Contenu du sommaire : Après la migration
Revue | Moussons : Recherche en Sciences Humaines sur l'Asie du Sud-Est |
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Numéro | no 42, 2023 |
Titre du numéro | Après la migration |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Introduction
- « On n'est pas des immigrés ! » Socio-histoire d'une migration singulière - Hélène Bertheleu p. 5-30 Cet article vise à introduire l'ensemble de ce numéro 42 de la revue Moussons qui porte sur les migrations d'Asie du Sud-Est en Europe et plus particulièrement en France. Il revient sur les circonstances de départ et d'arrivée des réfugiés, sur la politique d'accueil et d'intégration déployées à l'époque et sur les conditions d'installation des familles dans un contexte hostile aux étrangers, dans les années 1980 puis 1990. Une certaine vitalité association accompagne alors les processus d'adaptation et d'acculturation. La deuxième partie interroge le devenir des nouvelles générations issues de ces familles réfugiées, dans un contexte de renouvellement des mobilisations associatives, davantage tournées aujourd'hui vers l'antiracisme et l'expression artistique d'une mémoire délaissée.This article introduces issue 42 of the journal Moussons, which looks at migration from South-East Asia to Europe, and more specifically to France. It returns back to the circumstances surrounding the departure and arrival of refugees, the reception and integration policies developped at that time, and the conditions under which families settled in a context hostile to foreigners in the 1980s and 1990s. The processes of adaptation and acculturation were supported by a wide range of associations. The second part of this paper looks at the future of the new generations of these refugee families, in a movment of renewed mobilisation by associations, now more focused on anti-racism and the artistic expression of a neglected memory.
- « On n'est pas des immigrés ! » Socio-histoire d'une migration singulière - Hélène Bertheleu p. 5-30
Articles
- Un refuge au pied du Vercors. L'expérience du centre provisoire d'hébergement de Cognin-les-Gorges (1977-1992) - Philippe Hanus p. 31-54 Entre 1977 et 1992, environ 2 750 réfugiés, cambodgiens, laotiens et vietnamiens ont séjourné au centre provisoire d'hébergement de Cognin-les-Gorges (Isère). Pouvoirs publics et monde associatif ont alors coopéré pour organiser l'accueil des familles asiatiques dans ce petit village des Préalpes. Cette singulière expérience sociale basée sur la rencontre entre des personnes exilées et la population locale a marqué les esprits. Cet article se propose d'en retracer l'histoire et d'en interroger les mémoires.Between 1977 and 1992, some 2,750 Cambodian, Laotian and Vietnamese refugees stayed at the temporary accommodation center in Cognin-les-Gorges (Isère). Public authorities and associations worked together to organize the reception of Asian families in this small village in the Pre-Alps. This singular social experiment, based on the encounter between exiles and the local population, left a lasting impression. This article traces its history and examines its memories.
- Familles lao à Saint-Claude (Jura) dans les années 1990. Abondance des emplois et subordination dans le travail - Pierre Billion-Laroute, Hélène Bertheleu p. 55-80 Cet article décrit les conditions de vie et de travail d'ouvriers et d'ouvrières lao partis vivre dans la petite ville industrielle et cosmopolite de Saint-Claude dans le Jura, épargnée par le chômage. Il propose, à partir d'un travail ethnographique, de comprendre l'intégration socio-économique de ces hommes et ces femmes venu·e·s vivre à Saint-Claude avant tout « pour le travail ». Le questionnement se situe à la croisée de la sociologie du travail et d'une sociologie des relations interethniques. Comment cette population réfugiée d'Asie du Sud-Est vit-elle l'expérience du travail ouvrier, à l'usine ou à domicile ? La plupart appartenait autrefois aux classes populaires de leur pays, avant de devoir fuir et quitter leur pays. Assiste-t-on, dans cette petite ville, à un processus de prolétarisation ?This article describes the living and working conditions of Lao male and female workers who moved to the small industrial and cosmopolitan town of Saint-Claude in the Jura region, where jobs are plentiful. Based on ethnographic work, it aims to understand the socio-economic integration of these men and women who came to live in Saint-Claude primarily 'for the work'. The questions raised are at the crossroads of the sociology of work and the sociology of ethnic relations. How does this refugee population from South-East Asia experience this working life, at the factory or at home ? Most of them used to belong to the working classes in their country, before having to flee and leave their country. Is there, in this small town, a process of proletarianisation?
