Contenu du sommaire : L'économie du nouveau mix électrique
Revue | Responsabilité et environnement |
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Numéro | no 93, janvier 2019 |
Titre du numéro | L'économie du nouveau mix électrique |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- L'économie du nouveau mix électrique - Fabrice Dambrine p. 4-5
Les coûts de la transition électrique
- Analyse micro-économique de l'intégration des EnR électriques intermittentes dans un système de production électrique - Fabrice Dambrine p. 7-14 Les politiques publiques menées depuis une vingtaine d'années en France et en Europe conçoivent essentiellement la transition électrique comme le remplacement de centrales thermiques (à combustibles fossiles et nucléaire) par de nouveaux moyens de production renouvelables, essentiellement éoliens et photovoltaïques. La question est donc de savoir jusqu'où l'on peut aller dans la pénétration de ces moyens de production dans le mix électrique sans remettre en cause les fondements de la politique énergétique que sont la sécurité d'approvisionnement électrique, l'accès à l'électricité à un coût raisonnable et la protection de l'environnement. Si l'on aborde la question au premier degré, c'est-à-dire uniquement en termes de coûts de production des MWh, on est tenté de croire que la transition électrique se fera naturellement, puisque les coûts de production de l'électricité éolienne et photovoltaïque baissent régulièrement, jusqu'à devenir aujourd'hui compétitifs par rapport à ceux des autres moyens de production. Mais ce serait oublier la limite physique intrinsèque de ces productions, à savoir qu'elles sont fatales et non pilotables. En sorte que pour assurer la sécurité de l'approvisionnement électrique, il faudra toujours conserver « en réserve » des installations pilotables capables de répondre à la demande des consommateurs.The public policies conducted in France and Europe during the past twenty years consider the electricity transition mainly to be the replacement of thermal power stations (using fossil fuel and nuclear energy) with means for generating electricity by using renewable forms of energy (mostly wind power and photovoltaics). In what proportion can these new means become part of the electricity mix without undermining the foundations of energy policy, namely : the security of the electricity supply, the access to electricity at a reasonable cost, and the protection of the environment ? When addressing this question directly in terms of the costs of megawatts, we are inclined to believe that the transition will take place naturally, since the production costs of wind power and photovoltaics are steadily decreasing to the point of becoming competitive with other means used to generate electricity. But this belief induces us to overlook the physical limits inherent in these new means of production. On the one hand, the energy they produce is “fatal” (i.e., lost if not consumed right away) ; and on the other hand, these means of production cannot be steered. For a secure electricity supply, it will always be necessary to keep installations “in reserve” that can be steered to respond to consumer demand.
- Évaluation macroéconomique de la transition électrique en France - Nicolas Govillot, Richard Lavergne, François Valérian p. 16-24 Les auteurs ont bâti une modélisation macroéconomique simplifiée de différents scénarii d'évolution du mix français de production électrique à horizon 2030. Les scénarii sont évalués selon leur coût de production total, leurs émissions carbonées et leur impact sur le solde commercial de la France. Les données de production françaises sont utilisées en moyenne sur trois ans selon un pas demi-horaire. Cette modélisation peut être considérée comme un outil d'aide à la décision publique.A simplified macroeconomic model of how France's electricity mix will evolve by 2030 is presented. Each scenario in this model is evaluated using its total production cost, greenhouse gas emissions and impact on the country's balance of trade. Production data in half-hour increments are used from a three-year period. This simulation provides a tool for public decision-making.
