Contenu du sommaire : Quel équilibre futur pour l'offre et la demande d'énergie ?
Revue | Responsabilité et environnement |
---|---|
Numéro | no 95, juillet 2019 |
Titre du numéro | Quel équilibre futur pour l'offre et la demande d'énergie ? |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Foreword - Fatih Birol p. 5-6
- Quel équilibre futur pour l'offre et la demande d'énergie dans la transition vers un monde neutre en carbone ? - Dominique Auverlot, Richard Lavergne p. 7-9
Consommation finale d'énergie : nouveaux usages, nouveaux comportements, en France et dans le monde
- Application à 2050 de la transition énergétique et de la neutralité carbone à la demande d'énergie, en France - Laurent Michel, Quentin Deslot p. 10-15 Dans son plan Climat de juillet 2017, la France s'est engagée à rehausser son ambition climatique en visant la neutralité carbone à l'horizon 2050. Cet objectif suppose de repenser en profondeur le système énergétique du pays. Celui-ci devra être décarboné en éliminant quasi complètement l'ensemble des énergies fossiles. La biomasse, la chaleur renouvelable et l'électricité auront un rôle croissant à jouer dans le mix énergétique. Cette décarbonation du mix énergétique impose que la consommation d'énergie soit réduite par un facteur 2 environ. Cela passera nécessairement par des efforts systématiques d'efficacité énergétique ainsi que par des comportements individuels et une organisation collective plus sobres en énergie. Il faut également garder en tête que l'objectif de neutralité carbone à l'échelle nationale doit s'accompagner d'efforts sur l'ensemble de l'empreinte du pays afin de prendre les décisions les plus efficaces et un accompagnement spécifique des ménages et des entreprises les plus fragiles. Cette ambition de long terme est indissociable d'une action renforcée de court et moyen terme.In its Climate Plan of July 2017, France made the commitment to raise its ambitions to the goal of carbon neutrality by 2050. This implies thoroughly overhauling the country's energy system, which will have to eliminate nearly all fossil fuels. The shares of the biomass and renewable sources of energy for heating and electricity will increase in the energy mix. To eliminate carbon in this mix, the consumption of energy will have to be halved ; and systematic efforts, made to improve energy efficiency, modify individuals' behaviors and reorganize society for a more sober consumption of energy. We must bear in mind that carbon neutrality at the national level implies working on the country's whole carbon footprint, making the most effective decisions and accompanying the most vulnerable households and firms during this transition. This long-term goal cannot be spared more vigorous actions in the short and middle run.
- Quelle évolution de la consommation d'électricité en France ? - Thomas Veyrenc p. 16-20 Le domaine de la prévision et de la prospective traitant de l'évolution de la consommation d'électricité fait l'objet, en France, de controverses récurrentes. Celles-ci sont propres à la spécificité du parc électrique français, qui produit une électricité très largement décarbonée (et qui le sera plus encore avec la fermeture des dernières centrales au charbon annoncée pour 2022), d'origine essentiellement nucléaire.Cette caractéristique fait de l'électricité un vecteur évident pour atteindre nos objectifs climatiques : les programmes d'électrification de nouveaux secteurs ou usages (mobilité, industrie) trouvent ainsi une base théorique évidente. Pour autant, mener à bien une transition énergétique implique également un effort général sur nos consommations énergétiques, et doit donc conduire à rechercher les gisements d'économies d'énergie y compris sur l'électricité.L'ordre de priorité entre ces deux orientations, la pondération entre effets haussiers et baissiers qu'elles impliquent aux différentes échelles de temps, les conséquences sur l'évolution du parc de production électrique – notamment la place du nucléaire – et la structuration du secteur énergétique dans son ensemble, suscitent de vifs débats. Les travaux engagés depuis 2017 par RTE pour revoir de fond en comble les scénarios d'évolution du secteur de l'électricité pour la France témoignent dans une large mesure de ces débats.Predictions and futurological studies of electricity consumption have recurrently aroused controversies about France's power stations. These stations produce a supply of electricity that is highly decarbonized and will even more so, thanks to nuclear power, once the last coalfueled power stations are shut down in 2022, as announced. This makes electricity an obvious vector for reaching our climate objectives. Nuclear power theoretically provides a ground for programs that would use electricity for new industries and purposes (e.g., “mobility”). Nonetheless, a successful energy transition entails a general effort on energy consumption, in particular the effort to find ways to save energy, including electricity. The priority to be established between these two orientations, the weighting of the effects, upwards or downwards, that each implies on different time scales, the consequences for power stations (in particular, the place of nuclear power) and the energy sector's overall structure are topics of lively debates. These debates are reflected in the work done since 2017 by RTE, the transmission system operator, to thoroughly revise scenarios for France's electricity sector.
- Évolutions possibles des usages de l'électricité dans une perspective de neutralité carbone en France et de respect de l'Accord de Paris au niveau mondial - Jean-Michel Cayla, Donia Peerhossani p. 21-27 Suite à l'Accord de Paris, la France s'est donnée pour objectif d'atteindre la neutralité carbone en 2050. Utilisée de façon optimale, la stratégie d'électrification des usages énergétiques du bâtiment, des transports et de l'industrie permet d'atteindre la neutralité carbone de façon rapide, certaine et à moindre coût à l'horizon 2050, tout en ne s'accompagnant que d'une augmentation modérée de la consommation d'électricité. En effet, cette stratégie repose sur une électricité d'ores et déjà décarbonée et sur des technologies existantes et compétitives qui permettent de réduire la facture des ménages. Elle est robuste aux incertitudes et permet d'obtenir des premiers résultats importants dès 2030.Following the Paris Agreement, France set the objective of reaching carbon neutrality by 2050. When applied optimally, the strategy for electrifying the uses of energy in buildings, transportation and industry would enable the country to achieve carbon neutrality fast at a lesser cost by 2050 with a moderate increase in electricity consumption. Underlying this strategy is a supply of electricity already relatively carbon-free and an existing, competitive technology that allows for reducing the electricity bill for households. Robust in the face of uncertainty, this strategy will yield its first major results by 2030.
