Contenu du sommaire : Risques et injustices socio-environnementaux. savoirs, expertises et actions publiques
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Revue française des Affaires sociales ![]() |
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Numéro | no 1, janvier-mars 2024 |
Titre du numéro | Risques et injustices socio-environnementaux. savoirs, expertises et actions publiques |
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- Avant-propos - Elisabetta Bucolo, Teresa Da Silva Rosa, Corinne Delmas p. 7-26
La question environnementale comme construction sociale, scientifique, économique et politique
- Lutter ou « vivre avec » le moustique-tigre : adaptations citoyennes et relations à l'action publique plus formelle - Mélissa Mannucci, Geoffroy Carrère, Philippe Terral p. 29-44 En prenant pour cas d'étude l'émergence d'un problème public lié à la prolifération du moustique-tigre en Occitanie, cet article propose d'entrer dans la fabrique citoyenne de ce problème, qui peut être perçu sous l'angle des nuisances de la vie quotidienne ou bien comme une question de santé publique à traiter. Basé sur une enquête qualitative de trente entretiens avec des citoyens et des acteurs institutionnels, le texte analyse deux processus d'adaptation citoyenne face au moustiquetigre : la lutte et le « vivre avec ». Nous interrogeons le rôle effectif qu'endossent les citoyens dans l'action publique. Nous rendons compte de la coexistence de deux formes d'action publique : une action publique formelle portée par les institutions et une action publique citoyenne plus feutrée, se déroulant dans l'espace domestique, que nous qualifions d'« informelle ». Ces deux formes d'action publique peuvent s'exprimer de façon parallèle et indépendante, de manière divergente en se confrontant, ou s'entrecroiser. Nous analysons ainsi les convergences et divergences notables entre ces deux formes de prise en charge du problème.Taking as a case study the emergence of a public problem linked to the proliferation of the tiger mosquito in Occitania, this article seeks to explore citizens' perspectives on this problem, which may be perceived as an everyday nuisance or as a public health issue that must be dealt with. Based on a qualitative survey of thirty interviews with citizens and institutional actors, the text analyses two processes by which citizens adapt to the tiger mosquito : fighting it and ‘living with it'. We question the effective role that citizens play in public action. We report on the coexistence of two forms of public action : formal public action taken by institutions and a more subtle form of public action by citizens, which takes place in the domestic sphere and which we describe as ‘informal'. These two forms of public action may take place in parallel and independently, in divergent ways in opposition to each other, or they may intersect. We therefore analyse the notable similarities and differences between these two ways of addressing the problem.
- « Crise des sargasses » : l'extension à tâtons du domaine des risques aux Antilles - Yann Bérard, Florence Menez p. 45-68 Cet article rend compte de la façon dont les sargasses contribuent à étendre le domaine des politiques du risque, dans le contexte à la fois singulier et pluriel des Antilles françaises. Dans cette perspective, il analyse et interroge la manière dont ce phénomène, apparu en 2011, fait l'objet d'une prise en charge par les autorités publiques, malgré les nombreuses incertitudes qui l'entourent. Si la « crise des sargasses » aux Antilles procède d'une logique de l'urgence face à un événement sans précédent, celle-ci s'inscrit également dans un processus de dévoilement et de mise en alerte qui épouse une temporalité étirée. En croisant les regards du politiste et de l'anthropologue, l'article entend décrire symétriquement l'engagement des habitant·es-citoyen·nes dans ce processus. Une des conclusions fortes de nos analyses conduit à relever une tension entre un modèle diffusionniste et linéaire de l'expertise scientifique, prépondérant dans les divers retours d'expérience menés sur le « risque sargasses » aux Antilles, et un modèle coproductif, circulaire et procédural, associant davantage les populations concernées, quoique celui-ci soit plus complexe à mettre en œuvre.This article looks at how Sargassum is causing the expansion of the purview of risk policy in the singular and plural context of the French West Indies. In this context, it analyses and examines the way in which this phenomenon, which emerged in 2011, is being addressed by the public authorities, despite the many uncertainties surrounding it. While the ‘Sargassum crisis' in the French West Indies is the result of a sense of urgency in the face of an unprecedented event, it is also part of a process of bringing the issue to light and alerting people to it that is unfolding over a long period of time. By combining the viewpoints of the political scientist and the anthropologist, the article aims to describe in symmetry the involvement of local citizens in this process. One of the key conclusions of our analyses is that there is tension between the diffusionist and linear model of scientific expertise which predominates in the various feedback studies carried out on the ‘Sargassum risk' in the French West Indies and the co-productive, circular and procedural model which involves the populations concerned to a greater extent, although it is more complex to implement.