- Les énergies intermittentes : jusqu'où ? - Jean-Pierre Hauet p. 25-32 Dans cet article, nous nous sommes efforcé d'apporter une réponse à une question fortement débattue : quelle part doit-on réserver aux énergies intermittentes, essentiellement le solaire et l'éolien, dans le mix électrique ?Les aspects méthodologiques qui devraient être pris en compte sur le plan économique sont exposés : ils consistent à comparer les coûts complets de ces formes d'énergie avec la valeur économique des kWh électriques produits. Cette analyse montre, qu'à un instant donné, les prix de revient et la valeur économique sont des fonctions non linéaires du taux de pénétration. Des phénomènes de saturation et de moindre acceptabilité affectent les coûts. Quant à la valeur économique, la variabilité dans le temps, les aléas de prédictibilité et la non-concordance entre les lieux de production et ceux de consommation se traduisent par des décotes qui peuvent devenir très importantes.L'optimum économique qui en résulte évolue dans le temps, à la faveur de l'abaissement des coûts, notamment. Cependant, la part des énergies intermittentes aujourd'hui dépend essentiellement de l'effort financier que l'on est prêt à leur consacrer. Il serait souhaitable que des études technico-économiques d'optimisation du mix électrique soient menées, qui prennent en compte l'ensemble des paramètres pertinents.What proportion of energy from intermittent sources (mainly solar and wind power) should figure in the electricity mix ? This question has spurred heated discussions. Methodologically and economically, the full costs of these forms of energy should be compared with the economic value of the kilowatts generated. As this analysis shows, the cost price and economic value are, at any given moment, nonlinear functions of the penetration rate. Whereas costs are affected by two factors, saturation and lesser acceptability, the economic value has to be discounted considerably owing to three factors : the variability of production over time, the contingency of predictability, and the lack of congruency between places of production and of consumption. The resulting economic optimum evolves over time, especially as costs fall. Nonetheless, the share of intermittent energy sources depends mainly on the financial effort that we are willing to make. Technical and economic studies of how to optimize the electricity mix should be made that take account of all relevant parameters.
- Le stockage de l'électricité : la solution à l'intégration des EnR intermittentes ? - Étienne Beeker, Richard Lavergne p. 33-40 Au niveau mondial, le stockage de l'électricité est sans aucun doute l'un des défis majeurs de la transition énergétique, car il est indispensable à l'intégration dans le système électrique des énergies renouvelables intermittentes (EnRi), l'éolien et le photovoltaïque. La valeur du stockage d'électricité est liée aux différents services qu'il peut rendre, particulièrement dans les zones où le réseau est insuffisant. L'hydraulique est encore, de très loin, la technologie prédominante, mais elle est centralisée, ce qui ne permet pas de répondre à tous les besoins. La baisse rapide des coûts des batteries Li-Ion est une opportunité, notamment pour la mobilité et pour différents services aux réseaux électriques et, dans une faible mesure, aux auto-consommateurs. Le stockage par batterie peut être en compétition avec d'autres technologies ou services permettant de gérer la flexibilité : pilotage de la demande (effacements), stockage de chaleur, etc. En ce qui concerne la France métropolitaine, un mix électrique composé uniquement d'hydraulique, d'éolien, de photovoltaïque et de stockage paraît utopique, tant son coût serait énorme à un horizon de temps prévisible.Storing electricity is undoubtedly a major worldwide issue in the energy transition, since it is indispensable for uploading electricity from intermittent renewables (wind power and photovoltaics) to the grid. The value of storing electricity is related to the services obtained, especially in areas where the grid is insufficient. The centralization of hydroelectricity – still, by far, the prevailing technology – keeps it from satisfying all needs. The rapidly lowering cost of lithium-ion batteries represents an opportunity, especially for transportation, electricity grids and, to a lesser extent, consumers who produce their own current. Battery storage can compete with others forms of technology or services for managing flexibility : steering demand (load management), storing heat, etc. For mainland France, it would be utopian to imagine an electricity mix based only on hydro, wind and photovoltaic power and the storage of electricity, since its cost would soar within a foreseeable period of time.
- Analyse micro-économique de l'intégration des EnR électriques intermittentes dans un système de production électrique - Fabrice Dambrine p. 7-14
Transition électrique : le point de vue des acteurs économiques
- Les incohérences de la transition électrique au regard de la politique de transition énergétique - Dominique Finon p. 41-47 Pour réduire les émissions de CO2, il serait judicieux que soit abandonné l'objectif conjoint de développement de la part des ENR à 40 % et de réduction de celle du nucléaire à 50 %. Ce double objectif présente un surcoût élevé et ne contribue pas à la réduction des émissions. Il faudrait affecter à d'autres fins les ressources importantes consacrées au développement forcé des ENR électriques au travers de dispositifs hors marché. Ces autres fins, notamment la promotion de l'efficacité énergétique par la rénovation thermique à grande échelle du bâti et celle des ENR thermiques, ont pour elles d'être efficaces au regard de l'objectif climatique, ce qui ne semble pas évident au vu des décisions prises dans ces domaines. Cette réaffectation serait de bonne politique d'autant plus que ce sont surtout les ménages « tout-venant » qui financent les investisseurs verts et les autoproducteurs solaires, via le paiement de taxes spécifiques.To reduce CO2 emissions, a sound decision would be to give up the two-pronged objective of raising the share of renewables to 40% and reducing nuclear energy to 50%. This objective entails excessive costs and would not help reduce greenhouse gas emissions. The considerable means now allocated for the head-on development of renewables for generating electricity should be shifted to other purposes via mechanisms not related to the market. Among these finalities are, in particular, the promotion of energy efficiency (via the thermal renovation of buildings on a large scale) and the development of thermal energy from renewable sources. In their favor, these finalities would be efficient with regard to the climate objective (which hardly seems attainable given the decisions made). This reallocation of means makes sense insofar as households are paying specific taxes for funding green investors and the producers of solar power.
