Contenu du sommaire
Revue | Politique étrangère |
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Numéro | vol. 45, no. 4, 1980 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Editorial - p. 817-818
- Les auteurs - p. 819-821
- Résumés. Abstracts - p. 823-833
- L'Europe et le conflit israélo-arabe - Dominique Moïsi p. 835-847 L'Europe et le conflit israélo-arabe, par Dominique Moïsi Les nombreuses déclarations communes des Neuf sur le Moyen-Orient depuis 1973 illustrent un phénomène nouveau : un rapprochement des Européens autour d'une ligne politique qui était à l'origine celle de la France. Cette "unité" européenne sur le Moyen-Orient s'est constituée aux dépens d'Israël et traduit un processus d'isolement croissant, partiellement l'oeuvre des Israéliens eux-mêmes, de l'Etat hébreu. L'Europe, comme l'illustre le conflit entre l'Iran et l'Irak, ne peut qu'exercer une influence relative au Proche-Orient. Elle se trouve limitée par une double dépendance : militaire à l'égard des Etats-Unis, économique à l'égard des pays arabes producteurs de pétrole. La position des Européens à l'égard de la cause palestinienne permet peut-être avant tout aux Européens de jouer un rôle diplomatique dans le Golfe plus qu'elle ne facilite directement la solution du conflit israélo-arabe.Europe and the Arab-Israeli conflict, by Dominique Moïsi The numerous statements made in common by the Nine about the Middle-East since 1973 illustrate a new phenomenom: a gradual adoption by the Europeans of a policy that was originally that of France. This European "unity" with regards to the Middle-East has been to the detriment of Israel and it reflects a process of increasing isolation of the Jewish State which is partly due to the Israeli themselves. As clearly indicated by the conflict between Iran and Irak, Europe can have only a relative influence in the Middle-East. Indeed, it finds itself limited by a dual dependence: militarily vis-a-vis the United States and economically vis-a-vis the oil producing countries. The Europeans' position with respect to the Palestinian cause may above all allow them to play a diplomatic role in the Gulf more than it directly helps in finding the solution to the Arab-Israeli dispute.
- Les monarchies arabes du Golfe - Ghassane Salamé p. 849-865 Les monarchies arabes du Golfe, par Ghassane Salamé Les monarchies pétrolières de la péninsule arabique semblent démentir les prévisions alarmistes annonçant leur disparition prochaine à la suite des événements de l'Iran et de l'Afghanistan. Néanmoins, des crises souvent sanglantes, estompées par la traditionnelle "torpeur" de la vie politique, frappent ces pays (insurrection à la Mecque, manifestations à Bahreïn, crise institutionnelle des Emirats, expulsions au Koweit). Connaissent-ils déjà, comme en Iran les prémisses d'une contestation d'inspiration religieuse ? Contrairement aux Pahlavi, les monarchies arabes du Golfe n'ont jamais cherché à s'aliéner les milieux traditionalistes dont ils sont issus. De plus, la majorité des citoyens de ces pays sont des Sunnites qui considèrent le courant chiite mobilisé par l'ayatollah Khomeiny comme sectaire, voire hérétique, ce qui a provoqué un mouvement de revendications des communautés chiites. L'élimination systématique des foyers d'opposition laïque et moderniste pousse la population vers les représentants religieux. Il n'en subsiste pas moins de forts courants d'opposition traditionalistes, relayés au sein du pouvoir par des prétendants au trône à la recherche de soutiens extra-familiaux. Une des données actuelles est la tendance des gouvernants à monopoliser le pouvoir aux dépens de l'ensemble du clan qui a assuré leur ascension. Le système clanique de gouvernement en vigueur est critiqué par un nombre croissant de personnes conscientes de l'hermétisme des clans au pouvoir, limitant toute participation des citoyens. Par ailleurs, la guerre irano-irakienne a cristallisé les tensions régionales et divisé les rangs arabes, les monarchies du Golfe, ayant choisi avec plus ou moins d'enthousiasme le camp irakien.What future for the Arab monarchies of the Gulf? by Ghassane Salamé The oil monarchies of the Arabian peninsula seem to belie the alarmist forecasts which declare that they are doomed to disappear following the events in Iran and Afghanistan. Yet these countries are victims of incidents, often violent, toned down by the traditional "torpor" of political life (uprising at Mecca, demonstrations in Bahrein, expulsions in Kuwait). Are these already, as in Iran, the first signs of religion-inspired contestation? As opposed to the Pahlavi dynasty, the Arab monarchies of the Gulf have never sought to alienate the traditionalist group from which they have sprung. Moreover, the large majority of citizens in these countries are Sunnis who consider the Shi'ite movement mobilized by the Ayatollah Khomeiny, both sectarian and heretic. This has provoked a movement of demands on the part of the Shi'ite communities. The systematic elimination of all centres of opposition, both lay and modernist, is driving the population towards religious leaders. Strong traditionalist currents of opposition, however, are at work within the monarchies themselves, which are fostered by claimants to the thrones in search of outside support. There is a tendency at the present time for those who govern to monopolise power at the expense of those who helped their accession. The hermetic system of government in force is criticised by a growing number of persons, conscious of the clans who rule, which thereby limits the participation of the people. Furthermore, the war between Iran and Irak has increased regional tension and divided the Arab ranks, the Gulf monarchies having chosen almost indifferently to side with Irak.
