Contenu du sommaire : La spécificité critique du féminisme

Revue L'Homme et la société Mir@bel
Numéro no 220, 2024/1
Titre du numéro La spécificité critique du féminisme
Texte intégral en ligne Accès réservé
  • Pages de début - p. 1-6 accès libre
  • Éditorial : La convergence idéologique des droites : l'histoire française d'un tournant autoritaire - Nicolas Schapira p. 7-11 accès libre
  • In Memoriam

  • Le féminisme de Louis Moreau de Bellaing - Pierre Bras p. 33-34 accès réservé
  • In memoriam, Philippe Chanial - Stéphane Corbin, Salvador Juan p. 35-37 accès réservé
  • Dossier

    • Avant-propos : Pour Claire Etcherelli - Liliane Kandel p. 41-45 accès réservé
    • Introduction : Libérer le projet émancipateur de ses entraves progressistes : la contribution décisive du féminisme - Pierre Bras, Michel Kail, Richard Sobel p. 47-55 accès réservé
    • Inédit : Un chapitre supprimé de L'Invitée : Xavière à 17 ans - Simone de Beauvoir p. 57-68 accès réservé
    • Zaza s'évade : (à propos d'un chapitre supprimé de L'Invitée) - Pierre Bras p. 69-78 accès réservé
    • Féminisme-marxisme, un divorce nécessaire - Michel Kail p. 79-115 accès réservé
    • Désandrocentrer la contestation : féminismes et travail reproductif - Fanny Gallot, Hugo Harari-Kermadec p. 117-139 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Au-delà de l'association stéréotypique de la conflictualité au masculin, la prépondérance des hommes dans la contestation dans les sociétés capitalistes peut être analysée comme un reflet de la division genrée du travail, qui limite l'emploi des femmes, en particulier dans les secteurs – stratégiques – de la grande industrie. En reposant la question du travail à partir des approches féministes marxistes de la reproduction sociale, cet article propose de redonner toute leur place aux femmes dans l'histoire de la contestation, des grèves des employées et ouvrières dans les années 1968 jusqu'à la mobilisation contre la réforme des retraites de 2023. Penser à partir du travail reproductif, qu'il soit professionnel ou non, permet aussi de décentrer l'analyse du partage de la seule valeur économique marchande. Parce qu'il reproduit la force de travail, mais aussi les individus et leur environnement, le travail reproductif est pris dans la contradiction capital/travail, sans pour autant s'y circonscrire, ce qui permet de dessiner des perspectives stratégiques renouvelées pour le mouvement social.
      Beyond the stereotypical association of conflictuality with masculinity, the preponderance of men in protest in capitalist societies can be analysed as a reflection of the gendered division of labour, which limits women's employment, particularly in the strategic sectors of industry. By re-examining the question of work from a Marxist feminist approach of social reproduction, this paper proposes to give women their rightful place in the history of protest, from the strikes of female workers in the French '68 to the mobilisation against pension reform in 2023. Thinking in terms of reproductive work, whether professional or not, is thinking beyond the redistribution of economic market value. Because it reproduces not only labour power, but also individuals and their environment, reproductive work is caught up in the capital/labour contradiction, without being circumscribed by it, which makes it possible to sketch out renewed strategic perspectives for the social movement.
    • La lutte des ouvrières de Vertbaudet : une grève féministe ! - Rachel Silvera p. 141-153 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      En juin 2021, une lutte d'ouvrières de l'entreprise Vertbaudet, fabricant d'articles de puériculture, a été fortement médiatisée. Elle a surpris l'opinion publique, pour qui ce type de grève apparaît peut-être dépassé. Elle a été, à mon sens, révélatrice de ce que l'on peut appeler une grève féministe. Longtemps invisibilisées, ces grèves féministes ont pourtant jalonné notre histoire sociale. Ces ouvrières remettent ici en cause la place du travail des femmes, la dévalorisation systématique de leur qualification, des conditions de travail difficiles, mais aussi des rémunérations trop faibles et une absence totale de carrière, un sort réservé à des millions de femmes, si peu entendues. Elles évoquent aussi les fins de mois difficiles et rappellent leur rôle essentiel, si ce n'est vital, pour leur famille, dont elles assurent de plus en plus souvent la charge exclusive, loin d'être qu'une « main-d'œuvre d'appoint ».
      In June 2021, a strike by women workers at Vertbaudet, a manufacturer of childcare articles, attracted considerable media attention. It took public opinion by surprise, as strikes of this kind might seem outdated. In my opinion, it was a revelation of what can be called a feminist strike. Feminist strikes have been invisible for a long time, but they have nevertheless left their mark on our social history. These women workers questioned the role of women in the workplace, the systematic devaluation of their qualifications, difficult working conditions, low pay and a total lack of career prospects – the fate reserved for millions of women, whose voices were so rarely heard. They also talk about the difficult end of the month, and recall their essential, if not vital, role in their families, for which they are more and more often the sole carers, far from being just a “back-up workforce”.