- ENGIE et la transition énergétique. Passer du rêve à la réalité : un bouquet énergétique 100 % renouvelable à l'horizon 2050 - Gwenaelle Avice-Huet p. 48-52 La transition énergétique repose sur une révolution du regard que nous portons sur notre environnement désormais modélisé et considéré comme limité. Dans cette perspective, les citoyens, en premier lieu, mais également les entreprises et les gouvernements se donnent un rôle nouveau, alors que se dessine la possibilité d'un bouquet énergétique 100 % renouvelable. C'est cet espoir qu'ENGIE entend contribuer à concrétiser, en tenant compte des incidences sociales, économiques et technologiques d'un tel projet.La conscience citoyenne, la compétitivité des technologies renouvelables et les progrès technologiques réalisés sont autant de raisons d'espérer parvenir à un bouquet énergétique 100 % renouvelable. C'est le développement complémentaire des différentes filières énergétiques renouvelables – électricité, gaz verts, chaleur – qui permettra, dans un contexte réglementaire à la fois stable et prédictible, de rééquilibrer notre bouquet énergétique et de le placer sur une trajectoire où l'intégralité de l'énergie que nous consommerons sera renouvelable.The energy transition calls for a revolution in our perception of the environment, an environment now being simulated and to be seen as limited. From this perspective, citizens, as well as firms and governments, take on a new role given the possibility of an energy mix with 100% renewables. This is the hope that ENGIE wants to help realize while taking into account its social, economic and technologic effects. The awareness of citizens, the competitiveness of renewables and the current progress of technology are reasons for hope that we can achieve 100%. The complementary development of various renewable energy industries (electricity, “green” gas and heat) will make it possible, in a regulatory context that is both stable and predictable, to change the balance of our energy mix and tip it toward renewable sources for all the energy we consume.
- Le comptage communicant, une condition essentielle pour une transition énergétique réussie - Michel Derdevet p. 53-56 Pour garantir la réussite de la transition énergétique, le système électrique subit des mutations considérables : intégration des énergies renouvelables, digitalisation, développement de la mobilité électrique, pilotage de la consommation, etc. Le comptage communicant est au cœur de cette révolution et constitue la première brique des réseaux électriques intelligents de demain, qui seront nécessaires pour l'atteinte des objectifs climatiques. Il s'agit là de la future étape majeure de la révolution énergétique, que la France et l'Europe devront savoir pleinement saisir, d'autant qu'elles disposent en la matière de leaders internationaux reconnus.To make the energy transition a success, the electricity grid is undergoing considerable changes : input from renewable sources, digitization, “electricity mobility”, steered consumption, etc. Automated meter management, which lies at the core of this revolution, is the first brick for making electricity grids smart. Smart grids will be necessary to reach the objectives set for the climate. This is a major stage in the energy revolution – an opportunity for France and Europe, even more so since they have internationally recognized leaders in this field.
