Contenu du sommaire : 25 ans de politique comparée

Revue Critique internationale Mir@bel
Numéro no 100, juillet-septembre 2023
Titre du numéro 25 ans de politique comparée
Texte intégral en ligne Accès réservé
  • Éditorial : Déambuler dans le no 100 :mode d'emploi - Hélène Combes p. 5-11 accès libre
  • La fabrique et les évolutions de la revue

    • Les 100 facettes de la politique comparée : radiographie de Critique internationale - Hélène Combes, Éric Verdeil, Daniela González p. 15-33 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Sur la base d'un corpus constitué de 795 articles et de 905 auteur·es, nous revenons sur la pratique de la politique comparée dans Critique internationale. En ce qui concerne les auteur·es, nous identifions plusieurs tendances générales de l'espace des sciences sociales, notamment une féminisation accrue et une ouverture aux jeunes chercheur·es, ainsi qu'une diversification des institutions de provenance, qui donne plus de place aux universités situées en région et qui ne sont pas des grandes écoles. Nous constatons à la fois une augmentation notable du nombre d'articles portant sur les espaces extra-européens et une réduction du nombre d'auteur·es appartenant à des institutions localisées hors de France. En termes disciplinaires, la domination persistante de la science politique s'accompagne d'une montée de la sociologie. Le style de recherche évolue, avec un nombre accru d'enquêtes de terrains, reposant sur des méthodes diversifiées. Ces 25 années de Critique internationale illustrent l'approfondissement d'une manière spécifique de faire de la politique comparée, qui articule travaux monographiques et grandes questions des sciences sociales.
      Based on a corpus of 795 articles and 905 authors, this contribution examines the practice of comparative politics in the journal Critique Internationale. It identifies a number of general trends in the social sciences, in particular in the journal's increased feminisation and openness to young researchers, as well as the diversification of institutions it represents, with a greater place given to regional universities other than the « grandes écoles ». We observe a significant proliferation in the number of articles on extra-European spaces and a reduction in the number of authors from institutions outside France. In disciplinary terms, the continuing dominance of political science has been accompanied by a rise in sociology. The style of research is changing, with an increased number of field surveys, based on diversified methods. Critique Internationale's twenty-five years of publication illustrate the deepening of a specific way of doing comparative politics, articulating monographic works and major questions in the social sciences.
    • Connexions, circulations. Retour sur les déclinaisons du « prisme circulatoire » au sein de Critique internationale - Thomas Brisson, Nadège Ragaru p. 35-46 accès réservé
    • L'autre Critique internationale, ou la revue non advenue - Assia Boutaleb, Nicolas Martin-Breteau p. 47-56 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Partant du constat qu'une revue est aussi constituée d'un ensemble de contenus non publiés et non reçus, nous proposons de réfléchir sur la version non advenue de Critique internationale. Cette démarche offre l'occasion d'expliciter les modalités concrètes d'évaluation qui dessinent sa ligne éditoriale mais aussi d'en exposer les logiques et leurs effets sur le positionnement de la revue. Elle permet également de revenir plus largement sur la réalité du métier et de ses pratiques.
      Starting from the observation that a journal is also made up of a body of unpublished and unreceived content, this article proposes to reflect on this unborn version of Critique Internationale. This reflection provides an opportunity to explain the concrete methods of evaluation that shape the journal's editorial line, as well as to expose the logic behind them and their effects on the journal's positioning. It is also an opportunity to look more broadly at the reality of academic publishing and its practices.
  • Les terrains de l'international

    • Genre, sécurité et éthique. Vade-mecum pour l'enquête de terrain - Marielle Debos p. 59-73 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Les questions concrètes et matérielles que l'on se pose sur le terrain ne sont pas détachées des questions théoriques, méthodologiques et éthiques. L'article est composé de deux parties : la première est une introduction sur le genre, la sécurité et l'éthique dans les relations d'enquête, la seconde est un vade-mecum qui donne des conseils pour se protéger et protéger les enquêté·es, en mettant l'accent sur les violences sexistes et sexuelles. Je défends l'idée que les chercheuses peuvent réinventer une manière de penser et de faire du terrain, entre injonctions paternalistes à la prudence et déni des difficultés rencontrées. La sécurité, en particulier celle des femmes et des minorités, sur le terrain et à l'université suppose aussi une réflexion sur les effets de la précarité et la persistance de normes (sexisme, fétichisation des terrains à risques, idéalisation de l'immersion ethnographique) qui peuvent les mettre en danger.
