Contenu du sommaire : Télévision et débat social

Longtemps dominées par le modèle du « débat », les émissions de parole ont progressivement laissé place, dans la télévision française au milieu des années 80, à un nouveau modèle identifié dans les terminologies professionnelles et critiques par le terme générique de « talk show ». Cette mutation peut être référée à un glissement des « imaginaires communicationnels » des acteurs professionnels (les médiateurs et les réalisateurs) sur lesquels repose le processus de médiation de ces programmes. Un examen élargi au plan international (Europe et Amérique du Nord) permet d'observer qu'à ce régime talk show correspondent en fait plusieurs dispositifs canoniques répondant à des fonctions sociales diverses. L'émergence et la généralisation du talk show constituent un révélateur efficace d'un nouveau rapport du public à la télévision et d'un nouveau mode de régulation de la programmation télévisuelle. Elles permettent également de penser différemment l'élaboration des contrats de communication internes et externes de l'ensemble des émissions de plateau.

L'analyse critique des contenus de la télévision - idéologique ou sémiologique - a pour limite majeure le relativisme interprétatif introduit par les études de réception. Cependant, l'analyse de l'intégration des modes de réception dans les stratégies de programmation et dans la fabrication des émissions permet une critique plus sociologique. A travers l'étude de cas d'un reality show, on montre que la critique sociologique des contenus se fonde sur l'analyse d'une instrumentalisation, par la télévision commerciale, de l'expérience sociale qui fait se constituer les individus en « public » d'une émission.

Les émissions de débat avec le public peuvent servir de « forum féminin » dans l'espace public des médias. Elles représentent un lieu dans lequel la rencontre et la discussion sans délégation de parole sont rendues possibles, dans lequel les problèmes et les expériences des femmes peuvent être valorisés. Des conceptions alternatives de la rationalité discursive y sont légitimées. De manière générale, les mass médias approvisionnent de manière significative en questions et en processus politiques l'espace domestique, et rendent ainsi plus accessible qu'auparavant l'espace public à de nombreuses femmes.

L'étude de l'émission politique prototype « Les absents ont toujours tort » laisse entrevoir l'évolution des mises en scène du politique vers une éventuelle « néo-télévision politique ». Avec la surenchère sémiologique l'homme politique devient un signe parmi d'autres ; des intervenants auparavant illégitimes sont désormais habilités à prendre la parole politique : c'est notamment le cas du profane-anonyme ; enfin, c'est toute l'économie pulsionnelle de l'homme politique qui est remise en cause par une « présentation de soi, malgré soi, devant soi ». La déconstruction de l'émission de Guillaume Durand, appréhendée ici comme un « sanctuaire du faux », est rendue possible au moyen d'outils conceptuels empruntés au « flair sémiologique » d'Umberto Eco.

Les reality shows, les émissions de l'intime ainsi que nombre de documentaires ou magazines contemporains reflètent des défauts du lien social, en même temps qu'ils révèlent des défections institutionnelles. Ils valorisent une réfraction de la société par le canal de l'expression du moi. Ils modifient les rapports entre espace public et sphère privée. Par leur canal, la télévision devient actrice de la scène sociale, nouant, dans le symbolique et l'instantanéité, des relations sociales fondées sur un pacte compassionnel.

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les appareils de transmission à distance de l'écrit, ancêtres des fax, traversèrent une extraordinaire période de succès, précédant ainsi le développement du téléphone. Le pan télégraphe de Giovanni Caselli, qui introduisait les techniques de lecture par balayage des images, fut la première réalisation grandeur nature d'un système de télégraphie par fac-similé. Cependant, les télégraphes par fac-similé du XIXe siècle n'obtinrent pas la diffusion espérée, et furent, d'un point de vue commercial, un échec. Leurs nombreux problèmes techniques, leur lenteur et le coût élevé de leur transmission, ajoutés aux transformations des tâches de bureaux, firent qu'ils furent considérés comme peu pratiques et non compétitifs par rapport aux autres appareils alors utilisés. Ils restèrent ainsi en marge de la télégraphie électrique.