- Les énergies renouvelables et la transition électrique - Jean-Louis Bal p. 57-61 Au cours de son histoire, la France a toujours conduit avec succès des transitions majeures de son système électrique. Celle que nous avons engagée ces dernières années s'inscrit donc dans cette continuité et représente une formidable source d'innovation et d'opportunités économiques.Cette transition vers les énergies renouvelables électriques prend tout son sens aujourd'hui. D'abord, parce que les politiques publiques mises en place ont permis d'accompagner efficacement ces technologies sur leur courbe de décroissance des coûts, ce qui nous donne accès à une palette de solutions compétitives ou en passe de l'être. Ensuite, parce que les outils de flexibilité ont grandement progressé et permettent d'atteindre des taux de pénétration des renouvelables électriques très élevés. Enfin, parce que cette transition répond à une aspiration profonde des Français et des entreprises, qui sont prêts à prendre une part active dans cette nouvelle étape de la transition énergétique de notre pays.France has always successfully managed major transitions in its electricity grid. The transition that we entered a few years ago is in continuity with this past. It represents an awesome source of innovation and economic opportunities. This transition toward renewable sources of energy for generating electricity has taken on full meaning. Thanks to the public policies adopted, we are fully benefitting from new forms of technology as their costs decrease, and this opens access to a range of solutions that are, or will soon be, competitive. Moreover, strides have been made in developing “flexible” tools that help renewables reach a very high penetration rate. Finally, this transition responds to a deep aspiration of people and firms in France, who are ready to play an active part in this new phase of our country's energy transition.
- Le rôle du nucléaire dans la transition électrique - Valérie Faudon p. 62-65 La France s'appuie aujourd'hui sur un socle nucléaire pour garantir sa sécurité d'approvisionnement en électricité bas-carbone, au prix le plus bas d'Europe de l'Ouest. Elle s'est engagée à diversifier son mix électrique dans les années qui viennent, au fur et à mesure de la montée en performances techniques et économiques des énergies renouvelables, des moyens de stockage de l'électricité et des réseaux intelligents. À l'horizon 2050, elle aura toujours besoin d'un socle nucléaire, elle doit donc préparer dès maintenant le programme industriel devant lui permettre de renouveler une partie de son parc. À l'échelle mondiale, le nucléaire sera une solution indispensable pour atteindre les objectifs de décarbonation du système électrique. À l'échelle européenne, le parc nucléaire français contribue déjà à décarboner nos voisins : grâce à notre solde exportateur net, mais aussi parce que ce parc permet, du fait de sa flexibilité, aux énergies renouvelables variables de se développer. La France est également le pays d'Europe qui reste le plus apte à construire des réacteurs nucléaires, à l'heure où l'essentiel des nouvelles constructions est concentré en Asie. C'est seulement grâce à la France qu'il sera encore possible, si une prise de conscience le permet, de relancer au cours des toutes prochaines décennies des programmes européens en matière d'énergie nucléaire.France is relying on nuclear power for a secure low-carbon supply of electricity at the lowest price in western Europe. It has committed itself to diversifying its electricity mix in the coming years as advances are made in the technical and economic efficiency of : renewable sources of energy, the means for storing electricity, and smart grids. Since the country will still need nuclear installations in 2050, it must start drafting an industrial program for updating its fleet of nuclear reactors. Worldwide, nuclear energy will be indispensable for “decarbonating” electricity grids ; and the French nuclear fleet is already helping to reduce the carbon emissions of neighboring lands in Europe. Thanks to a positive balance in exportations, this fleet is, owing to its flexibility, making it possible for renewables to develop. In Europe, France is the country best able to build nuclear plants, at a time when plans for new reactors are mostly concentrated in Asia. Thanks to France, it will be possible, if public awareness allows, to launch European programs for nuclear energy in the coming decades.
- Transition énergétique : coordonner baisse du nucléaire et montée des ENR pour éviter d'affaiblir plus encore la compétitivité industrielle - Stéphane Delpeyroux p. 66-70 Alors que les débats sur la programmation pluriannuelle de l'électricité (PPE) sont en cours et que le Réseau de transport d'électricité (RTE) a présenté des scénarios d'évolution du mix électrique, le gouvernement a annoncé le report de l'atteinte de l'objectif de 50 % d'électricité d'origine nucléaire en 2025. L'Union des industries utilisatrices d'énergie (UNIDEN) s'en félicite et souhaite que la compétitivité énergétique de la France soit un objectif assumé ; loin d'être incompatible avec la montée en puissance des ENR, l'objectif de compétitivité industrielle nécessite de maîtriser le rythme de l'évolution du mix électrique et de conserver l'atout essentiel que constitue la production du parc électronucléaire français.Discussions are taking place about long-term plans for the French electricity industry, and RTE (Electricity Transmission Network) is presenting scenarios for the country's electricity mix. Meanwhile, the government has postponed the objective of 50% of electricity from nuclear energy in 2025. UNIDEN is satisfied with this decision. This trade group wants to see France adopt the objective of being competitive in energy. Far from being incompatible with the rise of renewables, the goal of making industry competitive implies controlling the pace at which the electricity mix changes and maintaining the county's ace in the hole, namely electricity from nuclear power.