- Comment intégrer recherche académique et politique environnementale ? Élaboration d'une norme de préparation de la population aux risques technologiques - Jacques Lolive, Cintia Okamura p. 69-94 Cet article présente la démarche intégrée d'opérationnalisation d'une recherche académique, basée sur le pragmatisme. Il s'appuie sur les résultats d'une recherche franco-brésilienne, « De la communication sur les risques à la culture du risque : élaboration de méthodes pour renforcer le pouvoir d'action des populations », pilotée par la CETESB (Compagnie environnementale de l'État de São Paulo) en collaboration avec le CNRS. Deux zones pilotes ont été sélectionnées où la population est exposée à des risques complexes : le Condomínio Barão de Mauá, un ensemble d'habitations situé dans une zone contaminée; la ville de São Sebastião, une cité portuaire où est implanté le plus grand terminal pétrolier d'Amérique du Sud. La recherche a permis d'analyser les modes d'habiter dans les zones à risques. L'équipe de recherche a utilisé ensuite ces résultats pour expérimenter des méthodes permettant de développer une communication du risque intégrant les populations exposées. Les connaissances produites par l'expérimentation ont permis l'élaboration d'une norme de préparation des communautés exposées aux risques technologiques qui est à présent mise en œuvre par la CETESB dans l'État de São Paulo.This article presents an integrated approach to operationalising academic research, based on pragmatism. It is based on the results of Franco-Brazilian research, ‘From risk communication to risk culture : developing methods to empower people', led by CETESB (São Paulo State Environmental Company) in collaboration with the CNRS. Two pilot areas have been selected where the population is exposed to complex risks : Condomínio Barão de Mauá, a group of homes located in a contaminated area ; and the city of São Sebastião, a port city with the largest oil terminal in South America. The research has enabled us to analyse how people live in high-risk areas. The research team then used these results to experiment with methods for developing a form of risk communication that involves the populations exposed to these risks. The knowledge gained through the experiment has led to the development of a standard for preparing communities exposed to technological risks, which is now being implemented by CETESB in the state of São Paulo.
- Lutter ou « vivre avec » le moustique-tigre : adaptations citoyennes et relations à l'action publique plus formelle - Mélissa Mannucci, Geoffroy Carrère, Philippe Terral p. 29-44
Action publique en matière environnementale et prise en compte de l'environnement dans les politiques publiques
- Des connaissances pour l'action ? Rôle des indicateurs de biodiversité entre rationalisation et coordination de l'action publique environnementale - Baptiste Bedessem, Claire Burnel, Benoît Fontaine, Fanny Guillet p. 97-115 Les indicateurs écologiques sont en permanence sollicités pour guider l'action publique. Cependant, si leur succès en tant qu'outil de preuve est attesté par l'omniprésence des enjeux écologiques dans l'espace publique, leur mobilisation dans le cadrage et l'accompagnement de l'action publique environnementale est moins évidente. Pour contribuer à éclairer leur rôle dans la prise en charge des enjeux écologiques, cet article suit la trajectoire de l'indicateur STOC (Suivi temporel des oiseaux communs), à travers les usages dont il fait l'objet. Il apparaît que le STOC s'est imposé par son contenu scientifique et par un processus de validation institutionnel qui fonde sa légitimité en tant qu'outil de quantification. Cette légitimité explique en partie son appropriation par les administrations centrale et déconcentrée. L'usage effectif de l'indicateur prend une forme gestionnaire relativement éloignée de l'action environnementale mais porte une dimension de résistance à un modèle de gestion sectoriel des problèmes publics. D'autre part, l'usage de l'indicateur comme élément de preuve s'accompagne, dans certains cas, d'une influence (réelle mais limitée) sur la décision et l'action à l'échelle locale.Ecological indicators are constantly being sought, officially to guide public action. While their success as a tool of proof is attested to by the ubiquity of ecological issues in the public arena, their use in framing and supporting public environmental action is less obvious. To help shed light on their role in addressing ecological issues, this article follows the path of the STOC ( suivi temporel des oiseaux communs, or temporal monitoring of common birds) indicator through the uses to which it is put. It would appear that STOC has become established as a result of its scientific content and an institutional validation process that underpins its legitimacy as a quantification tool. This legitimacy partly explains why it has been adopted by central and devolved administrations. Actual use of the indicator takes a managerial form that is relatively far removed from environmental action, but retains an element of resistance to a sector-based model of managing public problems. On the other hand, use of the indicator as evidence is accompanied, in some cases, by a (real but limited) influence on local decision-making and action.
