Contenu du sommaire : Handicap, genre et travail
Revue | Travail, genres et société |
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Numéro | no 48, 2022 |
Titre du numéro | Handicap, genre et travail |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- À Margaret - p. 2-3
Hommage
- Nicole Mosconi, un rapport au savoir féministe - Françoise Vouillot, Jacqueline Laufer p. 7-26
Dossier : Handicap, genre et travail
- Handicap, genre et travail - Nicole Mosconi, Anne Revillard, Françoise Vouillot p. 27-34
- Insertion professionnelle selon le handicap et le sexe - Marc Collet, Bertrand Lhommeau p. 35-51 Comment les politiques visant l'emploi des personnes handicapées prennent-elles en compte le genre ? À partir d'un travail de revue de littérature et de deux enquêtes par méthodes mixtes, cet article propose trois contributions essentielles à la réflexion. Tout d'abord, sur le plan historique, les politiques visant l'emploi des personnes handicapées ont été fondées sur un modèle de travailleur masculin, héritier notamment de la figure du mutilé de guerre. Ensuite, cet héritage a des conséquences différenciées selon le sexe, en dépit d'une neutralisation formelle des politiques sur le plan du genre, du fait des types de handicap que ces politiques ciblent en priorité. Enfin, se reproduisent au sein des politiques visant les « travailleurs handicapés » des inégalités de genre classique, liées par exemple à une attente de disponibilité totale pour la recherche d'emploi, ou encore à une hiérarchie sexuée des métiers au sein du travail protégé.From 2018 to 2020, 37% of people with recognized disabilities aged 15 to 64 had a job, compared to 67% of the other individuals in this age group. In addition, the employment rate for women was 6 points lower than that for men in 2020 (62% compared to 68%). Disability influences access to employment more than gender: with identical characteristics, access to employment is not significantly different for women and men with recognized disabilities, while men are 1.5 times more likely to be employed than women among those with no recognized disability. When women do work, the range of occupations is very narrow for those with recognized disabilities: half of the jobs they hold are concentrated in only twenty types of occupations. On the one hand, whether or not women are disabled, their range of occupations is narrower than it is for men. On the other hand, it is narrower for people with recognized disabilities than for those with no recognized disability.
- Femmes handicapées, les invisibles dans l'emploi - Claire Desaint p. 53-70 L'emploi des femmes handicapées se heurte à des obstacles qui se multiplient en raison de leur handicap, de l'inaccessibilité, mais surtout parce qu'elles sont des femmes. Leur participation à la vie économique est freinée par des préjugés, des stéréotypes dans toutes les dimensions de l'emploi : éducation, orientation, recrutement, chômage, carrière professionnelle, articulation des temps, retraites. Elles sont peu invisibles dans les publications des études et statistiques, d'où leur absence dans les politiques publiques sur le handicap et sur l'égalité femmes-hommes jusque très récemment. Les femmes handicapées font partie des populations les plus marginalisées et vivant dans la précarité. Il est temps que la société change son regard et considère les femmes handicapées non plus comme une charge, mais comme détentrices de talents, de compétences et d'expertise. Les femmes handicapées sont porteuses de changement et représentent un atout pour les entreprises et les institutions.Women with disabilities have been facing ever greater barriers to employment due not only to their disability and inaccessibility, but also to their gender. Their participation in economic life has been hampered by prejudice and stereotypes in all aspects of employment: education, choice of studies, hiring, unemployment, professional career, work-life balance, and pensions. They are scarcely visible in studies and statistics, hence their absence in public policies on disability and gender equality until very recently. Women with disabilities are among the most marginalized populations, with precarious living conditions. It is time for society to change its outlook and no longer see women with disabilities as burdens, but as individuals with talents, skills, and expertise. These women are agents of change, as well as assets for companies and institutions.
- Politiques de l'emploi, handicap et genre - Mathéa Boudinet, Anne Revillard p. 71-87 Comment les politiques visant l'emploi des personnes handicapées prennent-elles en compte le genre ? À partir d'un travail de revue de littérature et de deux enquêtes par méthodes mixtes, cet article propose trois contributions essentielles à la réflexion. Tout d'abord, sur le plan historique, les politiques visant l'emploi des personnes handicapées ont été fondées sur un modèle de travailleur masculin, héritier notamment de la figure du mutilé de guerre. Ensuite, cet héritage a des conséquences différenciées selon le sexe, en dépit d'une neutralisation formelle des politiques sur le plan du genre, du fait des types de handicap que ces politiques ciblent en priorité. Enfin, se reproduisent au sein des politiques visant les « travailleurs handicapés » des inégalités de genre classique, liées par exemple à une attente de disponibilité totale pour la recherche d'emploi, ou encore à une hiérarchie sexuée des métiers au sein du travail protégé.How do policies for the employment of people with disabilities take gender into account? Based on a literature review and two mixed-method surveys, this article offers three essential contributions. First of all, from a historical perspective, these policies have been based on the model of a male worker, in particular on the figure of the disabled ex-serviceman. Secondly, although such policies are formally gender neutral, their historical legacy comes with gendered consequences, due to the types of disabilities that are primarily targeted. Lastly, policies aimed at “disabled workers” reproduce classical gender inequalities, linked for example to the expectation of total availability for one's job search, or even to a gendered hierarchy of jobs within sheltered work.