- Les incohérences de la transition électrique au regard de la politique de transition énergétique - Dominique Finon p. 41-47
Transition électrique : gouvernance et modèles de développement
- Transition électrique : la fin d'un consensus allemand ? - François Valérian p. 71-75 La transition énergétique allemande, ou Energiewende, s'est particulièrement manifestée dans le soutien massif à la production d'électricité d'origine renouvelable. Au-delà des choix techniques et économiques, c'est un domaine qui a recueilli un large consensus pendant plusieurs années en Allemagne, et où ce pays a cherché à exercer un magistère moral. Les récentes évolutions de la politique allemande font néanmoins penser que ce consensus s'effrite.The most visible sign of Energiewende – the energy transition in German – has been the massive support for gen-erating electricity from renewable energy sources. Beyond the implied technical and economic choices, this policy has, for several years now, benefitted from a broad consensus that has served as the grounds for Germany's efforts to exercise moral leadership. However recent changes in the country's policies suggest that this consensus is wearing down.
- La transition électrique, entre marchés et objectifs politiques - Jacques Percebois p. 76-80 La libéralisation du secteur de l'électricité s'est, en Europe, accompagnée du recours à des dispositifs réglementaires visant à promouvoir la pénétration des énergies renouvelables, comme le solaire ou l'éolien. L'existence de monopoles naturels que sont les réseaux et le maintien de missions d'intérêt général obligent les pouvoirs publics à accepter de nombreuses exceptions au principe de la libre concurrence, et cela a pu parfois conduire à des effets pervers. Le marché seul ne peut pas orienter les choix énergétiques de long terme, mais il constitue un bon aiguillon à l'innovation et à l'efficience.In Europe, liberalizing the electricity industry has brought along regulations for boosting the penetration rate of renewables, such as solar or wind power. The existence of natural monopolies (grids) and the preservation of the general interest are forcing public authorities to accept several exceptions to the freedom to compete (sometimes with deviant effects). The market alone cannot orient long-term choices about energy, but it does stimulate innovation and efficiency.
- Le rôle du prix du carbone dans la transition électrique - Christian de Perthuis, Boris Solier p. 81-85 Du fait des dysfonctionnements du marché européen du carbone et de l'absence de coordination avec les politiques de soutien aux renouvelables, la tarification carbone a jusqu'à présent joué un rôle limité dans la transition électrique consistant principalement à basculer de centrales électriques à charbon vers des centrales à gaz. Dans cet article, nous explorons les réformes nécessaires pour accélérer la transition du système électrique en réduisant les coûts devenus excessifs des soutiens aux renouvelables. Il est prôné dans cet article un élargissement de la tarification du carbone en Europe, convergeant vers un prix minimum du carbone, couplé au démantèlement des dispositifs de soutien des prix des renouvelables et à une redistribution des fonds publics vers trois usages prioritaires actuellement dramatiquement sous-dotés : la recherche publique, l'accompagnement des restructurations industrielles et la lutte contre la précarité énergétique.Given the malfunction of the European carbon market and the absence of coordination with policies for subsidizing renewables, setting the price of carbon has had a limited impact on the electricity transition, which is mainly switching power plants from fossil fuels to natural gas. The reforms in the electricity industry are examined that are needed to accelerate the transition by reducing the (now excessive) subsidies for renewables. The pricing of carbon in Europe should be broadened to converge toward a minimum price. At the same time, price subsidies for renewables should be dismantled, and public funds should be redistributed to three drastically underfunded priorities : public research, support for restructuring industries, and the fight against energy poverty.