- La politique de l'étiquette. L'individualisation du gouvernement des risques face aux pollutions de l'air intérieur - Renaud Hourcade, Jean-Pierre Le Bourhis p. 117-136 Depuis près de quarante ans, la pollution de « l'air intérieur » des espaces clos (domiciles, bureaux, écoles) a été identifiée comme un risque sanitaire important, du fait de la présence de nombreux polluants toxiques. En France, l'État s'est organisé administrativement et techniquement pour prendre en charge ce nouveau risque. Cette structuration de l'action publique fait suite aux alertes émises par des milieux universitaires et techniques internationaux dès les années 1970, mais ne débouche que trois décennies plus tard avec l'adoption de régulations, dont principalement l'étiquetage de certains matériaux de construction selon leur degré d'émissivité et de dangerosité. Ce traitement du problème est particulièrement discret, au sens où il prend la forme d'une régulation technique spécialisée dans laquelle un petit nombre d'experts et d'organismes a joué un rôle central, en particulier en agissant sur la définition des enjeux, de leur importance relative, des outils de connaissance à mobiliser et des leviers d'action à privilégier. Cet article propose de reconstituer la genèse de l'encadrement techno-administratif du problème des pollutions de l'air intérieur pour comprendre, sous l'angle d'une sociologie de l'action publique et de ses producteurs, comment une « politique de l'étiquette » a finalement prédominé, faisant porter la responsabilité du changement sur les consommateurs individuels.For almost forty years, indoor air pollution in enclosed spaces (homes, offices, schools) has been identified as a major health risk due to the presence of numerous toxic pollutants. In France, the government has taken administrative and technical steps to deal with this new risk. This structuring of public action followed warnings issued by international academic and technical circles as early as the 1970s, but did not come to fruition until three decades later when regulations were adopted, particularly the labelling of certain construction materials based on their potential to emit pollutants and how dangerous they are. This means of addressing the problem is particularly discreet, in the sense that it takes the form of specialised technical regulation in which a small number of experts and organisations have played a central role, in particular by working to define the issues, their relative importance, the tools for understanding that are to be used and the levers for action that are to be prioritised. This article sets out to reconstruct the genesis of the techno-administrative framing of the problem of indoor air pollution in order to understand, from the perspective of a sociology of public action and its producers, how a policy based on labelling ultimately prevailed, placing the responsibility for change on individual consumers.
