tout en préservant leur santé. Même si des analyses de contrôle sanitaire, visant à valider la qualité de l'eau produite, sont confiées au service de santé des armées, leur réalisation en routine reste complexe. La réponse est donc essentiellement technologique en utilisant des matériels militaires ou de la gamme civile performants, validés pour traiter la majorité des eaux polluées. Le risque d'actes malveillants sur les filières de production d'eau doit aussi être pris en compte. Les services de santé, militaires ou civils, se doivent d'anticiper et de se préparer à la survenue de crises liées à un déficit quantitatif, une contamination naturelle ou intentionnelle de l'eau potable.
- Changement climatique et ressource en eau Adour Garonne (retenues collinaires) - Étienne Guyot p. 66-68 Le bassin Adour Garonne est le plus exposé des six bassins français aux conséquences du changement climatique. Pour préserver les ressources en eau, les pouvoirs publics ont mis en place une stratégie destinée à prévenir les risques mais aussi mettre en œuvre une gestion durable à l'échelle du bassin, coordonnée par l'agence de l'eau Adour Garonne.
- La source, le puits, l'oasis - Alain Bauer p. 69-70 Assoiffer ou affamer ont longtemps été des armes de guerre autorisées. Ce n'est plus le cas mais les gouvernements occidentaux se préparent depuis plusieurs années à une attaque nucléaire, radiologique, biologique, chimique (NRBC), sans trop y croire et sans investissements majeurs. Mais cette menace particulière, par son ubiquité, son vice, sa radicalité, sa volonté de subversion, doit être prise avec un sérieux extrême, nous explique Alain Bauer, professeur de criminologie et écrivain.
- La vie fragile de nos rivières - Anne-Cécile Monnier p. 71-73 La rivière est un écosystème complexe souvent mal connu, véritable écrin de biodiversité pour peu qu'on sache en prendre soin et s'y intéresser.La rivière, c'est la face émergée du grand cycle de l'eau et de son bon fonctionnement. Elle est souvent le témoin d'un usage raisonné ou non de cette ressource, depuis les ruisseaux qui lui donnent vie. Au sein de la riche biodiversité des rivières, certaines espèces emblématiques sont considérées comme espèces « parapluie » car elles sont bio-indicatrices de la qualité des milieux. On les appelle ainsi car en les protégeant à travers la restauration de leurs habitats, c'est tout un cortège d'autres espèces qui en bénéficie. Nous partirons à la rencontre de certaines d'entre elles.Depuis 40 ans, l'état physico-chimique des rivières s'est progressivement amélioré, surtout grâce au développement des systèmes d'assainissement. Aujourd'hui, de nouvelles pressions s'accentuent, et jouent sur la diminution de la disponibilité et de la qualité de l'eau, face à nos besoins toujours grandissants.
- État d'urgence sur un bien commun - Jean-Éric Aubert p. 74-76 L'eau est la plus précieuse des ressources naturelles de la planète. Or elle est aujourd'hui soumise à de très fortes pressions. Près d'un quart de la population mondiale vit dans un état de stress hydrique, qui fragilise gravement sa sécurité alimentaire. Quant aux océans, ils sont frappés de surexploitation et leur sous-sol attise toutes les convoitises tandis que la montée du niveau des mers affectera de nombreux littoraux. Seule une gouvernance mondiale de l'eau, dans une forme renouvelée – avec la participation des habitants, dans toutes les régions du monde – permettra de préserver cette ressource essentielle.
- La gestion de l'eau comme bien commun et sa difficile application en France - Bernard Barraqué p. 77-79 On veut ici essayer de clarifier ce qu'on entend par « bien commun » : après avoir montré qu'on mobilise inutilement ce terme lorsqu'on veut remunicipaliser les services publics, on rappelle la répartition des biens en quatre catégories dans l'économie institutionnelle, où les biens communs sont ceux où il y a rivalité mais difficulté d'exclusion, ce qui s'applique à une partie des ressources en eau. Puis on montre que la gestion par bassins faisant appel à la démocratie participative, reste difficile en France contrairement à ce qui se passe aux Pays-Bas et dans la Ruhr, du fait des restrictions de la Constitution. Mais ce qui n'est pas possible pour les agences de l'eau peut-il s'envisager à l'échelle des EPTB ?
