Contenu du sommaire
Revue | Revue trimestrielle des droits de l'homme |
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Numéro | no 132, 2022/4 |
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- In memoriam – Antônio Cançado Trindade (1947-2022) - Dean Spielmann, Andrew Drzemczewski p. 743-745
Doctrine
- Un regard sur les droits de l'homme - Robert Badinter p. 747-756 Au cours d'un entretien, le Président Robert Badinter partage avec la Revue trimestrielle des droits de l'homme sa vision des droits de l'homme, de leur évolution et de leur actualité.During an interview, President Robert Badinter shares with the Revue his analysis of human rights and the way those evolved in the past and still evolve today.
- Vers la disparition du droit et de la justice - Xavier Labbée p. 757-769 L'humanité est entrée dans la civilisation avec la découverte de la justice et du droit, lequel s'est construit sur la distinction des personnes et des choses. Lorsqu'il n'y aura plus de différence entre une personne et une chose, la confusion des notions sera réalisée ; nous serons entrés dans la post-humanité et il n'y aura plus d'humains. Le Code civil et le Code de procédure civile seront des instruments périmés, et les rapports entre post-humains ne seront plus réglés par le droit. La période de transition que nous traversons (dite « transhumaniste ») nous permet d'observer que la confusion des notions est en marche.Humanity entered civilization with the discovery of justice and law, which was built on the distinction between “rights of persons” and “property law”. The disappearance of the distinction between people and things will blur the notions and lead to a new post-humanity era where there are no more humans. The Civil Code and judiciary process will be outdated and the relationship between post-humans will no longer be regulated by law. The period we are going through (so-called transhumanist) shows us that the confusion of notions is coming true.
- L'activation de la directive « Protection temporaire » : l'apport d'un instrument sui generisà la protection des personnes déplacées - Stefanos Gakis p. 771-794 L'activation le 4 mars 2022 de la directive 2001/55/CE portant sur la protection temporaire des personnes déplacées dans le cadre d'un afflux massif était inattendue. La critique envers sa non-activation pendant ses vingt ans d'existence et les projets de l'abroger faisaient lieu commun ces dernières années. Or, le caractère politique de la protection donne lieu à une flexibilité considérable qui s'est avérée particulièrement bénéfique à l'égard des personnes déplacées de l'Ukraine autant quant au déclenchement que lors de la mise en œuvre de la directive.The activation on 4 March 2022 of Directive 2001/55/EC on the temporary protection of displaced persons in the event of a mass influx was unexpected. In recent years, there has been widespread criticism of its failure to be activated during its twenty-year existence and plans to repeal it. However, the political nature of the protection has resulted in considerable flexibility, which has proved particularly beneficial to displaced persons from Ukraine in terms of both the triggering and the implementation of the Directive.
- La recevabilité des communications adressées au Comité des droits de l'homme des Nations Unies : aperçu transversal au regard de l'alter ego strasbourgeois - Géraldine Dujardin, Christophe Deprez p. 795-816 Cet article propose un tour d'horizon comparatif et synthétique du régime de recevabilité des requêtes individuelles respectivement adressées au Comité des droits de l'homme des Nations Unies et à la Cour européenne des droits de l'homme. L'analyse révèle, de Genève à Strasbourg, certaines nuances importantes, qui sont ici rappelées à la lumière de la pratique récente des deux organes de protection des droits civils et politiques.This article seeks to briefly compare the admissibility criteria of individual complaints submitted to the United Nations Human Rights Committee and to the European Court of Human Rights, respectively. The overview shows a series of important nuances from Geneva to Strasbourg, which are here reviewed in light of the recent practice of the two monitoring bodies for civil and political rights.