- Transformation des systèmes électriques. Le consommateur sera-t-il gagnant ? - Dominique Jamme p. 28-31 Les systèmes électriques connaissent partout dans le monde une transformation profonde liée aux baisses massives de prix des énergies renouvelables (EnR) et des batteries. En France, le nucléaire existant est compétitif, mais les incertitudes sur la nouvelle génération de réacteurs combinées à la compétitivité nouvelle des EnR conduisent à diminuer progressivement la proportion du nucléaire dans le mix électrique et à développer les EnR.Pour s'adapter à ces évolutions, les réseaux utiliseront de plus en plus les nouveaux moyens de flexibilité décentralisés : stockage, pilotage de la demande, écrêtement ponctuel de production, EnR, véhicules électriques.À l'aval du système électrique, le foisonnement des innovations et des offres de services, rendu possible par le déploiement des compteurs évolués, donne aux consommateurs des opportunités nouvelles de s'approprier leur consommation d'électricité. L'enjeu majeur sera d'obtenir l'engagement du plus grand nombre de consommateurs, tout en conservant un système simple et efficace pour tous.Everywhere in the world, electricity systems are undergoing deep changes stemming from the massive lowering of the prices of energy from renewable sources and of batteries. In France, the existing supply of nuclear energy is competitive, but uncertainty about the new generation of reactors and, too, the recent competitiveness of renewables suggest that we should gradually decrease the share of nuclear power in the electricity mix while increasing that of renewables. To adapt to these trends, electricity grids will increasingly use new means of “decentralized flexibility”: storage, demand-side management, supply-side peakshaving, renewables, electric vehicles. Downstream on the grid, the profusion of innovations and of services (such as those now offered thanks to smart electricity meters) provides consumers with new opportunities for taking charge of their consumption. The major challenge will be to obtain the commitment from as many consumers as possible while keeping the system simple and efficient for everyone.
- La demande comme levier de décarbonation : visions, disparités et limites - Nadia Maïzi p. 32-36 À travers l'exploration de scénarios contrastés, nous évaluerons les fondamentaux sur lesquels reposent des visions alternatives du futur qui partagent les mêmes ambitions de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Pour cela, nous distinguerons les trajectoires s'appuyant sur un credo technologique, en vertu duquel une offre adaptée devrait permettre de pourvoir aux contingences climatiques, de celles qui considèrent que les aspects sociétaux, les modes de vie et les comportements seront les leviers principaux pour opérer une réelle bifurcation vers un monde bas carbone.Ce choix narratif nous transportera d'un monde tout électrique vers un monde de sobriété.Au terme de notre réflexion, nous défendrons le point de vue qu'une réconciliation de ces postures est un incontournable pour le règlement de la question climatique.By exploring differing scenarios, the fundamentals are assessed that underlie alternative visions of the future that share the same objectives of reducing greenhouse gas emissions. The distinction is made between scenarios based on a technological creed whereby adjustments in the supply of energy should enable us to cope with climate events and the scenarios that see societal factors (lifestyles and behaviors) as the best means for actually bifurcating toward a low-carbon world. This choice of narratives corresponds to a shift from an all-electric world toward a world of “sobriety”. In conclusion, it is argued that a reconciliation of these two positions is indispensable for settling the climate issue.
- Les grands enjeux de la transformation du secteur des transports et de la mobilité durable - Didier Houssin p. 37-41 Le secteur des transports doit faire face à des mutations profondes : il doit répondre à une demande de mobilité toujours croissante aussi bien pour le transport des biens que pour celui des personnes, tout en intégrant les contraintes environnementales locales, liées à la pollution et à la qualité de l'air, et globales, liées à ses émissions de CO2 qui représentent un quart des émissions mondiales.Ce secteur, toujours dépendant à hauteur de 90 % des carburants issus du pétrole, doit se transformer dans ses différents segments (véhicules, camions, bateau, avion…) et contribuer au développement des technologies bas carbone, comme les biocarburants, le gaz, le moteur électrique ou l'hydrogène.Décarboner le secteur des transports pour construire une mobilité durable est un enjeu majeur qui nécessitera de repenser non seulement les motorisations et les carburants, mais aussi la gestion du trafic et de l'infrastructure, et demandera même une modification des comportements afin de pouvoir proposer les solutions pertinentes de demain.Transportation has to cope with deep changes. An ever increasing demand for moving freight and people must be taken into account along with environmental constraints, both local (pollution and air quality) and global (transportation at the origin of a quarter of CO2 emissions worldwide). This sector is still highly dependent (90%) on fuels produced from petroleum. Many of its segments (transportation by motor vehicles, trucks, ships, airplanes, etc.) have to be reoriented transformed so as to help develop low-carbon techniques (biofuels, gas, electric or hydrogen vehicles). Decarbonizing transportation for “sustainable mobility” is a major issue that calls for devoting thought not just to engines and fuels but also to the management of traffic and the infrastructure. It will even require modifying human behaviors if relevant solutions are to be proposed for the future.
