Contenu du sommaire : La construction sociale des savoirs étudiants
Revue | Sociétés contemporaines |
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Numéro | no 48, 2002 |
Titre du numéro | La construction sociale des savoirs étudiants |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- La construction sociale des savoirs étudiants. Quelles conditions étudiantes ? Pour quelle socialisation universitaire ? - Blöss Thierry p. 5-9
- L'adaptation aux « nouveaux publics » de l'enseignement superieur : auto-analyse d'une pratique d'enseignement magistral en sociologie - Soulie Charles p. 11-39 Sur la base d'une enquête conduite auprès de nos propres étudiants, cet article vise à élucider les facteurs contribuant à l'assistance aux cours magistraux, comme à la réussite aux examens, d'étudiants de première année de DEUG de sociologie d'une université de province. Nous nous sommes ensuite intéressé à leur évaluation de la formation et à leurs demandes pédagogiques, qui se sont révélées être étroitement liées à leur capital scolaire, comme à leurs perspectives académiques et professionnelles. Enfin, et après avoir décrit quelques techniques d'adaptation employées dans le cadre de « cours d'amphi », nous avons notamment posé la question de l'adaptation différentielle des diverses facultés/disciplines aux « nouveaux publics » de l'enseignement supérieur.How to Adapt to “New Audiences » in Higher Education ? A Study of Practical Experience in Teaching Sociology to Large Groups of Students. Based on a study of our own student population, this article attempts to understand the factors that contribute to cours attendance as well as to exam success for first year students in sociology in a provincial French university. We also examine their assessment of the cursus and their demands regarding teaching methods and find that they are closely linked to their academic performance in high School as well as to their future academic and professional prospects. Finally, after describing a number of teaching techniques adopted in reaction to the specific circumstances of teaching large groups of students, we examine the question of how different faculties and disciplines adapt to “new audiences” that are present today in institutions of higher Education.
- Transmission des savoirs disciplinaires dans l'enseignement universitaire. Une comparaison histoire/sociologie - Boyer Régine, Coridian Charles p. 41-61 L'intérêt pour les formes de socialisation disciplinaire produites dans l'enseignement supérieur commence à se développer en France. La question a été abordée notamment du point de vue des pratiques étudiantes et de l'effet de la discipline sur les manières de travailler et d'apprendre. On s'attache ici aux modalités de transmission des savoirs et plus particulièrement aux pratiques des enseignants dans la forme emblématique de l'enseignement à l'Université : le cours magistral. Des différences de mise en œuvre selon la discipline peuvent - elles être mises en évidence ? On tentera de répondre à la question en comparant l'organisation des enseignements et la conduite des cours dans deux disciplines proches par leur objet mais dissemblables par leur statut et leur recrutement : l'Histoire et la Sociologie.Knowledge Transmission in Higher Education. A Comparison between History and Sociology. Forms of student socialization in different academic fields is rousing interest in France. Do different fields of studies produce different study habits and different styles of students ? This article examines this question, focusing on a comparison between two fields : History and Sociology. More than students' practices, the authors question means of knowledge transmission and professors' habits. Their analysis is based on a recent survey conducted in several French universities and, in particular, on lecture observation.
- Les manières sexuées d'étudier en premiere année d'université - Frickey A., Primon J.-l. p. 63-85 Les théories de la reproduction ont montré le rôle que l'institution scolaire jouait dans le maintien des inégalités sociales. Pour ce faire, elles ont mis l'accent sur les déterminants sociaux exogènes au monde scolaire. Mais, au cours des trois dernières décennies, les progrès de la scolarisation féminine et les succès scolaires remportés par les filles témoignent d'un changement social important. Ce dernier a été interprété par les sociologues comme le résultat de l'adhésion mentale et pratique des filles aux règles et aux normes du travail scolaire, sans que, pour autant, le travail scolaire, les manières d'apprendre fassent fréquemment l'objet d'études sociologiques. Dans cet article, nous nous proposons donc de traiter la question de la différenciation sexuelle dans l'enseignement supérieur à travers le déchiffrement des pratiques ou des tâches qu'implique l'action d'étudier. Nous montrerons notamment que les modes de gestion du temps et les rythmes de travail en première année d'Université ainsi que les manières de préparer les examens sont très marqués sexuellement.Gender Differences in Higher Education : How Male and Female Students. Carry out the Various Tasks in Work during their First Year at University Reproduction theories, focusing mainly on social determinants other than those inherent to the school system itself, have shown the important role educational institutions can play in perpetuating social inequality. High female attendance rates in higher educational establishments and the high success rates achieved by girls during the last three decades show that important changes have occurred in this respect. Sociologists have taken this improvement as a result mainly of girls' attitudes, since they are thought to take the rules and standards of education more seriously than boys. However, very few sociological studies have actually examined young people's approach to the learning process and the way they perform educational tasks. In this paper, we propose to examine the question of gender differences in higher education, focusing on how male and female students carry out the various tasks involved in work during their first year at University. Results show that the way students manage their time and handle their work, in general, and the way they prepare for examinations differ considerably between the two sexes.