- Principes éducatifs à l'épreuve de la migration. Chronique d'une famille vietnamienne en France - Pôleth M. Wadbled p. 81-101 L'article aborde l'adaptation d'une famille de réfugiés vietnamiens à la vie en France, décrivant la manière dont elle a été confrontée aux défis sociaux, économiques, culturels, l'accent étant porté sur le parcours éducatif, durant la socialisation des enfants : notamment les conséquences sur les enfants de l'adéquation ou au contraire, de l'inadéquation dans le contexte migratoire des attentes des parents tant sur le plan scolaire que sur la transmission culturelle. La réflexion s'appuie sur un travail de terrain longitudinal étalé sur quinze ans, comprenant des observations et des entretiens. Ce récit met en évidence les défis et les ajustements auxquels une famille réfugiée vietnamienne est confrontée en France, en mettant en avant le difficile équilibre entre préservation de la culture d'origine et adaptation, acculturation à la société d'accueil.The article discusses the adaptation of a Vietnamese refugee family to life in France, describing how they faced social, economic, and cultural challenges. The emphasis is on the educational journey, during the socialization of the children, particularly the consequences for the children resulting from the alignment or misalignment with parental expectations, both academically and in terms of cultural transmission, within the context of migration. The reflection is based on a longitudinal fieldwork spanning fifteen years, including observations and interviews. This narrative highlights the challenges and adjustments that a vietnamese refugee family encounters in France, underscoring the delicate balance between preserving the original culture and adapting, acculturation to the host society.
- La transmission des danses cambodgiennes en France. Quêtes identitaires et enjeux de perpétuation d'un patrimoine national - Lucie Labbé Revenant sur le contexte de création de nombreux groupes de danse au sein d'associations cambodgiennes de France dès 1976, l'article questionne la variabilité des enjeux attachés à la transmission des danses cambodgiennes en France, en particulier celles à vocation scéniques dites « classique » (ou « royale ») et « folklorique ». Au fil du temps, la pertinence des groupes de danse apparaît variable en fonction de leur contexte de création et d'évolution ou encore en fonction de la nature de leur lien avec le pays d'origine. Du point de vue des apprenants d'origine cambodgienne, elle peut renvoyer, de manière plus ou moins prégnante, à la recherche et à l'affirmation d'une identité positive et à la volonté de maîtriser des techniques corporelles rigoureuses. Ainsi, l'apprentissage des danses scéniques cambodgiennes en France s'accompagne-t-il de façon plus ou moins prononcée de l'acquisition de diverses compétences et de valeurs, dont certaines s'inscrivent dans les corps. Outre des motivations liées à une quête identitaire personnelle ou à la volonté de maîtriser un art aujourd'hui valorisé sur la scène internationale, certaines élèves apprenant la danse classique se voient investies par leurs professeures d'un rôle dans sa préservation à une échelle qui dépasse le cadre national français. Par extension, et via la mise en place de liens entre danseuses professionnelles basées à Phnom Penh et troupes basées à Paris, les corps de jeunes danseuses classiques françaises d'origine cambodgienne prennent aujourd'hui place au cœur de stratégies visant à légitimer de nouvelles figures d'autorité dans le domaine de la danse et dans le cadre politique plus large de la monarchie constitutionnelle cambodgienne.Leaning back on the context of the creation of numerous dance groups within Cambodian associations in France since 1976, the paper questions the variability of the issues attached to the transmission of Cambodian dances in France, in particular those adapted to the stage called “classical” (or “royal”) and “folk” dances. Along time, the relevance of dance groups appears to vary according to their context of creation and development, as well as to the nature of the link they maintain with the country of origin. From the point of view of learners of Cambodian origin, it can refer, more or less significantly, to the research and the affirmation of a positive identity or to the desire to master rigorous embodied techniques. Thus, the learning of Cambodian stage dances in France is accompanied, in a more or less pronounced way, by the acquisition of various skills and values, some of which are embodied. In addition to motivations related to a quest for personal identity, or the desire to master an art which is now valued on the international stage, some among the classical dance students see themselves invested by their teachers with a role in the preservation of this dance, on a scale that goes beyond the French national framework. By extension, and through the establishment of links between professional dancers based in Phnom Penh and troupes based in Paris, the bodies of young French classical dancers of Cambodian origin now take their place at the heart of strategies aimed at legitimizing new figures of authority in the field of dance and in the wider political framework of Cambodian constitutional monarchy.