- La neutralité carbone : opportunités et risques pour l'industrie française - Michel Guilbaud p. 42-45 La France est l'un des premiers pays au monde à avoir inscrit dans sa législation un objectif de neutralité carbone à l'horizon 2050. Il s'agit d'une perspective très ambitieuse qui s'inscrit dans le cadre mondial (Accord de Paris, rapport du GIEC sur la limitation du réchauffement climatique à 1,5°C en 2100) et européen (feuille de route vers une économie bas carbone). Pour la France, qui a pris une longueur d'avance, l'enjeu central consiste à mobiliser le potentiel de l'ensemble des secteurs et à accroître la capacité de notre pays à développer et à exporter des solutions et des technologies bas carbone sur les marchés mondiaux. Cela suppose des transformations majeures, voire radicales, de notre modèle économique et social, une acceptation de la part des consommateurs de l'évolution radicale des modes de vie, une anticipation des effets de transfert en matière d'emplois et de compétences, et des conditions de concurrence équitables.France is among the first countries in the world to adopt legislation for reaching carbon neutrality by 2050. This very ambitious goal fits in with programs, both global (the Paris Agreement, the IPCC report on limiting global warming to +1.5°C by 2100) and European (the roadmap for a low-carbon economy). For France, now a stride ahead, the key issue is to tap the potential in all sectors and increase the country's ability to develop low-carbon solutions and forms of technology and place them on the world market. This implies major, even radical, changes in our economic and social model, an acceptance by consumers of a thoroughgoing modification of their lifestyles, an anticipation of the impact on jobs and skills, and fair conditions for competition.
- Chauffage et climatisation : enjeux et opportunités en France, en Europe et dans le reste du monde - Thibaut Abergel, Maxine Jordan p. 46-49 Près de 70 % de la consommation énergétique du secteur du bâtiment en France (et près de 40 % dans le monde) émanent des besoins en chauffage et climatisation. Ces usages très énergivores sont la source de multiples problématiques environnementales et économiques, ainsi que de notre dépendance aux énergies fossiles. L'un des enjeux majeurs de la transformation des besoins en chauffage et climatisation consiste à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de près de 90 % d'ici à 2050 au niveau mondial, en développant de nouvelles filières. Rénovations à grande échelle, déploiement des équipements efficaces et bas carbone et flexibilité seront les maîtres mots pour parvenir à une transition écologique, responsable et économiquement viable.Heating and air-conditioning account for nearly 70% of the energy consumed by housing and buildings in France, and nearly 40% in the world. These energy-intensive needs are the source of many an environmental and economic problem and of our dependency on fossil fuels. A major issue is to design industrial innovations for reducing by nearly 90% greenhouse gas emissions worldwide by 2050. Home improvements on a vast scale, the rollout of efficient, low-carbon appliances, and flexibility are the key to a responsible, economically viable environmental transition.
- Concilier demande d'énergie et protection du capital naturel - Pascal Yvon p. 50-56 De tout temps, le prélèvement sur la ressource forestière a constitué une menace sur les espaces naturels et sur leur diversité biologique.L'énergie bois est probablement la première à avoir été utilisée par l'homme, après le soleil, mais elle offre un faible rendement. Elle doit être réservée à des unités de proximité.Représentant 4 % de l'énergie produite en métropole, son potentiel est de si faible enjeu que la question de l'avenir forestier ne saurait se réduire à une discussion sur la ressource énergétique. Le bois n'est pas uniquement un matériau énergie ! C'est un matériau dont on détermine la destination selon l'époque et le besoin. Pour assurer les approvisionnements matière tout en préservant le capital naturel, la bonne solution passe par la multifonctionnalité : maintenir la biodiversité, préserver les sols, mieux stocker le carbone dans le sol comme dans la biomasse, assurer la bonne gestion de l'approvisionnement en eau, produire en premier lieu du bois d'œuvre, puis du bois de chauffage. Ce modèle de gestion existe ; il est en outre parfaitement rentable.Extracting resources from forests has always been a threat to nature, landscapes and biological diversity. Wood (probably mankind's first source of energy, after the sun) yields little energy. Representing 4% of the energy produced in France, it should be reserved for consumption near points of production. Its potential is so low that the future of our forests should not be brought down to a discussion of wood as a source of energy. Wood is not suited for energy ! To ensure a supply of wood while conserving this natural capital, the right solution is “multifunctionality”: biodiversity, soil conservation, carbon capture and storage in the ground and biomass, the efficient management of the water supply, and the production of lumber (and, thereafter, of wood for heating). This managerial model already exists and is perfectly feasible.
- Application à 2050 de la transition énergétique et de la neutralité carbone à la demande d'énergie, en France - Laurent Michel, Quentin Deslot p. 10-15
Quelles offres d'énergie dans un environnement neutre en carbone ?
