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Revue | Les Cahiers d'Outre-Mer |
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Numéro | vol. 24, no 94, avril-juin 1971 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Etudes
- L'économie pauvre des villes des pays sous-développés - Milton Santos p. 18 pages Dans les villes des pays sous-développés, le système économique est formé de deux sous-systèmes : le circuit supérieur, formé par les activités modernes présentes dans l'agglomération ; le circuit inférieur, constitué par des activités non modernes, ou non capitalistes, ou encore traditionnelles. Ces deux circuits sont liés entre eux. Tous les éléments du circuit inférieur sont étroitement imbriqués. La situation de l'emploi est responsable de l'existence d'un budget déficitaire ; l'endettement permanent auquel sont soumises les masses urbaines pauvres a, comme résultat, la création d'activités de production et d'activités intermédiaires bien caractéristiques. Ces activités pourvoient à des besoins comparables à ceux des classes possédantes, mais par l'intermédiaire de biens et services de qualité généralement inférieure. Tout cela conduit à des formes d'organisation particulières. Le commerce, ainsi que les activités artisanales ou les activités de production à petite échelle sont de petite dimension, avec un capital réduit et une technique le plus souvent périmée. Les marges bénéficiaires très élevées par rapport à celles du circuit moderne sont la condition de survie de ces activités et procurent à un grand nombre de personnes les revenus indispensables à la satisfaction de leurs besoins essentiels. Bien que souvent traditionnelles ou incomplètement modernisées, les activités du circuit inférieur présentent une adaptation facile aux modernisations. Cette forme de mimétisme est un garant de leur permanence et permet de maintenir accrochée une partie de la population qui ne pourrait pas se procurer ailleurs les biens et services devenus indispensables dans le monde moderne. Le rôle du crédit est important. A tous les degrés de l'échelle, nous remarquons que le crédit constitue une pièce fondamentale du fonctionnement du système. Sans lui l'économie pauvre des villes ne pourrait pas exister. Ce n'est pas un crédit bancaire comme celui qui s'adresse aux activités du circuit moderne, mais un crédit personnel, direct, et par là même usurier. Du fait qu'il est personnel et direct, il n'atteint que les personnes d'un certain cercle de relations, ce qui donne une faible portée géographique aux établissements concernés, en rapport avec leur petite dimension. Ce circuit économique assure un grand nombre d'emplois parce que les tâches correspondantes permettent une sorte de division du travail jusqu'à la pulvérisation. Cela fait de ce circuit une structure d'accueil pour les migrants de la campagne qui ne pourraient pas trouver de travail ailleurs.The Poor Economic Conditions of Towns in Under-Developed Countries. In the towns of under-developed countries, the economic system is composed of two sub-systems : the upper sector, consisting of the modern activities present in the agglomerations, and the lower sector, consisting of the non-modern, or non-capitalist or, in other terms, of the traditional activities. These two sectors are interrelated. All the parts of the lower sector are closely intertwined. The employment situation is responsible for the existence of deficitary budgets ; the permament debt condition to which the poor urban masses are subjected has resulted in the creation of production and intermediary activities that are quite characteristic. These activities provide for wants that are comparable to those of the proprietor classes, but the goods and services offered are generally of inferior quality. In this lower sector, the structure of the activities is different from that of the upper. Business activities, as well as those of artisans or those of small producers, is conducted with little capital and with techniques that are most often outdated. The profit margins, very high in relation to those of the activities in the upper sector, are the indispensable condition for survival of the employed in this sector and provide a considerable number of people with the income necessary to satisfy their basic needs. Although quite often of a traditional character or only partially modernized, the activities of the lower sector can be easily transformed into modern working methods. This form of mimesis is a guarantee of their permanence and enables a portion of the population, which otherwise would not be able to procur the goods and services necessary in the modern world, to have steady employment. The role of credit is important. In all the phases of the lower sector we see that credit constitutes a basic element in the working of the system. Without it, even the precarious economic state of the towns could not exist. It is a modern bank credit of the nature employed in the modern sector, but a credit that is personal, direct and, on account of this, even usurious. Because it is personal and direct, it affects only a small circle of people, normally relatives. The consequence of this is that it operates within a tight geographical area of the enterprises concerned. This economic sector provides a large number of jobs because the various associated tasks give occasion for a sort of division of labor that approches the dwindling point. On account of this , however, the lower, sector is able to offer work opportunities to migrants from the countryside who would be unable to find employment elsewhere.
