Contenu du sommaire : Violence et histoire dans les séries télévisées

Revue Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique Mir@bel
Numéro no 161, avril-juin 2024
Titre du numéro Violence et histoire dans les séries télévisées
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Le mot de la rédaction - Anne Jollet p. 5-9 accès libre
  • DOSSIER

    • Violence et histoire dans les séries télévisées : Introduction - Sylvie Allouche p. 13-20 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À partir de l'analyse de quatre séries, le dossier s'intéresse à la manière dont la violence dans et de l'histoire y est mise en scène à travers différentes figures qui représentent diverses populations ayant subi des violences physiques ou sociales, aggravées en violence symbolique par le fait que les versions dominantes de l'histoire tendent à ignorer ou minorer leur rôle ou les souffrances et injustices qu'elles ont subies : femmes impliquées dans le tumulte de l'histoire récente de la France (Isabelle Veyrat-Masson sur Maria Vandamme et Sonia Suvélor sur Les Combattantes), victimes de l'histoire et de l'ordre social américains (Martin Shuster sur Yellowstone), civils Hutus réfugiés au Congo (Sylvie Allouche sur Black Earth Rising). Nous espérons ainsi proposer aux lecteurs et lectrices une approche originale sur la façon dont les séries parlent des violences de l'histoire, et plus généralement leur permettre de mieux comprendre les enjeux sociaux et politiques des séries historiques.
      The four series analyzed focus on the victims of history, namely various populations who have suffered physical or social violence, aggravated by symbolic violence as the dominant versions of history tend to ignore or minimize their roles or the sufferings and injustices they have endured: women involved in the tumult of France's recent history (Isabelle Veyrat-Masson on Maria Vandamme and Sonia Suvélor on Les Combattantes), Indians of North America (Martin Shuster on Yellowstone), Hutu civilians who took refuge in Congo (Sylvie Allouche on Black Earth Rising). We hope to offer readers an original approach to this question, and more broadly to enable them to better understand certain issues of historical series.
    • Un arrière-plan essentiel, la question de la sécurité dans la série Maria Vandamme - Isabelle Veyrat-Masson p. 21-34 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La série Maria Vandamme, diffusée en 1989 avec un succès d'audience exceptionnel et récompensée à plusieurs reprises, est une adaptation en quatre volets d'un livre de Jacques Duquesne, dont l'action se déroule sous le Second Empire et se termine en même temps que la Commune de Paris. Maria, personnage central, mue par une volonté d'indépendance et un refus de sa condition sociale extraordinaires, n'a de cesse d'échapper à la violence des hommes et des représentants de l'État. Elle trouve avec l'amour et quelques soutiens un moyen de fuir le malheur, faisant face à des forces de l'ordre qui non seulement ne font rien pour la protéger, mais la pourchassent, elle et ses proches, la menacent et la violentent. Ces représentants de l'ordre – même injuste – font systématiquement avancer le récit, mais ne le font jamais basculer. Le destin des uns et des autres s'accomplit, malgré la répression et malgré l'histoire en marche.
      The television series, Maria Vandamme, was broadcast in 1989 and was a hit with audiences. It received numerous awards for its portrayal of the four-part adaptation of Jacques Duquesne's book, set during the Second Empire and concluding with La Commune de Paris. The protagonist, Maria, exhibits an unwavering passion for independence and defies her societal position, actively eluding aggression from men and government agents. Through the assistance of a few loyal friends, she manages to escape from her dire situation, even as she confronts the police, who shields neither her nor her loved ones, instead committing brutalities against them. Despite their unjust actions, these upholders of order keep driving the narrative forward, but never to a climactic point. Each of their destinies still comes to fruition, despite the repressive conditions and the events that shape them.
    • Les Combattantes : une anthologie de femmes héroïques - Sonia Suvélor p. 35-49 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Lorsqu'on pense à la Première Guerre mondiale, ce sont généralement des flashs de « poilus » dans les tranchées, de masques à gaz, de soldats défigurés et autres atrocités qui nous viennent en tête. Force est de reconnaître qu'au-delà de cette vision cauchemardesque, on retient un conflit très masculin, où la femme ne semble avoir aucune place, si ce n'est celle très glamourisée d'infirmière, dont les différents uniformes figurent dans les magazines de mode de l'époque. La série Les Combattantes fait sauter ces stéréotypes en apportant une autre dimension au rôle des femmes, ces guerrières de l'ombre. À travers cette mini-série de huit épisodes sur le rôle crucial des patriotes féminines, c'est le devoir de mémoire ainsi que la nécessité d'une reconnaissance occultée qui sont ravivés avec efficacité.
      When we think of the First World War, it's usually flashes of “Poilus” in the trenches, gas masks, disfigured soldiers and other atrocities that come to mind. We must recognize that, beyond this nightmarish vision, we retain a very masculine conflict, where women seem to have no place – except that of the very glamorized nurse, whose different uniforms appear in fashion magazines of the time. The series Les Combattantes breaks down these stereotypes by bringing another dimension to the role of women, these shadow warriors. Through this eight-episode mini-series on the crucial role of female patriots, it is the duty of remembrance as well as the need for hidden recognition that are effectively revived.
    • Génocide, révisionnisme, négationnisme : la réception contrastée de la série Black Earth Rising - Sylvie Allouche p. 51-71 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Black Earth Rising (Rwanda, la couleur du sang en français) est une mini-série de Hugo Blick de 2018 coproduite par la BBC et Netflix, dont le personnage principal, Kate Ashby, est initialement présenté comme une survivante du génocide tutsi dont le Rwanda a été le théâtre en 1994. Adoptée suite au génocide par une avocate britannique, elle est elle-même devenue juriste, la série mettant en scène une étape de sa vie où elle se trouve confrontée à la complexité de ce qui s'est joué pendant cette période sur les plans politique et humain. Or, la série a suscité des réactions très contrastées, comme on peut le voir à travers divers articles publiés dans des journaux reconnus, tels Le Monde ou Libération, dans des revues en ligne ou dans des blogs. Tandis que certains louent la série pour sa capacité à intéresser le grand public à un sujet difficile, d'autres lui reprochent de contribuer à diffuser une version révisionniste, et même négationniste, de cet épisode historique.
      Black Earth Rising (Rwanda, la couleur du sang in French) is a 2018 miniseries by Hugo Blick co-produced by the BBC and Netflix whose main character, Kate Ashby, is initially presented as a survivor of the Tutsi genocide which happened in Rwanda in 1994. Adopted following the genocide by a British lawyer, she herself became a lawyer, the series depicting a stage in her life where she finds herself confronted with the complexity of what took place during this period on the political and human levels. However, the series has provoked very contrasting reactions, as we can see through various articles published in recognized newspapers, such as Le Monde or Libération, in online magazines, or in blogs. While some praise the series for its ability to interest the public in a difficult subject, others criticize it for contributing to disseminating a revisionist, and even denialist, version of this historic episode.
    • La persistance du western : Yellowstone, la Nouvelle télévision et l'histoire américaine - Martin Shuster p. 73-87 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet essai explore les façons dont le western a trouvé une nouvelle vie dans la « Nouvelle télévision », en particulier dans le néo western Yellowstone. L'article s'intéresse à l'importance du western à la fois pour le médium qu'est la Nouvelle télévision et pour la construction de l'identité et de l'histoire américaines. Je soutiens que si le western a joué un rôle central dans la construction de l'identité américaine depuis ses premiers jours, les développements récents de l'identité américaine suggèrent de nouveaux développements qualitatifs pour le western version Nouvelle télévision.
      This essay will explore the ways in which the western has found new life in new television, especially in the recent neo-western Yellowstone. The paper pursues the significance of the western for both the medium of new television and for the construction of American identity and history. I argue ultimately that while the western has been central to the construction of American identity from its earliest days, recent developments in American identity suggest new qualitative developments for the western as it melds with new television. 
  • CHANTIERS

