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Revue | Etudes Internationales |
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Numéro | Volume 52, no 3, automne 2021 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Section non thématique
- Financer la discorde : le soutien international aux groupes rebelles comme contre-force à la résolution des conflits civils - Benjamin Tremblay-Auger p. 241–271 Le soutien de groupes rebelles par des États est récurrent dans les guerres civiles contemporaines. Or, souvent, ces rébellions ont relativement peu de chances de succès, même lorsqu'elles sont financées par des États puissants. Pourquoi est-ce que ceux-ci soutiennent des causes rebelles qui ont si peu de chances de réussite ? Cet article aborde ce paradoxe en suggérant que souvent les États ne cherchent pas à aider l'entreprise rebelle, mais plutôt à affaiblir un pays rival en y provoquant une guerre civile ou en intensifiant un conflit préexistant. L'analyse avec un modèle formel montre que le soutien étranger aux groupes rebelles peut agir comme une contre-force qui empêche la résolution des conflits par la voie institutionnelle. La relation historique entre la Russie et les rebelles kurdes est étudiée à la lumière des nouveaux éléments théoriques présentés.State sponsorship of rebel groups is a recurring phenomenon of contemporary civil wars. However, these rebellions are often relatively unlikely to succeed, even if they are financed by powerful states. Why do states support rebel causes with such limited chances of success ? This article looks into this paradox by suggesting that states often do not seek to help the rebel enterprise, but to weaken a rival country by provoking a civil war or intensifying an existing one. The analysis with a formal model shows that foreign support to rebel groups can act as a counterforce that prohibits institutional conflict resolution. The historical relationship between Russians and Turkish Kurds is analyzed with these new theoretical insights.
- La guerre au Yémen comme contexte propice à l'accentuation de la dynamique confessionnelle : Ansar Allah et l'institutionnalisation du confessionnalisme - Habiba Ashraf Sherif p. 273–297 Cet article analyse les répercussions du contexte de violence armée, lié à la guerre au Yémen, sur les discours des principaux acteurs politiques et religieux en conflit, ainsi que sur la restructuration des institutions sociopolitiques. L'état de guerre favorise le développement et l'accélération de la dynamique confessionnelle. L'étude montre que la consolidation des identités religieuses au Yémen et l'accentuation de la dynamique confessionnelle résultent d'un double mouvement. L'Arabie saoudite a tenté de légitimer la guerre en la confessionnalisant, alors que de son côté Ansar Allah a mobilisé ce moment pour mettre en place des institutions à caractère confessionnel grâce à son emprise sur le gouvernement, à la création du Haut Conseil politique et à un projet éducatif.This article analyzes the effects of the context of armed violence, marked by the Yemeni war, on the discourse of main political and religious actors in conflict, as well as on the structure of socio- political institutions. The state of war is seen as a context fostering the religious dynamic. The study shows that the consolidation of religious identities in Yemen and the escalation of this sectarian dynamic are the fruit of a double movement. On the one hand, Saudi Arabia tried to legitimize the war by sectarianizing it, and, on the other hand, Ansar Allah mobilized this moment to set up sectarian institutions through the government control, the creation of the High Political Council and their educational project.
- Les militants musulmans et les entrepreneurs politiques au Nord Mali : les Bellah entre affirmation et contestation dans l'État malien postcolonial - Souleymane Diallo p. 299–322 Cet article examine les arguments selon lesquels les anciens esclaves Touaregs, les Bellah de Ménaka, envisagent la charia mise en oeuvre par les militants musulmans armés comme un correctif à un déséquilibre politique existant dans le nord du Mali. L'examen de ces arguments nous permet de lire le militantisme musulman contemporain comme un phénomène religieux réarticulant et exprimant les tensions politiques préexistantes, les conflits sociaux et le pluralisme religieux du Nord-Mali. Ainsi, l'article place le débat universitaire sur le pluralisme religieux et les conflits sociaux au nord du Sahel dans le contexte d'une guerre politico-religieuse transnationale.This article reflects on the arguments according to which the Tuareg former slaves, Bellah from/around Menaka resignified the chari'a rule implemented by Muslim activists as a corrective to an existing political imbalance in northern Mali. An examination of these arguments, I argue, allows us to view contemporary Muslim activism as a religious phenomenon that brings new ways of understanding politics, religious pluralism and social conflicts in the northern Sahel. As a result, the article places scholarly debates on religious pluralism and social conflicts in the northern Sahel in the context of increasingly transnational politics of religion.