- 50 %, ou 50 % ? - Jean-Marc Jancovici p. 86-93 50 %, chiffre magique ! Depuis la promesse électorale de François Hollande – destinée à se concilier les voix des Verts, historiquement antinucléaires, aux élections présidentielles et législatives de 2012 (ce en quoi il a eu raison : les Verts, c'était 3 % des voix, et Hollande a gagné avec 51,5 %…) –, ce chiffre a pris place dès l'article 1 de la loi de transition énergétique pour la croissance verte.À aucun moment ce chiffre n'a été précédé d'un argumentaire permettant d'expliquer qu'il était plus approprié que 48 ou 80 %, et encore moins d'un argumentaire expliquant en quoi ce pourcentage permettrait d'assurer un avenir plus durable à notre espèce.Le propos qui suit va donc vous proposer deux applications de ce pourcentage de 50 %, aux conséquences totalement opposées sur le risque nucléaire, l'évolution du prix de l'électricité pour le consommateur, celle des émissions de gaz à effet de serre et de l'emploi. Alors, en voiture !50%, a magic number ! Following the promise made by François Hollande during the 2012 presidential and parliamentary election campaigns (a promise made to attract votes from the “green” parties, historical opponents of nuclear energy), this percentage figured in the first article in the act of law on the energy transition and green growth. By the way, Hollande was right : the Greens represented 3% of the vote, and he won with 51.5%…. At no time has this figure been accompanied with an argument for explaining why it is more suitable than 48% or 80%, and even less with an argument about why it would make the future more sustainable for our species. Two applications of this 50% are presented that have diametrically opposite consequences on : the risks of nuclear energy, price trends in electricity for consumers, greenhouse gas emissions, and jobs. Hop… into a car !
- Transition électrique : la fin d'un consensus allemand ? - François Valérian p. 71-75
Hors dossier
- Bilan énergétique de la France métropolitaine en 2017 – Données provisoires - SDES p. 94-98 À climat constant, la consommation finale énergétique de la France métropolitaine progresse de 0,9 % en 2017, dans un contexte de croissance économique soutenue. Cette hausse de la demande, combinée à un recours accru aux énergies fossiles pour la production d'électricité, se traduit par un rebond, à climat constant, de 4 % des émissions de CO2 liées à l'énergie, ce qui rompt avec la baisse observée depuis le milieu des années 2000. Le taux d'indépendance énergétique recule d'un point en 2017, à 53 %. Avec le repli du nucléaire et de l'hydraulique, la production primaire baisse en effet pour la seconde année consécutive, de 1,3 %, tandis que la consommation d'énergie primaire augmente de 0,7 %. Le déficit des échanges physiques d'énergie augmente de 4,7 %, contribuant, avec la hausse des cours internationaux, au rebond de 23 % de la facture énergétique de la France, à 38,6 milliards d'euros.
- Le bilan carbone de la France : 20 ans déjà ! - Jean-Philippe Lafontaine p. 99-108 En 1997, la France publiait son premier bilan carbone pour la période 1990-1995 en suivant la méthodologie et les recommandations préconisées par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC)1. Depuis cette date, les principes de base du dispositif français de comptabilité carbone sont restés les mêmes, mais les mesures qui ont été mises en œuvre en France pour lutter contre le réchauffement climatique au cours de ces vingt dernières années ont, entre autres, obligé de plus en plus d'organisations à produire et à diffuser des données sur leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). Cet article propose, dans un premier temps, de revenir sur les origines du dispositif français de comptabilité carbone et, dans un deuxième temps, d'en donner une description synthétique en mettant en perspective ce qui est demandé aux organisations et ce qui est fait au niveau national. Enfin, en partant du constat selon lequel les résultats obtenus en matière de réduction des émissions de GES ne sont pas aussi bons que ceux attendus, cet article s'interroge sur les postulats qui ont orienté les choix réalisés en matière de gouvernance climatique mondiale et sur leur capacité à lutter efficacement contre le réchauffement de la planète.In 1997, France published its first carbon accounting report for the period from 1990 to 1995. This report used the methodology and recommendations of the Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC). Since then, the basic principles of carbon accounting have not changed. Over the past twenty years, France has implemented measures for fighting against global warming that require more and more organizations to produce and publish data on their greenhouse gas emissions. The origins of French carbon accounting are reviewed, and an overall description compares what has been demanded of organizations and what has been done at the national level. Since the results obtained in reducing greenhouse gases have fallen short of expectations, questions are asked about the postulates underlying the choices made in matters of global governance of the climate and about the effectiveness of these decisions in curbing global warming.
- Bilan énergétique de la France métropolitaine en 2017 – Données provisoires - SDES p. 94-98