- Un regard sur les droits de l'homme - Robert Badinter p. 747-756
Chronique
- Chronique de jurisprudence de la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples (2021) - Laurence Burgorgue-Larsen, Muriel Sognigbe-Sangbana p. 817-864 La jurisprudence de la Cour africaine est marquée par une confirmation des nombreux standards posés tant dans le champ procédural que substantiel, les contentieux systémiques concernant le Bénin et la Tanzanie étant une des explications de cet état de fait. La Cour aurait pu aborder de nouvelles questions, notamment en matière de droits économiques et sociaux, dans des affaires portées notamment contre le Mali ; toutefois, sa jurisprudence restrictive ne lui permit pas de le faire. Sur le front consultatif, on relèvera la présence de deux avis, l'un seulement ayant été déclaré recevable, démontrant l'importance des contours restrictifs de la compétence personnelle de la Cour.The African Court's case law has been characterized by the confirmation of a number of procedural and substantive standards, which can be explained in part by the systemic litigation involving Benin and Tanzania. The Court was not able to address new issues, namely economic and social rights, in cases brought against Mali, because of its restrictive practice. On the advisory front, there were two submissions, and only one that was declared admissible, showing the restrictive scope of the Court's personal jurisdiction.
- Chronique des décisions du Comité des droits de l'homme des Nations Unies (2021) - Tina Stavrinaki, Johel Dominique p. 865-896 Cette chronique annuelle présente les décisions adoptées par le Comité des droits de l'homme en 2021. Elle vise à identifier les tendances dans les constatations et décisions du Comité afin d'offrir un tour d'horizon complet et concis.This chronicle aims to identify trends and provide a comprehensive and concise overview of the decisions adopted by the Human Rights Committee in 2021.
- Chronique de jurisprudence de la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples (2021) - Laurence Burgorgue-Larsen, Muriel Sognigbe-Sangbana p. 817-864
Jurisprudence
- Le regard de la Cour européenne des droits de l'homme sur le formalisme excessif de la Cour de cassation de Belgique : (obs. sous Cour eur. dr. h., arrêt Willems et Gorjon c. Belgique, 21 septembre 2021) - Sandra Berbuto p. 897-914 Dans l'affaire qui donne lieu à l'arrêt commenté, la Cour européenne a, dans un premier temps, rayé de son rôle des requêtes introduites par des justiciables belges qui invoquaient une atteinte au droit à un tribunal en raison du formalisme excessif de la Cour de cassation. En effet, le gouvernement belge avait, par le biais d'une déclaration unilatérale, reconnu une violation de l'article 6 de la Convention, ce qui a entraîné cette radiation. Cependant, la Cour de cassation, saisie ensuite d'une demande de réouverture de la procédure, a estimé ne pas être liée par cette déclaration et a refusé d'y réserver suite. Les justiciables ont porté à nouveau leurs doléances devant la Cour européenne qui a, par l'arrêt du 21 septembre 2021, constaté que le droit d'accès à un tribunal n'avait pas été garanti.In the case examined here, the European Court first struck out of its list of cases applications filed by Belgian individuals who claimed that their right to a court had been violated because of the excessive formalism of the Court of Cassation. Indeed, through a unilateral statement, the Belgian government recognized a violation of Article 6 of the Convention, which led to this striking. However, the Court of Cassation, which was subsequently asked to reopen the proceedings, believed that it was not bound by this statement and refused to consider the case further. The litigants brought their claims again before the European Court which, in its judgment of 21 September 2021, found that the right of access to a Court had not been guaranteed.
- La sanction pénale de l'offense à chef d'État : un symbole en voie de disparition – Who cares ? : (obs. sous Cour eur. dr. h., arrêt Vedat Şorli c. Turquie, 19 octobre 2021, et Cour const. (b.), arrêt no 157/2021, 28 octobre 2021) - François Tulkens p. 915-924 Deux arrêts récents de la Cour européenne des droits de l'homme et de la Cour constitutionnelle belge confirment l'incompatibilité avec l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme d'un régime spécifique de sanctions pénales des offenses à un chef d'État.Two recent judgments of the European Court of Human Rights and the Belgian Constitutional Court confirm the incompatibility with Article 10 of the European Convention of Human Rights of a specific regime of criminal sanctions for offenses against a head of state.