- Le devenir des systèmes énergétiques et des hydrocarbures dans un monde neutre en carbone - Claude Mandil p. 57-61 La « neutralité carbone » en 2050, condition essentielle pour limiter la croissance de la température moyenne mondiale à 1,5°C à long terme, est un objectif extraordinairement ambitieux, tant l'utilisation des énergies fossiles dans le monde semble durable et inévitable pour certains usages. Il sera donc indispensable d'utiliser tous les moyens disponibles : efficacité et sobriété, électrification, développement des renouvelables et du nucléaire, capture et séquestration du carbone (seule technologie capable d'obtenir des émissions négatives) ; le tout en commençant par les solutions les moins coûteuses. Certaines solutions qui paraissent attractives sont en fait des gouffres financiers.Les conséquences pour les grands groupes industriels français sont ici analysées. Elles sont importantes, notamment pour EDF qui doit retrouver une rentabilité pour le nucléaire, et pour les constructeurs automobiles, soumis sur le véhicule électrique à une concurrence asiatique fondée sur la technologie.Carbon neutrality by 2050, an essential condition for limiting the increase of the average temperature worldwide to 1.5°C in the long run, is an extraordinarily ambitious objective, since certain uses of fossil fuels seem durable and inevitable. All available means and methods will have to be put to use: efficiency and sobriety, electrification, the development of both renewable energy sources and nuclear power, and carbon sequestration (the only technology capable of yielding negative emissions). A start should be made with the least expensive solutions, since some attractive solutions are, in fact, financial sinkholes. The consequences for big industrial groups in France are analyzed. For instance, Électricité de France (EdF) has to find the break-even point for nuclear power, and automakers must cope with Asian competition in the technology for electric vehicles.
- De nouvelles technologies de l'énergie en rupture ? - Hervé Bercegol, Sophie Didierjean, Mathieu Étienne, François Kalaydjian, Jean Le Bideau, Fabrice Lemoine, Guy Maisonnier, Gaël Maranzana, Abdelilah Slaoui p. 62-66 La question climatique impose une forte accélération de l'innovation dans les technologies de l'énergie et les procédés bas carbone. L'introduction massive d'énergie renouvelable intermittente nécessite la mise en œuvre de dispositifs de stockage de l'électricité à bas coût et durables, l'utilisation de vecteurs énergétiques décarbonés et versatiles, tels que l'hydrogène produit par électrolyse. Au-delà, les secteurs des carburants pour les transports, de la chimie et des matériaux doivent être massivement défossilisés, en ayant recours au captage et à la séquestration du CO2 dans les procédés industriels, dont une partie peut 2 être réutilisée comme matière première, ou en faisant appel à des procédés plus neutres en carbone dans les secteurs très émetteurs (sidérurgie). Enfin, la co-conversion de l'hydrogène et du dioxyde de carbone en carburants et molécules d'intérêt mise sur des technologies de rupture, telles que la biologie synthétique, la photocatalyse ou encore l'électrosynthèse.The climate question forces us to step on the accelerator of innovations in energy technology and low-carbon techniques. The massive introduction of energy from renewable, intermittent sources necessitates procedures for durably storing electricity at a low cost; and it also entails using versatile, decarbonized energy vectors, such as hydrogen produced by electrolysis. Farther along, we must move far away from fossil fuels in transportation and the chemical industry, and toward the capture and sequestration of CO2 (part of which could be reused as a raw material) or toward carbon-neutral processes in industries (e.g., iron and steel) that emit huge quantities of greenhouse gases. Finally, the “co-conversion” of hydrogen and carbon dioxide into fuel and other useful molecules depends on technological breakthroughs in synthetic biology, photocatalysis and electrosynthesis.
- Nouveau nucléaire : quelles technologies et quelles perspectives de développement en France et dans le monde ? - Jean-Guy Devezeaux de Lavergne p. 67-74 Cet article situe l'ordre de grandeur de la contribution du nucléaire à la décarbonation mondiale à un peu moins de 10 % de l'effort global, ce qui correspond à un marché considérable, l'équivalent probablement de plus de mille réacteurs à construire d'ici à 2050. Ces réacteurs de nouvelle génération sont essentiellement refroidis par l'eau ordinaire, et correspondent, pour partie, à des petits ou moyens réacteurs innovants (SMRs). Le nucléaire est ainsi l'une des solutions pour décarboner, en complémentarité avec les énergies renouvelables.En France, l'optimum économique pourrait être de maximiser la durée d'exploitation des réacteurs actuels, et donc de repousser, par voie de conséquence, le renouvellement du parc existant. Mais nous montrerons que cette stratégie serait lourde de conséquences industrielles des plus pénalisantes, alors que la supply chain a eu de grosses difficultés à se reconstituer. La logique qui apparaît la meilleure à ce stade, est de baisser les coûts des réacteurs industriels de troisième génération (par rapport aux têtes de série) et de renouveler le parc sans tarder, en recourant au réacteur EPR2 développé par Framatome.Nuclear power's contribution to decarbonization in the world amounts to a little less than 10%. This represents a sizable market, probably the equivalent of more than a thousand nuclear reactors to be built by 2050. Reactors in this new generation will, in part, be small or medium-sized, and mostly have cooling systems that use ordinary water. Nuclear energy is, therefore, a solution for decarbonization alongside renewables. In France, an economic optimum would be to maximize the length of use of current reactors and thus postpone replacing them. This strategy has serious, negative industrial consequences, since it is hard to reconstitute a supply chain. The rationale that turns out to be the best during the current phase is to lower the costs of third-generation reactors (in comparison with the cost of prototypes and the first reactors in the series) and start replacing the fleet right away by using the EPR2 reactors designed by Framatome.
