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Revue Revue des Etudes Slaves Mir@bel
Numéro vol. 94, no 3, 2023
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Расхождения Новгородской 1 летописи и Новгородско-Софийских сводов на материале «Повести временных лет» - S. L. Nikolaev, T. L. Vilkul tvilkul[at]gmail.com p. 319-337 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Parmi les monuments de la tradition annalistique de Novgorod, se trouvent la Version récente de la Première chronique de Novgorod (Novgorodskaja pervaja letopis′ – mladšij izvod) et le groupe dit de Sainte-Sophie de Novgorod (comprenant la Chronique de Novgorod dans le manuscrit de Karamzin – Novgorodskaja Karamzinskaja –, la IVe Chronique de Novgorod – Novgorodskaja IV-ja- et la Ire Chronique de Sainte-Sophie – Sofijskaja I-ja) qui sont liées entre elles de manière complexe. D'ordinaire, on y cherche des traces de la « Compilation primitive » qui précèderait le Récit des temps passés (Povest′ vremennyx let), et cependant, elles contiennent un texte identique à celui du Récit des temps passés, ou très proche, ce qui permet de se livrer à une com- paraison rigoureuse de toutes les copies conser- vées. Pour affiner l'histoire textuelle des chro- niques de Novgorod, on essaie de trouver des preuves de leur proximité avec les groupes de copies du Récit des temps passés (Chronique laurentienne – Lavrent′evskaja letopis′ et Chronique hypatienne – Ipat′evskaja letopis′). La théorie la plus communément admise est celle d'une contamination entre la branche hypatienne du Récit des temps passés et la Version récente de la Première chronique de Novgorod. On a également supposé que c'est la branche laurentienne qui a influencé le groupe dit de Sainte-Sophie de Novgorod, ou bien la copie de la Trinité, ou encore l'Hypatienne. Le propos de cet article est de tester systématiquement les leçons qui se différencient le plus fortement, là où, dans le même fragment la Version récente de la Première chronique de Novgorod et les chroniques de Sainte-Sophie diffèrent. Dans ce cas, la première suit l'Hypatienne et les autres la Laurentienne. Nous avons tenté d'expliquer ces cas où les deux principaux représentants de l'annalistique novgorodienne s'opposent entre eux. L'article analyse ligne à ligne, d'après les textes des principales copies conservées, plus de 40 fragments où l'on peut déterminer les leçons primitives et secondaires. Il s'avère que les leçons de la branche hypatienne et de la Version récente de la Première chronique de Novgorod transmettent les leçons primitives. Par conséquent, les deux branches sont proches quand elles donnent toutes deux la version primitive du Récit des temps passés. On doit donc considérer comme erronée l'hypothèse d'une contamination de ces deux traditions. Inversement, les rapprochements entre le groupe de Sainte-Sophie avec la branche de la Lauren- tienne peuvent être identifiés comme secondaires et sont situés du début du récit jusqu'aux années 1070. Il en résulte que soit ces textes ont une parenté très proche, soit le groupe de Sainte-Sophie de Novgorod est apparu à la suite d'une contamination avec une branche autonome de la Laurentienne, ou simultanément avec les copies de la Laurentienne et de la Chronique de Radziwiƚƚ (Radzivilovskaja letopis′). Dans ce cas, le chroniqueur novgorodien a eu recours à une version proche du manuscrit de la Laurentienne après sa séparation d'avec la Radziwill, ce qui se serait produit après le début du xiiie siècle.