      The concrete and material questions that arise in the field are not detached from theoretical, methodological, and ethical issues. This article is divided into two parts: the first is an introduction to gender, safety, and ethics in the field; the second is a vade mecum with advice on how to protect both the researcher and his or her interlocutors, with a focus on gender-based and sexual violence. I argue that women researchers need to reinvent a way of thinking and doing fieldwork and to navigate between paternalistic injunctions for them to be careful and denial of the difficulties they encounter. Safety at the university and in the field (especially for women and minorities) also requires an analysis of the effects of precarity in academia as well as of the persistence of norms (sexism, fetishisation of dangerous fields, idealisation of ethnographic immersion) that put researchers in danger.
    • Histoire/ethnographie, dialogue : l'archive comme terrain - Nadège Ragaru p. 75-80 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Aux appels incessants à l'interdisciplinarité en sciences sociales répondent paradoxalement des partitions de plus en plus tranchées entre champs disciplinaires, ainsi que l'assignation préférentielle, sinon exclusive, de méthodes données à telle ou telle discipline. À rebours de cette vision de la production des savoirs en sciences sociales, je propose une mise en regard de l'enquête de terrain et de la recherche en archives pour mieux faire saillir tant leurs différences que leurs parentés et, inviter, ce faisant, à inventer de nouveaux apparentements entre méthodes et écritures en sciences sociales.
      In the realm of the social sciences, resounding calls for interdisciplinarity have reached unprecedented heights. Yet, a paradox emerges as disciplinary boundaries grow increasingly pronounced, seemingly marked by a preferential ­ if not exclusive ­ assignment of specific methodological packages to their respective domains. Departing from the conventional paradigms of knowledge production in the social sciences, this article embarks on a nuanced dialogue between ethnography and archival research. Through a juxtaposition of these investigative modes, accentuating their differences and unveiling unforeseen parallels, this text encourages emerging scholars to craft intricate connections between the two approaches, and to forge novel pathways in scholarly writing within the tapestry of the social sciences at large.
    • Sorties de conflits, politiques de réparations et mobilisations collectives. Un regard comparé Kosovo-Pérou - Nathalie Duclos, Valérie Robin Azevedo p. 81-91 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article croise les regards d'une politiste et d'une anthropologue travaillant sur deux terrains très différents, le Kosovo et le Pérou, mais avec un questionnement commun sur une dimension structurante des sorties de conflits : la place des victimes et les processus de (re)catégorisation. Il s'agit d'interroger le bricolage local de catégories globales issues de la justice transitionnelle qui a conduit à l'élaboration de politiques publiques « réparatrices » de la guerre mais avec des situations nationales opposées, analysées par le biais des mobilisations mémorielles des anciens belligérants, débouchant sur leur stigmatisation au Pérou et sur leur héroïsation au Kosovo. Comment les collectifs d'ex-combattants se sont-ils mobilisés sur le plan mémoriel et commémoratif pour exposer et chercher à imposer dans l'espace public la reconnaissance de leurs engagements passés ? Comment ont-ils articulé ces revendications à des demandes de réparations ? Ces études de cas éclairent les enjeux des sorties de conflits en contexte d'imbrication du national et de l'international et conduisent à réfléchir aux limites des politiques transnationales et uniformisantes de gestion du post-conflit qui évacuent souvent les enjeux de pouvoir locaux au bénéfice de la catégorie de victime innocente.
      This article crosses the viewpoints of a political scientist and an anthropologist working in two very different fields, Kosovo and Peru, with a shared questioning of a structuring dimension of post-conflict situations: the place of victims and processes of (re)categorisation. The aim is to examine the local articulation of global categories stemming from transitional justice, which has led to the elaboration of restorative public policies following the war in each case, but with opposing national situations, analysed through the memorial mobilisations of former belligerents, which have led to their stigmatisation in Peru and their heroisation in Kosovo. How have veterans' associations mobilised on the memorial and commemorative level to expose and seek to impose recognition of their past commitments in the public arena? How have they linked these claims to demands for reparation? As we shall see, these case studies shed light on the issues at stake in post-conflict situations where the national and international spheres are intertwined, allowing us to reflect on the limits of transnational and standardising post-conflict management policies, which often overlook local power issues in favour of the category of innocent victim.