- Le rôle du nucléaire dans un monde neutre en carbone - Dominique Finon p. 75-80 Pour beaucoup, le nucléaire est condamné à disparaître au plan mondial devant le succès économique des renouvelables (EnR) qui contraste avec les déboires actuels du premier. Dans cet article, nous démontrons par l'absurde qu'une décarbonation du secteur électrique mondial sans nucléaire et sur la base des seules EnR rencontrera des obstacles physiques et économiques incontournables, ce qui se reflète dans les scénarios mondiaux recensés récemment par l'IPCC pour conjurer la croissance des émissions de gaz à effet de serre. Reste à trouver des solutions pour rehausser la valeur économique du nouveau nucléaire et de toutes les technologies non émettrices en créant une rente carbone, inexistante à l'heure actuelle, et en réduisant son incompatibilité avec le capitalisme financiarisé, ce que l'on fait déjà très largement pour les EnR.For many people, nuclear power is condemned to extinction worldwide given the economic success of renewable sources of energy – a success story that contrasts with the setbacks experienced by the nuclear industry. A reductio ad absurdum argument demonstrates that decarbonizing the world's electricity supply by using only renewables without nuclear power would encounter insurmountable physical and economic obstructions, as reflected in the scenarios that, recently reviewed by the IPCC, seek to stave off the increase in greenhouse gas emissions worldwide. What is yet to be found are the solutions for raising the economic value of new nuclear reactors (and of all forms of technology that do not emit greenhouse gases) by creating a “carbon rent” (which does not exist) while reducing its incompatibility with financial capitalism – what has already been largely done for renewables.
- La France a besoin de l'énergie gaz pour atteindre la neutralité carbone - Thierry Trouvé p. 81-84 Le système énergétique français est appelé à se transformer radicalement et à devenir « zéro carbone » en 2050. Pour le gaz, cela signifie une baisse de la demande et une substitution du gaz naturel par des gaz renouvelables, comme décrit par la Stratégie nationale bas carbone. Mais pour ne pas sous-estimer les volumes de gaz renouvelables optimaux du point de vue de la collectivité, il aurait été nécessaire de tenir compte des interactions systémiques entre les énergies, des contraintes pratiques des utilisateurs, de raisonner sur plusieurs scénarios, d'intégrer les échanges internationaux et d'élargir l'analyse au-delà de l'énergie (agriculture, déchets…). On verrait ainsi qu'accorder une place plus importante aux gaz renouvelables (éventuellement importés), avec un développement à court terme plus rapide que celui envisagé par la PPE, est une façon d'atteindre la neutralité carbone en 2050 qui serait à la fois moins coûteuse et moins contraignante pour les utilisateurs, et également plus résistante aux aléas.The French energy system is to change radically and have a “net zero carbon footprint” in 2050. For the gas industry, this means lower demand and the replacement of natural gas with gases from renewable sources, as prescribed by the nation's low-carbon strategy. To avoid underestimating the optimal volume of renewable gases, this strategy should have taken account of the systemic interactions between forms of energy and the practical constraints on users. Furthermore, several scenarios should have been evoked ; the effects of international trade, taken into account ; and the analysis, broadened beyond the field of energy (to agriculture, wastes…). This would have shown that assigning more importance to gases from renewable sources (eventually imported) with a faster short-term development than foreseen by the strategy opens a way for reaching carbon neutrality in 2050 that would be less costly and less coercive for users and, too, more robust for coping with the unforeseen.
- Le gaz : atout ou obstacle dans la recherche de la neutralité carbone ? - Jean-Pierre Hauet p. 85-90 Le gaz naturel a joué un rôle essentiel dans le développement économique de notre pays. Les installations en place, en particulier les réseaux, constituent un actif dont la valeur est considérable. Mais les orientations nouvelles de la politique énergétique visant à atteindre la neutralité carbone dès 2050 posent un problème majeur à l'industrie du gaz.Le problème de la France se pose de façon très différente de celui rencontré au niveau international, où, dans de nombreux pays, le gaz apparaît comme une voie privilégiée pour remplacer le charbon, dans la production d'électricité tout particulièrement. Ce n'est pas le cas en France du fait du niveau de développement atteint par le nucléaire et bientôt par les énergies renouvelables.Le gaz, bien qu'il soit une énergie peu polluante, est une énergie carbonée, dont le maintien en l'état serait incompatible avec l'atteinte de la neutralité carbone, en particulier dans le secteur résidentiel et tertiaire qui représente 65 % de son marché des utilisations finales. On notera que la Grande-Bretagne, après les Pays-Bas, vient d'annoncer que le chauffage au gaz des bâtiments neufs sera interdit au-delà de 2025.En France, le gaz doit se réinventer un modèle d'affaires, dont les contours précis restent à définir et donnent aujourd'hui lieu à débat. Il s'agit en effet de déterminer les ressources décarbonées, dites de gaz renouvelables, qui pourront être à l'avenir mobilisées dans des conditions économiques acceptables, et d'identifier les secteurs vers lesquels ces ressources pourront être orientées en priorité. Dans cet article, nous donnerons quelques orientations sur ce point, tout en soulignant que l'atteinte de l'objectif de neutralité carbone dès 2050 est excessivement prégnante. L'énergie est une affaire de temps long, l'appareil gazier doit donc avoir le temps de s'adapter et de préparer des solutions qui pourront se développer au cours de la deuxième partie du siècle, l'hydrogène et le captage/stockage/utilisation du CO2, notamment.Natural gas has played a key role in our country's economic development. Current installations, in particular the pipeline grid, are an asset of considerable worth. However the new orientations in France's energy policy toward achieving carbon neutrality by 2050 raise a major problem for the gas industry. France differs significantly from several other countries, where gas seems to be a favorite replacement for coal, especially for generating electricity. This is not so in France, given the development of nuclear power and, soon, of energy from renewable sources. Gas, a form of energy that adds little to pollution, is not carbon-free and is, therefore, inconsistent with the achievement of carbon neutrality – in particular in housing and the service sector, which represent 65% of the enduse gas market. Great Britain, after the Netherlands, has announced that gas heating will not be allowed in new buildings after 2025. The French gas industry has to reinvent its business model, a question now being debated. It is necessary to set the level of decarbonized resources (“renewable gases”) that can be used under acceptable economic conditions and to identify the sectors that will have access to them. Reaching carbon neutrality by 2050 is an excessively forceful goal. Energy is a long-run issue : the infrastructure has to have the time to adapt and to find solutions that can be rolled out during the second half of the century, in particular hydrogen and the capture, storage and use of CO2.