    The relations between the Novgorod First Chronicle of the Younger Redaction and the so-called Novgorodian-Sophian group (Novgorod Karamzin, Sophian First and Novgorod Forth chronicles), all of which form the collection of Novgorodian annalistic texts, are complex. While usually considered to be mere reflections of the Initial Compilation, this collection also include a text, identical or very similar to the Primary Chronicle, which allows for a rigorous textological comparison of all extant manuscripts. Clarifying the history of Novgorod annalistic writing supposes to seek evidence of its possible affiliations with the various manuscripts composing the Primary Chronicle (both Hypatian and Laurentian). In this field, the most popular and discussed hypothesis concerns the contamination between the Novgorod 1 Younger and Hypatian branches. Scholars have also suggested that the Novgorodian-Sophian group was influenced either by the Laurentian and Troitsky branch, or by the Hypatian branch. This article offers a systematic study of variants from the excerpts where the Novgorod 1 Younger and Novgorodian Sophian group differ the most. This attempt shows that, in such occurences, the Novgorod 1 Younger follows the Hypatian version, whereas the Novgorodian Sophian group follow the Laurentian one. Examining about 40 fragments of main extant manuscripts where secondary variant readings can be identified by means of interlinear collation, we tried to clarify why the two main representatives of Novgorod annalistic writing stand in disagreement. We established that the Hypatian version and Novgorod First Younger Chronicle reflect the primary readings and therefore that their similarities go back to the original version of the Primary Chronicle. As a result, the closeness of the Novgorod First Younger Chronicle to the Hypatian manuscripts does not imply common innovations (and thus a close relationship), and the hypothesis about the contamination of the two branches should also be recognized as erroneous. On the other hand, the coincidences between the Novgorodian-Sophian and Laurentian versions from the beginning up to the 1070s can easily be identified as secondary variants. This either means that the two groups are closely related, or that their proximity has arisen as a result of a repeated contamination between an “independent (?) branch” and the Laurentian one. It is important that only part of the variants common to the Novgorodian-Sophian group and the Laurentian Manuscript are also shared by the Radziwill Manuscript. This suggests that the Novgorodian compiler used the Laurentian version after the divergence of the Laurentian and Radziwill subbranches, which we estimate to have occurred after the beginning of the 13th century.
  • Интеллектуал в Министерстве народного просвещения николаевской эпохи: случай И. М. Ястребцова - Marianna Petiaskina p. 339-356 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'article est un essai biographique consacré à Ivan Maksimovič Jastrebcov, pédagogue, publiciste et fonctionnaire du ministère de l'Instruction publique sous Nicolas Ier. Grâce à ses capacités intellectuelles, mais aussi à la protection de Sergej Uvarov, Jastrebcov en devint l'un des agents les « meilleurs » et les « plus prometteurs ». Cependant, malgré le rôle important qu'il joua dans la politique scolaire des années 1830, Jastrebcov tomba dans l'oubli de son vivant même. L'article se donne pour but d'apporter des informations sur sa vie, ses publications et son entourage, tout en les intégrant au contexte intellectuel de la première moitié du xixe siècle.
    The article focuses on the biography of the Russian educator, publicist, and employee of the Ministry of Public Education, Ivan Maksimovich Yastrebtsov. Yastrebtsov's outstanding intellectual capacities, as well as Sergei Uvarov's protection, made him “one of the Ministry's best” and “most trustworthy” officials. However, even though he significantly influenced the educational policy of the 1830s, he was forgotten during his own lifetime. The article aims to provide information about Yastrebtsov's biography, publications, and milieu and to contribute to the study of the intellectual context of the first half of the xix century.
  • Retraduire les classiques : Boris Jarxo critique de Vasilij Žukovskij et de sa traduction de la Pucelle d'Orléans de Schiller - Marina V. Akimova p. 357-372 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    En 1934, le brillant philologue, germaniste, médiéviste et traducteur Boris Jarxo (1889-1942) rédigea pour la maison d'édition Academia une série de recensions sur les traductions existantes des pièces de Friedrich Schiller. Il analysa, entre autres, la traduction classique de la Pucelle d'Orléans réalisée par Vasilij Žukovskij. Cette analyse suivait un plan spécifique permettant d'évaluer la traduction de manière plus objective. Jarxo, qui examinait régulièrement des traductions de l'allemand en vue de leur possible publication dans cette maison d'édition, influença ainsi non seulement sa politique éditoriale, mais posa également les bases d'une approche scientifique de la traduction. Les résultats de ce travail sont longtemps restés inconnus car les comptes rendus de Jarxo pour Academia furent confisqués par les services spéciaux soviétiques en 1935, au moment de l'arrestation du savant. Cet article propose la première publication commentée d'une de ces critiques.
