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Revue Annales de géographie Mir@bel
Numéro no 747, septembre-octobre 2022
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  • Articles

    • Types d'investisseurs dans les énergies renouvelables et développement territorial. Une étude de cas à partir de la méthanisation en Allemagne - Paul Jutteau p. 5-32 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Entre 2004 et 2014, la méthanisation a fait l'objet d'un soutien public fort en Allemagne. Cette énergie renouvelable est non seulement un outil pour la transition énergétique, mais aussi un levier de développement territorial. Ce travail étudie ces phénomènes à partir d'enquêtes empiriques menées dans quatre territoires de projet autour de la valorisation énergétique de la biomasse (Bioenergieregion). Il analyse en premier lieu la distribution des investisseurs dans les unités et montre que si les investisseurs multilocalisés occupent une place secondaire dans la filière de méthanisation en Allemagne, ils peuvent détenir une part significative du parc d'unités de méthanisation dans certains territoires. La démarche comparative permet de proposer plusieurs facteurs explicatifs liés aux caractéristiques régionales de l'agriculture en Allemagne. Ensuite, l'analyse part de l'hypothèse selon laquelle les acteurs localisés favorisent les dynamiques de développement territorial tandis que les acteurs multilocalisés y feraient obstacle. Elle confirme que ces acteurs s'inscrivent dans des dynamiques opposées, mais nuance leur influence sur le développement territorial en prenant notamment en compte les ambiguïtés de la méthanisation en raison de l'évolution de la filière et des politiques publiques, les enjeux politiques territoriaux comme les ressources des territoires étudiés.
      From 2004 to 2014, biogas benefited from generous subsidies from the German federal state. As the other renewable energy sources, biogas is considered not only as a tool to implement the energy transition but also a way to support territorial development especially in rural areas. This study explores this issue by focusing and the investors in the biogas facilities. The starting point of the study is the following hypothesis according to which large-scale investors would impede dynamics of territorial development and territorial anchoring of agriculture. On the contrary farms and local energy operators'investment would ease it. Thanks to a field research in four project territories focused on the energetic use of biomass (Bioenergieregion), this paper first shows that the investor's distribution and the significance of industrial and financial investors in the facilities differs from one case study to another. The study assumes that this distribution could be connected with the regional disparities in German agriculture and agro-industrial production system. Large-scale investment prevails in the northern cases studies while farm remain the main – if not only – investors in the southern districts. In this respect, the post-socialist East Germany appears as a strategic region for industrial or financial companies. Secondly, the field research depicts a more nuanced picture of the connection between investors with territorial development and territorial anchoring of agriculture. On one hand, large-scale investment is confirmed as an impediment for such dynamics but, on the other hand, some of their practice (like the construction of local heating networks) could contribute to it. Farms remain the main investors both in the facilities and local heating networks and local energy operators are key stakeholders to implement local projects based on biogas. However, investments of local stakeholders not necessarily lead to territorial development and could go the other way especially when the projects get bigger. Biogas could then lead to an intensification of agricultural practices, capital concentration and local conflicts.
    • Les formations sociospatiales comme cadre conceptuel d'analyse des pôles territoriaux de coopération économique (PTCE) - Cécile Le Corroller, Frédérique Loew-Turbout p. 33-55 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Les pôles territoriaux de coopération économique (PTCE), sont des réseaux locaux de production de biens et services centrés sur une ou plusieurs entreprises de l'économie sociale et solidaire (ESS). Ces pôles regroupent des acteurs dont les logiques spatiales diverses, voire contradictoires, peuvent compromettre la réussite et la pérennité de la coopération. L'analyse montre que le lien à l'espace est porteur de valeurs et en ce sens qu'il est susceptible de consolider les PTCE. Le concept de formation sociospatiale permet de mieux appréhender et comprendre cette capacité éventuelle des PTCE à territorialiser l'espace sur les plans économique, géographique, politique et idéologique. Opérationnalisé, au travers de trois études de cas, le concept s'avère pertinent pour dévoiler les conditions permettant, ou pas, aux PTCE de coconstruire et d'institutionnaliser des modèles de développement local originaux, particulièrement adaptés aux territoires fragiles, en s'appuyant sur la mise en cohérence d'une identité territoriale multifacette et locale.