- Frayed Memories, Re-imagined Belongings. Southeast Asian Post-refugee Generations in France - Hélène Le Bail, Khatharya Um p. 129-156 La prise du pouvoir et l'établissement de régimes communistes en 1975 au Cambodge, au Laos et au Vietnam ont engendré l'exode de nombreux réfugié·e·s, dont quelque 125 000 furent installé·e·s en France. Bien que les communautés d'Asiatiques du Sud-Est aient alors, et au cours de cinq dernières décennies, pris de l'importance et gagné en complexité, elles restent peu étudiées. La construction identitaire, le rapport à la politique, la relation au trauma des parents des descendants de ces réfugié·e·s – les générations post-réfugiées – sont encore moins bien documentées. La relative invisibilité des populations d'origine asiatique en France a permis à un certain nombre de mythes et de représentations sur leurs communautés, à la fois positifs et négatifs, de s'imposer sans remise en question. Cet article propose de faire un point sur les générations post-réfugiées du Sud-Est asiatique. Croisant les perspectives de chercheur·e·s, de journalistes, de cinéastes, d'écrivain·e·s de responsables associatifs et de militant·e·s, il aborde de manière critique, les questions de la construction en miroir des représentations et des identités, de l'héritage du traumatisme, de la réappropriation et de l'écriture de la mémoire, de la revendication de l'appartenance et de l'engagement pour le changement social. En leur donnant la parole, la démarche critique à la base de cet article considère la notion de communauté de réfugié·e·s comme un espace de production de savoir et de valorisation de l'agentivité de ces réfugié·e·s et de leurs descendant·e·s. En faisant cela, l'objectif n'est pas seulement de mettre en avant des expériences et des points de vue peu connus, mais aussi de présenter la diversité des formes d'actions, de résistance et de revendications que produisent de manière individuelle ou collective les générations post-réfugiées du Sud-Est asiatique face aux défis qu'ils rencontrent dans la société française.The communist takeover in 1975 and post-war developments in Cambodia, Vietnam and Laos catalyzed a massive exodus of refugees, some 125,000 of whom were resettled in France. Despite the growth, both in size and in complexity, of the Southeast Asian communities in France over the last five decades, little is known about these populations, and even less about the post-refugee generations, their identities, and politics, and especially their relationship to their parent's traumatic history of migration. The invisibility of Asians in France has enabled myths and assumptions about these communities, both positive and negative, to persist unchallenged. This article aims to shed light on the post-refugee generations of Southeast Asians in France. Drawing insights from academics, researchers, journalists, filmmakers, writers, community organizers, and advocates, it engages some of the critical questions that inform the identity and politics of the Southeast Asian post-refugee generations in France, centering on questions of historical traumas and identity construction, representation, belonging, and activism. It advances the notion of refugee communities as sites of active knowledge production, and foregrounds refugee agency by giving voice to refugees and their descendants. In so doing, it aims not only to highlight experiences, concerns, and perspectives that have been obscured or marginalized but also to showcase the agency, resistance, and reclaim that are manifested in different ways, forms, and contexts in the individual and collective responses of Southeast Asians to the challenges that confront them in France.