    In 1934, the brilliant philologist, translator, medievalist and germanist Boris Yarkho (1889-1942) wrote a series of reviews of the existing Russian translations of Friedrich Schiller's plays for the publishing house Academia. Among others, he analyzed the classic translation by Vasily Zhukovsky of Die Jungfrau von Orleans. This review offered a specific approach to examine translations in a more objective manner. By developing it, Yarkho, who regularly assessed translations from German for possible publication by this renowned publishing house, not only influenced its editorial policy, he also laid the foundation for scholarly translation criticism. The results of this work remained unknown for a long time, as Yarkho's reviews for Academia were confiscated by the Soviet secret services in 1935, upon the scholar's arrest. This article offers the first publication of one of these critiques, accompanied by comments and an historical essay.
  • Anton Makarenko et la pédagogie soviétique dans la Pologne d'après-guerre (1946-1956) - Marcin Gołąb p. 373-388 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'article présente, dans une perspective d'histoire culturelle, la réception en Pologne de l'œuvre du pédagogue soviétique Anton Makarenko et analyse la pénétration de la culture soviétique dans la culture polonaise de l'après-guerre. Il fournit également des informations détaillées, concernant la réaction des pédagogues d'avant-guerre à la pédagogie soviétique, la situation des enfants polonais après la guerre et l'adéquation des méthodes de Makarenko à cette situation. Il revient, enfin, sur les raisons pour lesquelles le pédagogue soviétique fût ensuite rejeté par la littérature pédagogique polonaise.
    Drawing on cultural history, the article focuses on the reception of Anton Makarenko's work in Poland, framing it in the broader context of the penetration of Soviet culture in post-War Poland. It also addresses the reaction of pre-War Polish pedagogues to Soviet pedagogy, the situation of Polish children after the War and the suitability of Makarenko's methods to meet their needs. Finally, it sheds light on the reason for Makarenko's disastrous reputation in subsequent Polish pedagogical literature.
  • Re-présenter la scène : « traversée des frontières » dans le Théâtre ambulant Šopalović de Ljubomir Simović - Aida Čopra p. 389-399 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Dans sa pièce la plus célèbre, le Théâtre ambulant Šopalović (1989), Ljubomir Simović décrit l'arrivée à Užice (Serbie) d'une troupe de théâtre qui se prépare à jouer les Brigands de Schiller. Au milieu du marché, ils jouent une scène de la pièce pour inviter le public à venir voir « l'une des plus grandes tragédies, la fine fleur du théâtre serbe ». Mais le public se montre hostile et dans la « fleur », il voit « le fumier ». Le dispositif métathéâtral présent dans la scène d'ouverture qui sert à réaliser et à maintenir le contact avec le public est néanmoins continuellement perturbé à mesure que progresse l'action. En fait, Simović utilise différents procédés du schéma métathéâtral pour construire un espace scénique mêlant l'illusion à la réalité. En créant une multitude d'intra-scènes, il met en évidence les structures socio-culturelles du milieu provincial de la ville d'Užice.
    In his most famous play, Šopalović's Traveling Theatre (1989), Ljubomir Simović describes the arrival of a theater company in Užice (Serbia) in order to stage Schiller's Robbers. On Market Square, the company performs one scene from the play, inviting the public to come and watch “one of the greatest tragedies, the flower of Serbian theatre”. But the public is hostile since it sees only “the manure” in the “flower”. After setting up a metatheatrical device in its opening scene, in order to establish and maintain contact with the public, Simović's play continually undermines it as the action progresses. More broadly, the playwright uses different metatheatrical devices to build a scenic space mixing illusion with reality. By creating a multitude of intra-scenes, he highlights the socio-cultural structures of the provincial milieu of the city of Užice.
  • Inédits

    • Connaissance et être d'après Simon Frank par Pierre Thévenaz (1913-1955) - Frédéric Tremblay p. 401-417 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En 1937, le philosophe russe Simon Frank (1877-1950) publia la Connaissance et l'être, une traduction française abrégée de Predmet znanija, auprès de la maison d'édition parisienne Fernand Aubier. Grâce à cette traduction, il attira l'attention de philosophes francophones, parmi lesquels se trouvait le suisse Pierre Thévenaz (1913-1955), qui donna une présentation s'intitulant « Connaissance et être d'après Simon Frank » à une rencontre de la Société romande de philosophie à Lausanne le 7 décembre 1940. Ce qui suit est une transcription du texte manuscrit de cette présentation. Dans ce texte, Thévenaz s'appuie principalement sur la Connaissance et l'être afin d'exposer la pensée de Frank. Cependant, son objectif n'est pas seulement de résumer la pensée de ce dernier, mais aussi d'en dégager quelques problèmes philosophiques. Le texte est précédé d'une introduction qui présente Thévenaz et qui décrit le contexte de sa réception de la philosophie de Frank.