- La Fabrique de l'eau – Préserver et créer de l'eau potable où elle n'existe pas - Éric Sacher p. 80-82 Nous savons désormais créer et distribuer de l'eau potable en grande quantité dans des régions qui jusqu'à présent en étaient dépourvues. Les possibilités techniques sont nombreuses mais leur seule existence ne rend pas la distribution de l'eau potable facile pour autant : derrière des possibilités technologiques, se cachent des enjeux financiers, juridiques, administratifs et culturels auxquels il nous faudra répondre collectivement.
- Inondations de l'Aude : le préfet au cœur de la gestion d'un phénomène exceptionnel - Alain Thirion p. 83-85 Comme préfet de l'Aude, j'ai eu à gérer les conséquences des inondations qui ont très durement touché ce département du 14 au 18 octobre 2018. Cet évènement climatique demeure exceptionnel au regard des dégâts considérables qu'il a causés et de son lourd bilan humain. Pour autant, il illustre bien l'exposition grandissante du territoire hexagonal et des Outre-mer à ces phénomènes météorologiques hors normes. Cette réalité souligne l'urgence collective à s'adapter à l'évolution de ces risques. Cette conviction de longue date fonde mon action comme directeur général de la Sécurité civile et de la gestion des crises pour intensifier et accélérer le travail engagé, notamment dans les champs de la prévention, de l'alerte et de la réponse opérationnelle. À cet égard, nous devons tirer le meilleur parti de l'amélioration des connaissances et des nouvelles technologies et donner toute sa place au citoyen comme acteur incontournable de sa sécurité.
- Enjeux de la prévention des risques naturels - Laure Tourjansky p. 86-90 La prise de conscience favorisant l'efficacité de la politique actuelle de prévention des inondations est rythmée par les catastrophes naturelles, souvent marquantes comme les deux crues de 2010 (Xynthia, Var), les crues cévenoles de 2018, 2019 et 2020, et qui pourraient s'accroître. La prévention des risques naturels, et spécifiquement des risques d'inondation, mobilise l'État et les collectivités locales. Elle a connu depuis Xynthia d'importantes améliorations. Les attentes légitimes, qui s'expriment en particulier post crue, sont importantes, sur une politique qui ne peut être efficace que dans la durée, dans la mesure où elle vise d'une part la progression sensible de la culture du risque et d'autre part une adaptation de l'aménagement des territoires, y compris par rapport à des implantations anciennes parfois. Il s'agit à la fois de poursuivre l'action engagée depuis la loi « Barnier » de 1995 et la mise en place de la compétence « Gemapi » et de la renforcer, en la modernisant pour mieux la démultiplier. L'action de préfets, et des services déconcentrés, est centrale pour l'amélioration de résilience des territoires. En effet, cette politique comprend une dimension régalienne très forte, et requiert également des échanges continus et indispensables avec les élus locaux.
- Gouvernance de l'eau : mise en œuvre de la loi NOTRe et de la compétence GEMAPI - Joseph Pronost p. 91-93 Avec l'entrée en vigueur des réformes territoriales initiées en 2011, la gouvernance de l'eau dans les territoires connaît actuellement les plus importants bouleversements de ces dernières décennies. Le législateur, conscient des limites des organisations qui prévalaient, a souhaité regrouper fortement les compétences en matière de gestion du petit cycle (l'alimentation en eau potable et l'assainissement) et du grand cycle de l'eau (la gestion des ressources en eau et des milieux aquatiques). Les lois NOTRe et MAPTAM (compétence GEMAPI) consacrent ainsi les EPCI-fp (à fiscalité propre) en tant qu'acteurs majeurs de la gouvernance de l'eau en France. L'OiEau, association reconnue d'utilité publique, accompagne régulièrement les collectivités territoriales et réalise des formations professionnelles sur ces thèmes de transfert des compétences, qui impactent significativement l'organisation des services.