- Organisation spatiale et organisation sociale d'un village Hausa du Niger - Claude Raynaut p. 35 pages Cette étude entreprend de brosser la description d'ensemble d'une communauté villageoise hausa de la République du Niger. Deux perspectives générales l'orientent. D'un premier point de vue, elle cherche à esquisser un parallèle entre les manifestations spatiales et les données sociales de l'organisation de ce groupe humain. D'autre part, elle s'attache à souligner combien la structure villageoise se révèle, dans ce cas, complexe et diversifiée, observation qui entre en contradiction avec le postulat trop peu souvent remis en question de la cohérence et de l'unité fondamentale de la collectivité locale africaine.Social Structure and Space Use in a Small Hausa Village Community. This study undertakes to sketch an overall description of a Hausa village community in the Republic of Niger. Two general perspectives orient it. In the first place, it endeavors to draw a parallel between the spatial characteristics and the given social order of the village population group. Secondly, it makes it a point to stress the extent to which the village structure, in this case, appears complex and diversified, an observation which is in direct contradiction with the postulate not often enough challenged concerning the coherence and basic unity of the local African community.
- Les Comores : économie agricole et transports - Jean Charpantier p. 27 pages L'archipel des Comores, formé des îles de la Grande Comore, Anjouan, Mayotte et Mohéli — 250 000 habitants et 2 336 km 2 — territoire d'outre-mer de la République française jouissant de l'autonomie interne depuis 1961, tire de l'agriculture l'essentiel de ses revenus. Les cultures commerciales — vanille, coprah, essences à parfum — dans la plupart des cas aux mains de sociétés de plantation occupent une place prépondérante. Par contre, les cultures vivrières, riz, manioc et diverses racines, légumes, fruits, l'élevage, sont très insuffisants aux besoins locaux ; d'où la nécessité d'importer de grosses quantités de produits alimentaires (30 % des importations). La faiblesse de l'économie des Comores se manifeste par une balance des comptes lourdement déficitaire (couverture d'environ 55 %). Les moyens de communication et les transports ont un rôle fondamental dans la vie de l'archipel. Le réseau routier moderne est insuffisant bien que le nombre de véhicules s'accroisse rapidement. Le trafic maritime par cabotage ou de ligne est irrégulier et précaire ; cependant l'infrastructure portuaire est en cours d'amélioration. On met beaucoup d'espoir dans le développement des transports aériens. Chaque île possède un aéroport, mais seul celui de Moroni est doté d'un équipement moderne sans être toutefois accessible aux «jets ». Le trafic intérieur se développe, par contre les relations extérieures sont moins bien assurées et doivent transiter par Madagascar.The Comoro Islands : Transportation and Agriculture-Based Economy. The Comoro archipelago , composed of the Great Comoro, Anjouan, Mayotte and Moheli islands — 250,000 inhabitants and 2,333 sq. km. — and an overseas territory of the French Republic enjoying internal autonomy since 1961 — derives the major portion of its income from agriculture. The commercial crops — vanilla, copra, perfume fragrances — for the most part in the hands of plantation companies, are of preponderant importance. On the other hand, the food crops — rice, cassava and various root plants, vegetables, fruit and farm animals — are raised in insufficient quantity for domestic needs ; as a consequence, the islands are obliged to import large amounts of food products (30 % of all imports ). The weakness of the Comoros economy is apparent in the adverse balance of payments figures, which show a huge deficit (only about 55 % of expenditures are covered). Communication and transportation means play a vital role in the life of the archipelago. The road system, though modern, is insufficiently developed for the rapidly growing number of vehicles. Maritime traffic, either by coastal or by scheduled line service, is irregular and precarious ; the port systems, however, are in the process of being improved. Great hope is placed in the growth of air transportation. Each island possesses an airport, but only the one of Moroni has modern equipment, which is, nevertheless, inadequate for handling jets. Service with the interior of the islands is improving ; on the other hand, links with the outside are much less dependable and traffic must be routed via Madagascar.