- La guerre du Chatt al-Arab : les raisons de l'Irak - Philippe Rondot p. 867-879 La guerre du Chatt al-Arab : les raisons de l'Irak, par Philippe Rondot La guerre du Chatt al-Arab déclenchée, le 22 septembre 1980, par l'Irak contre l'Iran, ne traduit pas seulement la rivalité séculaire de deux civilisations, l'une arabe et l'autre persane, mais répond aussi à plusieurs objectifs de Hussein plus ou moins clairement exprimés. Le premier, le plus légitime semble-t-il, concerne la revendication de quelques territoires arabes "usurpés" qui auraient dû être restitués par l'Iran selon les termes de l'accord d'Alger de mars 1975, et la révision de ce même accord à propos du partage des eaux du Chatt al-Arab sur lesquelles l'Irak entend exercer une pleine souveraineté. La recherche d'un nouveau statut (annexion, indépendance ou autonomie) pour la province iranienne du Khouzistan (ou Arabistan) ne serait pas, d'autre part, à écarter, à moins que Bagdad ne cherche, par son occupation militaire, à acquérir les meilleurs gages pour convaincre les Iraniens de négocier. A ces deux raisons s'ajoute vraisemblablement la nécessité dans laquelle se trouvait le régime baassiste de neutraliser la source potentielle extérieure de troubles confessionnels au sein de la communauté chiite irakienne, et peut-être même chez les minorités chiites des autres pays arabes du Golfe également convaincus de ce risque de déstabilisation, en provoquant la chute de l'ayatollah Khomeiny et de sa République islamique. Enfin, ce conflit paraît conforme aux ambitions du président Hussein de donner à sa personne et à son pays un rôle et des responsabilités dans le Golfe, le reste du monde arabe et au sein des pays non-alignés.The Chatt al-Arab war: Iraq's point of view, by Philippe Rondot The Chatt al-Arab war launched, on September 22 1980, by Iraq against Iran, does not only express the secular rivalry between two civilizations, the one Arab and the other Persian, but it also responds to seve ral of president Hussein's objectives more or less clearly outlined. The first, the most justifiable it seems, refers to the claim of some "usurped" Arab territories which should have been restored to Iran according to the Alger Agreement of March 1975, and to the revision of this Agreement concerning the division of the Chatt al-Arab waters upon which Iraq wants to have full supremacy. Moreover, the search for a new status (annexation, independence or autonomy) for the Iranian province of Khuzikstan (or Arabistan) should not be neglected unless Baghdad tries, by its military occupation, to obtain the best pledges to convince the Iranians to negotiate. These two reasons are probably combined with the necessity for the Ba'thist regime to neutralize the potential external source of religious turmoil among the Iraqi Shi'i community and even, may be, among the Shi'i minorities of the other Arab countries of the Gulf who are also convinced of this risk of destabilization by instigating the Ayatollah Khomeiny's fall together with that of his Islamic Republic. Finally, this conflict seems to correspond to president Hussein's ambitions to give himself and his own country a role and responsibilities in the Gulf, in the rest of the world and also among the non-aligned countries.