    • Le Fonctionnaire de sécurité et de défense, ou la recherche percutée par la problématique sécuritaire - Nathalie Duclos p. 93-100 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Je m'emploie ici à identifier un des nombreux obstacles bureaucratiques à la réalisation d'enquêtes de terrain : celui incarné par le FSD. Mis en place pendant la guerre froide, le FSD était quasi inconnu des chercheurs et enseignants-chercheurs jusqu'aux années 1980-1990. Depuis, la délivrance de son avis lors des demandes d'ordre de mission constitue un tracas de plus en plus pesant et les catégories de personnel soumises à cet avis sont de plus en plus nombreuses. Les chercheurs français sont empêchés de mener des enquêtes de terrain, notamment à l'étranger, à partir de considérations sécuritaires et d'indicateurs discutables, sans considération des enjeux de connaissance, et alors que de nombreux acteurs dans d'autres domaines (économiques, politiques, social, culturel, médiatique) ou ressortissants d'autres pays peuvent se rendre sur ces terrains.
      This article sets out to identify one of the many bureaucratic obstacles to conducting field research for French researchers: the security defense civil servant (fonctionnaire sécurité défense). Established during the Cold War, security defense civil servants were virtually unknown to academics until 1980-1990. Since then, it has become an ever-greater hassle to obtain permission from a security defense civil servant when requesting a mission order, and the number of staff categories requiring such permission is increasing. French researchers are prevented from carrying out field investigations, particularly abroad, on the basis of security considerations and questionable indicators, without regard for the knowledge at stake, and at a time when many players in other fields (economic, political, social, cultural, media) or nationals of other countries are able to visit these areas.
    • La monographie comparative : embrasser la tension entre singularité et universalité - Adam Baczko, Laurent Gayer, Élise Massicard p. 101-117 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Comment tenir ensemble un propos de portée générale et les exigences d'une analyse approfondie ? C'est à la résolution de ce dilemme que s'emploie la monographie comparative, qui constitue une approche fertile pour monter en généralité à partir de l'analyse fine d'un cas singulier. La monographie comparative s'inscrit dans une approche de la comparaison qui rompt avec les acceptions formalistes aujourd'hui dominantes. Ancrée dans l'étude minutieuse de situations concrètes, cette approche renonce pourtant à l'exhaustivité : dans la construction de ses objets comme dans le dialogue engagé avec d'autres situations distantes dans le temps et l'espace, elle assume un rapport sélectif aux contextes. Après avoir retracé la généalogie de cette démarche dans les sciences sociales du politique en France, nous nous attachons à clarifier ses enjeux épistémologiques, pour enfin formaliser les opérations qui en font la spécificité. Nous montrons ainsi comment la monographie comparative construit ses objets en les dénaturalisant, tout en ouvrant l'étude de cas au vent du large.
      How can one reconcile a broad-ranging perspective with the requirements of in-depth analysis? This is the challenge addressed by the comparative monograph, which offers a fruitful approach for generalising insights derived from the meticulous analysis of a single case. Comparative monographs represent a departure from the prevailing formalist definitions in the field of comparison. Grounded in the meticulous exploration of specific situations, this approach aims to theorise and foster comparative reflections while setting aside some of the contextual elements. This article begins by tracing the genealogy of the comparative monograph within the French social sciences, elucidating its historical development. It subsequently clarifies the epistemological implications inherent in this approach and provides a comprehensive account of the operations involved. We demonstrate how the comparative monograph constructs its objects by challenging their naturalised assumptions, while simultaneously advocating for the value of comparisons across time and space, thereby expanding the scope of case studies to embrace the vastness of our world.
  • Matières vives

    • Comment faire du sur-mesure avec du prêt-à-porter ? Petit exercice pratique de sociologie politique comparée - Sidy Cissokho p. 121-127 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Pour le numéro 100 de Critique internationale, la rédaction propose un document inédit : la transcription du cheminement d'un chercheur alors qu'il ébauche une monographie comparative. Confronté à plusieurs journées d'émeutes auxquelles il tente de donner du sens, le chercheur plonge dans sa bibliothèque intérieure. Il s'interroge sur la façon dont on peut se saisir d'une référence bibliographique portant sur un contexte historique singulier pour construire des hypothèses et soulever des interrogations à propos d'un autre contexte tout aussi singulier.
      For the hundredth issue of Critique Internationale, the editorial team proposes an unedited document: the transcription of a researcher's thoughts as he is drafting a comparative monograph. As he witnesses and tries to make sense of several days of riots, the researcher goes into his innerself library. He wonders how one can use a bibliographic reference describing a specific historical context, to build hypotheses and raise questions about another equally specific context.