    • Féminisme et pacifisme : Retour sur l'antimilitarisme de Jane Addams - Quentin Revol p. 155-181 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Le présent article défend qu'une conception non-essentialiste de l'articulation entre féminisme et pacifisme est pensable en se fondant sur une étude de la philosophe et activiste Jane Addams (1860-19365). L'article cherche à montrer que les arguments pacifistes d'Addams se fondent sur les particularités des expériences des femmes plutôt que sur un appel à la biologie et affirme par là le caractère pleinement pragmatiste de cette critique. Ces expériences conduisent les femmes à adopter un point de vue plus large que les hommes sur la guerre et ses conséquences, ce qui leur permettrait d'être tendanciellement plus sensibles à son caractère régressif pour la civilisation. L'article analyse ensuite différents types de critiques qu'Addams adresse aux conceptions traditionnelles du pouvoir politique et économique qu'elle dénonce comme étant « militaristes », avant de démontrer en quoi ces critiques seraient spécifiquement féministes, en s'appuyant notamment sur les ressources des épistémologies féministes et des théories du « care ».
      This paper defends that a non-essentialist conception of the connection between feminism and pacifism is thinkable based on a study of Jane Addams (1860-1935). The paper seeks to show that Addams's pacifist arguments are based on the particularities of women's experiences rather than on an appeal to biology and thereby affirms the fully pragmatist approach of this critique. These experiences lead women to adopt a broader point of view than men on war and its consequences, which would allow them to be tangentially more sensitive to its regressive nature for civilisation. The article then analyses different types of critiques that Addams addresses to traditional conceptions of political and economic power which she denounces as being “militaristic” before demonstrating how these critiques would be specifically feminist by relying in particular on the resources of feminist epistemologies and “care” theories.
    • Alexandra Kollontaï et la signification politique de l'amour - Almira Ousmanova, Michel Kail p. 183-213 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Dans cet article, j'analyse la contribution de l'éminente penseuse féministe socialiste et politique Alexandra Kollontaï au développement de la vision conceptuelle d'une société juste, qui serait fondée sur l'égalité des sexes, et à la formation des conceptions contemporaines du problème de l'autonomie politique, intellectuelle et émotionnelle des femmes. Selon moi, repenser les idées de Kollontaï à propos de l'amour, de la sexualité et du rôle de la vie émotionnelle sous le socialisme et le capitalisme peut favoriser une meilleure compréhension de la relation complexe entre identité de genre et identité de classe, des conflits entre vie publique et vie privée et de l'émancipation des femmes (politiquement, économiquement, émotionnellement et symboliquement). Je soutiens également que l'héritage de Kollontaï est pertinent pour les travaux universitaires, aussi bien sur les aspects politiques, spécifiquement genrés de la vie émotionnelle que sur la dimension affective de la politique. Mon analyse est fondée sur trois types de sources : les travaux théoriques de Kollontaï, dans lesquels elle a développé ses idées sur les relations amoureuses et l'autonomie des femmes ; les travaux choisis d'autres marxistes et penseuses féministes du début du xxe siècle (Vladimir Ilitch Lénine, Inessa Armand) qui ont eu affaire avec les questions de l'amour libre et des mœurs sexuelles ; les travaux d'universitaires contemporains sur le genre et de penseuses féministes qui se réfèrent aux textes de Kollontaï et débattent de l'amour et de la sexualité dans la société soviétique des années 1920.
      In the given paper, I analyse the contribution of the prominent socialist feminist thinker and politician Alexandra Kollontai to the development of conceptual vision of a just society, that would be based on the equality of the sexes, and to the formation of contemporary views onto the problem of the political, intellectual and emotional autonomy of women. In my view, the rethinking of Kollontai's views in regard to the issues of love, sexuality and the role of emotional life under socialism and capitalism may be helpful for better understanding of the complex relationship between gender and class identities, collisions of public and private lives, and the emancipation of women (politically, economically, emotionally and symbolically). I also argue that Kollontai's legacy is relevant for the contemporary scholarship on political, gender-specific aspects of emotional life as well as the affective dimension of the politics. My analysis is based on three types of sources: theoretical works and literary texts by Kollontai, in which she developed her views on love relationships and women's autonomy; selected works of other Marxists and feminist thinkers of the early 20th century (Vladimir Ilyich Lenin, Inessa Armand) that dealt with the questions of free love and sexual mores; the works of contemporary gender scholars and feminist thinkers, that engage with the texts of Kollontai and debates on love and sexuality in the Soviet 1920s.
    • Des femmes et du consentement - Carole Pateman, Michel Kail p. 215-241 accès réservé
    • Contrat social, contrat sexuel et régime d'historicité - Richard Sobel p. 243-257 accès réservé
    • Du consentement dans les ouvrages récents - Michel Kail p. 259-271 accès réservé
    • Construction épistémologique et historicité : Entretien avec Geneviève Fraisse - Geneviève Fraisse, Michel Kail p. 273-283 accès réservé
    • La question du féminisme dans l'histoire de la revue - p. 285-286 accès réservé
    • « Libération des femmes : année zéro », Partisans, n° 54-55, 1970 - Christiane Rolle, Nello Zagnoli p. 287-290 accès réservé
    • Mai 68 : qu'est-ce qu'un mouvement social ? : Au-delà du mouvement ouvrier - René Gallissot p. 291-317 accès réservé
    • Éléments pour un matérialisme féministe : Philosopher avec Simone de Beauvoir - Richard Sobel p. 319-331 accès réservé
  • Hors-dossier

