Contenu du sommaire : Crises et discours managérial : dynamiques et enjeux

Dans un contexte marqué par des crises qui se succèdent et s'intensifient, la communication des acteurs impliqués dans la gestion de ces crises devient cruciale. Le discours dans ce contexte de crise poursuit simultanément plusieurs objectifs : informer les parties prenantes, éviter la circulation des rumeurs et fausses informations et instaurer une légitimité par une communication qui se veut claire et transparente. Dans cet article, nous nous proposons d'examiner le discours de l'un des leaders de l'industrie pharmaceutique en nous appuyant sur ses communiqués de presse publiés durant la période de la crise sanitaire du Covid-19. L'analyse porte sur les pratiques discursives et les techniques qui structurent ce discours ainsi que sur sa dimension dynamique et sa synchronisation avec les différentes phases de la crise. Les résultats montrent que le discours met en évidence les principales techniques discursives d'une communication de crise telles que l'argumentation, la séduction, la surenchère et la dynamique de changement véhiculée par une volonté d'action. Ce discours se veut aussi transparent et prudent étant donné le caractère complexe et incertain de l'évolution de la pandémie.

Notre article propose d'étudier la question de recherche suivante : dans quelle mesure le discours managérial peut-il constituer un vecteur de résilience organisationnelle ? Pour cela, nous avons mené une étude qualitative fondée sur la méthodologie de l'étude de cas à travers la réalisation de 20 entretiens semi-directifs, une observation non participante ainsi qu'une analyse documentaire. Nos résultats mettent en évidence l'importance du discours managérial en tant que levier face à l'urgence de la crise permettant d'accompagner les acteurs de l'entreprise dans une meilleure réorganisation de l'organisation. Les résultats de notre recherche mettent également en exergue le rôle du discours managérial comme un outil de normalisation et de co-construction de l'organisation de demain.

La présente contribution a pour ambition d'étudier le rôle performatif d'un éthos managérial axé sur les valeurs dans la résistance et la réponse au boycott, en se penchant sur le cas de l'entreprise Centrale Danone Maroc. L'éthos managérial, qui représente les valeurs, l'identité et les normes guidant les actions des dirigeants au sein de l'entreprise sert de fondement axiologique sur lequel un individu s'appuie pour influencer sa conduite professionnelle. Il se manifeste à travers des stratégies discursives et linguistiques ayant des effets perlocutoires sur les boycotteurs. La méthodologie de recherche repose sur un corpus comprenant des communiqués de presse et des déclarations des responsables de l'entreprise. Les résultats mettent en évidence l'efficacité de l'éthos managérial à travers les moyens linguistiques et discursifs mobilisés lors des démarches réparatrices de l'entreprise en réponse à des situations de boycott.

L'objectif de cet article est de mieux comprendre le concept de la RSE dans les PME d'Afrique, en particulier au Sénégal. Dans cette perspective, nous avons mené 11 entretiens semi-directifs avec des entrepreneurs. Les résultats obtenus à partir d'une analyse thématique réalisée manuellement révèlent que la RSE s'inscrit dans une dimension sociale et solidaire. En effet, ces entrepreneurs la définissent comme une opportunité de soutenir les personnes à faibles revenus afin d'atténuer leurs difficultés, notamment lors de fêtes religieuses ou culturelles. L'éducation, les événements marquants de la vie de l'entrepreneur ainsi que son degré d'implication dans la société, influencent les pratiques de RSE au sein de ces PME. Le bien-être des salariés constitue également un élément incitatif pour ces entrepreneurs à adopter des stratégies de RSE, telles que des avantages en nature, des équipements de protection et un horaire de travail flexible.

Pour se différencier et gagner en compétitivité, des entreprises optent pour le recrutement d'un « Manager de l'amélioration continue ». Souvent sans pouvoir, il doit guider l'ensemble des parties prenantes internes vers l'excellence. Cet article a pour but de préciser les compétences et stratégies utiles au déploiement de la démarche d'amélioration continue. Nous ferons appel aux cadres théoriques des capacités dynamiques et de l'acteur-réseau afin d'expliciter le discours des professionnels de l'amélioration continue. Les résultats obtenus se synthétisent en 10 microfondations de capacités dynamiques et nous mettrons en avant une nouvelle macrofondation propre à la situation singulière du leader sans pouvoir : la traduction.

Dans un contexte de concurrence extrême, les écoles de management françaises ont développé des stratégies de développement de leur compétitivité fondée en partie sur l'obtention de reconnaissances nationales et internationales. Cette quête a ainsi façonné des standards académiques incontournables dans le secteur privé de l'enseignement supérieur en gestion. Parmi ces standards, le poids attribué à la publication d'articles dans des revues classées est prépondérant. À l'opposé, la pédagogie n'est jamais traduite par des standards académiques et repose sur le postulat selon lequel une recherche de haut niveau induit systématiquement un enseignement de qualité. La pédagogie est ainsi devenue le parent pauvre des écoles de management. Cette situation est source de tensions multiples pour les enseignants-chercheurs qui tentent de mener de front les deux grandes activités de leur métier que sont la pédagogie et la recherche. Dans ce contexte, notre article propose à partir de l'identification de ces tensions d'explorer les voies de réconciliation possibles entre recherche et pédagogie et de suggérer quelques propositions à destination des enseignants-chercheurs et des managers des écoles de management. Ces propositions doivent enfin conduire les écoles de management à penser ou repenser leur rôle sociétal, en agissant auprès des évaluateurs pour faire enfin reconnaître la pédagogie.

À l'heure où le modèle de management des EHPAD (Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) est remis en question sur la forme, le fond semble encore peu interrogé. En effet, la doxa managériale à l'œuvre dans ces structures médico-sociales a accordé trop de place à la performance économique au détriment de la dimension sociale. Devant leurs incapacités à mesurer tout ce qui fait sens dans l'accompagnement, les indicateurs ont écarté le travail du care et toute considération possible pour les salariés qui le prodiguent. Cette atteinte à la finalité de l'engagement des professionnels dans leurs activités contribue à les priver de leur identité professionnelle. Le risque de ne pas traiter l'invisibilité du travail de care est de reproduire sous une autre forme les mêmes injustices vécues actuellement par les professionnels d'EHPAD. Dans cette recherche, les auteurs proposent de modéliser le niveau de visibilité du travail de care dans un EHPAD, selon la théorie de Kurt Lewin. Ainsi le travail de care ou prendre soin, devient visible et la reconnaissance des professionnels dont ils étaient privés devient possible.