- Quel équilibre futur pour l'offre et la demande d'énergie ? - Patrick Pouyanné p. 91-93 Concilier croissance démographique et réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) est l'un des grands défis du XXIe siècle. Nous devons fournir au plus grand nombre une énergie à un coût abordable et, en même temps, baisser les émissions associées à ces énergies. « De l'énergie pour plus de monde, moins de carbone », une équation en vérité complexe à mettre en œuvre.Comment cela se traduit-il pour un grand pétrolier et gazier comme Total ?A major challenge for the 21st century: how to make demographic growth consistent with a reduction of greenhouse gas emissions? As many people as possible have to have an affordable supply of energy while the emissions from this energy are being reduced. A complex equation to solve: energy for more people but with less carbon. What does it imply for a big gas and oil company like Total?
- Future of Oil in a Low-Carbon World - T. J. Wojnar Jr p. 94-96 Our world faces a dual challenge: meeting growing demand for energy while reducing environmental impacts, including the risks of climate change. This is a global issue that requires the collaboration of governments, industries, consumers and other stakeholders.From reducing the environmental impact of our operations, to developing advanced products that help our customers reduce their emissions, ExxonMobil is committed to doing our part. We are investing in next-generation technologies such as carbon capture and storage and advanced biofuels from algae. We have been vocal in our support for the Paris Agreement, an important framework for addressing the risks of climate change.Each year we produce an Outlook for Energy, our view of energy demand and supply through 2040. We use the Outlook to help inform our long-term business strategies and investment plans. The below highlights some of the key takeaways from our most recent Outlook, and the actions we are taking as the world shifts toward a lower-carbon energy system.
- Les déterminants de l'évolution de la production d'énergie dans une perspective de soutenabilité - Marc Jedliczka, Yves Marignac p. 97-101 Entre inerties constatées et ruptures espérées, il serait présomptueux de prédire l'évolution du système énergétique à un horizon relativement lointain comme 2050. Il semble en revanche de plus en plus évident, entre impératif croissant des contraintes de long terme et progrès constants des solutions pour y répondre, de décrire vers quoi il devrait raisonnablement tendre pour devenir effectivement soutenable.It would be presumptuous, given the inertia and hopedfor breakthroughs, to predict how the energy system will evolve by such a far-off horizon as 2050. However it seems evident, given ever stronger long-term requirements and the constant progress made in response to them, to foresee how this evolution should be oriented in order to be sustainable.
- S'affranchir des énergies fossiles dès 2060 grâce au nucléaire - Élisabeth Huffer, Hervé Nifenecker p. 102-109 Un développement rapide de la production d'énergie nucléaire pour atteindre 173 EJ/an2 (4 152 Mtep, 47 921 TWh) en 2060, puis 605 EJ/an (14 520 Mtep, 167 585 TWh) en 2110, permettrait de limiter l'élévation de la température globale moyenne de surface (GMST3) à 1,5 °C par rapport à sa valeur préindustrielle, tout en réduisant la quantité de CO2 à stocker en passant des 800 Gt envisagées dans le scénario MESSAGE-Efficiency originel à 275 Gt dans le scénario objet du présent article, et en doublant l'énergie primaire totale disponible entre 2015 et 2110.A rapid development of the production of nuclear energy up to 173 EJ/year (4,152 Mtoe, 47,921 TW-h) by 2060 and then to 605 EJ/year (14,520 Mtoe, 167,585 TW-h) by 2110, would limit the average increase of global warming on the earth's surface to 1.5°C more than during the preindustrial era, while reducing the quantity of CO2 to be stored from 800 Gt (under the original MESSAGE-Efficiency scenario) to 275 Gt (under the scenario used in this article) and doubling the total primary energy available between 2015 and 2110.