- L'expérience soviétique en pays musulmans : les leçons du passé et l'Afghanistan - Chantai Lemercier-Quelquejay, Alexandre Bennigsen p. 881-890 L'expérience soviétique en pays musulmans : les leçons du passé et l'Afghanistan par Alexandre Bennigsen et Chantal Lemercier-Quelquejay Les Soviétiques n'ont manifestement pas réussi à adapter à l'Afghanistan la stratégie qui avait si bien réussi en Asie centrale, auprès de populations peu différentes. L'ignorance des conditions réelles du pays, et, par suite, la sous-estimation de ses capacités de résistance sont la première explication des erreurs qu'ils ont commises en Afghanistan. En effet, ils ne sont pas parvenus à utiliser les rivalités ethniques et religieuses (risquant ainsi de provoquer l'explosion d'un véritable sentiment national afghan, né d'une résistance commune), ni à enrayer la symbiose entre la résistance urbaine et l'insurrection rurale par leur tactique d'isolement des villes. Les élites afghanes (notables pushtuns et intellectuels occidentalisés), tous les éléments modérés et libéraux susceptibles de constituer un soutien au régime actuel, scandalisés par la brutalité de la répression, ont rejoint la résistance ou ont émigré. Le clergé musulman est, lui aussi fortement hostile au nouveau régime. Il est paradoxal que l'armée, créée par les Soviétiques eux-mêmes et dont les cadres étaient acquis aux idées de la révolution marxiste ait été détruite et affectée à des tâches auxiliaires dès l'arrivée des Soviétiques. Ces derniers n'ont donc pas su (est-ce faute de temps ?) former des communistes afghans dignes de confiance, et, si les observateurs occidentaux insistent aujourd'hui sur la fin prochaine de la résistance afghane, l'on peut se demander si les Soviétiques, isolés, parviendront à assumer en totalité l'administration de ce pays, avec tout ce que cela comporte d'inconvénients majeurs.Soviet experience in Islamic countries: lessons from the past and the case of Afghanistan, by Alexandre Bennigsen and Chantal Lemercier-Quelquejay The Soviets have obviously not succeeded in adapting to Afghanistan the strategy which had worked so well in Central Asia among somewhat similar populations. The first explanation of the errors they have committed in Afghanistan are firstly ignorance of the real conditions of the country and secondly an under-estimation of its capacities for resisting. In fact, they have failed to take advantage of ethnical and religious rivalry (thereby risking to provoke an explosion of true Afghan national feeling, outcome of common resistance) and put a stop to the solidarity between urban resistance and rural uprisings, by their tactic of isolating towns. The Afghan elite (Pushtun leaders and Westernised intellectuals) and all moderate and liberal movements who could support the present regime, horrified by the brutal repression, have joined in the resistance or have emigrated. The Islamic clergy, also, is very hostile to the new regime. Paradoxally, the army created by the Soviets themselves and whose officers were won over to revolutionary Marxist doctrine, was destroyed and assigned to auxiliary tasks when the Soviets arrived. The latter therefore were unable to train trustworthy Afghan communists (perhaps through lack of time?) and if Western onlookers insist to-day on the end of Afghan resistance in the very near future, one can wonder whether the Soviets, in their isolation, will be capable of taking the full responsibility of that country, together with all the major inconveniences this entails.