      Territorial Poles of Economic Cooperation, TPEC, are local networks producing goods and services. They are organized around one or more companies of the social economy. These poles include actors whose various, even contradictor, spatial logics may compromise the success and the sustainability of cooperation. The analysis shows that the link to space is bearer of values and in this sense it is likely to consolidate the TPEC. The concept of sociospatial shape allows to better grasp and understand this potential ability of the TPEC to territorialize space on economic, geographic, political and ideological plans. Operationalized through 3 case studies, the concept is relevant to reveal the conditions for the TCEP to be able, or not, to co-create and institutionalize original local development models, particularly suited to the vulnerable territories, by relying on the harmonization of a multifaceted and regional territorial identity.
    • Comment se forme une tradition géographique ? Sur un département universitaire de province (Clermont-Ferrand, années 1950-1970) - Michel Lompech, Éric Bordessoule p. 56-86 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Par le croisement d'une approche générationnelle et d'un enracinement local conditionnant largement thématiques de recherche, sociabilité et pratique universitaire, cet article s'interroge sur l'existence d'une tradition géographique clermontoise incarnée par trois professeurs : Max Derruau (1920-2004), Pierre Estienne (1923-1996) et André Fel (1926-2009). Grand producteur de manuels, ce triptyque géographique au parcours classique a profondément marqué de son empreinte un département de géographie de province au temps des mutations universitaires et de la rupture épistémologique.
      Through the intersection of a generational approach and looking on a real local basis largely setting the conditions for the research, research themes, sociability and true university practice, this article examines the existence of a tradition of geography in Clermont-Ferrand embodied by three professors, Max Derruau (1920-2004), Pierre Estienne (1923-1996) and André Fel (1926-2009). A great producer of textbooks, this triptych of geographers with a classical background left a deep mark on a provincial geography department at a time of university mutations and epistemological rupture.
    • Dans des villes moyennes en décroissance urbaine : le numérique comme ressource ? Les cas de Nevers (Nièvre) et Vierzon (Cher) - Achille Warnant p. 87-114 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article repose sur une enquête de terrain entamée en 2014. Il vise à interroger la manière dont les décideurs et les aménageurs locaux misent sur le développement de l'économie numérique en vue de revitaliser leurs territoires. Les cas étudiés sont ceux de Nevers et Vierzon, deux villes moyennes du centre de la France, qui, sous l'effet conjugué du « retrait de l'État des territoires », de la désindustrialisation et de l'étalement urbain, connaissent depuis les années 1970, un phénomène de décroissance urbaine caractérisé par la baisse du nombre d'habitants et la paupérisation de la population. En dépit de la dimension structurelle de ces dynamiques, cet article montre que les élus locaux inscrivent leurs actions dans une forme d'entrepreneurialisme urbain faisant de la croissance un horizon indépassable. En raison de l'accentuation des contraintes budgétaires qui pèsent sur les collectivités, leurs partenaires extérieurs publics (la région, l'État, l'Europe) et privés (gestionnaires de réseaux), ont une influence grandissante sur la conduite de ces politiques qui ne répondent pas toujours à des besoins exprimés localement. Le numérique, dans ce cadre, renouvelle des postures anciennes plutôt qu'il ne participe à en faire émerger de nouvelles.
      This article is based on a field survey started in 2014. It aims to examine the way in which local decision-makers and planners rely on the development of the digital economy to revitalise their territories. The cases studied are those of Nevers and Vierzon, two medium-sized towns in central France, which, under the combined effect of the 'withdrawal of the State from the territories', deindustrialisation and urban sprawl, have been experiencing a phenomenon of urban shrinkage since the 1970s, characterised by a fall in the number of inhabitants and the impoverishment of the population. In spite of the structural dimension of these dynamics, this article shows that local elected officials are inscribing their actions in a form of urban entrepreneurialism that makes growth an unsurpassable horizon. Due to the increasing budgetary constraints on local authorities, their external public (the region, the State and Europe) and private partners have a growing influence on the conduct of these policies, which do not always meet locally expressed needs. In this context, digital technology renews old positions rather than helping to bring out new ones.
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