- Une prospective publique en matière de transition écologique : quelle place pour les savoirs sur le changement social ? - Sarah Thiriot p. 137-149
- Le financement des politiques publiques environnementales par des obligations vertes souveraines : des risques environnementaux aux risques financiers - Caroline Vincensini p. 151-168
- Expertiser aux marges du système ? Réflexions préliminaires au sujet de trois dispositifs alternatifs locaux de prise en charge des risques sanitaires et environnementaux. Une comparaison en région Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur - Carole Barthélémy p. 169-181
- Des connaissances pour l'action ? Rôle des indicateurs de biodiversité entre rationalisation et coordination de l'action publique environnementale - Baptiste Bedessem, Claire Burnel, Benoît Fontaine, Fanny Guillet p. 97-115
Injustices environnementales et vulnérabilités sociales
- Les périodes de fortes chaleurs en périphérie urbaine de Lyon. Récits sur les inégalités socio-environnementales et l'action publique - Malou Allagnat, Géraldine Molina p. 185-206 Cet article vise à caractériser, d'une part, les inégalités socio-environnementales en périodes de fortes chaleurs, d'autre part les dialectiques que ces dernières entretiennent avec l'action publique. S'appuyant sur une recherche doctorale menée en périphérie urbaine de Lyon (Saint-Priest), la contribution propose de mettre en perspective les récits d'habitants face à la chaleur avec les représentations des acteurs institutionnels de la métropole lyonnaise. Cette approche sociogéographique de « l'habiter avec la chaleur » souligne l'importance du cadre de vie, questionné au travers de plusieurs échelles spatiales et problématiques urbaines : depuis celles du banc à l'ombre aux enjeux de la densification urbaine, en passant par les nuisances urbaines et l'importance des espaces publics de proximité. Les témoignages recueillis démontrent combien les périodes de fortes chaleurs participent à amplifier les inégalités structurelles préexistantes. Multiformes, ces inégalités apparaissent liées aux conditions de logement, à l'environnement urbain et aux inégalités de genre. Leur gestion politique témoigne de certains paradoxes d'une action publique à la préoccupation saisonnière.The aim of this article is to characterise socio-environmental inequalities during periods of extreme heat, and the dialectics between these inequalities and public action. Based on doctoral research carried out on the outskirts of Lyon (Saint-Priest), this contribution compares the stories told by local residents about the heat with how the issue was portrayed by institutional actors in the Lyon metropolitan area. This socio-geographical approach to ‘living with the heat' highlights the importance of the living environment, which is examined on a number of spatial scales and through the lens of various urban issues : from the bench in the shade to the challenges of urban densification, to the harmful impacts associated with urban living and the importance of local public spaces. The testimonies gathered show the extent to which periods of very hot weather amplify pre-existing structural inequalities. These inequalities are multi-faceted and appear to be linked to housing conditions, the urban environment and gender inequalities. The political management of these issues illustrates some of the paradoxes of season-focused public action.
- Qui supporte le coût de la transition environnementale ? Penser les inégalités face aux risques sociaux liés au changement climatique - Anne-Laure Beaussier, Tom Chevalier, Bruno Palier p. 207-230 Alors que les questions liées à la transition juste occupent une place de plus en plus importante dans les débats politiques, la question des risques sociaux générés par le changement climatique et par les politiques visant à en atténuer la portée reste peu étudiée. De nombreuses lacunes subsistent pour comprendre quels sont ces risques, qui seront affectés et par quels mécanismes. Les risques liés au changement climatique affectent-ils les mêmes groupes de population de la même manière que les risques sociaux traditionnels ? Ou créent-ils de nouveaux schémas d'insécurité pour de nouvelles populations ? Alors que la plupart de la littérature part du présupposé que les groupes de population les plus pauvres souffriront le plus des inégalités environnementales, nous soutenons dans cet article que se concentrer sur les niveaux de revenu n'est pas suffisant pour comprendre les caractéristiques et la distribution des risques socio-environnementaux. Au lieu de cela, nous proposons d'esquisser une analyse des profils de risques sociaux associés au changement climatique, qui s'appuie sur la distinction entre deux principaux types de risques : les risques directement liés au changement climatique (inondations, vagues de chaleur, etc.) et les risques indirects, produits par les politiques environnementales elles-mêmes. Nous soutenons que pour chacun de ces risques, les profils des personnes à risques ne sont pas similaires. Les risques sociaux directs sont en priorité liés aux variables de localisation et de niveau de revenu : les populations les plus pauvres vivant dans les zones exposées sont en effet plus à risques. Les risques « indirects » touchent différents groupes de population, à commencer par les travailleurs faiblement et moyennement qualifiés appartenant à la classe moyenne inférieure et vivant en dehors des grandes villes. La profession et le lieu d'habitation, plus