- Un nouvel enjeu international : le Baloutchistan - Selig S. Harrison p. 891-903 Un nouvel enjeu international : le Balouchistan ? par Selig S. Harrison L'occupation soviétique de l'Afghanistan a révélé aux Occidentaux l'importance stratégique du Balouchistan : si la zone côtière du territoire national baloutche tombait sous l'emprise des Soviétiques, ceux-ci pourraient contrôler la mer d'Oman et le détroit d'Ormuz, ce qui modifierait profondément l'équilibre militaire de la région. Les dirigeants pakistanais et iraniens, sans exclure l'hypothèse d'une intervention directe de Moscou dans la région, redoutent un éventuel soutien technique et militaire des Soviétiques au mouvement nationaliste baloutche dans le but d'obtenir l'utilisation des ports baloutches à des fins militaires. Les dirigeants du mouvement national baloutche, se heurtant à l'hostilité traditionnelle des Panjabis et l'intransigeance de Zia au Pakistan et rejetés par la nouvelle Constitution iranienne, explorent les perspectives possibles d'aide étrangère (que ce soit celle de l'Union soviétique, de la Chine, des Etats-Unis, de l'Inde ou du monde arabe...) et encouragent les groupes nationalistes en Iran et au Pakistan à s'organiser en vue d'une éventuelle reprise de l'insurrection. Ce mouvement national, qui a acquis une force indépendante au cours d'une histoire sanglante jalonnée de luttes pour la survie pendant plus de 2000 ans, suscite néanmoins une attitude de réserve de la part de Moscou : les stratèges soviétiques conviennent que le nationalisme baloutche connaît un regain mais ne le jugent pas encore mûr... D'autre part, leur prudence est fondée sur une appréciation globale des perspectives à court terme en Iran et au Pakistan.A new international stake: Baluchistan? by Selig S. Harrison The Soviet occupation of Afghanistan revealed the strategic importance of Baluchistan to the Western world: if the coastal zone of the Baluch national territory were to fall into Soviet hands, the latter would control the sea of Oman and the Straits of Hormuz, which would radically alter the military balance in the region. Pakistani and Iranian leaders, while not ruling out the possibility of direct Soviet aggression in the region, are more concerned that Moscow might help the Baluch nationalist movement by technical and military support in order to obtain the use of Baluch ports for military purposes. Baluch nationalist movement leaders, who are coming up against the traditional hostility of the Punjabi and the uncompromising attitude of Zia in Pakistan, as well as being rejected by the new Iranian Constitution, are exploring the prospects of obtaining foreign help (whether from the Soviet Union, China, the United States, India or the Arab world). Meanwhile they are encouraging nationalist groups in both Iran and Pakistan to build up their organizational strength in preparation for a possible renewal of hostilities. This nationalist movement which has acquired an independent strength, deeply implanted by a tempestuous struggle for survival stretching back for more than 2000 years of history, has nevertheless given rise to a cautious attitude on the part of Moscow: Soviet strategists recognise that although there is a recrudescence of Baluch nationalism, it is not yet ripe. The basic reason for Soviet caution lies in Moscow's overall assessment of short-term prospects in Iran and Pakistan.
- L'économie indienne - Gilbert Etienne p. 905-923 L'économie indienne, par Gilbert Etienne L'on commence aujourd'hui à mesurer le poids de l'économie indienne et l'intérêt que celle-ci représente pour ses partenaires européens. Dès l'Indépendance, l'Inde a opté pour un système d'économie mixte qui a provoqué une augmentation et une diversification de sa production. Le bilan des trente dernières années est considérable : l'Inde couvre une grande partie de ses besoins en biens d'équipements et n'exporte plus seulement des textiles et des matières premières. Cette expansion se trouve néanmoins menacée par une pénurie croissante en énergie. De plus, entreprises publiques et privées sont victimes de troubles sociaux qui s'accentuent. La politique économique actuelle insiste sur la modernisation du secteur industriel, la collaboration avec des entreprises étrangères, la relance des exportations de produits manufacturés et la suppression des divers contrôles sur le secteur privé. Le monde rural évolue aussi : la production de céréales a plus que doublé depuis 1947 et l'agriculture dans son ensemble croît plus rapidement que la population. Malgré les problèmes encore complexes de répartition de la production, l'on observe un net recul de la pauvreté (à cause notamment de la création de débouchés secondaires dans les campagnes). Si la situation varie considérablement d'une région à l'autre, le niveau de vie moyen s'est amélioré, le prolétariat rural est aussi plus conscient de ses droits. Seule une politique misant sur l'eau et sur l'infrastructure pourrait enrayer définitivement la pauvreté. La grande question est d'accélérer cette tendance tout en renforçant la limitation des naissances.The Indian economy, by Gilbert Etienne There is today a sudden awareness of the weight of the Indian economy and of its interest for its European partners. As soon as it became independent, India chose a system of mixed economy that has helped increase and diversify its production. The result of the last thirty years is considerable: India now meets most of its needs in durable goods and no longer exports textiles and raw materials alone. This growth is nevertheless threatened by an increasing energy shortage. Moreover, public and private companies are experiencing growing social turmoil. The prevailing economic policy puts the stress on industrial modernization, co-operation with foreign firms, revival of manufactured articles exports and eventually suppression of the various controls on private sectors. The rural world is also evolving: cereals production has more than doubled since 1947 and agriculture as a whole increases quicker than the population. In spite of the intricate problems of the distribution of production, poverty is clearly receding (specially due to the creation of new outlets in the country). If the situation varies considerably from one region to another, the average standard of living has improved, the rural proletariat is also more aware of its right. The only way to curb definitely poverty would consist in a policy concentrated on problems of water and infrastructure. The main point is to urge this tendency while reinforcing birth control.