    • Abîmes du terrain : impensés, indicibles - Nadège Ragaru p. 129-138 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Que faire de données de terrain potentiellement heuristiques dont les conditions de production doivent être tues, parce qu'elles engageraient le dévoilement d'éléments de la subjectivité des chercheur·es, la mise en danger des enquêté·es et/ou l'explicitation de pratiques illicites ? Comment aborder les enjeux de sécurité sur des terrains dont les dangers, jamais nommés, ni même incidemment abordés en cours, ne rentrent pas dans les catégories usuelles du péril ? Telles sont quelques-unes des questions que j'aborde en revenant sur la trajectoire d'une jeune chercheure partie effectuer un terrain sur l'introduction de la compétition politique dans un ancien régime est-européen... avant de se retrouver confrontée à des pratiques de traites des êtres humains, de crime organisé et de règlements de comptes armés. Au c ur d'une réflexion à la tonalité mordante résident les enjeux de réflexivité, d'éthique et de formation.
      How can young scholars use potentially heuristic field data, when the conditions of their production must remain undisclosed in order to avoid exposing elements of the researchers' subjectivity, endangering respondents, and/or explicitly referencing illicit practices? How can one effectively address and articulate issues of safety that arise during fieldwork, where perils ­ conspicuously unacknowledged and unexplored within the confines of the classroom ­ defy the conventional categorisation of practical risks associated with field research? These questions form the focal point of this article as it retraces the trajectory of a young researcher immersed in the study of the transition to multiparty politics within a former Eastern European regime... only to find herself confronted with practices of human trafficking, organised crime, and armed settling of scores. Issues of reflexivity, ethics, and methodology lie at the core of a reflection imbued with an incisive tone.
    • Compagnonnages incertains : 25 ans d'enquêtes de terrain sur la classe politique mexicaine - Hélène Combes p. 139-149 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Comment se construit la relation d'enquête quand on travaille sur des hommes et des femmes politiques, figures nationales, prises en permanence dans des controverses sur les formes légitimes du politique ? Que fait-on d'un matériau collecté parfois à son corps défendant dans les zones grises de la politique et de l'enquête ? Je reviens ici sur les indicibles de l'enquête dans le cadre d'une trajectoire d'étude de la classe politique mexicaine depuis 25 ans. Je m'attache en particulier à comprendre leur place dans ma pratique du terrain mais aussi dans mon appréhension des phénomènes politiques. Pour cela, je m'appuie sur l'analyse du compagnonnage de deux groupes politiques rivaux et, en particulier, de deux figures politiques nationales ­ un homme (Horacio) et une femme (Luzmaria) ­ tous deux emprisonnés à quinze ans d'intervalle pour usage de fonds publics dans des campagnes électorales.
      How does one construct the research relationship when one works with politicians, national figures, constantly caught up in controversies over legitimate forms of politics? What does one do with material collected sometimes reluctantly in grey zones of politics and research. I reflect here on the unspeakable elements of research over the course of a study on the Mexican political class during the past 25 years. I am especially interested in understanding their place in my practice in the field and also in my apprehension of political phenomena. For this, I rely on the analysis of a companionship of two rival political groups and, in particular of two national political figures ­ a man (Horacio) and a woman (Luzmaria) ­ both imprisoned fifteen years apart for using public funds in their electoral campaigns.
    • Typique ou atypique ? Guerre froide, finance et génétique : itinéraire d'un quant inhabituel - Quentin Ravelli p. 151-162 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Même après de longues enquêtes, nous sommes parfois incapables de dire si certaines personnes sont typiques ou atypiques, banales ou extraordinaires. Cette impression est perturbante, car toute pensée du monde social s'oriente par des moyennes et des normes qui permettent d'identifier des groupes sociaux, avec leurs centres et leurs marges, leurs formes de reproduction et les résistances qu'elles génèrent. C'est le cas de Winston, un mathématicien qui se spécialise dans le décodage des messages secrets pendant la guerre froide avant de se faire embaucher dans l'un des fonds d'investissement quantitatifs les plus rentables au monde, puis de se reconvertir à nouveau dans le décryptage du génome de l'homme de Néandertal. En l'écoutant, on ne cesse de se demander si son parcours sort de l'ordinaire ou s'il est, au contraire, emblématique des nouveaux traders du monde de la finance : les quants, ou analystes quantitatifs. Son parcours aiguise un doute qui s'impose au cours de toute recherche, même quand elle est confrontée aux situations les plus banales : jusqu'où faut-il chercher à établir des lois générales et des catégories abstraites, quitte à écraser les particularités individuelles ?
