Contenu du sommaire : Transitions en débat dans les Amériques
Revue | L'Ordinaire des Amériques |
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Numéro | no 232, 2024 |
Titre du numéro | Transitions en débat dans les Amériques |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Regards croisés sur les transitions
- Ontologías políticas plurales en los procesos de transición sostenible - Cristina Zurbriggen, Laura Gioscia Malgré les alertes scientifiques face aux problèmes environnementaux, peu d'évolutions ont vu le jour vers une transition durable. Dans ce contexte, l'objectif de ce travail est de réfléchir à la pertinence d'aborder la dimension politique et les conflits ontologiques dans l'étude des transitions vers la durabilité. La prise en compte des ontologies politiques permet une plus grande ouverture et une plus grande compréhension des diverses perspectives. Cela implique de reconnaître qu'il existe différentes réalités et façons de voir le monde, et qu'il n'existe pas de solution unique à tous les problèmes environnementaux. Ce faisant, s'ouvre la possibilité d'évoluer vers des ontologies multiples et de promouvoir une transition durable, plus inclusive, équitable et adaptée à la diversité des réalités et des perspectives présentes dans notre monde. Afin de contribuer à ces débats, cet article propose une réflexion critique sur l'importance de considérer les ontologies politiques lorsqu'on aborde des problèmes socio-environnementaux complexes. Pour ce faire, nous examinons les ontologies politiques et l'intérêt académique croissant pour l'intégration de la dimension ontologique dans les études environnementales et les contributions pertinentes apportées par l'Amérique latine. Nous réfléchissons ensuite à la pertinence de valoriser la dissidence dans les transitions durables, en intégrant le pluralisme environnemental dans les processus de changement.Despite scientific warnings about environmental issues, few advances have been identified to date oriented toward a sustainable transition. In this scenario, this paper aims to reflect on the relevance of addressing the political dimension and ontological conflicts in the study of transitions toward sustainability. Considering political ontologies allows for greater openness and understanding of diverse perspectives, recognizing that there are different realities and ways of seeing the world and that there is no single solution to all environmental problems. In doing so, it opens the possibility of moving towards multiple ontologies and promoting a sustainable transition that is more inclusive, fair, and adapted to our world's diversity of realities and perspectives. In order to contribute to these debates, this article proposes a critical reflection on the importance of considering political ontologies in addressing complex socio-environmental problems to move towards pluralistic governance. To this end, we examine political ontologies and the growing academic interest in incorporating the ontological dimension in environmental studies and the relevant contributions made by Latin America. Finally, we reflect on the relevance of valuing dissent in sustainable transitions and incorporating environmental pluralism in change processes.
- Encuentros impensados en la transición nutricional: agroecosistemas andinos en la Sierra central ecuatoriana - Carlos Andrés Gallegos-Riofrío, William F. Waters, Amaya Carrasco-Torrontegui, Lora L. Iannotti Sur la base du modèle de transition nutritionnelle, la prévalence du surpoids et de l'obésité, conditions liées aux taux de morbidité et de mortalité les plus élevés, est attribuée à un processus uniforme et inexorable dans lequel les sociétés rurales, c'est-à-dire les sociétés indigènes andines, abandonnent les régimes alimentaires traditionnels et leurs pratiques agricoles. Cependant, une rencontre inattendue lors d'une intervention nutritionnelle a apporté des indices remettant en question ce modèle. Grâce à une recherche qualitative menée sur une décennie dans la Sierra centrale de l'Équateur et à des entretiens avec des dirigeants communautaires, nous avons trouvé des informations suggérant que les transformations agroalimentaires sont hétérogènes et sont façonnées par des circonstances historiques, géographiques et socioculturelles. Plusieurs familles autochtones andines combinent les pratiques précolombiennes, coloniales et actuelles avec une identité réévaluée, qui revitalise les agroécosystèmes et les régimes alimentaires traditionnels. Cette approche reflète la résilience, la résistance et la circularité dans la préservation des systèmes agroalimentaires autochtones ; une mobilisation communautaire ancrée dans les structures socioculturelles andines, issue de transformations socioculturelles qui reconnaissent le passé pour avancer vers l'avenir.The nutrition transition model attributes the prevalence of overweight and obesity, linked to higher rates of morbidity and mortality, to a uniform and inexorable process in which rural societies, such as the Andean indigenous communities, abandon traditional diets and agricultural practices. However, an unexpected encounter during a nutritional intervention provides clues to question this model. Through a decade-long qualitative research review in the central highlands of Ecuador and subsequent interviews with community leaders, we found information that suggests that agri-food transformations are heterogeneous, shaped by historical, geographical, and sociocultural circumstances. Several Andean indigenous families blend pre-Columbian, colonial, and contemporary practices with a revalued identity, revitalizing agroecosystems, and traditional diets. This approach reflects resilience, resistance, and circularity in the preservation of indigenous agri-food systems; community mobilization rooted in Andean sociocultural structures and suggests sociocultural transformations that acknowledge the past to walk into the future.