- Formes de la lecture étudiante et catégories scolaires de l'entendement lectoral - Lahire Bernard p. 87-107 Les étudiants de formation scientifique, et tout particulièrement ceux des classes préparatoires, vivent un décalage en matière de pratiques lectorales et, plus largement, culturelles : au plus haut de la légitimité scolaire, ils évoluent, hors cadre scolaire, dans un univers qui privilégie encore la culture littéraire et artistique et se tournent ainsi vers des produits culturels qui les rapprochent davantage des étudiants les moins dotés socialement et scolairement (STS et IUT) que des étudiants aux formations scolaires « nobles », mais plus littéraires. Au-delà des constats quantitatifs, la situation des étudiants de formations scientifiques et techniques force à s'interroger sur les conditions de déclarabilité des pratiques de lecture et sur les catégories scolaires de l'entendement lectoral.Forms of Student Reading and Scholastic Categories of Reading Understanding. Science student, and especially those in preparatory classes, experience a gap as far as reading practices, and more widely cultural practices, are concerned. At the top of academic legitimacy, they live, outside of the academic context, in a world that still favors literary and artistic culture and then turn towards the cultural products which bring them closer to the students less socially and scholastically endowed (STS et IUT) than to the students of a more “noble” but a more literary academic education. Beyond the established quantitative facts, science and technology students force the sociologist to consider the declarability conditions of reading practices and the scholastic categories of reading understanding.
- « Chômeurs âgés » et chômeurs « trop vieux » articulation des catégories gestionnaires et interprétatives - Demaziere Didier p. 109-130 Dans ce texte le vieillissement des chômeurs est considéré comme le résultat de catégorisations d'âge, et l'analyse est centrée sur la production et le fonctionnement de ces catégories sociales. Les politiques de gestion des chômeurs en constituent un premier ressort, car elles s'appuient désormais sur la catégorie « chômeurs âgés de plus de 50 ans » pour orienter l'action publique vers les chômeurs caractérisés par une employabilité relative faible. Cette catégorie gestionnaire est suffisamment stabilisée, établie, et légitime, pour fournir aux individus en chômage et à leurs interlocuteurs de la relation d'emploi (recruteurs, conseillers professionnels...) des ressources cognitives et pratiques mobilisées pour qualifier les situations des chômeurs. Pourtant elle ne fixe pas un ordre auquel chacun doit se tenir, car la catégorisation en situation implique un travail interprétatif et une négociation de la légitimité des interprétations utilisées. Le second ressort est donc placé dans le cours des activités interactives et réflexives qui organisent la vie quotidienne des chômeurs, et qui font émerger des catégories interprétatives, telle celle de « trop vieux ». Finalement l'âge des chômeurs est un exemple éclairant de l'hétérogénéité de la catégorisation sociale, qui articule un registre gestionnaire fonctionnant par imposition de catégories discrètes à travers le jeu d'institutions, et un registre interprétatif fonctionnant par production de catégorisations continues dans des jeux de langage.Aged Unemployed and Too Old Unemployed. Articulation of Administrative and Interpretative Categories. In this text, the ageing process of the unemployed is considered as the consequence of age categorization, and the analysis is focused on the production and the functioning of social categories. The public policies are the first mechanism, because the category ‘unemployed fifty-year-old and more' is henceforth the basis of the public action focused on the less employable unemployed. This administrative category is stabilized, established and legitimated. Also it constitutes for unemployed people and recruiters or professional counselors practical and cognitive resources to define and qualify the situations of the unemployed. But it does not fix an imperative and strict order, because the process of categorization implies interpretative work and a negotiation concerning the legitimity of the produced interpretations. Therefore, the second mechanism is located in the course of the interactive and reflexive activities which organize the everyday life of the unemployed. Another ageing category emerges there, which is an interpretative one: ‘too old unemployed'. Finally, the age of unemployed people is a very clear example of the heterogeneity of social categorization. It is an articulation between an administrative register characterized by the imposition of discontinuous categories handled by official institutions, and an interpretative register characterized by the production of continuous categories in language games.