    • L'Art contre le peuple ? Sociohistoire d'une rupture : l'exemple du théâtre public en France depuis 1945 - Marjorie Glas p. 91-107 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article traite de l'évolution de la croyance dans le rôle social attribué au théâtre entre 1945 et aujourd'hui. L'intervention publique en matière théâtrale s'est historiquement fondée sur deux antiennes : la défense de la liberté de création et la vocation émancipatrice du théâtre. L'histoire du théâtre public recoupe celle de l'articulation de ces deux piliers, s'articulant dans une tension constante entre souci apporté à l'élargissement des publics et innovation esthétique. Le système de croyance qui fonde le théâtre public a ainsi évolué au gré des contextes politiques, du profil socioprofessionnel des acteurs qui structurent le champ, de son institutionnalisation, de son degré de professionnalisation, de la composition du public comme de l'évolution plus générale du champ intellectuel. Cet article retrace cette évolution de manière chronologique.
      This article deals with the evolution of belief in the social role attributed to theater between 1945 and the most recent period. Public intervention in theater matters has historically been based on two antiphons: the defense of artistic creation on the one hand, and the emancipatory vocation of theater. The history of public theater overlaps with that of the articulation of these two pillars, articulated in a constant tension between concern for expanding audiences and aesthetic innovation. The belief system on which public theater is based has thus evolved according to political contexts, the socio-professional profile of the actors who structure the field, its institutionalization, its degree of professionalization, the composition of the public as well as the evolution of the intellectual field. This article traces this evolution chronologically.
  • MÉTIERS