- Le droit à la libre circulation des familles homoparentales consacré par la Cour de justice de l'Union européenne : (obs. sous C.J.U.E., Gde Ch., arrêt V.M.A. c. Stolichna obshtina, rayon « Pancharevo », 14 décembre 2021, aff. C-490/20) - Delphine Thienpont, Geoffrey Willems p. 925-959 Depuis quelques années, la jurisprudence développée par la Cour de justice de l'Union européenne sur la base des instruments relatifs à la libre circulation a exigé la « reconnaissance » de certains liens familiaux valablement établis à l'étranger, mais inconnus dans l'État de regroupement. L'arrêt V.M.A. s'inscrit dans le sillage de cette jurisprudence, s'agissant cette fois de la reconnaissance du lien de filiation entre un enfant et ses deux parents de même sexe. Les États membres ont désormais l'obligation de reconnaître, aux seules fins de l'exercice de la liberté de circulation et de séjour, le lien de filiation homoparentale valablement constitué dans un autre État membre. Selon la Cour, une telle obligation de reconnaissance « partielle » ne porte pas atteinte à l'identité nationale des États membres.For several years, the case law developed by the Court of Justice of the European Union on the basis of instruments related to freedom of movement has required the “recognition” of family ties validly established abroad, but unknown in the State of reunification. The V.M.A. judgment follows on from this case law, this time concerning the recognition of the parent-child relationship between a child and their same-sex parents. The Member States are now obliged to recognize, solely for the purposes of exercising freedom of movement and residence, the same-sex parent-child relationship validly established in another Member State. According to the Court, such an obligation of “partial” recognition does not affect the national identity of the Member States.
- La liberté d'expression du journaliste sous la protection de la Cour européenne des droits de l'homme : (obs. sous Cour eur. dr. h., arrêt Freitas Rangel c. Portugal, 11 janvier 2022) - Alexandre Balguy-Gallois p. 961-976 La liberté d'expression du journaliste est protégée par une jurisprudence abondante de la Cour européenne des droits de l'homme, qui souligne le rôle essentiel que joue la presse dans une société démocratique. Dans l'arrêt Freitas Rangel c. Portugal, la Cour se livre à un jeu d'équilibre entre deux droits fondamentaux, à savoir la réputation d'autrui et la liberté d'expression. La Cour fait une nouvelle fois pencher la balance du côté de la liberté d'expression, en accordant une protection renforcée à la parole du journaliste au nom de l'intérêt public. Cet arrêt est une illustration remarquable de la méthode d'analyse employée par la Cour pour faire la distinction entre les déclarations factuelles et les jugements de valeur. À la faveur d'un examen subtil de la nature et du contexte de l'affaire, la Cour relie les déclarations journalistiques litigieuses au discours politique, auquel elle accorde également une protection spéciale.The freedom of expression of journalists is protected by an extensive case law of the European Court of Human Rights, which underlines the essential role of the press in a democratic society. In Freitas Rangel v. Portugal, the Court strikes a balance between two fundamental rights, namely the reputation of others and freedom of expression. Once again, the Court favors the freedom of expression, granting an enhanced protection to the speech of journalists in the name of the public interest. This judgment is a remarkable illustration of the approach of the Court to distinguish between factual statements and value judgments. Through a subtle examination of the nature and context of the case, the Court identifies the disputed journalistic statements as political speech, to which it also grants special protection.
- Salduz n'a (toujours) pas dit son dernier mot : quelques nouveaux enseignements de la Cour européenne quant au droit à l'assistance d'un avocat lors de l'enquête pénale : (obs. sous Cour eur. dr. h., arrêt Tonkov c. Belgique, 8 mars 2022, et arrêts Dubois c. France et Wang c. France, 28 avril 2022) - Marie-Aude Beernaert p. 977-986 Au printemps 2022, la Cour européenne des droits de l'homme a prononcé trois arrêts qui méritent de retenir l'attention s'agissant du droit à l'assistance d'un avocat lors de l'enquête pénale. S'ils s'inscrivent tous les trois dans la droite ligne de la jurisprudence désormais bien établie de la Cour, ils ouvrent aussi un certain nombre de perspectives nouvelles en la matière.In the spring of 2022, the European Court of Human Rights handed down three judgments that deserve attention with regard to the right to legal assistance during criminal investigations. While all three are in line with the Court's now well-established case law, they also open up a number of new perspectives in this area.
- Le regard de la Cour européenne des droits de l'homme sur le formalisme excessif de la Cour de cassation de Belgique : (obs. sous Cour eur. dr. h., arrêt Willems et Gorjon c. Belgique, 21 septembre 2021) - Sandra Berbuto p. 897-914
- Bibliographie - p. 987-997