      In 1937, the Russian philosopher Semyon Frank (1877-1950) published la Connaissance et l'être (Knowledge and Being), an abridged French translation of Predmet znania, at the Parisian publishing house Fernand Aubier. This translation attracted the attention of French-speaking philosophers, including the Swiss Pierre Thévenaz (1913-1955), who gave a lecture entitled “Connaissance et être d'après Simon Frank” (“Knowledge and Being According to Semyon Frank”) at the Société romande de philosophie in Lausanne on December 7, 1940. The present paper is a transcription of the manuscript text of this lecture. In his lecture, Thévenaz relies mainly on la Connaissance et l'être to present Frank's philosophy. However, his objective is not only to summarize the thought of the latter, but also to adress various philosophical problems. The publication is preceded by an introduction which presents Thévenaz and contextualise his reception of Frank's philosophy.
    • Julie Danzas, Lettres nocturnes 1939-1940 - Michel Niqueux p. 419-430 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Écrites (en français) dans l'« isolateur » d'Irkoutsk, où Julie Danzas (1889-1942), ancienne demoiselle d'honneur de la dernière impératrice puis moniale catholique arrêtée en 1923, passa quatre ans avant d'être transférée au camp des îles Solovki, ces « lettres nocturnes » étaient immédiatement détruites pour échapper aux fouilles. Julie les reconstitua de mémoire en 1939-1940 à Rome, où elle s'installa en 1939 après avoir été libérée en 1932 grâce à l'intervention de Gor′kij et de sa femme, puis rachetée en 1934 par son frère émigré pour pouvoir émigrer, et devenir la cheville ouvrière du Centre dominicain d'études russes Istina. Adressées à un ami imaginaire qui est son double rationaliste, ces lettres poursuivent la réflexion philosophique et historique de Julie Danzas sur le mystère de la vie et de la mort, la souffrance et la rédemption, la matière et l'esprit. Elles sont un témoignage sur la prison d'Irkoutsk, dernière étape pour beaucoup de condamnés à mort, qui complète Bagne rouge, – premier témoignage d'une femme sur le Goulag, paru en 1935 à Paris. Julie évoque aussi des souvenirs apocalyptiques de la guerre dans les marais d'Augustów, à laquelle elle prit part en tant que sous-officier d'un escadron de cosaques. À la fois historique et personnel, métaphysique et réaliste, ce témoignage enrichit notre connaissance d'une femme russe hors du commun.
      A former maid of honor to the last Russian Empress, then a Catholic nun, Julie Danzas (1889-1942) was arrested in 1923 and spent four years in a prison cell in Irkutsk, before being transferred to the Solovki Islands Camp. While in Irkutsk, she would write her so-called “Night-time letters” in French, before immediately destroying them to escape confiscation. After being freed in 1932 thanks to the intervention of Gorki and his wife, then “bought” in 1934 by her emigré brother in order to help her emigrate, Julie, who would later on become the kingpin of the Dominican Istina Center for Russian Studies, settled down in Rome in 1939, where she spent two years reconstructing her “Night-time letters” from memory. Addressed to an imaginary friend who is her rationalist double, these letters developed Julie Danzas' philosophical and historical reflections on the mystery of life and death, suffering and redemption, matter and spirit. They are also a testimony on the prison of Irkutsk, the last stop for many inmates sentenced to death. As such, they complete Bagne rouge, the first testimony of a woman on the Gulag, published in 1935 in Paris. In “Night-time letters”, Julie also brings up apocalyptic memories of the war in the Augustów swamps, a conflict in which she took part as a non-commissioned officer in a Cossack squadron. Both historical and personal, metaphysical and realistic, this testimony enriches our knowledge about an extraordinary Russian woman.
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