- Les théories féministes anglosaxonnes du handicap : Cartographie des Feminist Disability Studies - Dominique Masson p. 89-109 Alors que les travaux sur le sujet se font de plus en plus nombreux en études féministes du handicap anglo-saxonnes, ou Feminist Disability Studies, l'objectif de cet article est d'outiller les études féministes francophones en proposant une cartographie du développement du champ, axée sur ses grands courants et leurs propositions théoriques et conceptuelles majeures. La première partie de l'article rappelle l'essentiel des modèles médical et social du handicap. La seconde se centre sur les contributions des approches féministes matérialistes du handicap et la troisième sur celles des perspectives féministes poststructuralistes et postmodernes. La quatrième partie expose trois développements récents en Feminist Disability Studies illustrant l'influence des pensées crip et queer, la complexification des analyses intersectionnelles du handicap et l'émergence de perspectives du Sud.The literature in the field of feminist disability studies in English-speaking countries has been growing rapidly. The aim of this article is to provide a map of the development of this field for French-speaking practitioners of feminist studies, focusing on its main currents and their major theoretical and conceptual contributions. The first part of the article covers the key aspects of the medical and social models of disability. The second part examines the contributions of materialist feminist approaches to disability and the third those of poststructuralist and postmodern feminist perspectives. The fourth part presents three recent developments in feminist disability studies illustrating the influence of crip thought and queer thought, the increasingly complex intersectional analyses of disability, and the emergence of perspectives in the Global South.
Mutations
- La critique féministe-marxiste : du travail domestique aux théories de la reproduction sociale - Charlène Calderaro p. 113-128 L'article retrace les grandes lignes de la pensée féministe-marxiste, en partant de ses prémices dans les années 1920 jusqu'à ses développements récents autour de la théorie de la reproduction sociale. Défini comme l'ensemble des tâches et activités quotidiennes nécessaires au maintien de la vie et à la capacité au travail, le travail reproductif est au cœur de ces évolutions théoriques. Après avoir évoqué les premières critiques féministes de l'œuvre de Marx, l'article revient sur le débat sur le travail domestique des années 1970. Il s'attache ensuite à montrer comment la pensée féministe-marxiste évolue depuis lors vers un cadre d'analyse plus large permettant d'appréhender le travail reproductif dans et en dehors de la sphère domestique : payé et gratuit, reconnu et non reconnu. Enfin, l'article dresse les évolutions récentes de la pensée féministe-marxiste qui met au jour une approche unitaire des oppressions via l'élaboration d'une théorie de la reproduction sociale.The article traces the key aspects of feminist-Marxist thought, starting from its early days in the 1920s to its recent developments around the theory of social reproduction. Defined as the set of daily tasks and activities necessary for life and work capacity, reproductive work is at the heart of these theoretical developments. After having examined the first feminist critiques of Marx's work, the article explores the debate on domestic work that took place in the 1970s. It then sets out to show how feminist-Marxist thought has evolved since then towards a broader analytical framework that allows understanding reproductive work inside and outside the domestic sphere: paid and uncompensated, recognized and unrecognized. Lastly, the article reviews recent developments in feminist-Marxist thought, bringing to light an unitary approach to oppression through the development of a theory of social reproduction.