- Défense et illustration du régime de la non-prolifération - Joseph S. Nye p. 925-948 Défense et illustration du régime de la non-prolifération, par Joseph S. Nye Trois décennies et demie se sont écoulées depuis la dernière utilisation de l'énergie atomique à des fins militaires en temps de guerre. Depuis, le monde a connu dans ce domaine une surprenante stabilité et, si une quarantaine de nations se sont initiées à la technologie nucléaire, peu d'entre elles se sont lancées dans la fabrication des armes correspondantes. Dans le même temps, un régime international destiné à prévenir la dissémination des armements nucléaires a été mis sur pied avec un ensemble de règles (programme Atoms for Peace, traité de non-prolifération, INFCE...) et d'institutions (Agence internationale de l'énergie atomique). Malgré bien des réticences consécutives à une série d'événements vers le milieu des années 70 (tels que l'explosion d'un engin nucléaire "pacifique" à base de plutonium en Inde, l'embargo sur le pétrole...) et en dépit de ses imperfections, cette politique a découragé la prolifération des capacités nucléaires en matière d'armements. Cette situation peut-elle se prolonger ? De toute évidence, il se produira des changements de tendance à la fois techniques et politiques ; mais la communauté internationale a intérêt à maintenir le régime de la non-prolifération : d'une part la prolifération pourrait avoir des effets déstabilisateurs dans bien des cas et d'autre part, l'arme nucléaire ne renforce pas nécessairement la sécurité des Etats qui en disposent. Les super-puissances ne peuvent par ailleurs éviter de subir les contrecoups de toute multiplication des arsenaux nucléaires. Mais il est important, étant donné le déclin de la prépondérance américaine, que le rôle de gardien de ce régime soit plus largement partagé.Maintaining a non-proliferation regime, by Joseph S. Nye Three and a half decades have passed since atomic energy was used in warfare. Since then, the world has seen a surprising nuclear stability and, if nuclear technology has spread to some forty nations, yet only a small fraction have chosen to develop nuclear weapons. In the same period, an international regime, with a set of rules and norms (Atoms for Peace program, Non-Proliferation Treaty, INFCE...) and institutions (International Atomic Energy Agency - IAEA), has been set up to discourage the proliferation of nuclear weapons. In spite of certain hesitations following a series of events in the middle 70s (such as the explosion of a "peaceful" nuclear plutonium derived device in India; the oil embargo) and in spite of its imperfections, this policy has discouraged the proliferation of nuclear weapons capability. Can this situation last? Obviously, there will be changes in political and technical trends; but for the common international interest, a non-proliferation regime must be maintained: in many instances prolifera tion may have destabilizing effects, on the one hand; nuclear weapons need not enhance the security of states who possess them, on the other; neither can the superpowers fully escape the effects of the multiplication of nuclear weapons arsenals. However, as the preponderance of the United States is diminishing, it is important that the role of guardian of this non-proliferation regime be more widely shared.