que le niveau de revenu, sont ici d'une importance cruciale. Cela se traduit dans les attitudes politiques envers les politiques environnementales puisque l'opposition à l'action climatique – ici la taxe carbone – est maximale chez les groupes de populations les plus exposées aux conséquences économiques et sociales des politiques de décarbonation.Who Bears the Cost of the Environmental Transition ? Understanding the Unequal Distribution of the Social Risks Associated with Climate Change While the notion of just transition is playing an increasingly important role in political debates, there has been little study of the social risks associated with climate change and with the policies aimed at mitigating its impacts. There are still many gaps in our understanding of what these risks are, who will be affected and by what mechanisms. Do they affect the same population groups in the same way as traditional social risks ? Or are they creating new patterns of insecurity for new populations ? While most of the literature assumes that the poorest population groups will suffer most from environmental inequalities, in this article we argue that focusing on income levels is not sufficient to understand the characteristics and distribution of socio-environmental risks. Instead, we intend to outline an analysis of the social risk profiles associated with climate change, based on a distinction between two main types of risk : risks directly linked to climate change (floods, heat waves, etc.) and indirect risks, produced by environmental policies themselves. We argue that for each of these risks, the profiles of those at risk vary. (1) Direct social risks are primarily linked to location and income variables : poor people living in exposed areas are more at risk. (2) Indirect risks affect different population groups, starting with low-and medium-skilled workers belonging to the lower middle class and living outside major cities. Occupation and location, rather than income level, are of crucial importance here. This is reflected in political attitudes towards environmental policies, since opposition to climate action – in this case the carbon tax – is greatest among the population groups most exposed to the economic and social consequences of decarbonisation policies.
- « Je ne vois rien, je ne sens rien » : ethnographie du racisme environnemental et de la banalisation de la pétrotoxicité en Californie - Élodie Edwards-Grossi p. 231-250 Aux États-Unis, le concept de « racisme environnemental » est utilisé de manière routinière en sciences sociales pour étudier les conséquences des inégalités socioraciales et environnementales en santé. Si des travaux ont analysé l'effet à court et à long terme de la pétrotoxicité sur la santé des minorités ethnoraciales, peu d'articles ont étudié la manière dont les individus concernés perçoivent les risques sanitaires environnementaux. Quels sont les liens entre l'expérience quotidienne de la racisation vécue par ces populations et la perception qu'elles développent du risque sanitaire et environnemental ? En quoi ces perceptions sont-elles modelées par des effets de banalisation et de normalisation, puisque ces individus évoluent dans des paysages industriels qui régissent leur quotidien ? En s'appuyant sur une enquête qualitative, réalisée en 2022 à Los Angeles, qui conjugue l'ethnographie sensorielle et l'analyse de la matérialité des inégalités sociales et raciales entre les territoires, l'article étudie la manière dont les personnes travaillant et vivant dans des espaces pollués interagissent avec les débordements industriels et la pétrolisation du monde qui structurent leurs vies, et participent ainsi à leur marginalisation.“I don't see anything, I don't smell anything” : Ethnography of Environmental Racism and the Banalization of Petrotoxicity in California In the United States, the concept of ‘environmental racism' is routinely used in the social sciences to study the health-related consequences of socio-racial and environmental inequalities. While some studies have analysed the short and longterm effects of petrotoxicity on the health of ethno-racial minorities, few articles have examined the way in which impacted individuals perceive environmental health risks. What are the links between the day-to-day experience of racialization and the perception they have of environmental health risks ? How is their awareness affected by banalization and normalization effects, since these individuals live in industrial landscapes that shape their daily lives ? Based on qualitative fieldwork carried out in Los Angeles in 2022 and combining sensory ethnography with an analysis of the materiality of social and racial inequalities between different areas, this article analyses the way in which people working and living in polluted areas interact with industrial omnipresence and the global spread of petrochemical-based industries – two aspects that structure their lives, and thus contribute to their marginalization.
- L'enseignement-recherche-action comme médiation entre la mobilisation citoyenne et l'action publique : la démarche Territoire Zéro Logement Passoire dans la métropole du Grand Lyon. - Hélène Balazard, Quentin Dassibat p. 251-263
- Les périodes de fortes chaleurs en périphérie urbaine de Lyon. Récits sur les inégalités socio-environnementales et l'action publique - Malou Allagnat, Géraldine Molina p. 185-206
- Appel à contribution : RFAS Revue française des affaires sociales - p. 265-278