- Utopie concrète, travail et genre. Le cas Oneida - Michel Lallement p. 129-145 Au xixe siècle, les utopies prennent une tournure concrète, aux États-Unis tout particulièrement. De multiples façons de vivre et de travailler tranchant avec les normes dominantes y sont alors expérimentées. En raison de la radicalité de ses choix mais aussi de sa pérennité, Oneida (New York) est probablement l'une des communautés utopiques les plus remarquables. Sous la houlette de son fondateur, John Humphrey Noyes, elle invente de nouvelles formes d'organisations du travail (free labor) et de relations entre les femmes et les hommes (free love). L'article montre d'abord que cette aventure collective doit être analysée au carrefour des débats sur l'abolitionnisme qui précèdent la guerre de Sécession et de l'utopie de Charles Fourier (telle qu'elle s'incarne notamment à travers ses écrits sur les mondes industriel et amoureux). Il brosse ensuite un tableau en clair-obscur des innovations concernant la vie en communauté, le travail et le genre à Oneida, ainsi que de leurs principales transformations entre 1848 et 1880.In the 19th century, utopias took a concrete turn, particularly in the United States. Multiple ways of living and working that contrasted with dominant norms were experimented with. Due to the radicality of its choices but also its durability, Oneida (New York) is probably one of the most remarkable utopian communities. Under the leadership of its founder, John H. Noyes, it invented new forms of work organization (free labor) and relationships between women and men (free love). The article first shows that this collective adventure must be analyzed through the prism both of the debates on abolitionism before the Civil War and of Charles Fourier's utopia (as evidenced in particular in his writings on the industrial world and romantic relationships). It then offers a nuanced perspective on the innovations concerning community life, work, and gender in Oneida, as well as on their main transformations between 1848 and 1880.
- La critique féministe-marxiste : du travail domestique aux théories de la reproduction sociale - Charlène Calderaro p. 113-128
Controverse : Télétravail, un nouveau genre de risque ?
- Télétravail, un nouveau genre de risque ? - Nathalie Lapeyre, Rachel Silvera p. 147-151
- Les nouveaux risques professionnels du télétravail - Karine Babule, Florence Chappert p. 153-156
- Les enjeux et risques du télétravail pour les femmes au Canada et au Québec - Diane-Gabrielle Tremblay p. 157-161
- Femmes qualifiées et télétravail : la double peine ? - Sophie Binet p. 163-165
- Télétravail : vers le développement de tiers-lieux ? - Béatrice Lestic p. 167-169
- Heurts et malheurs du télétravail dans la Fonction publique - Ludivine Debacq, Hervé Moreau p. 171-172
- Les figures du travail à distance : logiques sociales et effets de genre - Frédérique Letourneux p. 173-176
- Témoignage d'une Mompreneur : télétravailler à domicile pour mieux articuler les temps de vie ? - Julie Landour p. 177-180
Critiques
- Andréa de Souza Lobo, Si loin et si proche. Familles et « circulation » dans l'Île de Boa Vista au Cap-Vert : Louvain-La-Neuve, Éditions Academia, 2021, 95 pages - Anaïs Mary p. 181-184
- Lapeyre Nathalie, Le nouvel âge des femmes au travail : Paris, Presses de Sciences Po, 2019, 208 pages - Jacqueline Laufer p. 185-188
- Michael Kaufman, Allions-nous : pourquoi les hommes doivent rejoindre la révolution de l'égalité des sexes : Montréal, Éditions XYZ, 2019, 319 pages - Ludovic Gaussot p. 189-190
- Tithi Bhattacharya (dir.), Avant 8 heures, après 17 heures. Capitalisme et reproduction sociale : Toulouse, Blast, 2020, 300 pages - Charlène Calderaro p. 191-193
- Sophie Duteil-Deyries, Transgression scolaire au prisme du genre. De l'invisibilité des filles à la survisibilité des garçons : Paris, L'Harmattan, 2020, 293 pages - Séverine Depoilly p. 194-197
- Rose-Marie Lagrave, Se ressaisir. Enquête autobiographique d'une transfuge de classe féministe : Paris, La Découverte, 2021, 431 pages - Gilles Moreau p. 198-201
- Yvonne Knibiehler, Réformer les congés parentaux. Un choix décisif pour une société plus égalitaire : Paris, Presses de l'École des hautes études en santé publique, 2019, 166 pages - Marie-Thérèse Letablier p. 202-204
- Martine Storti, Pour un féminisme universel : Paris, Le Seuil, 2020, 106 pages - Françoise Picq p. 205-207
- Julie Landour, Sociologie des Mompreneurs. Entreprendre pour concilier travail et famille ? : Lille, Presses universitaires du Septentrion, 2019, 184 pages - Clotilde Lemarchant p. 208-209
- Anne Castaing, Fally Lignon (dir.), Travestissements : performances culturelles du genre : Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, 2020, 182 pages - Diego Semerene p. 210-212
- Christian Topalov (dir.), Philanthropes en 1900. Londres, New York, Paris, Genève : Grâne, Créaphis, 2020, 650 pages - Alexandra Hondermarck p. 213-215
Ouvrages reçus
- Ouvrages reçus - p. 217