    • Transmettre l'histoire
      • Une émission télévisée qui démocratise les analyses d'histoire et de géopolitique et lutte contre le bellicisme - p. 111-115 accès libre avec résumé
        Le Dessous des cartes est une émission hebdomadaire créée en 1990 et diffusée d'abord sur La Sept puis sur Arte (chaîne franco-allemande créée en 1991), en français et en allemand. Présentée d'abord par le géographe et géo politologue Jean-Christophe Victor (fils de l'explorateur polaire Paul-Émile Victor) jusqu'à sa mort en 2016, qui en prépare les sujets avec l'aide du Laboratoire d'études prospectives et d'analyses cartographiques (LEPAC), dont il était le fondateur, elle est, depuis 2017, présentée par Émilie Aubry. Originale par sa conception, l'émission, qui vise à éviter l'occidentalo-centrisme, à croiser les disciplines, se fonde sur des cartes géographiques et traite de sujets divers, aussi bien centrés sur des pays que sur des thématiques, ou des conflits, en développant une profondeur historique tout en s'appuyant toujours sur des cartes en couleurs, agrémentées de dates et de photos, qui permettent au public de bien comprendre les sujets traités dans leur dimension historique et géopolitique. Par son approche multiscalaire, elle montre aussi comment les événements, crises et conflits survenant aux quatre coins de la planète sont liés.
      • Jérôme Leroy, un écrivain social attentif à la montée inquiétante de l'extrême droite - p. 117-120 accès libre avec résumé
        Jérôme Leroy, après avoir enseigné vingt ans en ZEP, a pris la plume et s'est fait connaître par son premier roman Le Bloc (Folio Gallimard, 2012), dans lequel il imagine l'arrivée au pouvoir du RN (sous le nom de « Bloc patriotique »), en la personne d'Agnès Dorgelles, double de Marine Le Pen. Dans Les Derniers jours des fauves, sorte de suite, il imagine l'arrivée au pouvoir d'une femme de centre-droit, Nathalie Séchard, égérie du nouveau parti « Nouvelle société », dans un contexte miné par l'essor de l'extrême droite identitaire et caractérisé par l'engouement des jeunes pour des mouvements écologistes radicaux.
      • Un pan d'histoire de la Seine-Saint-Denis : éducation et formation à l'âge adulte (19e-21e siècles) - Françoise F. Laot accès libre
      • 2024 : année du cinquantenaire des éditions des femmes-Antoinette Fouque - Christine Villeneuve p. 127-130 accès libre
  • DÉBATS

    • L'anticommunisme, l'autre moteur de Jean-Marie Le Pen - Adrian Thomas p. 133-144 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les rétrospectives sur Jean-Marie Le Pen mettent en avant ses déclarations les plus infâmes, racistes ou antisémites, mais écartent presque systématiquement une dimension pourtant centrale de son engagement : l'anticommunisme. Il s'agit pourtant d'un point déterminant, central au sein de la famille politique de l'extrême droite, indissociable de la lutte globale pour la préservation d'une civilisation occidentale blanche. L'antimarxisme a même souvent été le dénominateur commun des groupes réactionnaires et Le Pen sa meilleure incarnation. Tout le long de son parcours, au Vietnam ou au Palais Bourbon, Le Pen a été convaincu de lutter pied à pied contre le bolchévisme et ses avatars, que ce soient les syndicalistes étudiants, les indépendantistes algériens ou les militants de l'union de la gauche dans toute sa pluralité. Il n'a jamais perdu de vue l'objectif principal d'abattre le PCF et l'URSS, suprêmes ennemis. Sans prétendre à l'exhaustivité, retour sur 75 ans de haine du « rouge ».
      Retrospectives on Jean-Marie Le Pen highlight his most infamous statements, but almost systematically overlook a central aspect of his commitment: anti-communism. This is crucial because it is a cardinal point of the far right, inseparable from the global struggle to preserve a white Western civilization. In fact, anti-Marxism has often been the common denominator of reactionary groups, and Le Pen is its best incarnation. Throughout his career, whether in Vietnam or in the Palais Bourbon, Le Pen was convinced that he was fighting Bolshevism and its avatars tooth and nail, be they student trade unionists, Algerian independence fighters or militants of the left-wing union in all its plurality. Le Pen never lost sight of the main objective of destroying the PCF and the USSR, the supreme enemies. Without claiming to be exhaustive, here is a look back at 75 years of hate for the red.
  • LIVRES LUS

  • UN CERTAIN REGARD

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