- La France et les protocoles additionnels aux conventions de Genève - Henri Meyrowitz p. 949-966 La France et les Protocoles additionnels aux Conventions de Genève, par Henri Meyrowitz Seule parmi les puissances occidentales, la France n'a pas signé les Protocoles additionnels aux Conventions de Genève de 1949, adoptés le 8 juin 1977, qui ont pour objet la protection des victimes des conflits armés internationaux (Protocole I) et de celles des conflits armés non internationaux (Protocole II). Bien que, selon le consensus réalisé à la conférence diplomatique ayant élaboré ces textes, les règles nouvelles établies par le Protocole I ne soient pas destinées à s'appliquer à l'emploi des armes nucléaires, la délégation française a estimé que les dispositions nouvelles sont de nature à compromettre l'exercice du droit de légitime défense contre un envahisseur. Aussi le gouvernement semble-t-il décidé à ne pas adhérer à cette importante codification internationale du droit de la guerre. Cette attitude risque d'être préjudiciable aux intérêts du pays ; la France pourrait, en cas d'agression, bénéficier des règles nouvelles relatives à la protection des populations et des biens civils. Par ailleurs, l'absence de la France de cette réglementation soulèverait de nombreux problèmes vis-à-vis de ses alliés parties au Protocole I.France and the Protocols additional to the Geneva Conventions, by Henri Meyrowitz Among all Western nations, France was the only one to refuse to sign the Protocols additional to the Geneva Conventions of 1949, ratified on June 8 1977, dealing with the protection of international armes conflicts victims (Protocol I) and those of non international armed conflicts (Protocol II). Although, according to the agreement reached during the diplomatic conference having drawn out these texts, the new rules stipulated by Protocol I are not meant to deal with the use of nuclear weapons, the French delegation considered that the new regulations were likely to hinder the exercise of the right of self-defense against an invader. Therefore, it seems that the government does not want to accept this important international codification of the law of war. Such an attitude might well be detrimental to the nation's interests. France could, in case of an attack, take advantage of the new regulations for the protection of both people and civil goods. On another hand, France's non acceptation of such a regulation would raise a good many problems with its allies who endorsed Protocol I.
- La sécurité de l'Europe dans un monde multipolaire - François de Rosé p. 967-974 La sécurité de l'Europe dans un monde multipolaire, par François de Rose Si la multipolarité continue à être la règle en matière politique, économique, culturelle, scientifique et technologique, la bipolarité persiste dans l'ordre de la puissance militaire. L'Europe ne vise pas à devenir une superpuissance, mais la mise sur pied d'une capacité de défense autonome est le complément, voire le moteur indispensable de la construction européenne. Or, psychologiquement, les Européens pensent que la présence américaine leur permet de se contenter de faire des efforts minimes sur le plan de leur défense. Une réorganisation des responsabilités qui donnerait plus de pouvoir à une ou deux puissances moyennes serait difficilement acceptable par les petits pays et entraînerait un accroissement de l'intégration européenne. L'idée même d'un Directoire soulèverait également de multiples problèmes. En fait, l'indépendance de l'Europe à l'égard des Etats-Unis dans le domaine militaire passerait par un effort gigantesque incompatible avec le maintien de nos structures économiques et de nos libertés. Face aux menaces à l'extérieur de la zone de l'Alliance, la coordination la plus discrète entre unités américaines, françaises et britanniques dans le Golfe par exemple est également la plus efficace. Lorsque leur sécurité est en jeu, les Occidentaux doivent pouvoir faire preuve de leur "unipolarité".European security in a multipolar world, by François de Rose If multipolarity still acts as a rule in political, economic, cultura,l scientific and technological fields, bipolarity remains the keystone where military power is concerned. Europe does not aim at becoming a superpower but the establishment for an autonomous defense capability is complementary if not indispensable to European construction. Yet, from the psychological viewpoint, the Europeans think that American presence allows them to reduce their efforts with regards to their own defense. A reorganization of responsibilities giving more influence to one or two intermediate powers would be hardly acceptable by the small countries and would bring about an increase in European integration... The very idea of a Directory would also raise a lot of problems. In fact, the independence of Europe towards the United-States in the military field would require a huge effort incompatible with the maintaining of our economic structures as well as that of our freedom. In front of the threats outside the Alliance's zone, the most cautious coordination between American, French and British units in the Gulf for instance is also the most effective. When their security is at stake, Western nations should be able to give evidence of their unipolarity.