- Les défis de la sortie du charbon en Europe - Marc-Antoine Eyl-Mazzega p. 110-113 La production d'électricité par des centrales au charbon représente 19 % de la production européenne et 18 % des émissions de CO2 du secteur énergétique. Avec environ 200 centrales thermiques au charbon opérationnelles dans l'Union européenne (UE) et 128 mines en activité, le secteur représente environ 237 000 emplois, dont 185 000 dans les mines. Fin 2025, environ 30 GW de capacités charbon devraient avoir été fermées et, en 2030, ce sera un total avoisinant les 70 GW, soit respectivement environ 20 % et 50 % des capacités installées en 2019. Cette sortie du charbon, qui va s'amorcer au cours des prochaines années, est un impératif climatique, mais c'est également un défi majeur revêtant plusieurs dimensions : sociale, économique, financière et systémique. La réussite de sa mise en œuvre à l'échelle européenne est loin d'être acquise et nécessitera de forts engagements et une large concertation entre tous les acteurs concernés, en particulier l'UE, les États membres, les régions et les entreprises concernées.The generation of electricity by coal-fueled power stations represents 19% of European electricity and 18% of CO2 emissions by the energy sector. With approximately 200 coal-fueled power stations in the European Union and 128 mines in operation, this sector provides about 237,000 jobs, 185,000 of them in the mines. By the end of 2025, the equivalent of 30 GW of this production capacity should be shut down and then 70 GW more by 2030, respectively 20% and 50% of the production capacity of installations in 2019. This exit from coal power, which will start in the coming years, is a necessity for the climate, but it is also a major challenge with social, economic, financial and systemic dimensions. Its successful implementation on the European scale is far from certain. It requires strong commitments and broad consultations among all stakeholders, in particular the EU, its member states, regions and firms.
- Quel avenir pour le métier de fournisseur d'énergie en Europe ? - Nicolas Goldberg, Sébastien Méraud p. 114-118 En Europe, les fournisseurs d'énergie évoluent sur un marché complexe. Dans un cadre réglementaire européen qui n'a eu de cesse de favoriser la libéralisation, ils font face à une menace d'intensification et de diversification de la concurrence. Par ailleurs, alors que leur business model est structurellement soumis à des coûts élevés, ils sont confrontés à un risque systémique de contraction de leur marge lié à la volatilité des prix de marché et au pouvoir de négociation grandissant de leurs clients.Dans ce cadre concurrentiel et financier contraint, plusieurs pistes pourraient être explorées d'ici à cinq ans par les fournisseurs d'énergie : différencier leur gamme d'offres de services énergétiques, exploiter le digital comme levier de fidélisation de leur clientèle et d'optimisation de leurs coûts commerciaux, limiter leurs contraintes d'approvisionnement ou encore explorer de nouveaux relais de croissance par la diversification de leurs activités.Energy suppliers move in a complex market in Europe. Given the EU's regulatory framework, which has constantly backed market liberalization, they face intense, diversified competition. Given their business model, structurally subject to high costs, they also face a systemic risk of shrinking margins due to price fluctuations and their customers' increasing bargaining power. In this context with its competitive and financial pressures, they could use the next five years to explore several possibilities : how to differentiate their offers of energy-related services, how to use digital technology to make customers loyal and optimize commercial costs, how to limit bottlenecks in the supply chain and how to stimulate growth by diversifying their activities.
- Quel rôle pour la biomasse en tant que source d'énergie dans une France neutre en carbone ? - Claire Tutenuit, David Lorant p. 119-123 Face au changement climatique qui oblige à réduire voire à arrêter à terme la consommation des énergies fossiles, tous les secteurs, en particulier celui de l'énergie, espèrent assurer leurs approvisionnements futurs par des matières premières renouvelables issues de la biomasse. Or, la production de biomasse n'est pas illimitée. Quelle peut être sa contribution à la satisfaction des besoins en énergie ?La réponse, partielle, que nous apportons dans cet article, est tirée de l'étude ZEN 2050 faite par Entreprises pour l'Environnement et récemment publiée1. Cette étude explore la faisabilité de la neutralité carbone du territoire français en 2050, par le jeu d'une égalité entre des absorptions par les puits de carbone passant de 60 à 100 MtCO2 eq et des émissions fortement réduites, de 480 à 100 MtCO2 eq.Même si la biomasse jouera un rôle clé dans le système énergétique, il existe de nombreuses concurrences et synergies entre les différents usages et services qu'elle propose (alimentation humaine, alimentation animale, biodiversité, capture de carbone, amendement des sols, matériaux). Ainsi, la croissance du puits suppose à la fois une extension des zones de forêts, une limitation voire l'arrêt de l'artificialisation des sols, une gestion des terres et des pratiques agricoles qui accroissent le contenu carbone des sols.Cette gestion des sols permet d'accroître significativement la quantité de biomasse disponible pour des usages énergétiques, mais cette quantité reste un des facteurs limitants de l'offre énergétique.L'étude conclut donc en recommandant aux pouvoirs publics de mettre en place une gouvernance renouvelée de l'usage des sols et de la biomasse qui prenne en compte les différents usages et services.Since climate change forces us to reduce or even eventually stop the consumption of fossil fuels, all branches of the economy (in particular energy) are hoping to secure their future production chain with a supply of renewable raw materials coming from the biomass. However the biomass does not have an unlimited yield. How can it help satisfy energy needs ? The answer, in part, is drawn from the recently released study ZEN 2050 by the association Entreprises pour l'Environnement. To explore the feasibility of carbon neutrality in France by 2050, this study balances the absorption by carbon sinks (from 60 to 100 Mt of CO2 equivalents) with a stiff reduction in emissions (from 480 to 100 Mt of CO2 equivalents).The biomass will play a key role in the energy system, but several points of rivalry and synergy between the uses and services related to it exist : the food supply for people and animals, biodiversity, the capture of CO2, soil amelioration, new materials… For instance, enlarging the capacity of carbon sinks implies expanding woodlands, limiting or even stopping the compacting of the soil due to human activities, and managing farmlands and farming practices so as to increase the carbon contained in the soil. Furthermore, soil management could significantly increase the quantity of the biomass available for energy purposes, a quantity that currently limits the supply of energy. In conclusion, the study advises public authorities to set up a new governance for the use of the soil, land and biomass that takes into account various uses and services.