      Even after extensive fieldwork, it is sometimes difficult to determine whether certain people are typical or atypical, banal or extraordinary. This is an unsettling feeling, because our conceptualisation of the social world depends on averages and norms that allow us to identify social groups, with their centres and peripheries, their modes of social reproduction and the resistances they generate. Winston is one such case. A mathematician specialising in decrypting secret military code during the Cold War, he was subsequently hired by one of the most profitable quantitative investment funds in the world, before again changing career paths to devote himself to decoding the Neanderthal genome. When listening to him, one constantly wonders if his trajectory is out of the ordinary or, on the contrary, if his career is in fact typical of the new traders of high finance: the quants, or quantitative analysts. His life story hones a doubt that arises in all research, even when confronted with the most banal situations: to what extent should we attempt to establish general laws and abstract categories, if the price to be paid is flattening out individuals' singularities?
  • Des nuages à l'horizon

    • La recherche sur la Russie en France après le 24 février 2022. Le temps des tâtonnements - Françoise Daucé, Kathy Rousselet p. 165-176 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      La guerre d'agression massive de la Russie contre l'Ukraine, engagée en février 2022, vient radicalement bouleverser le paysage de la recherche sur les sociétés anciennement soviétiques. Face aux brutalités de la guerre, d'un côté, au durcissement autoritaire en Russie, de l'autre, les possibilités d'enquête et de débat scientifique sont mises à mal, et posent de lourds défis aux chercheurs travaillant sur cet espace. Dans cet essai à deux voix, nous relisons nos trajectoires d'enquête en Russie au cours de ces trente dernières années ; nous tâtonnons ensemble à la recherche de nouvelles méthodes et de nouveaux cadres d'analyse pour penser le tournant en cours. Soucieuses d'éviter l'écueil de l'exceptionnalisme national et du « communautarisme scientifique », nous en appelons toujours et encore au comparatisme.
      Russia's massive war of aggression against Ukraine beginning in February 2022 has radically upset the prospects for research on former Soviet societies. Given the brutalities of this war and subsequent hardening authoritarianism in Russia, the potential for inquiry and scholarly debate has been reduced, posing a serious challenge for researchers whose work focuses on these areas. In this joint essay, the authors look back on their experience of conducting research in Russia over the last thirty years; together they cast around for new methods and analytical frameworks to apply to current developments. To avoid the pitfalls of national exceptionalism and research silos, they make the case, as they always have done, for a comparative approach.
    • Faire face aux transformations des terrains : retours sur des expériences contrastées - Hélène Combes, Laura Ruiz de Elvira, Josaphat Musamba, Gilles Dorronsoro p. 177-192 accès réservé
    • « Génération crash test » : les doctorants face au RGPD - Marième N'Diaye p. 193-212 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      À l'heure de la « science ouverte », les chercheurs sont soumis à des injonctions contradictoires : s'ils doivent partager leurs données, ils doivent également garantir la confidentialité de leurs enquêtés. Dans ce contexte de surveillance accrue qui entraîne des mises en cause plus fréquentes de leur travail, je me penche plus particulièrement sur les situations vécues par les doctorants, chercheurs les plus exposés car les plus précaires. Face à la multiplication des normes de contrôle, quel type d'enquête sont-ils susceptibles de mener ? Pour produire quel type de données ? Et comment cette redéfinition du métier influence-t-elle leur conception du monde de la recherche ? Je traite ces questions à partir de l'exemple de la mise en œuvre du RGPD (Règlement général sur la protection des données) par des doctorants en science politique qui ont des terrains à l'international. En rendant compte de la contrainte qu'ils ressentent effectivement aux différentes étapes de leurs parcours ­ en amont de l'enquête, sur le terrain et dans la phase d'exploitation des données et d'écriture ­, j'entends poser quelques jalons pour une réflexion sur les effets de la bureaucratisation de la recherche qui affectent aujourd'hui les chercheurs de demain.
      In the age of open science, researchers are subject to contradictory injunctions: to share their data while also ensuring the confidentiality of their respondents. In this context of increased surveillance, which leads to their work being more frequently called into question, this paper takes a closer look at the situations experienced by PhD students, who are most exposed to this kind of scrutiny because of their job insecurity. Faced with a multiplication of control standards, what types of investigation are they likely to carry out? To produce what kind of data? And how does this redefinition of research practices influence their conception of research? These questions will be addressed through a case study of the implementation of the General Data Protection Regulation (GDPR) by doctoral students in political science conducting international fieldwork. By taking into account how constraints are actually felt by PhD students at different stages of their studies ­ prior to undertaking fieldwork, during fieldwork, and in the data processing and writing phases ­ I aim to provide some points for reflection on the effects of the bureaucratisation of research on those who will be responsible for tomorrow's research.
  • Note aux contributeurs - p. 213-214 accès libre