Débats
- La Pologne et nous - Paul Thibaud p. 975-979
- La Pologne et l'Occident - Walter Schütze p. 981-984
- Le commerce Est-Ouest : réponse à Claude Lachaux - Georges Sokoloff p. 985-987
Documents
Colloque du Conseil franco-britannique
- Allocution prononcée par le Premier Ministre français Monsieur Raymond Barre pour l'ouverture du colloque du Conseil franco-britannique - Raymond Barre p. 989-994
- Discours prononcé par le Premier Ministre britannique Madame Margaret Thatcher à l'occasion du colloque du Conseil franco-britannique - Margaret Thatcher p. 995-1003
- Allocution prononcée par Son Excellence Monsieur Robert Mugabe, Premier Ministre de la République du Zimbabwe devant l'Assemblée générale des Nations unies - Robert G. Mugabe p. 1004-1014
Lectures
- L'URSS et le Proche-Orient : un essai de bibliographie - Ghassan Salame p. 1015-1021
- Guillaume Pambou Tchivounda. La conférence au sommet. Contribution à l'étude des institutions des relations internationales - Eugène Berg p. 1021-1022
- Angelika Volle. Aus- und Fortbildung für internationale Tätigkeiten in der Bundesrepublik Deutschland. Eine Bestandsaufnahme im internationalen Vergleich - Günter Schütze p. 1022-1023
- Manfred Görtemaker. Die unheilige Allianz. Die Geschichte der Entspannungspolitik. 1943-1979 - Walter Schütze p. 1023-1024
- Hélène Carrère d'Encausse. Le pouvoir confisqué - Jean Laloy p. 1025-1028
- Alexandre A. Bennigsen et Enders S. Wimbush. Muslim National Communism in the Soviet Union. A Revolutionnary Strategy for the Colonial World - Maxime Rodinson p. 1028-1033
- Heinrich Vogel (dir.). Die sowjetische Intervention in Afghanistan. Entstehung und Hintergründe einer weltpolitischen Krise - Walter Schütze p. 1034
- Michel Crozier. Le mal américain. "Le reflux américain : décadence ou renouveau des Etats-Unis ?", Faire - Diana Pinto p. 1035-1038
- Hansjürgen von Kries. Friede durch Zusammenarbeit in Europa - Walter Schütze p. 1038
- William R. Polk. The Elusive Peace : the Middle East in the Twentieth Century - Chantal Videcoq p. 1039-1040
- Salem al-Jabir al-Sabah. Les émirats du Golfe. Histoire d'un peuple - Chantal Videcoq p. 1040-1041
- La frontière. Colloque de Poitiers 1979. Iftene Pop. Voisinage et bon voisinage en droit international - Vincent Coussirat-Coustère p. 1042-1043
- Pierre Solodovnikoff. La navigation maritime dans la doctrine et la pratique soviétiques - Pierre-Michel Eisemann p. 1044
- Jacques Naveau. Droit du transport aérien international - Pierre-Michel Eisemann p. 1044-1045
- Georges Merloz. La CNUCED. Droit international et développement - Vincent Coussirat-Coustère p. 1045-1046
- Charles Rousseau. Droit international public, t. IV : Les relations internationales - Eugène Berg p. 1046-1047
- SIPRI. World Armaments and Disarmament SIPRI Yearbook 1980 - Jean Klein p. 1047-1051
- SIPRI. Chemical Weapons : Destruction and Conversion - Jean Klein p. 1051-1053
- W. Howard Wriggins et Gunnar Adler-Karlsson. Le dialogue Nord-Sud et la réduction des inégalités - Pierre Jacquet p. 1054-1055
- Abdelkader Sid-Ahmed. L'OPEP, passé, présent et perspectives - Pierre-Michel Eisemann p. 1055-1056
- Maxime Rodinson. La fascination de l'islam - Chantal Videcoq p. 1056-1057
- Jacques Berque. Les Arabes - Chantal Videcoq p. 1058-1059
- Annuaire du Tiers Monde. 1979 - Eugène Berg p. 1059-1060
- Henri Raulin et Edgard Raynaud. L'aide au sous-développement - Eugène Berg p. 1060
- Charles Morazé (dir.). Le point critique - Eugène Berg p. 1060-1061
- Eugène Berg. Non-alignement et nouvel ordre mondial - D. K. p. 1061-1062
- Livres reçus par l'Institut - p. 1063-1067
- Revues - p. 1069-1072
- Index. 45e année, nouvelle série, numéros 1 à 4, 1980 - p. 1074