- La transición alimentaria y nutricional de la infancia en Ecuador: un enfoque pluralista y pragmático - Jairo Rivera La transition alimentaire et nutritionnelle au niveau global se caractérise par la coexistence de la dénutrition infantile et de la santé infantile, et chaque pays et région présente un niveau propre de “prévalence”. L'objectif de cette enquête est d'analyser la transition alimentaire et nutritionnelle de la petite enfance en Équateur grâce à une étude pragmatique associée aux « villes » de Boltanski. Pour cela, on s'appuie sur une méthodologie mixte, d'une part, quantitative, à partir des bases de données des enquêtes nationales de nutrition infantile et, d'autre part, qualitative, à partir d'informations primaires collectées lors du travail de terrain dans les provinces présentant les meilleures prévalences de dénutrition du pays. Parmi les principaux résultats, on constate que la transition alimentaire et nutritionnelle s'associe à des changements dans les habitudes de consommation, une pratique limitée de la lactation maternelle et la persistance des barrières structurelles comme la pauvreté.The global food and nutrition transition is framed in the coexistence of child undernutrition and child overweight, where each country and locality has its own level of prevalence. The objective of this research is to analyze the food and nutrition transition of children in Ecuador through a pluralistic and pragmatic approach associated with Boltanski's "cities" (2006). For this purpose, a mixed methodology is used based, on the one hand, a quantitative approach, on the databases of the national child nutrition surveys and, on the other hand, a qualitative approach, on primary information collected during field work in the provinces with the highest prevalence of malnutrition in the country. Among the main results, it is found that the food and nutrition transition is associated with changes in consumption habits, limited practice of breastfeeding and the persistence of structural barriers such as poverty.
- Acción colectiva para la transición agroecológica en el altiplano Boliviano - Amaya Carrasco-Torrontegui, María Quispe, Renato Pardo, Maya Apaza, Roly Cota, Gabriela Bucini, Carlos Andrés Gallegos, Colin Anderson, Martha Caswell, Ernesto Mendéz Pour faciliter la transition de l'agriculture conventionnelle, il est impératif de renforcer les liens entre la politique et l'agroécologie. L'agroécologie ne doit pas s'entendre uniquement comme le résultat d'une série de propriétés physiques et biologiques car elle reflète également les relations socioculturelles de la puissance. Parce que pour promouvoir une transition agro-écologique, il faut une action individuelle et collective, qui soit lorsque les acteurs articulent une vision commune. Par conséquent, l'hypothèque de notre travail est « sans action collective, pas de transitions agroécologiques ». La présente enquête analyse les fonctions sociales, ambiantes et productives au niveau des territoires communaux dans trois communautés aymaras : Chigani Alto, Villa Anta et Cebollullo. Dans cette enquête, nous utilisons le cadre des transitions agro-écologiques de l'Instituto de Agroecología de l'Universidad de Vermont, conjointement avec l'enquête d'Investigation Acción Participación.transition agroecologique, action collective, système alimentaire, Bolivie, recherche action participationTo facilitate a transition from conventional agriculture, it is imperative to strengthen the links between politics and agroecology. Agroecology should not be understood only as the result of a series of physical and biological properties, because it also reflects sociocultural relations of power. Therefore, to promote an agroecological transition, individual and collective action is required, which occurs when the actors articulate a common vision. For this reason, the hypothesis of our work is “without collective action, there are no agroecological transitions”. The present investigation analyzes the social, environmental, and productive functioning at the level of communal territories in three Aymara communities: Chigani Alto, Villa Anta, and Cebollullo. In this research, we use the Agroecological Transitions framework of the Institute of Agroecology at the University of Vermont along with the Participatory Action Research approach.