- Andoek-Hep, ou le destin d'un front pionnier au Cambodge - Raymond Blanadet p. 24 pages La région d'Andoek-Hep située à l'Ouest de la grande plaine centrale cambodgienne n'a été ouverte à la colonisation que depuis une dizaine d'années. Elle est devenue la première région cotonnière du Cambodge. Les sols (terres noires, terres rouges) sont très riches et conviennent particulièrement bien à la culture du cotonnier. Les pionniers viennent de toutes les provinces du Royaume, particulièrement des provinces qui connaissent des difficultés sociales et l'insécurité. La population comprend une forte proportion d'adultes, sa croissance naturelle est entravée par les mauvaises conditions sanitaires (paludisme ). A l'intérieur de la zone pionnière, la population est astreinte à une grande mobilité à cause de l'occupation sporadique et temporaire de la terre. La culture du coton, en dépit de l'encadrement technique (Centres d'assistance technique agricole, coopératives) n'est qu'une monoculture passagère (le coton étant associé au haricot), ne disposant que de médiocres moyens techniques et financiers. Le développement des parasites du cotonnier et l'invasion des champs par les mauvaises herbes ainsi que la diminution des bénéfices à l'ha cultivé incitent les cultivateurs à déplacer leurs cultures et à défricher de nouvelles terres boisées. Dans les secteurs de colonisation ancienne le cotonnier recule au profit des cultures fruitières développées par des bourgeois chinois, la grande propriété s'étend. Dans les secteurs récemment mis en valeur, le cotonnier prédomine et la société est plus égalitaire.Andoek-Hep, or the Destiny of a Pioneer Front in Cambodia. The region of Andoek-Hep, situated to the west of the large central Cambodian plain, was not opened to colonialization until about 15 years ago. It has become the most important cotton-growing region of Cambodia. The soil (black earth, red earth) is very rich and particulary well-suited for growing cotton. The pioneers come from all parts of the Kingdom, especially from the provinces which are experiencing social difficulties and where insecurity is prevalent. The population consists of a strong proportion of adults ; its growth possibilities are hampered by bad sanitary conditions (malaria). In the interior of the pioneer zone, the population is obliged to move frequently because of the sporadic and temporary occupation of the land. The growing of cotton, in spite of much technical aid (technological assistance centers, cooperatives) is but a temporary one-crop enterprise (cotton being associated with beans), for it possesses poor technological and financial means. The spreading of cotton parasites and the invasion of the fields with weeds as well as a decrease in the profit obtained per cultivated hectare, are inciting the growers to move their fields and to clear new wooded areas. In the districts of old settlement, the cotton grower retreats before the advance of orchards planted by Chinese middle class proprietors ; the large property is on the increase. In the sectors recently developed, cotton predominates and the society is more evenly balenced.
- L'économie pauvre des villes des pays sous-développés - Milton Santos p. 18 pages
Chroniques
Notes et comptes rendus
- Expériences de développement agricole en Afrique tropicale de J.-C. Wilde - Pierre Vennetier p. 6 pages
Bibliographie
Etudes de géographie agraire en Afrique
- Thomas (M.-F.) and Whittington (G.-W.). Environment and Land Use in Africa, 1969 - Pierre Vennetier p. 2 pages
Un bilan de l'activité minière mondiale
- Callot (F.). Les richesses minières mondiales, 1970 - Serge Lerat p. 1 page