- La mémoire en retour. Voyages au Viêt Nam des jeunes générations de la diaspora vietnamienne - Julien Le Hoangan p. 157-178 À partir d'une recherche doctorale auprès d'adultes nés en France, l'auteur analyse les différentes mobilités vers le pays d'origine de leurs parents ou ancêtres sous le prisme du travail de mémoire. Les études de cas présentés viennent ainsi compléter les travaux concernant le tourisme diasporique ou mémoriel des premières générations ou le tourisme des racines des suivantes pour proposer quatre modalités selon lesquelles l'expérience au Viêt Nam contribue à la démarche de construction de la mémoire familiale et collective. Celle-ci s'appuie en effet sur une enquête généalogique factuelle, sur une expérience sensible qui mobilise le corps dans l'espace, sur l'imagination comme capacité à se projeter dans une mémoire alternative ou contrefactuelle et enfin sur des pratiques symboliques qui se rapprochent de l'analyse du pèlerinage.Based on a doctoral research conducted with adults born in France, the author analyzes the various mobilities to the ancestral land through the lens of memory work. The case studies thus complement existing research on diasporic or memorial tourism among the first generations and root tourism among the subsequent generations. They propose four modalities through which the experience in Vietnam contributes to the process family and collective memory shaping. This process is based on genealogical investigation about facts, a sensory experience that engages the body in space, imagination as the ability to project oneself into an alternative or counterfactual memory, and finally, symbolic practices that align with pilgrimage analysis.
- Influence du contexte sur le caractère variable ou stable de l'identification ethnique : le cas des enfants des couples belgo-philippins et belgo-thaïlandais en Belgique - Asuncion Fresnoza-Flot p. 179-195 La littérature sur les familles ethniquement « mixtes » se focalise en général sur les expériences des couples, mais rarement sur celles de leurs enfants. Les quelques études sur ces derniers dévoilent leurs formes variées d'identité et la façon dont la société où ils résident et grandissent affecte leur autodéfinition, soulignant le pouvoir structurant du contexte sur la formation identitaire des enfants issus des familles mixtes. Afin de nuancer la compréhension de cette construction identitaire et d'appréhender le devenir des enfants issus des familles mixtes, le présent article se penche sur l'identification ethnique de ces individus et propose une étude de cas des personnes issues de familles belgo-philippines et belgo-thaïlandaises en Belgique. Les matériaux empiriques recueillis, notamment en Belgique, montrent que ces personnes se définissent de différentes manières. La plupart d'entre elles se présentent de manière variable en fonction du lieu (espace géographique et socioculturel circonscrit) où elles se trouvent, de leurs interlocuteurs (situation interpersonnelle) et du moment (temporalité), révélant le pouvoir structurant du contexte sur leur autodéfinition ethnique. Les autres personnes interviewées s'identifient de manière stable, ce qui démontre leur résistance face aux défis biographiques et suggère que l'auto-identification ethnique n'est pas toujours fluide ou fluctuante.The literature on ethnically “mixed” families generally focuses on the experiences of couples but rarely on those of their children. Some studies on these young people reveal their various forms of identity and the way the society in which they live and where they grow up affect their self-identification, highlighting the structuring power of context on the identity formation of children of mixed families. To nuance the understanding of this identity construction and to comprehend the becoming of children of mixed families, this article investigates their ethnic identification and proposes a case study of individuals from Filipino-Belgian and Thai-Belgian families in Belgium. The empirical data collected notably in this country show that these persons define themselves in different ways. Most of them present themselves variably depending on the place (circumscribed geographical and sociocultural space) where they are, on their interlocutors (interpersonal situation) and on the moment in time (temporality), revealing the structuring power of context on their ethnic identification. Other interviewed persons identify themselves on a stable basis, which demonstrates their resistance to biographical challenges and suggests that ethnic self-identification is not always fluid or fluctuating.