- El derecho a no ser parte de la ciudad: ruralidad y urbanización en Ciudad de México - Iskra Alejandra Rojo Negrete Les peuples autochtones du bassin versant de la Vallée de Mexico avancent des revendications (actuelles et historiques) en termes de droits fondamentaux, la plupart liées à la présence et à la croissance de la ville de Mexico. Ces dernières années, le discours dominant tourne autour des droits de la ville, qui pourraient être exclusifs au regard de la perspective et de l'expérience de ces peuples. Il convient alors de se demander si, pour jouir de ces droits, on ne veut pas faire partie de la ville, ou si ce postulat est incompatible avec une transition territoriale adaptée à la crise actuelle. L'objectif de cet article est d'esquisser un récit sur « le droit de ne pas faire partie de la ville ». Ce travail a été réalisé à partir de l'adaptation d'une méthode narrative (organisation logico-historique) à travers la triangulation des informations avec le travail de bureau et de terrain. On conclut que cette posture a été construite symboliquement par les revendications de l'Assemblée Autonome du Peuple de la Vallée du Bassin de Mexico au cours des cinq dernières années et par d'autres organisations et mobilisations comme une forme de transition territoriale juste et appropriée à la réalité du lieu.The indigenous peoples of the Valley of Mexico basin have demands (current and historical) in terms of fundamental rights, most related to the presence and growth of Mexico City. In recent years, the dominant discourse revolves around the rights to the city, which could be exclusive from the perspective and experience of the people. It is worth asking then if, in order to fulfill these rights, one does not want to be part of the city, or if this postulate is incompatible with a territorial transition appropriate for the current crisis. The objective of this article is to outline a narrative about “the right not to be part of the city.” It was carried out with the adaptation of a narrative method (a logical-historical organization) through the triangulation of information with office and field work. It is concluded that this position has been built symbolically by the demands of the Autonomous Assembly of the People of the Valley of Mexico Basin in the last five years and by other organizations and mobilizations as a form of just and appropriate territorial transition for the reality of the place.
- Alternativas al modelo extractivista: El territorio en re‑existencia del Chocó Andino - Álvaro Sanchez Roble Le modèle extractiviste s'impose en Équateur, comme en Amérique latine, sous la pression du Consensus de Washington, du Consensus de Pékin1 et de la décarbonation. Cette situation résulte de la collaboration avec l'État équatorien (Mineralo-Estado), adhérant à une illusion développementale, et des sociétés minières qui cherchent à tirer profit de l'accumulation par dépossession.Le Chocó Andino est présenté comme un territoire en ré-existence qui a réussi à interdire l'exploitation minière des métaux sur son territoire grâce à une consultation populaire (résistance) et qui permet d'imaginer des horizons alternatifs à celui de l'extractivisme (ré-existence). De cette manière, le Chocó Andino, en tant que territoire en ré-existence, ouvre la voie vers des modèles basés sur le Bien-Vivre et la décroissance.The extractivist model is imposed in Ecuador, as in Latin America, under pressure from the Washington Consensus, the Commodities Consensus, the Beijing Consensus and the decarbonization consensus. This is happening with the complicity of the Ecuadorian State (Mineralo-State), under the belief of an illusion of development, and mining companies that seek profit through accumulation by dispossession.The Chocó Andino is presented as a territory in re-existence which has succeeded in prohibiting metal mining in the territory thanks to a Popular Consultation (resistance) and which makes it possible to imagine alternative horizons to the extractivist one (re-existence). In this way, the Chocó Andino, as a territory in re-existence, approaches models based on Buen Vivir and degrowth.