Contenu du sommaire : Les intellectuels aux Etats-Unis.

« Professionalisme, Réforme et Théorie Organique dans la Fondation des Sciences Sociales. » A partir d'un ensemble mal défini d'ardents amateurs aux vocations multiples, les sciences sociales sont devenues le domaine d'associations professionnelles de milliers de membres qui, basés dans les universités, en ont fait leur carrière. Comment expliquer cette croissance sans précédent ? Le climat scientifique général a contraint les chercheurs en sciences sociales à calquer leur pratique sur les sciences naturelles. La complexité de l'Amérique urbaine en voie d'industrialisation a préfiguré la forme prise par les sciences sociales et sa division en disciplines spécialisées. La crise sociale et économique de cette période explique les choix de carrière et l'acceptation rapide des sciences sociales. Ces changements ont eu lieu alors que naissait l'université moderne.

II faut comprendre l'utilisation qui est faite de la troisième personne dans ce texte pour comprendre la visée d'Adams et les enjeux de sa vie. L'historien ne peut s'empêcher d'y voir un document sur l'aliénation, bien qu'il s'agisse d'un point de vue réducteur que le critique littéraire se doit de corriger.

« Le Mythe Moderniste de l'Avenir. » Par opposition à l'idée « post-moderne » que l'impulsion moderniste est aujourd'hui passablement épuisée, les pionniers du mouvement se faisaient une image claire de l'avenir. L'art moderne se fixait pour tâche d'humaniser l'ordre industriel. Le sens de sa mission sociale est omniprésent dans son architecture et dans son urbanisme. Cependant la vision moderniste n'était pas d'inspiration aussi populaire que le pensaient ses promoteurs. Le vieux rêve qui consistait à mettre un terme à la division du travail fut abandonné, compromettant ainsi toute possibilité de modifier les « mentalités matérialistes ».

« L'Aliénation et après : le cas des intellectuels new-yorkais. » Les intellectuels new-yorkais étaient sans doute les plus proches de la définition française ou russe du terme. L'étude de la trajectoire de ce groupe des années 30 à la période contemporaine peut permettre de définir le statut de l'esprit en Amérique et la position des intellectuels comme type social. De 1930 à 1980, de marge à marge, la réalité s'est-elle vraiment modifiée ?

Retraçant les circonstances du long exil des intellectuels juifs allemands et néo-marxistes fuyant la montée du nazisme, cet article essaie d'apporter une première réponse aux questions posées par Martin Jay dans l'Imagination Dialectique. Quelle est la place exacte de « l'Institut » dans cette migration intellectuelle à l'impact énorme sur la pensée américaine après 1933 ? A quoi tiennent ses limites apparentes ? L'Ecole ébranle, par sa philosophie de l'Histoire, les mythes fondateurs d'un radicalisme américain marqué par la Philosophie des Lumières.

La mort de l'idéologie aux Etats-Unis dans les années cinquante est largement un mythe. Définie par référence au marxisme soviétique, l'idéologie a été attaquée sous des espèces spécifiques. Le pragmatisme vient combler un vide et la sociologie prend le relais. L'histoire est priée d'être raisonnable. L'émergence de la Nouvelle gauche aux Etats-Unis dans les années soixante mit un terme à la pause idéologique des années cinquante.

« Le Néo-conservatisme : gardez-vous à droite, gardez-vous à gauche. » « II y a néo-conservateurs et néo-conservatisme. Il est plus aisé de définir les premiers que le second ». A partir du conflit d'Océan Hill-Brownsville en 1968, l'auteur illustre les diverses tendances qui sous-tendent le présent retour au néo-conservatisme. La vision « de groupe » des conservateurs et leur méfiance envers l'Etat-Providence les a conduits à se défier de sa stabilité politique, de ses tendances au totalitarisme, de ses malfonctions économiques et à en faire une critique culturelle. Des aspects cruciaux du point de vue conservateur ont pénétré les positions de la gauche.

« Carte idéologique de la critique littéraire américaine. » La place de l'idéologie dans la critique littéraire américaine est au centre de cet article. Après avoir défini la nature des « implications idéologiques » de toute proposition intellectuelle, un survol historique s'impose. La place de la marchandise culturelle est étudiée chez les critiques américains du début du siècle. Sont passées en revue les théories de l'idéologie et de la culture appliquées au champ littéraire. Ainsi armé, le regard peut se porter sur la situation critique contemporaine et apercevoir les malentendus opposant artificiellement différentes tendances. La boutique culturelle n'a pas encore fermé ses portes.

Les uns et les autres sont assez différents de ce qu'ils sont en Europe, et il en va de même de leurs rapports. Est examiné ici le rôle des intellectuels dans l'univers des médias en tant que participants, que qu'observateurs (et critiques) et que consommateurs. Une attention particulière est prêtée aux intellectoïdes (ou semi-intellectuels), qu'ils soient membres du public ou de la profession journalistique, et à leur influence au cours des dernières années sur l'amélioration des médias. A l'âge post-industriel, les médias et les intellectuels jouissent les unes et les autres de plus de pouvoir que jamais auparavant : les deux phénomènes sont liés.

L'émergence d'un véritable syndicalisme universitaire est un des aspects les plus frappants de l'enseignement supérieur des années soixante-dix. Partant d'un bilan de la situation au lendemain de l'arrêt de la Cour suprême sur l'Université de Yeshiva en 1980, on analyse les dimensions idéologiques du débat entre les tenants du modèle méritocratique de la profession d'universitaire et ceux qui prétendent que le syndicalisme (modèle américain) a sa place sur le campus.