- « Construire la dépendance et la résistance » : la politique migratoire allemande vécue par deux femmes migrantes philippines - Davi De Carvalho Malheiros p. 197-216 Les politiques migratoires des États réglementent le séjour des étrangers sur leurs territoires. Elles le font à travers des mesures juridiques qui peuvent contribuer à façonner des trajectoires d'intégration, en fonction des statuts qu'elles établissent. En même temps, les étrangers en question ne sont pas passifs et peuvent opposer une résistance dans le rapport qu'ils construisent avec les États et avec les normes juridiques qui les concernent. En partant du cas de figure des femmes migrantes philippines en Allemagne, cet article aura pour objectif de discuter les liens entre la politique migratoire allemande, les résistances aux mesures juridiques et les trajectoires d'intégration qui découlent de cette relation.The migration policies of states regulate the stay of foreigners on their territories. They do so through legal measures that can contribute to shaping integration trajectories according to the status they establish. At the same time, the foreigners in question are not passive and can resist in the relationship they build with the States and the legal norms that concern them. Taking the case of Filipino migrant women in Germany as a starting point, the article aims to discuss the relationship between German migration policy, resistance to its legal measures and the resulting integration trajectories that emerge from the interrelation between both elements.
- Un refuge au pied du Vercors. L'expérience du centre provisoire d'hébergement de Cognin-les-Gorges (1977-1992) - Philippe Hanus p. 31-54
Hors-cadre
- Regards sensibles de la littérature et du cinéma. Des transmissions familiales douces-amères - Anne Yvonne Guillou p. 217-226 Dans une note libre, l'autrice examine trois œuvres parues récemment, traitant de l'expérience de jeunes Cambodgiens issus de parents réfugiés aux États-Unis et en France. Les deux ouvrages et le court-métrage présentés abordent le rapport à la fois intime et distancié à la culture des parents et à leur passé douloureux ainsi que leur propre place dans cette histoire familiale et collective. Les écritures se font inventives et sans concession pour interroger le poids indicible qui pèse sur les épaules de cet artiste et de ces écrivain·e·s.The author eamines in a non academic manner, three recent pieces of litterature and cinema produced by young Cambodians whom parents are refugees in the USA and France. The two books and the short film presented in the note speak about the intimate though distant relationship with their parents' culture, their painful past as well as the artists' own place in this (his)story. The writing is inventive and uncompromising and adress the issue of the unspeakable burden that the film maker and the two writers carry on their own shoulders.
- Regards sensibles de la littérature et du cinéma. Des transmissions familiales douces-amères - Anne Yvonne Guillou p. 217-226
Comptes rendus
- Sarah Turner, Annuska Derk & Jean-François Rousseau, éd., Fragrant Frontier. Global Spice Entanglements from the Sino-Vietnamese Uplands - Caroline Grillot p. 227-230
- Judith Beyer, Rethinking Community In Myanmar: Practices Of We-Formation Among Muslims And Hindus In Urban Yangon - Stéphen Huard p. 230-232
- Amaury Lorin, Variations birmanes - Aurore Candier p. 232-236
- Toshihiro Abe, éd., The Khmer Rouge Trials in Context - Jean-Louis Margolin p. 236-239
- Jean-Luc Maurer, Indonésie : l'envol mouvementé du Garuda. Développement, dictature et démocratie - Jean-Marc de Grave p. 239-243
- Brice Fossard, Les élites indochinoises et les secrets de l'Occident. Sports et scoutisme coloniaux - Thomas Clare, Mickael Langlois p. 243-246