- L'adhésion du Maroc à l'Union africaine : entre une logique méditerranéenne et une logique subsaharienne - Marc Makpawo p. 323–350 L'adhésion du Maroc à l'Union africaine trouve sa motivation profonde dans deux considérations liées par un rapport dialectique. L'une, médiate et inavouée, réside dans l'évolution des rapports de ce pays avec l'Europe. L'autre, immédiate et plus ou moins assumée, est liée à l'affaire du Sahara occidental. En effet, cette démarche tire implicitement les conséquences de l'échec de la tentative de rapprochement avec l'Europe poussée à l'extrême sous la forme d'un « projet d'ancrage à l'Europe » lequel, s'appuyant sur la situation géostratégique du Maroc dans le bassin méditerranéen, a même été un temps présenté comme résumant à lui seul la politique extérieure de ce pays. Mais encore, en renouant avec ses « racines africaines », le Maroc espère trouver, par le jeu de nouvelles alliances, les moyens politiques de raffermissement de sa puissance économique à l'échelle du continent et, peut-être, les ressorts d'un règlement définitif du contentieux du Sahara occidental.Morocco's accession to the African Union finds its deep motivation in two considerations linked by a dialectical relationship. One, mediate and unacknowledged, lies in the evolution of relations of this country with Europe. The other, immediate and more or less assumed, is related to the Western Sahara affair. Indeed, this approach implicitly bears the consequences of the failure of the attempt to merge with Europe pushed to the extreme in the form of a “project of anchoring to Europe” which, relying on the Geostrategic situation of Morocco in the Mediterranean basin, was even a time presented as summarizing alone the foreign policy of this country. But also, by renewing its “African roots”, Morocco hopes to find, through new alliances, the political means of strengthening its economic power on a continental scale, and, perhaps, the springs of a final settlement of the Western Sahara litigation.
- De Gaulle et l'Algérie : le choix de l'autodétermination au prisme des théories du changement - Aymeric Durez p. 351–376 Quelles étaient les intentions du général de Gaulle pour trouver une solution à la guerre d'Algérie lors de son retour au pouvoir en 1958 ? Près de soixante ans après la fin de la guerre, le mystère demeure. Grâce à l'usage des théories du changement dans le champ de l'analyse de la politique étrangère, cet article a pour objectif d'apporter un éclairage nouveau sur le cheminement ayant conduit le général de Gaulle à déclarer l'autodétermination de l'Algérie le 16 septembre 1959. À travers l'étude croisée de l'action du président français pour peser sur son environnement national et international, l'objectif est de démontrer qu'après avoir tenté de modifier à la fois le rapport de force au niveau national et au niveau international, de Gaulle a opté pour une politique d'adaptation consentante, en réponse aux seules pressions de l'environnement international.Which were the intentions of General de Gaulle to find a solution to the Algerian war when he returned to power in 1958? Almost 60 years after the end of the war, the mystery remains. Thanks to the use of the theories of change in the field of foreign policy analysis, this article aims to provide a new perspective on the path that led General de Gaulle to declare the self-determination of Algeria the 16th September 1959. Through the crossover study of French president's action to influence its national and international environment, the purpose is to demonstrate that after trying to modify the balance of power at a national and international level, the French president opted for an acquiescent adaptation policy as a response to the pressures of the international milieu.
- Financer la discorde : le soutien international aux groupes rebelles comme contre-force à la résolution des conflits civils - Benjamin Tremblay-Auger p. 241–271