    • Claire Michard, sociolinguiste (1938-2024) - p. 335-337 accès réservé
    • D'une analyse du discours sexiste à une analyse de l'écriture inclusive : Réflexion sociolinguistique féministe matérialiste - Claire Michard p. 339-366 accès réservé
    • Compte-rendu du colloque « Quelles réponses face à la “théorie” du grand remplacement ? » (Assemblée nationale) : Une réflexion située sur la dialectique recherche – action politique - Julie Lavialle-Prélois p. 367-383 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article est un compte-rendu du colloque organisé par la députée Génération.s du Val-de-Marne, Sophie Taillé-Polian autour de la question : « Quelles réponses face à la “théorie” du grand remplacement ? » (10 novembre 2023). En tant qu'intervenante, j'ai d'abord souhaité revenir sur cet événement afin d'en saluer l'initiative dans un contexte qui tend à invisibiliser ou à décrédibiliser le discours antiraciste. De manière complémentaire, je propose de questionner la place donnée à la parole scientifique dans cette réflexion collective. Plus largement, ce retour d'expérience permet d'approcher l'importante question de la dialectique entre recherche en sciences sociales et action politique.
      This paper is a report on the conference organised by the Génération.s deputy for Val-de-Marne, Sophie Taillé-Polian, on the question: “What responses to the ‘theory' of the Great Replacement” (10 November 2023). As one of the speakers, I would first like to look back at this event in order to salute its initiative in a context where anti-racist discourse is tending to become invisible or discredited. In complementary fashion, I propose to question the place given to scientific discourse in this collective reflection. More broadly, this experience will help us to approach the important question of the dialectic between social science research and political action.
  • Débats & perspectives

  • Écho de l'étranger

  • Comptes rendus

  • Revue des revues 2022-2023

  • Pages de fin - p. 435-445 accès libre