- Les agences de l'eau : des acteurs clés de la politique nationale de l'eau - Marc Hoeltzel p. 94-96 Acteurs majeurs de la politique de l'eau, les agences de l'eau incarnent depuis 5 décennies une organisation administrative originale, ayant eu un effet levier incontestable sur les dynamiques d'investissement dans le domaine de l'eau et de la biodiversité. Ces établissements publics à autonomie financière rassemblent en leur sein toutes les compétences techniques pour couvrir toutes les problématiques d'une gestion équilibrée des ressources en eau, planifier des politiques déconcentrées à l'échelle de leur bassin hydrographique, et accompagner techniquement et financièrement les porteurs de projets. Avec à leur actif des résultats probants en matière d'amélioration de la qualité de l'eau et des milieux aquatiques, elles ont été en perpétuelle évolution, invitées à appréhender de nouveaux enjeux dans un constant souci d'anticipation et de recherche d'équilibre entre les usagers. L'adaptation au changement climatique constitue désormais l'axe prioritaire de leur feuille de route.
- Eau de Paris, plus de 10 ans après sa création, une entreprise publique intégrée pour un modèle de service d'eau durable dans toutes ses dimensions - Claire Carpentier-de Pontich p. 97-99 La création d'Eau de Paris, il y a plus de 10 ans, est issue du choix de la municipalité parisienne d'une gestion directe du service de l'eau par un opérateur unique. La maîtrise de l'ensemble de la filière et l'internalisation des expertises font la spécificité d'Eau de Paris et lui permettent d'assurer un service public performant, capable de s'adapter aux enjeux de la ville et des territoires durables. La stratégie d'investissement raisonné que poursuit l'entreprise publique illustre la façon dont elle tire parti de son modèle intégré.
- L'avenir de l'eau en France : toutes les compétences lui sont indispensables - Frédéric Van Heems p. 100-102 Les services publics d'eau et d'assainissement ont un rôle à jouer dans la lutte contre le changement climatique, dans l'adaptation des territoires à celui-ci et dans la promotion d'une croissance verte et inclusive. Les récents épisodes de sécheresse et d'inondations extrêmes, ainsi que la crise « covid » ont mis en évidence les vrais enjeux de l'eau. Il s'agit d'une part de réaliser sans tarder des investissements ciblés pour garantir l'accès de tous à l'eau du robinet et à l'assainissement, préserver la ressource et l'environnement, renforcer la confiance des Français dans l'eau du robinet, prévenir les risques. Il s'agit également de consolider le modèle d'intelligence et d'action collectives, fruit d'un partenariat de longue date entre la sphère publique et les opérateurs privés, vecteur d'innovation, de performance et de réactivité. Il a encore une fois fait ses preuves pendant la crise sanitaire, permettant la continuité sans faille des services de l'eau et de l'assainissement. Demain plus encore qu'hier, les entreprises de l'eau ont de nombreuses compétences à apporter à nos concitoyens.
- Le pôle de compétitivité de la filière de l'eau, France Water Team (FWT) - Anne Ribayrol-Flesch, Romain Suchon p. 103-105 Le pôle de compétitivité « France Water Team » rassemble selon un modèle fédératif les ambitions de AQUA-VALLEY, DREAM Eau et milieux et HYDREOS. Les 3 pôles fondateurs de la fédération mutualisent leurs compétences et servent les enjeux d'innovation de la filière de l'eau que sont la préservation de la qualité de l'eau et la gestion de la quantité d'eau.France Water Team représente près de 500 adhérents, dont plus de 400 entreprises de toute taille et de spécialités variées et 60 établissements de recherche et de formation.
- L'Office International de l'Eau - Marc-Yvan Laroye p. 106-108 L'Office International de l'Eau (OiEau) est une association sans but lucratif et d'intérêt public qui déploie depuis 30 ans, en France, en Europe et dans le monde, son expertise dans les domaines de la gestion des ressources en eau (traitement, potabilisation, distribution, assainissement, déchets, économie circulaire).Ses 4 expertises, la formation, l'appui technique et institutionnel, la gestion des données et de l'information, et l'animation de réseaux d'acteurs, en font un partenaire incontournable pour agir pour la préservation et la gestion des ressources en eau et des milieux naturels associés.Par son approche opérationnelle, sa capacité à fédérer autour de projets variés et son implication dans l'innovation des techniques et des méthodes, l'OiEau soutient les Objectifs de développement durable (ODD), de préservation de l'environnement et de la biodiversité, dans un contexte de réchauffement climatique et de tensions sur les ressources.