- Le devenir des systèmes énergétiques et des hydrocarbures dans un monde neutre en carbone - Claude Mandil p. 57-61
Assurer l'équilibre offre-demande sur le long terme ou la géopolitique de l'énergie sur le chemin vers la neutralité carbone
- Géopolitique de l'énergie à l'horizon 2050 - Olivier Appert p. 124-127 Depuis un siècle, l'accès à l'énergie fait l'objet de conflits géopolitiques entre États. Dans le contexte de la transition énergétique, ces conflits persisteront. Mais de nouveaux acteurs non étatiques joueront également un rôle croissant. Enfin, l'accès aux métaux critiques et aux technologies indispensables pour permettre cette transition introduit une nouvelle dimension de la géopolitique de l'énergie.For a century now, the access to energy has fueled geopolitical conflicts between nation-states. These conflicts will persist during the energy transition, while new parties will be entering the game. A new dimension in the geopolitics of energy is the access to critical metals and to the technology indispensable for this transition.
- A carbon-free world – What is Russia's response? - Tatiana Mitrova, Yuriy Melnikov p. 128-132 The article reviews the impact of decarbonization and the global Energy Transition on Russia, analyzing Russia's position in relation to climate change and decarbonization agenda. Unlike some European countries, Russia has not yet made decarbonization of the energy sector a strategic priority. This is partially explained by the fact that there is a degree of skepticism among the stakeholders in relation to global climate change. Ranking fourth in the world in terms of primary energy consumption and the volume of carbon dioxide emissions, Russia continues to rely on fossil fuels, while its GDP energy intensity remains high amid relatively low energy prices and high capital costs. The share of RES in the energy mic (solar and wind power) is negligible and is not projected to rise above 1% by 2040. However, there is no denying that the Russian energy sector is beginning to feel the impact of increasing global competition, growing technological isolation due to sanctions and ongoing financial difficulties. Quite apart from the impact of global climate change agenda, these factors present Russia with the necessity to produce a new development strategy for its energy sector, which has been and remains crucial for its economy.
- National Oil Companies of the Future - Valérie Marcel p. 133-136 Will national oil companies (NOCs) be the champions of the energy transition and invest in clean energy? That is not a commonly asked question. Because NOCs are designed to produce and sell fossil fuels, their potential contribution in the area of renewables, cleaner energy and energy efficiency standards is often underappreciated. This article reviews NOC incentives to invest in the clean energy space and asks whether they are the right vehicles to lead the energy transition in their countries.
- Stratégies et politiques pour les transitions énergétiques : entre coopération et fragmentation - Jean-Eudes Moncomble p. 137-140 Il est indispensable de mener une réflexion approfondie sur les éléments déterminants qui permettent de caractériser des scénarios énergétiques. Parmi ces incertitudes critiques, le degré de coopération internationale et l'équilibre entre le fonctionnement du marché et les politiques publiques sont deux leviers particulièrement importants pour l'énergie. C'est ainsi qu'apparaissent des mondes fragmentés ou coopératifs dans lesquels les systèmes énergétiques satisfont différemment à des objectifs de durabilité. Nous nous intéresserons notamment aux scénarios du Conseil mondial de l'énergie.Deep thought must be given to the determinants used in energy scenarios. Among critical points of uncertainty are the degree of international cooperation and the equilibrium between market operations and public policies – two very important means of leverage for managing energy. Fragmented or cooperative worlds thus appear in which energy systems will meet in different ways the objective of sustainability. A focus on the World Energy Council's scenarios…
- La Chine et l'Inde pourront-elles rester les ateliers du monde d'une planète en lutte contre le changement climatique ? Pour une lecture technologique et démographique de l'énergie - Joël Ruet p. 141-146 D'une part, l'émergence industrielle de la Chine et de l'Inde peut être lue comme la diffusion accélérée des technologies, en lien avec une abondance de financement des infrastructures et de la massification technologique. Son contexte de dividende démographique la rend particulièrement apte à accélérer les rendements d'adoption technologique. D'autre part, ces deux pays présentent des transitions énergétiques vers une durabilité des écosystèmes nécessairement complexe et chevauchant de nombreux types d'énergies. Cet article propose de mettre en avant les dynamiques principales de cette modernisation-transition. La technologie énergétique est pour la Chine et l'Inde l'un des plus sûrs outils pour non seulement rester le cœur de l'atelier du monde, mais également pour dégager l'option visant à dépasser le stade de simple atelier.The industrialization of China and India can be interpreted as a diffusion of technology that the abundance of funding for infrastructures and “technological massification” has accelerated. The “demographic dividend” tends to speed up the effects of adopting a new technology. However these two countries are undergoing energy transitions toward the sustainability of their necessarily complex ecosystems, which involve several sorts of energy. Attention is drawn to the principal factors in this modernization-transition. Energy technology is, for these two countries, a sure way not just to remain the world's workshop but also to obtain the option to evolve beyond being a mere workshop.“Let's make our sky blue again.”LI Keqiang, Premier ministre chinois“India's energy future has four pillars ‒ Energy access, energy efficiency, energy sustainability & energy security.”Narendra MODI, Premier ministre indien
- Géopolitique de l'énergie à l'horizon 2050 - Olivier Appert p. 124-127